Annonce

Réduire
Aucune annonce.

MAROC; Un nouveau modèle de croissance porté par les exportations émerge

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • MAROC; Un nouveau modèle de croissance porté par les exportations émerge

    La structure des exportations a changé pour la première fois en 2014 au profit de l’automobile. La valeur ajoutée agricole de moins en moins dépendante des conditions climatiques.


    L’économie marocaine connaît des transformations, mais celles-ci sont-elles visibles, sont-elles même seulement perceptibles par tous ? Et d’abord, quelles sont ces transformations ? C’est sur ce thème principal de la transformation de l’économie marocaine que le ministre de l’économie et des finances, Mohamed Boussaid, invité de La Vie éco, a choisi d’axer son intervention lors du Ftour-débat organisé par notre publication le 26 juin 2015. Un des signes qui illustrent cette transformation et que le ministre a évoqué au tout début de son intervention, c’est l’ouverture économique du pays. Le Maroc, dit-il, a un taux d’ouverture économique de 63,6% en 2014, au lieu de 51,2% en l’an 2000 (ce qui était déjà pas mal, il faut le reconnaître). Avec un tel taux d’ouverture, le Royaume fait «mieux» que certains pays à économies comparables (Egypte, Turquie, Mexique), mais beaucoup moins que la Tunisie, laquelle bénéficie plus que le Maroc des échanges à l’intérieur de la région Maghreb. A vrai dire, cette ouverture économique, plus exactement le niveau de cette ouverture, on ne sait pas trop s’il faut le considérer comme un grand atout ou, au contraire, comme…un handicap, à tout le moins comme une source potentielle de difficultés. Sans doute, l’ouverture comporte-t-elle à la fois des risques et des avantages, et c’est la raison pour laquelle, peut-être, le ministre a choisi de préciser immédiatement que l’économie marocaine reste, malgré tout, résiliente.

    M. Boussaid en veut pour preuve le fait que sur la période de la crise (2008-2014) le Maroc a réalisé un taux de croissance moyen de 4,2% par an, un niveau bien supérieur à ceux enregistrés dans des pays comme la Jordanie, la Tunisie, l’Egypte ou encore la Turquie. Il a également maintenu le niveau de chômage à moins de 10% de la population active, faisant ainsi mieux que les pays déjà évoqués. Cependant, il faut peut-être relativiser ces résultats par le fait que, depuis 2011, la Tunisie aussi bien que l’Egypte ont connu des bouleversements profonds (rien moins que la chute des régimes en place), dont les effets, au plan sécuritaire notamment, continuent de se manifester presque jour après jour. Et dans la mesure où les économies de ces deux pays sont assises principalement sur l’activité touristique, cela relativise encore plus le constat indiqué ; sachant qu’en période de trouble, comme celle que vivent présentement la Tunisie et l’Egypte, le premier secteur à être pénalisé, c’est celui du tourisme. A ceci près que le Maroc, épargné par ce type d’évènements, ne paraît pas, malgré tout, tirer profit de la désaffection des destinations tunisiennes et égyptiennes ; les touristes ayant tendance à mettre tous les pays de la région MENA dans la même case.

    La croissance non agricole encore faible

    Cette résilience dont parle M. Boussaid, et bien d’autres responsables avant lui, trouverait sa source dans cet autre “indice” de la transformation de l’économie, à savoir la diversification de celle-ci. Les chiffres sur lesquels le ministre s’appuie pour montrer cette diversification mettent en évidence, en particulier, l’apparition de nouvelles filières à l’export et dont les taux moyens de progression de la valeur ajoutée, entre 2008 et 2014, sont à deux chiffres dans trois cas sur cinq: +22% pour l’automobile, +18% pour l’aéronautique et +10% pour l’offshoring ; les industries alimentaire et électronique réalisant, elles, des taux de croissance non négligeables de 5% chacune en moyenne annuelle sur la période. C’est d’ailleurs grâce à l’émergence de ces nouvelles filières que, pour la première fois en 2014, un changement dans la structure des exportations du pays s’est produit: les ventes à l’export de l’industrie automobile occupent en effet la première place des exportations, comme M. Boussaid a tenu à le rappeler. Avec l’installation de PSA Peugeot à Kénitra, après Renault à Tanger, l’industrie automobile se renforce et le ministre a même révélé à cette occasion qu’à l’horizon 2025, les exportations automobiles passeraient à 120 milliards de DH, contre 40 milliards en 2014, soit une croissance de 200% en une dizaine d’années.

    Est-ce l’émergence de ces nouvelles filières et, plus généralement, «la diversification des moteurs de croissance», selon la formule de M. Boussaid, qui a fait que désormais il est possible de parler d’autonomisation de l’économie vis-à-vis des aléas du climat ? Pour le ministre en tout cas, la valeur ajoutée agricole est aujourd’hui moins marquée par la volatilité, liée aux conditions climatiques, qu’elle ne l’était par le passé. Et il explique ce changement par les «performances que connaît l’agriculture depuis le lancement du Plan Maroc Vert».

