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La filière des cigarettes et les hors-la-loi en Algérie

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  • La filière des cigarettes et les hors-la-loi en Algérie

    Est-il possible que l’Etat algérien avec ses moyens de répression et de lutte contre toutes les fraudes économiques, avec ses structures de contrôle des ministères des Finances (impôts, autorité de régulation du tabac,…) du Commerce, de l’Intérieur (police, communes, wilayas,…) ne puisse pas mette un terme à l’anarchie qui caractérise, entre autres, le secteur du tabac ?

    Pourtant, les prix des cigarettes sont fixés par arrêté ministériel, pourtant, les revendeurs de tabac (buralistes et kiosques) sont soumis à une réglementation qui empêche toute forme du trafic (la SNTA est tenue de ne délivrer le tabac qu’à des revendeurs agréés par l’autorité de régulation du tabac, c’est-à-dire les impôts) et pourtant, on ne trouve pas un buraliste qui cède le paquet de cigarettes à son prix réglementé. Une anarchie . Un diktat imposé par les spéculateurs qui «montent» les prix, les «baissent» aussi au gré de leur bon vouloir. Un exemple : le paquet de Rym fixé au consommateur à 70 DA varie d’un buraliste à un autre entre 80 et 100 DA (nous ne parlons pas des revendeurs à la sauvette), tandis que celui du paquet de Gita fluctue entre 45 et 58 pourtant fixé à 55 DA. «C’est pour équilibrer les prix», rétorquent à l’unisson les buralistes qui ont constitué un lobby, un cartel, et surtout une mafia face à laquelle cet Etat semble impuissant.

    Combien de ces revendeurs ont été contrôlés par les services du ministère du Commerce et par ceux des impôts ? Comment expliquer qu’ils ont pu avoir la mainmise sur ce marché si rentable sans que les services de l’Etat n’aient pu au moins les freiner?

    Maîtres à bord, ces commerçants mercantilistes bafouent et piétinent la réglementation, les prix en toute quiétude et impunité. Au cours de cette enquête, nous avons été mis face à une réalité incroyable. Un exemple : lorsqu’un buraliste commercialise au minimum 1 200 paquets de Rym par mois (à la SNTA, il peut acheter du tabac à revendre chaque jour s’il le désire) au prix illicite de 85 DA (soit un gain supplémentaire de 15 DA par paquet), il fait un gain supplémentaire illicite de 18 000 DA (sans rien devoir à l’Etat) rien que pour une seule marque de cigarette… Va pour le fonctionnaire, le médecin, l’enseignant qui paient plus d’impôts…

    A lire ces lignes, on croirait que ces buralistes débiteurs de tabac constituent une armée de fraudeurs et de spéculateurs. Pas du tout. En excluant les commerçants honnêtes (il n’en existe pas, selon certains), le nombre de ces spéculateurs est moins de 4 410 clients de la SNTA.

    Il y a quelques années, la SNTA avait un effectif de clients (buralistes et kiosques) de plus de 35 000 personnes à l’échelle nationale. Au lendemain de l’application de la nouvelle loi, cette entreprise a procédé à un contrôle de la liste de ses clients pour se retrouver avec quelque… 17 000 revendeurs ! D’autre part, au courant 2006, l’Autorité de régulation du tabac décide de mettre de l’ordre dans le marché de la cigarette et oblige, pour un meilleur contrôle, les buralistes à constituer un agrément auprès du service des impôts avant tout achat auprès de la SNTA. C’est le couperet.

    Aussitôt, le nombre de clients qui s’approvisionnent passe de 17 000 à 4 410 revendeurs. Fin juin 2007, ils sont donc 4 410 buralistes à l’échelle nationale à s’approvisionner auprès de la SNTA.

    Mis à part ces 4 410 clients, la SNTA est obligée à éviter toute vente de cigarettes à des clients non détenteurs d’agrément. Aujourd’hui donc, ils sont les seuls à être autorisés à acheter toutes marques de cigarettes autant de fois qu’ils le désirent. Sur le terrain, l’enquête a démontré que les 4 410 revendeurs se sont transformés en «grossistes» qui livrent les «revendeurs» ne disposant pas d’agrément.

    Se peut-il que l’Etat soit impuissant face à ces moins de 4 410 revendeurs devenus «grossistes» spéculateurs en l’absence ou de l’insuffisance des services de contrôle. Trop grave.

    Par la Nouvelle République
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