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Alors que l'Algérie tente de juguler les protestations populaires, sa Banque nationale a décidé de mettre en circulation ce jeudi 28 avril 2011 une nouvelle coupure de 2.000 dinars. Le pays en compte déjà cinq (100, 200, 500 et 1.000 dinars). Quel intérêt pour l’Algérie d’imprimer et de mettre un nouveau billet en circulation?

Les premières explications vont de soi: il s’agit de remplacer les liasses de billets trop imposantes que les banquiers et les particuliers manipulent quotidiennement. De plus, ce billet est un nouveau moyen pour le gouvernement algérien de lutter contre la contrefaçon, en offrant «une coupure en phase avec le développement technologique en la matière».

Le billet, de couleur bleu, comprend en filigrane l'effigie de l’émir Abdelkader et celle de Jugurtha (roi de Numidie au IIe siècle avant Jésus-Christ), ainsi qu'un hologramme —en plus d'autres éléments de sécurité. Des figures géométriques, des guilloches, des micro-impressions et des numismatiques graphiques viennent décourager les faussaires. Enfin, des signes imprégnés en relief permettent aux non-voyants de reconnaître la valeur faciale du billet.

Sur la face recto du billet figurent deux images, l’une d’un professeur d’université dans un amphithéâtre et l’autre d’un groupe de chercheurs dans un laboratoire. Le verso montre d’autres secteurs de l’économie algérienne comme l’agriculture (un palmier et un olivier), l’urbanisme (illustré par un immeuble) et les ressources aqueuses (un plan d’eau).

L’Algérie souhaite également «développer des paiements alternatifs au cash», comme l'a indiqué le ministres des Finances Karim Djoudi. Le président Abdelaziz Bouteflika avait en effet annoncé le 24 mars dernier l’obligation désormais d’utiliser des chèques pour les transactions de plus de 500.000 dinars. Le 19 avril, le ministre a précisé:

«L’insuffisance de billets dans les bureaux de poste est le corollaire d’une arithmétique entre les approvisionnements de la Banque d’Algérie, institution émettrice de la monnaie, et la demande formulée aux guichets postaux, laquelle a fortement augmentée durant les 6 derniers mois en liaison avec les récentes augmentations de salaires des employés de la fonction publique.»

Autrement dit, les Algériens et surtout les fonctionnaires épargnent de plus en plus leur argent et préfèrent le garder sur eux, ou chez eux.

«L’avantage de ce procédé est d’orienter les besoins de thésaurisation vers les billets de 2.000 dinars, délaissant les coupures inférieures aux besoins de circulation monétaire», a indiqué Djoudi.

En outre, cette initiative, qui coïncide avec le 47e anniversaire de la monnaie nationale, rappelle que les billets algériens actuellement en circulation datent des années 90 et qu’il devenait urgent de moderniser la monnaie du pays.

Du côté des dangers économiques, le premier est le risque d’inflation. Concernant les inquiétudes légitimes des économistes et observateurs étrangers, le ministre des Finances a précisé que l’émission d’un nouveau billet de banque «n’influe nullement sur le niveau de la masse monétaire, mais uniquement sur la composition de la monnaie fiduciaire (les billets, ndlr)». Cette nouvelle coupure ne gonflera donc pas la masse monétaire, puisque d’après l’un des économistes de la Banque d’Algérie, Mensouri Riadh, «il n’y aura pas d’impact sur les prix à la consommation».

Lu sur El Moudjahid, *********, Maghreb Emergent