    M. Boussaid admet en même temps que la croissance non agricole, par contre, enregistre une progression toute relative, c’est-à-dire faible. Les derniers chiffres du Haut commissariat au plan (HCP), soit dit en passant, mettent d’ailleurs l’accent sur cet aspect de la croissance (voir article en page 16).

    Cette transformation de l’économie dont parle le ministre de l’économie et des finances, et qui décrit pour l’instant les changements qui se produisent dans la composante offre, on peut la percevoir également dans la composante demande. Et en effet, alors que depuis longtemps, c’est la demande intérieure qui tirait la croissance, à partir de 2012-2013 une inflexion se dessine en faveur de la demande extérieure. Et cette inflexion semble recevoir confirmation avec une contribution positive du solde des échanges extérieurs en 2014, ce qui n’est pas arrivé depuis 2010.

    Sans une école performante, point de compétitivité

    La Vié éco s’était déjà penchée sur cette problématique du choix du modèle à suivre, entre celui d’une demande interne, grande consommatrice de ressources financières, pas toujours disponibles, en particulier les ressources en devises (donc problème de financement), et celui d’une demande externe, au contraire génératrice de revenus, en devises qui plus est. Et aujourd’hui, le gouvernement à travers les propos de son ministre de l’économie et des finances, semble avoir fait le choix de favoriser la demande extérieure via le développement d’une offre exportable en quantité et en qualité. Mais on aurait tort, à en croire M. Boussaid, de penser que, ce faisant, l’Exécutif a abandonné la demande intérieure, c’est-à-dire, plus clairement, l’encouragement de la consommation (des ménages en particulier) et de l’investissement. Pour d’évidents problèmes de financement, il fallait, pour résumer la pensée du ministre, corriger le modèle sans toutefois le rejeter complètement. Il paraît, du reste, à l’aise sur ce point lorsque, interpellé sur le sort fait à la classe moyenne à laquelle on fait supporter l’essentiel de la charge fiscale, il répond, et ce n’est pas faux, que le pouvoir d’achat des ménages, chiffres à l’appui, n’a pas été altéré par le réajustement en cours du modèle de croissance en faveur de la demande extérieure. Mohamed Boussaid a parlé d’une hausse moyenne annuelle de 5% du revenu disponible brut des ménages depuis l’année 2000, alors que sur la même période l’inflation devait tourner autour de 1,5% en moyenne annuelle. Le résultat est un accroissement du pouvoir d’achat de 3,5% par an en moyenne depuis 2000. Bien entendu, et il faut toujours le rappeler pour éviter toute équivoque, il s’agit là d’une moyenne, par conséquent tous les ménages ne voient pas leur revenu augmenter de 3,5% chaque année. Il y en a même pour qui ce revenu a sans doute baissé pour un tas de raisons (perte de l’emploi, décès, accident handicapant, etc.). C’est la raison pour laquelle tout abandon des subventions classiques, par définition aveugles et donc profitant à tous, y compris aux plus démunis, devrait être remplacé par des politiques d’aides plus ciblées. C’est comme cela en tout cas qu’il faut interpréter la création du Fonds de solidarité familiale, les aides en faveur des veuves, l’accélération du RAMED, la poursuite du programme Tayssir et, plus récemment encore, la mise en place de l’indemnité pour perte d’emploi (IPE). Autrement dit, ce gouvernement fait ce qu’il peut pour que les réformes entreprises dans le sens du réajustement du modèle de croissance, et en particulier la plus emblématique de toutes, c’est-à-dire la compensation, n’impactent pas de façon trop défavorable les classes les plus démunies. Le même gouvernement n’a cependant pas réussi à offrir la compensation, la vraie, à ceux qui en ont besoin, à savoir les emplois. Bien sûr, le gouvernement ne crée pas (ou plus) les emplois, sauf pour les besoins limités de l’administration, mais il peut les stimuler.

    M.Boussaid nous dit que l’Exécutif a mis en place des actions dans ce sens, comme le règlement du butoir de TVA qui asphyxiait la trésorerie des entreprises, l’allègement des charges fiscales et sociales pour les entreprises créées entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2019 dans la limite de cinq salariés la promotion et l’extension du régime de l’auto-entrepreneur, la création d’un fonds d’amorçage de 500 MDH pour les entreprises innovantes, etc. Le ministre admet cependant que ce dossier fait encore partie des défis à relever. Car la faiblesse des créations d’emplois (seulement 21 000 postes nets en 2014, par exemple) a pour corollaire une montée du chômage, en particulier celui des jeunes et des diplômés en milieu urbain. Les chiffres du HCP repris par le ministre indiquent en effet que le taux de chômage des jeunes en milieu urbain est de 38,1% en 2014 contre 31,3% en 2010, et celui des diplômés en milieu urbain de 19,5% au lieu de 18,1% sur la période considérée. Ce niveau de chômage aurait même pu être encore plus élevé si la participation de la femme n’avait pas, sur la même période, reflué. Le taux d’activité des femmes a en effet baissé de 25,9% en 2010 à 25,2% en 2014. C’est vrai que ce problème n’est pas propre au Maroc, puisque le taux d’activité des femmes dans la presque totalité des pays arabes se situe autour de 20%, voire moins. Mais il s’agit là d’une toute autre problématique, justifiable de considérations beaucoup moins économiques que sociétales.

