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L'aumone fi sabil Allah

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  • L'aumone fi sabil Allah

    Ces derniéres années, les mendiants se font de plus en plus nombreux dans les rues, enfants, femmes et hommes de tout age tendant la main aux passants, le regard implorant, certains plus audacieux que d'autres allant jusqu'à les arreter pour solliciter leur bienveillance.
    Des femmes jetées à la rue, leurs nourrissons dans les bras et leurs enfants qui dorment à méme le trottoir. Des jeunes filles qui rodent dans les jardins publics en quête d'aumone, et tant pis si il n'est pas toujours moral, c'est une question de survie pour elles!
    Les plus discrets sortent au crépuscule se mettent devant les cafés, les rotisseries dans l'attente qu'une ame charitable leur paye un sandwich.

    Ca fend le coeur de voir cette misére criarde face à laquelle on reste impuissants.

    Et que penser de ces mendiants sur une chaise roulante ou en béquilles qui exhibent une ordonnance qui est plus vieille qu'eux.
    Et les mendiants prolétaires qui pointent le matin à la méme place et rentrent le soir soir et se reposent le weekend.
    Ou ceux qui nous attendent à la sortie des boulangeries, qui nous demandent de leur acheter un pain ou un gateau, alors qu'ils ont déja un sac plein de pain couvert d'un vieux torchon de couleur douteuse. Ceux-la ont une famille nombreuse à nourrir, diriez-vous.
    Et ces mendiants téméraires, qu'on voit au bord des routes qui espérent qu'un automobiliste, aussi téméraire qu'eux, s'arretera pour leur donner quelques piéces. Et pourquoi pa, les prendre dans sa voiture et les déposer prés de leurs quartiers!
    Et ceux, qui en plein embouteillage, se faufilent entre les voitures, frappant sur les vitres ou sur le pare-brise des voitures, mettant en danger leur vie pour quelques malheureux dinars qu'on leur donne, si on n'est pas déja irrité par la chaleur, la circulation et par l'agent de circulation qui laisse passer toutes les autres voitures des autres files et qui a oublié notre file.


    Je me rappelle, une fois dans la voiture avec mon père, alors qu'on attendait, dans une longue file de voitures qu'un policier nerveux qui sifflait pour rien, nous donne l'autorisation de passer, un vieil homme s'approche de la voiture. Il fait avancer sa main tendue à l'intérieur par la vitre qui était ouverte, il a failli faire tomber les lunettes de mon père. Mon père fouille dans ses poches, dans la boite à gant, pas de petite monnaie. Il me regarde, je le comprends, je fouille à mon tour dans mon sac pour trouver mon porte-monnaie que je ne trouve jamais tout de suite quand il y a urgence, c'est comme le mobile qui sonne, sonne, sonne et qu'on ne trouve que quand il a arreté de sonner.
    Pendant que je cherche, je sens les 4 yeux braqués sur moi, ceux de mon père plus exaspérés. Enfin, je trouve mon porte-monnaie! Malheureusement, il ne portait pas de monnaie, mais des billets, des papiers, une bague, des bouts de papiers, de la lavande, une puce de téléphone... oups une photo, j'espère que mon père ne l'a pas vu. Exaspéré, mon père dit au vieil qu'on n'a pas de petite monnaie, le vieil homme lui répond qu'il peut lui faire de la monnaie.
    Quelque chose m'échappe la, mais je n'arrive pas à savoir ce que c'est!
    Je voyais que mon père adrab 3ala 3aklou ma sabouch, avant qu'il ne réponde au vieil, je me suis empressé à donner un billet de 100 da au vieil homme, je n'avais pas plus petit, mon père me lance un de ses regards qui font que les fleurs se fanent avant d'éclore.
    Quand nous avons enfin démarré, j'ai eu droit à une longue lecon sur l'aumone, les nécessiteux et les faux-semblants.


    Avant, les mendiants étaient repérables à leurs habits et leurs pieds mal chaussés. Aujourd'hui, c'est difficile de les reconnaitre si ils ne déclarent pas.

