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en ALGERIE il faut s'accorder sur la notion arabe

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  • #91
    @Horizon2030

    ... Dans mon discours, la langue était implicite !! ...

    Bah, manifestement ce n'était pas aussi évident que cela, puisque je n'ai pas pu voir la chose ainsi. Mais qu'importe, maintenant la chose est claire ...

    ... Pas vrai. Les individus dans le groupe créent de nouvelles choses transversales qui n'existaient pas au niveau des individus pris individuellement ...

    Concrètement, et en restant dans le domaine identitaire, dois-je en conclure qu'un groupe d'individus ou prévaut un sentiment d'appartenance à telle ou telle culture (disons 8/10 individus) pourrait accoucher d'un sentiment d'appartenance à une culture ?
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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    • #92
      @Nomad7

      ... J'ai entendu à plusieurs reprises une définition qui me semble incorrecte : Il suffit de parler arabe pour être arabe ...

      Et suffit-il de parler berbère pour être berbère ?

      ... Un berbère pour moi est l'habitant d'origine de l'Afrique du Nord qui a su résisiter aux différentes invasions pour conserver sa culture, ses us, sa langue ...

      Qu'en est-il d'un français né (en France) de parents ou de grands-parents kabyles mais qui ne cause pas un mot de berbère ? Cesse-il d'être berbère selon ta définition ou perd-il tout droit de se réclamer de la berbérité ?

      Que dire aussi de ces innombrables lignées issues d'anciennes populations puniques ou romaines qui ont été absorbées à un moment ou à un autre dans tel ou tel groupe berbère ? Leur rejetons perdent-ils tout lien avec leur berbérité actuelle dès qu'ils découvriront leur filiation réelle ?
      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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      • #93
        @Yastisinas

        ... Ne penses-tu pas que le malentendu historique consiste justement en cette confusion entre arabité et islamité ? ...

        A mon niveau, il n'existe aucune confusion dans ce domaine. Ceci dit, c'est bien un fait que l'Islam est venu dans nos contrées avec l'arrivée d'armées arabes au 7e s., et c'est cette islamisation du pays qui a permis à un processus d'arabisation de s'enclencher, comme partout ailleurs à cette époque. Les résultats de ce processus furent variables, mais il existe bien un lien entre les deux aspects (islamisation/arabisation), même si l'un n'avait pas forcément l'autre pour but ou pour objectif.

        ... L'Afrique du Nord aurait pu être musulmane tout en gardant son socle identitaire et culturel millénaire amazigh ...


        Oui, elle aurait pu l'être tout comme l'Iran ou la Turquie le sont encore de nos jours. Mais, le fait est que l'Afrique du N. est de nos jours musulmane avec une population qui se dit à 80% arabe. Pourquoi voudrais-tu, dans la définition de l'identité de ce pays, que l'on fasse abstraction de ce fait présent au profit de faits passés (et d'un seul en particulier) ?

        ... PS: je fais référence à la notion d'appartenance à l'arabité en tant que référent identitaire et non pas l'arabophonie ...


        Oui, nous parlons bien de la même chose et c'est ce que j'appelle "arabité" de manière générale. je dois juste précision que cela inclus l'arabophonie ou même l'arabophilie.

        ... Tu fais référence à la notion de "nation" selon la conception de Renan ou d'une façon plus exclusive ? ...

        Plutôt au sens renanien. N'est-il pas le seul applicable à notre cas après tout ?

        ... Encore une fois, concernant l'Algérie, et vu les références historiques anté islamiques, peut-on parler de la notion d'arabité ou d'arabophonie ? ...

        Comme évoqué plus haut, je ne vois ni opposition ni même nécessité de distinction entre ces deux choses dans le sujet qui nous intéresse ici : les algériens qui parlent un dialecte arabe de nos jours se sentent, se disent et se veulent arabes. Pourquoi irais-je segmenter leur identité en portions et leur dicter des options ? Que faire des ascendances puniques et romaines par exemple ? Ne font-ils pas partie des éléments ethniques qui ont peuplé ce pays aux époques anté-islamiques eux aussi ? Pourquoi n'irais-je pas m'en réclamer à mon tour ?
        Dernière modification par Harrachi78, 07 août 2012, 12h10.
        "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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        • #94
          tiens donc ... tu es spécialiste de la chose aggour et si tu développais ... trêve d'excuses veux tu !!! il n'y a rien de problématique ni insurmontable il suffit de le décidé ...

          Je ne suis pas dutout spécialiste Giro mais je sais que l'autonomie ne se décrète pas et ne se décide pas unilatéralement, elle se construit en parfaite collaboration avec l'Etat central qui adopte dans sa constitution une nouvelle philosophie politique qu'est le fédéralisme. Pour developper, je me suis permis de faire un résumé de certaines études sur la question, je tiens donc á préciser que ce qui suit n'est pas de moi mais l'oeuvre d'autres auteurs.


          Il s'agit d'un système politique dans lequel le gouvernement central d'un Etat souverain partage avec des entités fédérées qui forment cet Etat, les diverses compétences constitutionnelles que sont le Législatif, le judiciaires et l’exécutif.
          Le fédéralisme est un model d'organisation politique dans lequel les activités du gouvernement sont divisées entre les gouvernements régionaux et un gouvernement central, de sorte que chaque type de gouvernement décide sur ses activités. On peut faire une distinction entre le fédéralisme par association et le fédéralisme par ségrégation. Le fédéralisme par association est un système fédéral formé d’après la réunion de plusieurs Etats qui admettent de se soumettre à une autorité supérieure commune. Quant au fédéralisme par ségrégation, il s’agit d’un système fédéral formé à la suite de la dissociation d'un Etat antérieurement unitaire en plusieurs Etats qui admettent toutefois de se soumettre à une autorité supérieure commune. Le fédéralisme est une recherche d’équilibre entre respect des diversités et besoin d’unité, entre séparatisme et mutualité. La souveraineté au sein d’un Etat fédéral fait l’objet d’un partage non hiérarchisé entre un gouvernement central et ses gouvernements provinciaux.


          Des Etats unitaires peuvent évoluer vers le fédéralisme. Pour cela, ils empruntent généralement des organisations intermédiaires. Ainsi, l’Italie qui est toujours un Etat unitaire est en voie de devenir un Etat fédéral. Pour ce faire, elle a opté pour une forme dite régionale c’est-à-dire que les régions possèdent notamment une compétence en matière législative.
          Il est possible de constater que la décentralisation et le fédéralisme ont des définitions qui semblent être proches. Cependant, ces deux formes d’organisation de l’Etat ne recouvrent-elles pas des réalités juridiques différentes ?
          Le principe d’autonomie est certes une caractéristique de l’Etat fédéral mais il s’agit aussi d’un principe affirmé dans les Etats décentralisés. Ainsi, l’article 72 de la Constitution française dispose que « … Dans les conditions prévues par la loi, ces collectivités s'administrent librement par des conseils élus… ». Selon ce principe, les collectivités territoriales bénéficient d’une autonomie juridique -une personnalité juridique distincte de celle de l’Etat -, d’une autonomie matérielle et d’une autonomie financière.

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          • #95
            Suite...

            Si les différentes composantes du principe d’autonomie ne sont pas discutables dans le cadre des Etats fédérés, l’autonomie matérielle et l’autonomie financière des collectivités territoriales sont plus discutables. Par exemple, bien que l’article 72-2 de la Constitution française prévoit que « Les collectivités territoriales bénéficient de ressources dont elles peuvent disposer librement dans les conditions fixées par la loi… » et que « …Les recettes fiscales et les autres ressources propres des collectivités territoriales représentent, pour chaque catégorie de collectivités, une part déterminante de l'ensemble de leurs ressources... », les entités décentralisées n’ont pas une autonomie fiscale ce qui les rend en pratique indirectement dépendantes des dotations de l’Etat.

            Enfin, le principe d’autonomie implique surtout que les Etats fédérés et les collectivités territoriales exercent des compétences. Là encore, le principe est affirmé sans recouvrir exactement la même réalité. En effet, les Etats fédérés ont des compétences en matières constitutionnelles et législatives alors que les collectivités territoriales « … disposent d'un pouvoir réglementaire pour l'exercice de leurs compétences... » (article 72 de la Constitution française).