  • #2
    suite

    Ce dossier de l’emploi et du chômage, donc du marché du travail, il faut bien en prendre conscience, est intimement lié au système éducatif marocain. Celui-ci, tout le monde en convient, est «malade» et, comme tel, sa contribution à la compétitivité de l’économie est faible, et c’est le moins qu’on puisse dire. M. Boussaid a son idée sur les raisons de la détérioration de l’école publique, que chacun peut approuver ou désapprouver, mais dans tous les cas il n’a pas tort de considérer que «s’il fallait retenir quelque chose de cette soirée, c’est que sans éducation performante, point de compétitivité». Et en effet, les expériences qui ont réussi ont toutes montré qu’aucune économie ne s’est développée sans une école de qualité. Le grand défi à relever, par ce gouvernement comme par ceux qui lui succéderont un jour, c’est bien celui-là.


    Le contenu technologie des exportations s’améliore
    On dit souvent que les exportations marocaines pèchent, selon les cas, par le manque ou la faiblesse de leur contenu technologique. Cela est vrai, mais les choses s’améliorent nous dit Mohamed Boussaid qui rappelle à cet égard les statistiques de la CNUCED (Commission des nations unies pour le commerce et le développement) portant sur les exportations de produits manufacturés, en fonction de leur intensité technologiques. Il nous apprend ainsi que les exportations marocaines incorporent de plus en plus de technologie et que ceci est même statistiquement chiffré. En effet, grâce aux filières émergentes, la faible intensité technologique dans les exportations recule de 60% à 38% entre 2003 et 2013, alors que dans le même temps l’intensité moyenne à haute technologie augmente au contraire de 21% à 42% sur la même période. Par contre le contenu exclusivement à haute technologie chute, lui, de moitié pratiquement en revenant de 10,1% à 5,4% entre 2003 et 2013.



    Des mesures pour rehausser la confiance entre le citoyen et le fisc
    Le ministre de l’économie et des finances admet que la collecte de l’impôt pose encore aujourd’hui des problèmes. Certes, dit-il, il faut continuer d’élargir l’assiette, mais il est important, pense-t-il, que ceux qui constituent déjà l’assiette actuelle, si l’on peut dire, paient leur impôt «pas forcément avec le sourire, mais tout de même avec un sentiment du devoir accompli». Et à ce propos, M. Boussaid annonce que pour le prochain exercice, celui de 2016, son département réfléchit à des mesures de nature à «rehausser le niveau de confiance entre le citoyen et l’administration fiscale». Ces mesures, qui seront annoncées en temps opportun, devraient concerner les commissions locales de recours ainsi que la commission nationale, mais le ministre n’en dit pas plus. Il en dit encore moins sur la réforme de l’impôt sur le revenu (l’IR), grande revendication des syndicats, s’il en est. M. Boussaid considère que la pression fiscale est aujourd’hui à un niveau comparable à celui que l’on peut observer chez les pays concurrents, et dans tous les cas, précise-t-il, elle est à moins de 20%. Mais ce chiffre, outre qu’il varie en fonction de la valeur du PIB et des recettes fiscales, ne veut pas dire grand-chose en tant que tel dans un contexte où l’assiette est, une fois de plus, étroite…



    L’industrie, gros capteur d’IDE
    L’industrie est le secteur qui attire le plus les investissements directs étrangers (IDE). La part de ce secteur dans les IDE est en effet passée d’une moyenne de 10% sur la période 2007-2010 à 30% entre 2011 et 2014. Le deuxième secteur capteur d’IDE, c’est le BTP/immobilier : sa part moyenne a augmenté de 5 points à 29% entre les deux périodes considérées. L’énergie vient en troisième position avec 8% contre 4% auparavant ; ce doublement de la part de l’énergie s’expliquant sans doute par le lancement de nombreux chantiers dans les énergies renouvelables, sur lesquelles le pays mise beaucoup pour faire reculer sa dépendance énergétique.



    Salah Agueniou. La vie éco

    Commentaire


    • #3
      Selon la banque mondiale voici les chiffres des exportations de haute technologie des pays du Maghreb:

      Maroc : 949 971 530 $
      Tunisie: 616 390 976 $
      Algérie: 3 152 281 $

      Commentaire

      Chargement...
      X