La négociation de l'ONU entre les 189 pays signataires du protocole de Kyoto, qui commence aujourd'hui, devrait être centrée sur l'adaptation au changement climatique.
Neuf ans après la signature du protocole de Kyoto, jamais le climat n'avait autant attiré l'attention qu'à l'occasion de la remise à Tony Blair du rapport Stern, l'ancien économiste en chef de la Banque mondiale. Il a chiffré la semaine dernière à 5 500 milliards d'euros d'ici à 2050 le coût du réchauffement. L'angle économique serait-il sa planche de salut ?
Presque deux ans après son entrée en vigueur et à deux ans du début du bilan de sa première période d'engagement (2008-2012), le protocole de Kyoto est, d'un point de vue diplomatique, au milieu du gué. La douzième conférence de l'ONU sur le climat (Cop 12), qui s'ouvre aujourd'hui pour deux semaines à Nairobi, est une « conférence d'étape », selon l'expression de chef de la délégation française, Paul Watkinson. Même si un certain nombre de ministres, dont le ministre de l'Écologie Nelly Olin, sont attendus pour clore les négociations du 15 au 17 novembre, le sujet sensible de l'engagement des pays en développement à réduire leurs émissions après 2012, au coeur des discussions depuis deux ans, ne sera guère la priorité. Du moins officiellement, car, en coulisses, Nairobi sera bien entendu l'occasion de faire progresser ce débat, en vue d'une décision en 2007.
En attente de financements
De l'aveu des ONG, le fait que cette conférence se tienne en Afrique sera l'occasion de mettre l'accent sur l'adaptation aux conséquences du réchauffement, une des priorités des pays en développement, les plus vulnérables. Un rapport de la Convention des Nations unies sur le changement climatique (UNFCCC) présenté à Nairobi hier, montre que « 30 % des infrastructures côtières d'Afrique risquent d'être submergées » et que « le rendement des cultures céréalières baissera de 5 % d'ici les années 2080 », du fait du réchauffement de la planète.
Si l'accent a été mis jusqu'à présent sur la réduction des émissions mondiales, ce thème de l'adaptation, longtemps délaissé, apparaît comme une préoccupation montante. 2 % des crédits consacrés aux mécanismes de développement propre (MDP) - projets d'investissement vert dans les pays en développement - devraient y être consacrés. Il reste que « le fonds pour l'adaptation décidé à Buenos Aires n'est toujours pas mis en place, car il n'existe pas de structure dédiée », regrette Morgane Créach, du Réseau Action Climat. Or les pays les moins avancés (PMA), qui ont pour la majorité d'entre eux finalisé leurs plans d'action nationaux d'adaptation, attendent des financements.
Dans ce contexte, le lancement d'un nouveau mécanisme du protocole de Kyoto, la mise en oeuvre conjointe (MOC), pourrait passer inaperçu. Sur le même principe que le MDP pour investir dans un autre pays industrialisé, ce nouvel outil intéresse en effet au premier chef les pays d'Europe de l'Est. Or ces derniers ont déjà dépassé leurs objectifs de Kyoto, du fait de la récession des années 1990. C'est d'ailleurs cet artifice qui sauve le dernier bilan des réductions d'émissions des pays industrialisés présenté par l'UNFCCC.
Il reste que pris individuellement, certains pays dérapent dangereusement : + 50 % pour l'Espagne de 1990 à 2004 ! Quant à la France, la version réactualisée de son plan climat, qui se fait attendre depuis des mois et doit être enfin présentée le 13 novembre, ne contient, selon nos informations, aucune nouvelle mesure que celles déjà annoncées par Villepin dans le cadre de son Pacte national pour l'environnement le 4 octobre. Par ailleurs, Bruxelles vient de retoquer le deuxième plan national d'allocation de quotas de CO2 (PNAQ 2) aux industriels, jugé trop laxiste.
Fragilisé politiquement
Dès lors, « comment dire à nos voisins de manger moins quand on a devant nous une assiette bien remplie ? » lance Morgane Créach, reprenant à son compte un des arguments des pays en développement. D'autant que le protocole de Kyoto est fragilisé politiquement. Le gouvernement canadien ne cache pas en effet son souhait de se désengager de ce traité, qui le pénalise économiquement par rapport aux États-Unis. Mais il lui est difficile de franchir le pas tant politiquement - le gouvernement, minoritaire, pourrait provoquer ainsi sa chute - que juridiquement - il est lié jusqu'en 2012, puisqu'il l'a ratifié. De quoi ébranler cependant un peu plus un traité déjà rejeté par les États-Unis et l'Australie, qui ne l'ont pas ratifié. Ces derniers ne participeront donc pas, à ce titre, aux réunions de la deuxième Conférence des parties à la mise en oeuvre du protocole de Kyoto (Cop-Mop 2) qui se tiendra en parallèle à Nairobi.
L'efficacité du protocole de Kyoto demeure en tout état de cause marginale au regard de l'enjeu. En attendant, des études alarmistes continuent d'être publiées sur les conséquences du réchauffement pour la planète. Le consensus scientifique sur le rôle des activités humaines dans ce processus devrait, lui, être réaffirmé dans le prochain rapport du groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (Giec), qui sera présenté à Paris fin janvier 2007. Un rapport très attendu.
