LA LIBERTÉ D’EXPRESSION D’UN HUMORISTE



Les spectacles de l’humoriste algérien Fellag touchent la sensibilité, non seulement de ses compatriotes, mais aussi celle d’un public large et diversifié. Ses histoires séduisent chacun des spectateurs qui ne tarde jamais à s’identifier à des événements ou des personnages qui lui sont, à première vue, étrangers. C’est qu’elles gagnent du terrain grâce à une force humoristique provocante. Ce jeu séduit aussi le créateur lui-même : il le juge comme «un juste retour des choses par rapport à une société qu’on a marginalisée et qui rapporte à son tour un modèle d’humain dans lequel on s’identifie».


Le pari sur la femme
Dans «Le Dernier Chameau», la dernière création de Fellag, ce sont deux mondes aux antipodes qui sont donnés à voir : celui des femmes et celui des hommes. Et justement, c’est la séparation nette entre ces deux mondes qui est accusée de créer le déséquilibre dans cette société en devenir. L’Algérie dans les années 1950-1960 était tribale, elle l’est encore, malgré les changements qui font mouvoir la société d’aujourd’hui. Fellag est pour «la rencontre des hommes et des femmes» pour accélérer et réussir ces changements.
Du reste, il opte pour un humour plein de gravité (donc aucune gratuité) qu’il estime capable de toucher le public et d’exorciser le désespoir qui le tente de temps en temps. Toutefois, pour lui, l’espoir n’a plus de sens s’il n’épouse pas l’action ; au contraire «c’est l’action qui donne l’espoir».

Les rêves d’un Algérien
Fellag soutient qu’il est temps de rompre avec les illusions. S’il s’est abstenu de voter, c’est par une prise de position nette contre une situation politique responsable, en partie, des travers sociaux, économiques de l’Algérie. Pour rompre avec cette situation, Fellag rêve d’un pays ouvert sur les cultures du monde entier, d’une école moderne qui enseigne toutes les langues possibles.
Fellag rêve aussi d’une Algérie qui ouvre ses portes à la presse internationale. Si l’image de l’Algérien est toujours incomplète et axée sur un aspect unique de cette société, la faute revient à une politique qui soutient la loi du silence, qui devient à son tour une véritable manipulation de la réalité …
Du reste, Fellag affirme faire confiance aux jeunes algériens. Ils sont capables d’inventer, de créer le bonheur ; ils puisent dans une énergie intarissable et prometteuse. «Ce peuple, jeune, énergique, est en train de s’inventer une démocratie libertaire, faite de modernité anarchique, au-delà d’un pouvoir qui reste dans des codes d’un autre temps». Une donnée rassurante et prometteuse …

T.H

:biggrin: