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un dinosaure nageur découvert au Maroc

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  • un dinosaure nageur découvert au Maroc




    Il pouvait atteindre 15 mètres de long, pesait jusqu’à quinze tonnes, possédait une denture impressionnante et arborait une spectaculaire « voile dorsale » se dressant le long de sa colonne vertébrale, qui émergeait comme un aileron de requin géant lorsqu’il évoluait dans les lacs et les rivières du crétacé : le spinosaure, sans doute le plus grand dinosaure carnivore qui ait existé, a terrorisé la faune aquatique il y a une centaine de millions d’années. Une équipe internationale de paléontologues vient de démontrer pour la première fois que cette espèce de dinosaure prédateur était adapté à la vie dans l’eau et devait être capable de nager.

    L’idée de dinosaures aquatiques n’est pas nouvelle, mais jusqu’ici les preuves solides de leur existence ont fait défaut. Pour le paléontologue Romain Amiot (CNRS/Université de Lyon), il est difficile de croire qu’un groupe aussi diversifié que les dinosaures n’ait pas colonisé à un moment de son histoire les cours d’eau, les lacs ou même les océans. En 2010, Amiot et son collègue Eric Buffetaut (CNRS-ENS) ont publié une étude basée sur les isotopes de l’oxygène trouvé dans les restes fossiles, qui suggérait que les spinosaures passaient la majeure partie de leur temps immergés, comme les hippopotames ou les crocodiles aujourd’hui.

    L’équipe menée par Nizar Ibrahim et Paul Sereno, de l’université de Chicago, a poussé l’argument un cran plus loin, en étudiant en détail l’un des squelettes les plus complets connu à ce jour de Spinosaurus (l’étude est publiée en ligne dans Science, et présentée dans la livraison du 12 septembre de la revue). Le fossile, retrouvé dans le plateau des Kem Kem, à l’est du Maroc, appartient à l’espèce Spinosaurus aegyptiacus, dont le premier représentant a été découvert en Egypte en 1912. Celui qu’ont étudié Ibrahim, Sereno et leurs collègues comporte une partie du crâne, de la colonne vertébrale, de la ceinture pelvienne et des membres. Les os manquants ont été reconstitués de manière numérique en extrapolant à partir d’autres spinosaures. Le modèle numérisé du squelette complet mesure plus de 15 mètres de long, soit plus qu’un tyrannosaure.

    Si le monstre recréé par les chercheurs est encore plus imposant que le T-Rex de Jurassic Park, son anatomie indique que c’est surtout les poissons qu’il devait terroriser. Il se régalait de requins, coelacanthes, poissons-scie et autres dipneustes. Les chercheurs ont en effet identifié, dans les différents caractères du squelette, toute une série d’adaptations à un mode de vie aquatique.

    Ibrahim et Sereno ont ainsi repéré une petite narine placée en arrière de la tête, permettant de ne pas inhaler trop d’eau ; des membres antérieurs relativement longs ; des fémurs courts et robustes avec un fléchisseur hypertrophié, et de grands pieds plats, convenant à la locomotion aquatique ou à la marche dans la vase. De plus, les os des membres sont très denses, ce qui aurait offert au Spinosaurus aegyptiacus la possibilité de s’immerger plutôt que de flotter à la surface. Cette densité rapproche le fossile des premières baleines, ou des hippopotames actuels. Selon les chercheurs, les os des membres n’ont pas de cavité médullaire ouverte, ce qui favorise le contrôle de la flottabilité dans l’eau.


    Selon Sereno, cité par Science, le Spinosaurus, avec son museau de crocodile, son long cou et son corps allongé, avait l’allure « d’un canard auquel on aurait attaché la queue d’un alligator ». Il ne devait pas être très gracieux, mais on le voyait de loin. Son dos était hérissé d’une sorte de large nageoire épineuse, d’une voile dorsale portée par la colonne vertébrale, structure que l’on retrouve chez d’autres dinosaures. Sa fonction exacte n’est pas connue. Les chercheurs ne pensent pas qu’elle jouait le rôle d’une nageoire, mais qu’elle pouvait plutôt servir au spinosaure à parader, comme la queue du paon.

    Le mode de vie du spinosaure était-il répandu parmi les reptiles géants de la préhistoire ? Sereno et ses collègues en doutent, et pensent plutôt que cette existence amphibie constitue une « expérience extrême de l’évolution ». Ce ne sont pas les coelacanthes qui diront le contraire

    Mediapart
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