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Une autre guerre en Europe ? Pas en notre nom !

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  • Une autre guerre en Europe ? Pas en notre nom !

    ROMAN HERZOG, ANTJE VOLLMER, WIM WENDERS, GERHARD SCHRÖDER ET 60 AUTRES PERSONNALITÉS ALLEMANDES EXHORTENT L’EUROPE À DÉTENDRE LES RELATIONS AVEC LA RUSSIE
    10 DÉCEMBRE 2014 THE FRENCH SAKER


    64 personnalités allemandes issues des mondes politique, économique, culturel, ou encore médiatique nous mettent en garde contre une guerre imminente avec la Russie, et exhortent toute l’Europe à une politique de détente. Leur lettre s’adresse au gouvernement fédéral allemand, aux membres du Parlement (Bundestag) et aux médias. À l’origine, l’appel est parti de l’ancien secrétaire du Chancelier, Horst Teltschik (CDU), de l’ancien secrétaire d’État à la Défense, Walter Stützle (SPD), ainsi que de l’ex-vice-présidente du Bundestag, Antje Vollmer (Les Verts).

    En partant d’en haut à gauche vers en bas à droite : 1) Gerhard Schröder, 2) Antje Vollmer, 3) Horst Teltschik, 4) Walter Stützle, 5) Roman Herzog, 6) Wim Wenders
    En partant d’en haut à gauche vers en bas à droite : 1) Gerhard Schröder, 2) Antje Vollmer, 3) Horst Teltschik, 4) Walter Stützle, 5) Roman Herzog, 6) Wim Wenders

    Détaillant les raisons qui les ont poussés à lancer cet appel, Teltschik déclare : « Nous voulons d’urgence lancer un signal politique, de façon à empêcher que la critique, par ailleurs légitime de la politique de Moscou vis-à-vis de l’Ukraine, n’efface tout d’un coup 25 ans de relations avec la Russie ».

    Sont signataires du texte, entre autres, les anciens chefs des gouvernements régionaux d’Hambourg, Berlin et Brandebourg, Klaus Von Dohnanyi, Eberhard Diepgen et Manfred Stolpe, l’ex-président du SPD, Hans-Jochen Vogel, l’ex-chancelier fédéral Gerhard Schröder, l’ex-President de la Republique Roman Herzog et l’acteur Mario Adorf.

    * * * APPEL * * *


    Une autre guerre en Europe ? Pas en notre nom !

    Personne ne veut la guerre. Mais l’Amérique du Nord, l’Union européenne et la Russie se dirigent tout droit vers une guerre, si l’on ne met pas fin à la spirale mortelle des menaces et contre-menaces.

    Tous les Européens, y compris la Russie, partagent la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité. Seuls ceux qui ne perdent pas de vue cet objectif peuvent éviter de nous engager sur la mauvaise voie.

    Le conflit en Ukraine montre que la soif de pouvoir et de domination sont des problèmes toujours bien réels. En 1990, à la fin de la Guerre froide, nous avions tous espéré le contraire. Mais le succès de la politique de détente et les révolutions pacifiques nous ont rendus imprudents et nous ont endormis. À l’est comme à l’ouest. Aussi bien les Américains que les Européens et les Russes, ont oublié le principe fondamental de bannir définitivement la guerre des rapports internationaux. Sinon, on ne s’explique pas l’élargissement occidental vers l’Est, menaçant pour la Russie, en l’absence totale d’une collaboration contextuelle plus approfondie avec Moscou ; ou encore l’annexion de la Crimée par Poutine, contraire au droit international.

    Dans un moment de grand danger pour le continent comme celui que nous sommes en train de vivre, l’Allemagne a une responsabilité particulière dans le maintien de la paix.

    Sans la volonté de réconciliation du peuple de Russie, sans la clairvoyance d’un Mikhaïl Gorbatchev, sans le soutien de nos alliés occidentaux et l’action prudente du gouvernement fédéral d’alors, nous n’aurions jamais pu surmonter la fracture de l’Europe. Le fait de rendre possible la réunification pacifique de l’Allemagne fut un acte majeur et d’une grande sagesse de la part des puissances sorties vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale. De la fin de cette fracture devait naitre un ordre européen durable fait de paix et de sécurité, allant de Vancouver à Vladivostok, comme cela fut établi en novembre 1990 par tous les chefs de gouvernement des 35 États membres de l’OSCE signataires de la Charte de Paris pour une nouvelle Europe.