            Contrairement aux collectivités décentralisées, les Etats fédérés disposent tout d’abord de leur propre constitution. En d’autres termes, ils ont une compétence en matière constitutionnelle. Par conséquent, en théorie, ils sont libres de s’organiser comme ils l’entendent. Cependant, la Constitution fédérale édicte en général certaines restrictions, notamment pour garantir les droits fondamentaux ou la forme démocratique des institutions de l’entité fédérée. Par exemple, l’article 28 de la loi fondamentale allemande dispose que : « L'ordre constitutionnel des Länder doit être conforme aux principes d'un Etat de droit républicain, démocratique et social, au sens de la présente Loi fondamentale. Dans les Länder, les arrondissements et les communes, le peuple doit avoir une représentation issue d'élections au suffrage universel direct, libre, égal et secret… ».

            Les compétences des Etats fédérés sont donc bien plus importantes que celles des collectivités territoriales ce qui montre que le principe d’autonomie a un contenu supérieur dans le cadre du fédéralisme que dans celui de la décentralisation. Le même constat peut en outre être fait au regard de la structure et de la participation au pouvoir central des collectivités territoriales.

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            • #96
              L'Afrique du Nord aurait pu être musulmane tout en gardant son socle identitaire et culturel millénaire amazigh ...
              Mais elle est! C'est juste que pour certains individus le paradis n'est ouvert que pour ceux qui sont arabes...Alors d'arabophones, ils ont vite troqué leur identité avec une présumée appartenance inventée via le pont de l'Islam.

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              • #97
                Harrachi

                Et suffit-il de parler berbère pour être berbère ?
                Non.


                Qu'en est-il d'un français né (en France) de parents ou de grands-parents kabyles mais qui ne cause pas un mot de berbère ? Cesse-il d'être berbère selon ta définition ou perd-il tout droit de se réclamer de la berbérité ?
                S'il se sent kabyle, il l'est car ses ancètres le sont.

                Dans ma dèfinition, je n'ai pas dit qu'il faut qu'il parle la langue car moi même je parle l'arabe mais je ne suis pas arabe, je parle le français mais je ne suis pas français, ....
                Beaucoup de kabyles, de chaouis, de m'zab, .... ne parlent pas leur langue car elle ne leur a pas été transmis, que ce soit en Algérie ou ailleurs.
                "If you can't say anything nice, don't say anything at all."

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                • #98
                  @Nomad7

                  ... Non ...

                  Et bien, c'est valable pour tous les autres.

                  ... S'il se sent kabyle, il l'est car ses ancètres le sont ...

                  Cela veut-il dire qu'il n'est pas kabyle si ses ancêtres le sont mais que lui le ressens plus cette appartenance ? En contre partie, quelqu'un dont les ancêtres s'avéreront ne pas être des kabyles (qu'il le sache ou non) sera lui même kabyle du moment où il a été élevé dans cela et qu'il se sente et se veux être cela ?

                  ... Dans ma dèfinition, je n'ai pas dit qu'il faut qu'il parle la angue ...

                  c'est donc valable pour les autres : un arabe qui n'est pas né en "Arabie", qui ne parles pas arabe peut tout aussi bien être un arabe de plein droit ?
                  "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                  • #99
                    A titre d'information et de lecture, ce que pense Sansal des kabyles et de l'autonomé

                    Conférence de Boualem Sansal en Allemagne
                    "L’autonomie de la Kabylie, c’est mon rêve"