Par le figaro
Neuf ans après la signature du protocole de Kyoto, jamais le climat n'avait autant attiré l'attention qu'à l'occasion de la remise à Tony Blair du rapport Stern, l'ancien économiste en chef de la Banque mondiale. Il a chiffré la semaine dernière à 5 500 milliards d'euros d'ici à 2050 le coût du réchauffement. L'angle économique serait-il sa planche de salut ?
Presque deux ans après son entrée en vigueur et à deux ans du début du bilan de sa première période d'engagement (2008-2012), le protocole de Kyoto est, d'un point de vue diplomatique, au milieu du gué. La douzième conférence de l'ONU sur le climat (Cop 12), qui s'ouvre aujourd'hui pour deux semaines à Nairobi, est une « conférence d'étape », selon l'expression de chef de la délégation française, Paul Watkinson. Même si un certain nombre de ministres, dont le ministre de l'Écologie Nelly Olin, sont attendus pour clore les négociations du 15 au 17 novembre, le sujet sensible de l'engagement des pays en développement à réduire leurs émissions après 2012, au coeur des discussions depuis deux ans, ne sera guère la priorité. Du moins officiellement, car, en coulisses, Nairobi sera bien entendu l'occasion de faire progresser ce débat, en vue d'une décision en 2007.
En attente de financements
De l'aveu des ONG, le fait que cette conférence se tienne en Afrique sera l'occasion de mettre l'accent sur l'adaptation aux conséquences du réchauffement, une des priorités des pays en développement, les plus vulnérables. Un rapport de la Convention des Nations unies sur le changement climatique (UNFCCC) présenté à Nairobi hier, montre que « 30 % des infrastructures côtières d'Afrique risquent d'être submergées » et que « le rendement des cultures céréalières baissera de 5 % d'ici les années 2080 », du fait du réchauffement de la planète.
Si l'accent a été mis jusqu'à présent sur la réduction des émissions mondiales, ce thème de l'adaptation, longtemps délaissé, apparaît comme une préoccupation montante. 2 % des crédits consacrés aux mécanismes de développement propre (MDP) - projets d'investissement vert dans les pays en développement - devraient y être consacrés. Il reste que « le fonds pour l'adaptation décidé à Buenos Aires n'est toujours pas mis en place, car il n'existe pas de structure dédiée », regrette Morgane Créach, du Réseau Action Climat. Or les pays les moins avancés (PMA), qui ont pour la majorité d'entre eux finalisé leurs plans d'action nationaux d'adaptation, attendent des financements.
Dans ce contexte, le lancement d'un nouveau mécanisme du protocole de Kyoto, la mise en oeuvre conjointe (MOC), pourrait passer inaperçu. Sur le même principe que le MDP pour investir dans un autre pays industrialisé, ce nouvel outil intéresse en effet au premier chef les pays d'Europe de l'Est. Or ces derniers ont déjà dépassé leurs objectifs de Kyoto, du fait de la récession des années 1990. C'est d'ailleurs cet artifice qui sauve le dernier bilan des réductions d'émissions des pays industrialisés présenté par l'UNFCCC.
Il reste que pris individuellement, certains pays dérapent dangereusement : + 50 % pour l'Espagne de 1990 à 2004 ! Quant à la France, la version réactualisée de son plan climat, qui se fait attendre depuis des mois et doit être enfin présentée le 13 novembre, ne contient, selon nos informations, aucune nouvelle mesure que celles déjà annoncées par Villepin dans le cadre de son Pacte national pour l'environnement le 4 octobre. Par ailleurs, Bruxelles vient de retoquer le deuxième plan national d'allocation de quotas de CO2 (PNAQ 2) aux industriels, jugé trop laxiste.
Fragilisé politiquement
Dès lors, « comment dire à nos voisins de manger moins quand on a devant nous une assiette bien remplie ? » lance Morgane Créach, reprenant à son compte un des arguments des pays en développement. D'autant que le protocole de Kyoto est fragilisé politiquement. Le gouvernement canadien ne cache pas en effet son souhait de se désengager de ce traité, qui le pénalise économiquement par rapport aux États-Unis. Mais il lui est difficile de franchir le pas tant politiquement - le gouvernement, minoritaire, pourrait provoquer ainsi sa chute - que juridiquement - il est lié jusqu'en 2012, puisqu'il l'a ratifié. De quoi ébranler cependant un peu plus un traité déjà rejeté par les États-Unis et l'Australie, qui ne l'ont pas ratifié. Ces derniers ne participeront donc pas, à ce titre, aux réunions de la deuxième Conférence des parties à la mise en oeuvre du protocole de Kyoto (Cop-Mop 2) qui se tiendra en parallèle à Nairobi.
L'efficacité du protocole de Kyoto demeure en tout état de cause marginale au regard de l'enjeu. En attendant, des études alarmistes continuent d'être publiées sur les conséquences du réchauffement pour la planète. Le consensus scientifique sur le rôle des activités humaines dans ce processus devrait, lui, être réaffirmé dans le prochain rapport du groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (Giec), qui sera présenté à Paris fin janvier 2007. Un rapport très attendu.
Par le figaro
