Impossible de penser la place du 1er Novembre sans manifestation culturelle. Pas la moindre exposition depuis des années ; les soirées musicales dépendent du bon vouloir des «décideurs» à l'occasion de journées à marquer comme quelques nuits du Ramadhan ou annonçant le début du printemps.
Les enfants scolarisés à tous les niveaux ignorent jusqu'au sens du terme «exposition» et, depuis plus d'une année, la célèbre librairie Mauguin a fermé ses portes, condamnant ses fidèles lecteurs à l'errance.
Le lycée Ibn Rochd, à moins de cent mètres, ne vibre plus au rythme des films projetés dans le cadre du ciné-club. Un bloc plus loin, La salle Miami est transformée en estaminet obscur où quelques retraités comptent le temps qui passe. Le kiosque de la Place, celle qu'on appelait dans le temps place d'Armes, brille par la saleté et l'abandon. Des clochards la hantent à travers les rares bancs publics disputés aux chiens. Les terrasses de quelques cafés n'ont jamais reçu de toilettage, tout comme le bassin autour du kiosque, espace que se réservent les enfants abandonnés par leurs parents.
Fini le temps où des dizaines de spectateurs terminaient les débats aux portes du Capitole et des enseignants bénévoles assuraient l'organisation des échanges sur telle ou telle thématique perçue à partir du contenu d'un classique du répertoire cinématographique mondial. Jean Claude Brialy avait fait ses débuts de théâtre ici-même, selon ses propres dires. Quoi offrir comme nourriture intellectuelle à ces centaines de blasés de la culture locale, blasés par la faute des responsables à tous les niveaux. Les salles obscures ont disparu, tout comme les librairies.
Dans l'axe du boulevard Laïchi, un des plus beaux de l'époque, El Manar (ex-Empire) est devenu une place, le Rex a vu ses murs s'écrouler au profit d'un chantier qui ne veut pas dire son nom. Le Miami est revenu à une association de bienfaisance, le Club, dans une transversale, est transformé en… douches publiques. Une ville de la taille de Blida comprenait huit salles de projection pour satisfaire la demande d'une population qui ne dépassait pas 40 000 habitants ; avec les 800 000 habitants de la métropole du Sud algérois, leur nombre s’est réduit à deux salles de projection de films au format vidéo et à une cinémathèque. Aucune culture cinématographique pour les milliers de lycéens et de collégiens ; et dire que la ville était une des «métropoles» culturelles du pays au début de l'ère coloniale française.
Les peintres, musiciens et comédiens pullulaient jusqu'à une certaine date, puis tout disparaît. Les Denis Martinez, Dahmane Benachour, Mohamed Touri incarnent un triumvirat nostalgique pour les anciens, des noms qu'on égrène à l'ombre pour ne point en tomber malade. Le renouveau ne peut provenir du vide, du trou béant, et des familles ancestrales commencent véritablement à redouter l'avenir pour cette ville qu'on appelait El Bouleïda, petite ville où la notion de «charme» n'était pas un fait du hasard.
A qui la faute ? Exode rural, envahissement de la ville à des époques bien déterminées, dont la dernière fut celle de la décennie noire, irresponsabilité des élus et des responsables nommés pour gérer les affaires de la cité. Les repères disparaissent, au risque qu'on dise un jour : «Blida ? Ce n'est pas cette cité-dortoir à quelques encablures d'Alger ?»
Amekelbled
Les enfants scolarisés à tous les niveaux ignorent jusqu'au sens du terme «exposition» et, depuis plus d'une année, la célèbre librairie Mauguin a fermé ses portes, condamnant ses fidèles lecteurs à l'errance.
Le lycée Ibn Rochd, à moins de cent mètres, ne vibre plus au rythme des films projetés dans le cadre du ciné-club. Un bloc plus loin, La salle Miami est transformée en estaminet obscur où quelques retraités comptent le temps qui passe. Le kiosque de la Place, celle qu'on appelait dans le temps place d'Armes, brille par la saleté et l'abandon. Des clochards la hantent à travers les rares bancs publics disputés aux chiens. Les terrasses de quelques cafés n'ont jamais reçu de toilettage, tout comme le bassin autour du kiosque, espace que se réservent les enfants abandonnés par leurs parents.
Fini le temps où des dizaines de spectateurs terminaient les débats aux portes du Capitole et des enseignants bénévoles assuraient l'organisation des échanges sur telle ou telle thématique perçue à partir du contenu d'un classique du répertoire cinématographique mondial. Jean Claude Brialy avait fait ses débuts de théâtre ici-même, selon ses propres dires. Quoi offrir comme nourriture intellectuelle à ces centaines de blasés de la culture locale, blasés par la faute des responsables à tous les niveaux. Les salles obscures ont disparu, tout comme les librairies.
Dans l'axe du boulevard Laïchi, un des plus beaux de l'époque, El Manar (ex-Empire) est devenu une place, le Rex a vu ses murs s'écrouler au profit d'un chantier qui ne veut pas dire son nom. Le Miami est revenu à une association de bienfaisance, le Club, dans une transversale, est transformé en… douches publiques. Une ville de la taille de Blida comprenait huit salles de projection pour satisfaire la demande d'une population qui ne dépassait pas 40 000 habitants ; avec les 800 000 habitants de la métropole du Sud algérois, leur nombre s’est réduit à deux salles de projection de films au format vidéo et à une cinémathèque. Aucune culture cinématographique pour les milliers de lycéens et de collégiens ; et dire que la ville était une des «métropoles» culturelles du pays au début de l'ère coloniale française.
Les peintres, musiciens et comédiens pullulaient jusqu'à une certaine date, puis tout disparaît. Les Denis Martinez, Dahmane Benachour, Mohamed Touri incarnent un triumvirat nostalgique pour les anciens, des noms qu'on égrène à l'ombre pour ne point en tomber malade. Le renouveau ne peut provenir du vide, du trou béant, et des familles ancestrales commencent véritablement à redouter l'avenir pour cette ville qu'on appelait El Bouleïda, petite ville où la notion de «charme» n'était pas un fait du hasard.
A qui la faute ? Exode rural, envahissement de la ville à des époques bien déterminées, dont la dernière fut celle de la décennie noire, irresponsabilité des élus et des responsables nommés pour gérer les affaires de la cité. Les repères disparaissent, au risque qu'on dise un jour : «Blida ? Ce n'est pas cette cité-dortoir à quelques encablures d'Alger ?»
Amekelbled
Commentaire