Bastien Hugues (lefigaro.fr)
Le Conseil d'Etat a donné gain de cause à un candidat d'origine maghrébine, qui estimait avoir été éliminé du concours 2007 à cause de questions discriminatoires. Une première, selon l'avocat du plaignant.

Mais pour ce postulant - le seul au patronyme maghrébin - l'entretien tourne à une supercherie. «Faites-vous le ramadan ?», «votre femme porte-t-elle le voile ?», «votre avis sur la corruption des fonctionnaires de police marocains ?», «vous ne trouvez pas bizarre ce gouvernement de la France avec des ministres arabes et un président à moitié hongrois ?»… A la sortie de l'entretien, Abdeljalel El Haddioui, 40 ans, est recalé avec un 4/20 éliminatoire, en dépit de six notes supérieures à la moyenne dans les autres épreuves. Interrogé sur la véracité du contenu de l'entretien, le président du jury se refuse à tout commentaire.
Persuadé d'être victime de discrimination, Abdeljalel El Haddioui décide alors de porter l'affaire devant la Halde et le Conseil d'Etat. Lequel lui a donc donné raison, vendredi 10 avril, en annulant les résultats du concours. C'est désormais au ministère de l'Intérieur qu'il revient de prendre une décision quant à l'avenir d'Abdeljalel El Haddioui et de la promotion 2007 des officiers de police.
Sur France Inter, la ministre Michèle Alliot-Marie a indiqué qu'elle allait «tenir compte de la décision du Conseil d'Etat», sans préciser les suites qui allaient être données à cette affaire. «Dans tout corps social quel qu'il soit (...) il peut y avoir des personnes qui ne respectent pas les lois, a-t-elle souligné. Ce qui est important pour l'honneur mais également pour la crédibilité du corps et pour la confiance qu'on lui fait, c'est qu'il y ait des sanctions quand il y a des problèmes.» Contactée par lefigaro.fr pour savoir ce qu'allaient devenir les policiers promus en 2007, la Direction générale de la police nationale (DGPN) fait savoir qu'elle n'est pas en mesure de répondre pour le moment à la question.
Interrogé par France Info sur le sujet, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), convaincu qu'il existe d'autres cas similaires dans l'administration, espère pour sa part que cette décision du Conseil d'Etat «va délier d'autres langues» et permettra de «ne pas laisser se banaliser ce genre de comportements».