Trig ramdane
par El-Guellil

Il y a d'abord l'ancêtre, le chauffeur à la cécité avancée et aux réflexes style doucement le matin et pas trop vite le soir. S'il arrive que vous rouliez derrière son carrosse, votre moteur doit fonctionner au mode patience, prudence et anticipation. Quand il clignote à droite, ce n'est pas rare qu'il tourne à gauche. Pour celui-là, à la limite, on lui conseillerait d'envisager de se retirer de la circulation...
Vient ensuite la chabiba: ce jeunot, dans une carrosserie aux vitres teintées et au moteur gonflé, qui passe d'un feu rouge à l'autre, usant du disque de freins et laissant au démarrage de la gomme de pneu sur l'asphalte. Pour, en définitive, progresser à la même allure que les autres. Véritable objet roulant non identifié, il se faufile d'une voie à l'autre en frôlant les autres voitures. Plus il passe près, plus c'est marrant. Mais quand il rate son coup, c'est papi qui arrangera les choses. Il est pourri d'insouciance, car c'est la frime qui compte le plus. Amala ya chabab qui bousillez vos vies autour d'arbres, muselez vos hormones débordantes...
Lokhrine, les grands souaggas, taxiettes. Du haut de leur arrogance au volant, ils se comportent comme les uniques propriétaires de la voie publique. Tu dois composer avec leurs stops approximatifs, leurs déboîtements soudains, leurs arrêts brusques dès qu'ils aperçoivent un bras qui hèle, et éviter les coups de klaxon si vous voulez éviter leurs coups de gueule. Devant les conducteurs de Karsan, les taxi-heurts paraissent des enfants de choeur. Les karsanneurs se comportent comme des soûlographes. Ce sont les plus détestables, les plus condamnables et les plus meurtriers... Ils sont les responsables, si légèrement punis, de centaines de morts chaque année...
Entre les fous du volant et les fous au volant, je préfère rester piéton.
Le Quotidien d'ORAN