    Sur la base des principes convenus ensemble et des premières mesures concrètes mises en oeuvre, il fallait construire une maison européenne commune, dans laquelle chaque État membre pourrait jouir du même niveau de sécurité. Cet objectif fondamental de la politique, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui, n’a pas été atteint. Les Européens ont encore des raisons d’avoir peur.

    Nous, signataires de ce texte, appelons le gouvernement fédéral allemand à agir de façon responsable pour la paix en Europe. Nous avons besoin d’une nouvelle politique de détente en Europe. Celle-ci ne peut exister que sur la base d’une sécurité égale pour tous, et entre partenaires aux droits égaux et au respect réciproque. Le gouvernement allemand serait dans son rôle si compte tenu de la situation de blocage, il lançait un appel au calme et au dialogue avec la Russie. Le besoin de sécurité des Russes est aussi vaste et légitime que celui des Allemands, des Polonais, des Ukrainiens ou des habitants des Pays baltes.

    Nous ne pouvons pas chasser la Russie de l’Europe. Ce serait contraire à l’Histoire, irrationnel et dangereux pour la Paix. Jusqu’au congrès de Vienne de 1814, la Russie était reconnue comme une des puissances dirigeante de l’action politique en Europe. Tous ceux qui ont essayé de changer cet état de fait par la violence ont failli et ont généré un immense bain de sang, comme ce fut le cas avec la tentative meurtrière et mégalomane de l’Allemagne d’Hitler qui s’aventura hors de ses frontières pour tenter de soumettre également la Russie à son propre régime.

    Nous exhortons tous les députés du Bundestag allemand, en tant que représentants du peuple, à être à la hauteur de la gravité de la situation, et à se faire les gardiens des engagements de Paix du gouvernement fédéral. Ceux qui ne font que construire l’image d’un ennemi, et manipuler les faits en lui attribuant unilatéralement les fautes, exacerbent les tensions à un moment où au contraire devraient prévaloir les signes de détente. Incorporer, intégrer, ne pas exclure, devraient être le leitmotiv des politiques allemands.

    Nous en appelons aux médias, afin qu’ils se conforment de façon plus convaincante à leurs obligations de rapporter les faits sans a priori. Les éditorialistes et les commentateurs diabolisent des nations entières, sans donner suffisamment de crédit à leurs récits.

    N’importe quel journaliste expert en politique étrangère comprendra facilement la crainte des Russes, depuis que fin 2008, les membres de l’Otan invitent la Géorgie et l’Ukraine à entrer dans l’Alliance atlantique.

    Il ne s’agit pas de Poutine. Les chefs vont et viennent. Il s’agit de l’Europe. Il s’agit d’ôter aux gens la peur de la guerre. Dans ce contexte, un compte-rendu responsable des faits, basé sur des recherches solides, ne peut qu’être bénéfique.

    Le 3 octobre 1990, le jour de l’Unité allemande, le président Richard von Weizsäcker a dit : « La guerre froide est surmontée. Liberté et démocratie ont été rapidement appliquées à tous les États… Désormais ceux-ci peuvent intensifier leurs rapports et les consolider au niveau institutionnel, au point que pour la première fois, pourra se former un ordre commun de vie et de paix. [...] C’est ainsi que commence pour les peuples d’Europe un nouveau chapitre de leur histoire. Son but est une union paneuropéenne. C’est un objectif formidable. Nous pouvons l’atteindre, mais nous pouvons aussi le rater. L’alternative qui se présente à nous est claire : unir l’Europe, ou bien retomber dans des conflits nationalistes dans la lignée d’autres exemples historiques douloureux ».

    Jusqu’au conflit ukrainien, nous avions cru, en Europe, que nous étions sur la bonne voie. Aujourd’hui, ce discours de Richard von Weizsäcker, prononcé voilà un quart de siècle, n’a jamais été plus actuel.

    Traduit par ilfattoquotidiano.fr
    Dernière modification par nacer-eddine06, 14 décembre 2014, 11h34.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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