Ya nayer, ya ghali, ghali!
par El-Guellil
par El-Guellil

- Toi aussi ? qu'est ce que tu as entendu ?
- J'ai cru entendre le mot «Cajou», mais j'ai cru que j'hallucinais, alors je l'ai oublié.
Soudain, Si El-Fani éclata : Non ! Y aura pas de Nayer, ni pistache, ni noix de Cajou, ni quoi que ce soit, rien, rien, rien, j'ai pas d'argent, machi bessif ! Eh bien mince alors !
Quatre de ses collègues se précipitèrent vers lui, croyant que Si El-Fani venait de perdre la tête.
- Qu'est ce que tu as, mon vieux, tu es malade, on peut faire quelque chose pour toi ?
- Non, je ne suis pas devenu fou, mais j'ai un problème, c'est ma femme qui veut absolument que j'achète les victuailles pour fêter Nayer et moi je n'ai pas un sou, je suis endetté jusqu'au cou, mais vous savez comment elle est, j'ai peur de rentrer à la maison, de lui dire non ! Et puis, cette année, c'est tellement cher, tellement cher...
- Trouves une excuse, fais semblant d'être malade !
Une ampoule s'alluma dans son cerveau torturé. Il se leva précipitamment et sortit dehors. Sans regarder, ni à droite, ni à gauche, il traversa le grand boulevard. Dans un hurlement de pneus, une voiture le percuta. Il tomba, inconscient. Il se réveilla quelques heures plus tard et remarqua que sa jambe et son bras droits étaient recouverts de plâtre. Sa femme, ses enfants, ses collègues de travail et même le directeur étaient là. Sur le sol, et sur la table de chevet, des paniers et des paniers pleins de pistaches, noix de Cajou, amandes, noisettes et des fruits en quantités astronomiques. Il les regarda, souriant, un sourire «pieds nus», car il avait aussi perdu toutes ses dents dans «l'accident».
Le Quotidien d'Oran