    Une fois une jeune femme bien habillée, bien coiffé sonne au portail du jardin, elle demande l'aumone. Ma mère trés touchée, l'invite dans le jardin et engage la conversation avec elle, pour savoir entre autres ce qui l'avait amené à cet état de précarité.
    La jeune femme a dis qu'elle venait de divorcer, qu'elle avait un enfant à charge, qu'elle n'arrivait pas à trouver du travail, le seul recours pour elle c'est la mendicité.
    Plus attendrie, ma mère lui demande ou elle a laissé son enfant. Elle lui répond qu'elle l'a laissé avec la nourrice à la maison et que cette derniére lui coutait cher.
    Deuxiéme quelque chose qui m'échappe la, que je n'arrive toujours pas à savoir ce que c'est!

    Les nécessiteux d'antan ne rechignaient pas, ils prenaient ce qu'on leur donnait, et il nous faisaient des da3wette el khir. Aujourd'hui, un rien peut les vexer.

    Un jour sur la plage, on était tout un groupe d'amis et amies, d'ailleurs je n'irais plus avec eux à la plage, parce qu'il y'a des samtine qui profitent pendant notre bronzage pour nous prendre par le pieds et les bras et nous jeter dans l'eau. J'ai horreur de ca, non seulement à cause de l'effet surprise mais surtout quand on ressort de l'eau, le maillot n'est pas convenablement à sa place et les cheveux cachent le visage on dirait des branchette de balai, et la morve écumeuse melé au sable qui sort du nez.
    Alors qu'on jouait au scrabble, une femme en hidjab manches courtes trimballant un grand cabas, vient vers nous et nous demande à boire et à manger car elle n'avait rien mangé depuis la veille. Elle demande aussi si elle peut rester un peu sous le parasol. On lui fait de la place, on lui donne à manger et à boire, on lui donne aussi le gateau qu'une copine avait ramené avec elle et que personne ne voulait manger parce qu'il avait le gout de persil, mais apparemment la dame le trouvait bon, elle en a méme redemandé.
    Aprés avoir mangé, elle s'allonge sur une des serviettes et s'endort. Heureusement, c'était la serviette d'un des samtine!
    Quand elle a fini sa sieste, elle nous a demandé si on avait du café à lui offrir fi sabil Allah. Comme on n'en avait pas, on lui a proposé du thé qu'elle a bu avec plaisir.
    A avant de partir, elle nous a demandé si on avait une paire de souliers à lui donner car ses chaussures lui faisaient terriblement mal puisque trop petites pour ses pieds. On lui a demandé quelle pointure elle faisait, elle a dis 39. Manque de pot, aucune des filles ne faisait cette pointure. C'était entre 37 et 38. Elle a dis que ca ne faisait rien, que méme plus petit elle prendrait. Un des samtine lui a proposé ses tongs, mais elle a dis qu'elle n'en voulait pas et qu'elle préférait nos ballerines ou nos sandales.
    Troisiéme quelque chose qui m'échappe la, je continue à chercher!

    Une autre fois à l'entrée d'un cimetiére, j'avais accompagné ma collégue, celle qui a perdu son père et qui chaque fois qu'elle veut aller se recueillir sur sa tombe, il lui faut une compagnie parce qu'elle a peur des morts, sauf de son défunt père, Allah irahmou, elle n'a pas peur parce que lui, elle dit, il ne lui fera pas de mal.
    A l'entrée du cimetiére, il y'avait un mendiant assis sur un carton, quand il nous a vu, il a demandé si on avait quelque chose à boire parce que rahou mayat bi la3tach. Je lui ai proposé la petite bouteille d'Ifri que j'avais, mais il l'a refusé et il m'a demandé si je pouvais aller lui acheter du jus Rouiba chez le marchand d'en bas de la rue, parce que le marchand qui était en face du cimetière, ses jus n'étaient pas frais.
    Quatriéme quelque chose qui m'échappe, mais je suis persévérante, je trouverais!


    Difficile de distinguer le vrai du faux quémandeur de nos jours, la misére a changé de statut, de visage et de classe sociale. Que faire quand on est face à une personne tendant la main mais dont le regard vous somme de faire un geste généreux fi sabil Allah! La plupart préférent mettre une piéce au ceux de cette main tendue, en se disant vrai ou faux c'est ma saddaka qui compte pour le Bon Dieu, Lui seul sait trancher.

    Quelque chose vous échappe, vous aussi?
    Dernière modification par Makhlouka, 26 avril 2011, 21h05.

  • #2
    ce sont des mendiants dernier cri

    meme la mendicité n'est plus ce qu'elle était
    "N'imitez rien ni personne. Un lion qui copie un lion devient un singe." Victor Hugo

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    • #3
      ce qui ne m'a pas échappé c'est que tu écris vraiment bien , beau texte, bravo
      demain c'est loin

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      • #4
        Spacialle
        mendiants dernier cri, j'aime bien cette expression. J'ai failli ne pas te reconnaitre avec ton nouvel avatar.

        yip man
        merci, moi je cherche toujours.

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        • #5
          Quelque chose vous échappe, vous aussi?
          Quelques pseudo mendiants n'ont franchement pas froid aux yeux ...ils ne se gênent pas de te balancer des méchancetés si la somme d'argent que tu leur donne ne leur plait pas

          Je me rappelle qu'un mendiant "un trisomique si ma mémoire est bonne " m'avait jeté en pleine figure la pièce de 10 dinars que je lui ai donné en me disant "matahechmich khaddama w messmara " LOL
          « Celui qui ne sait pas hurler , Jamais ne trouvera sa bande " CPE

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          • #6
            "matahechmich khaddama w messmara "
            Trop forte celle la, il mérite 100 da pour ça
            Tadjére ouala Hadjére ouala rédjline Madjer...

            Vive Tayri, Vive JSK

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            • #7
              Bravo makhlouka tu as tout résumé comme d'habitude.

              Il y' a un mendiant non voyant, qui à chaque fois qu'une jolie fille passe à coté il dit: khwatati djazayriyate ezinate 3awnou khokoum 3ma.

              Vous me direz comme certains il entends le bruit de talons, sauf que le trottoir n'est pas goudronné et qu'elle ne portent pas forcément des talons.
              Il y'a aussi ces hommes plutot jeunes qui vont demander l'aumône à des femmes .

              Ceux du marché à chaque fois qu'on achète quelque chose il y a quelqu'un qui demande achètes moi la même chose.
              All we are saying is give peace a chance. John Lennon.

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              • #8
                PremierJour
                méme les enfants refusent la piéce de 10 da, je me rappelle c'était l'aid, j'ai donné à la fille de la voisine que j'ai croisé dans la rue, une fillette de 5 ans, une piéce de 10 da, elle l'a jeté par terre, en criant ma djiboulou walou, bahadlatni fel houma.


                obladioblada
                ca nous est arrivé, à ma mère et à moi, on venait d'acheter du tissu, une dame a demandé si on pouvaitlui donner nouss métra bach tghati el potager qui n'avait pas de portes.

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                • #9
                  Dilemme!

                  Face à un(e) mendiant(e), je suis toujours devant ce dilemme: "et si réellement, elle/il est dans le besoin?" Je vous assure que c'est une question que je me pose toujours, quand une main est tendue vers ma silhouette.

                  Ma réaction dépend de la personne que j'ai en face, tout en étant conscient que des réseaux et des tricheurs professionnels existent: une vieille femme et un vieux monsieur ont toujours leurs chances avec moi. Avec eux, jamais d'hésitation:y a toujours une/des pièce(s).

                  Pour les autres, c'est selon l'humeur du moment. Par exemple, hier, un homme saoul m'apostrophe en me disant ceci:"ya kho, men fadhlek, khessetni 3echralaf bach nechri lqer3a.3awenni t3ich." Il a été d'une telle sincérité que je n'ai pu résister à l'idée de l'aider à s'offrir sa bouteille, un camembert en prime; car, justement, cette bouteille "tnessi lehmoum", comme il l'a avancé dans son "exposé des motifs".

                  Je sais que ce n'est pas une solution et qu'on ne peut pas cacher la misère du monde. Je sais aussi qu'il y a des cons, des profiteurs, des parasites, etc. Mais je sais que le rouleau compresseur a mis des gens sur la touche: toutes ces jeunes femmes avec leurs enfants qui sont sous les arcades à Alger/Oran/Constantine/Annaba. Elles ne sont pas là pour le plaisir. Ce sont les dommages directs d'un code de la famille qui n'offre aucun répit à la femme dans une société patriarcale. Ces femmes, quand on leur pose la question, elles n'ont qu'une réponse:"entre me prostituer ou mendier pour me nourrir et nourrir mon enfant, je préfère mendier malgré l'humiliation et la violence des personnes..." Alors, parce que ces marginaux vrais existent, je continuerai à mettre la main à la poche, avec le sourire. Car y a pas pire que de rajouter à l'humiliation une autre humiliation.
                  "Si loin que nous portent nos pas, ils nous ramènent toujours à nous-mêmes" (Proverbe Twareg).

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                  • #10
                    Lol, j'apprécie comme à mon habitude, merci beaucoup makhlouka, sa faisait un moment.

                    Je pense qu'a mon premier choc je devais avoir a peine 12ans. Tu sais quand tu sors de l'école, que tu vois ces petits (semblable à toi) mais qui semble tant souffrir. L'une d'elle est venu me voir, insistant pour avoir de quoi manger. N'aillant que mon argent de poche à l'époque (10Da) golte haya na3fess 3la guelbi...sadaqa fi sabil Allah.

                    Tu sais quoi? La fille n'a pas attendu et elle est parti en courant s'acheter des bonbons avec... alors que moi je m'étais privé de sa!
                    Sur le coup j'avais la rage, puis me suis dit...sa reste une enfant comme nous, sa se comprend un peu (mais me suis promis de garder mon argent pour moi la prochaine fois).

                    Sinon il y'a ceux qui préfère faire la manche au lieu d'aller bosser. Un gars qu'on connait avait une voisine mendiante. Voulant l'aider, il a tout fait pour lui trouver un boulot de femme de ménange. Il est parti la voir tout content pour lui proposer enfin une source de revenu afin de garder sa dignité. Tu sais ce que la femme lui a répondu? Non merci, je préfère faire ce que je fais, c'est bien plus rentable qu'un salaire.

                    Il y'a d'apres elle une cinquantaine de café dans la ville. Elle arrive à avoir a peu pres 20 Da par café... ce qui fait un total de 1000Da la journée. 1000 *30... Le gars s'est rendu compte qu'elle gagnait sa vie mieux que lui d'après les calculs de la femme!

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                    • #11
                      Mimi Trop forte celle la, il mérite 100 da pour ça
                      Je me demande pourquoi les 10 din ma y3amrouch el 3in

                      On peut acheter une baguette de pain avec NON ??? ça prouve que c'est pas la faim qui poussent certains a tendre la main !
                      « Celui qui ne sait pas hurler , Jamais ne trouvera sa bande " CPE

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                      • #12
                        Makhlouka

                        PremierJour
                        méme les enfants refusent la piéce de 10 da, je me rappelle c'était l'aid, j'ai donné à la fille de la voisine que j'ai croisé dans la rue, une fillette de 5 ans, une piéce de 10 da, elle l'a jeté par terre, en criant ma djiboulou walou, bahadlatni fel houma.
                        Oui , comme tu dis , mais bon .....!
                        « Celui qui ne sait pas hurler , Jamais ne trouvera sa bande " CPE

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                        • #13
                          Aktarus, H.T.M
                          ca peut etre un dilemme, ces gens sont-ils vraiment dans le besoin? Je me dis comme toi Aktarus, vrais ou faux, si ces personnes en sont arrivés la, c'est qu'il y'a nécessité quelque part dans leur vie. Une personne à l'aise dans sa vie n'aurait pas eu recours à cette tromperie pour vivre.
                          Et comme tu dis H.T.M, il y'en a qui en font un métier.

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                          • #14
                            PremierJour
                            quand on est dans le besoin, on prend ce qu'on nous donne, je suis tout à fait d'accord avec toi.

                            Commentaire


                            • #15
                              salam

                              yaaték essaha makhlouka, j'avais pensé parler de ce sujet sur fa!!

                              vraiment ils font trop, rabbi yahdihem, dernièrement une soit disant mendiante est venu a mon travail, zaama elle n'avait pas de l'argent pour faire un scanner, on a cotisé pour elle, et un collègue a pri RDV pour elle dans un établissement spécialisé!!

                              quelque jour après je la retrouve a la gare de ma ville, avec une ordonnance et pour le même motif:22:!!! elle est tjrs dans la gare mais elle a changé le motif, dork c'est pour acheter a manger!!

                              hram alihem, fessdounna niyetna!!

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