                    D’abord, je voudrai vous dire un immense merci pour cette invitation à laquelle Lyazid m’avait convié il y a quelque temps. C’est la première conférence que je tiens avec une association proche du mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, avec la Kabylie au cœur du programme.
                    Certains pourraient penser qu’il ne s’agit que d’une simple région d’Algérie et se dire, qu’après tout, que cette région soit autonome ou pas, c’est assez secondaire. Non, au fait, c’est très emblématique, c’est symbolique, c’est quelque chose de très important. La Kabylie est le cœur de l’Algérie. Sans la Kabylie, l’Algérie n’existe pas et tout le Maghreb aussi. Le Maghreb reste encore à ce jour une sorte de colonie. Après avoir été colonisé pendant des siècles par les Romains, les Byzantins, les Vandales, les Arabes, les Turcs, les Espagnols, les Français, aujourd’hui, il est colonisé par… et c’est là tout le problème, car on ne sait pas trop par qui. L’Algérie est colonisée par des Algériens qui se sont donné une identité qui n’est pas la leur. Donc la libération de l’Algérie aujourd’hui se heurte à une équation extraordinaire.
                    Ce qui est étrange, c’est que ce monde dit “monde arabe” n’est pas, aujourd’hui, colonisé par des individus, mais par un mythe. C’est qu’il n’existe pas de peuple arabe. Il existe un peuple marocain, tunisien, algérien, irakien, libanais, yéménite, etc. Les seuls arabes réels, ce sont les habitants de l’Arabie. Et donc nous sommes gouvernés par un mythe. Et pourquoi avons-nous donc accepté, pendant des siècles, d’être gouvernés par un mythe ? C’est à cause de la religion. C’est que l’islam est né en Arabie et de là, il est parti se répandre dans le monde. Là où l’islam est arrivé à s’installer, eh bien, il a aussi imposé l’identité arabe.
                    Maintenant, que ce qu’on appelle le “monde arabe” est engagé dans une révolution, il a un combat très curieux et très difficile à mener. Le premier combat est évidemment de chasser le dictateur, ça c’est une chose évidente et je dirais relativement simple. Les dictateurs, comme je le disais dans mon discours, tombent comme des mouches. Le deuxième combat est beaucoup plus difficile. Il faut retrouver son identité. Et ça, c’est un combat très complexe qui va se heurter à une forteresse extrêmement puissante qui est la religion. C’est-à-dire que ces peuples-là ne pourront retrouver leur véritable identité que dans un cadre démocratique et laïque. Tant qu’ils seront sous l’emprise de la religion, ils continueront à se penser comme arabe avant d’être eux-mêmes, Kabyles, Touaregs, etc.
                    Les dictateurs qui se sont installés dans ces pays là, l’ont très bien compris. Ils ont instrumentalisé l’islam et ils l’ont imposé à ces sociétés. En faisant de supers musulmans, des islamistes, le sentiment d’être arabe est aussi renforcé.
                    Voilà, le combat d’aujourd’hui, c’est celui-ci. La première étape consiste à faire partir les dictateurs. En Algérie et partout ailleurs, les dictateurs sont dans des positions extrêmement difficiles : certains ont été assassinés, d’autres enlevés et les autres ne vont pas tarder à partir.
                    La deuxième étape pour se réapproprier son identité, est de chasser l’islamisme de nos régions. Ce n’est qu’à ce moment là, que les gens, tout naturellement, retrouveront leur identité.
                    Maintenant, je vais vous donner mon sentiment sur ce qui se passe depuis que le printemps arabe a démarré. Je suis ces événements de très près, avec des camarades, écrivains, journalistes et intellectuels d’Egypte, de Lybie et de Tunisie. Plus le temps passe, plus je suis pessimiste. Les jeunes, particulièrement, se sont révoltés. Ils sont arrivés à faire partir des dictateurs, mais les régimes sont toujours là. Ils ont fait émerger les islamistes pour reprendre le pouvoir parce que les islamistes vont les réconforter dans cette fausse identité et tout naturellement la dictature pourrait être tentée de revenir, enfin, elle pourrait assez facilement revenir.
                    J’avais beaucoup d’espoir pour l’Algérie parce qu’en Algérie, il y a la Kabylie. La Kabylie est une région très particulière dans tout ce monde là. C’est d’abord une région qui est restée elle même tout au long des siècles. Elle a gardé son identité très riche et elle est très puissante. Malgré le fait qu’aujourd’hui, les Kabyles vivent aux quatre coins du monde, ils ont gardé cette fibre kabyle. Elle est en eux, elle les habite. Ils ont cette faculté que l’on ne retrouve pas ailleurs, qui a été détruite par la culture arabe. Je vous parle d’autant plus facilement que je ne suis pas Kabyle. Je suis un berbère non Kabyle. Ils sont très ouverts sur le monde. Le Kabyle a une tendance naturelle à aller vers l’autre et il le comprend très facilement. Il est courageux. Tout au long des siècles, il s’est battu. Son histoire est une histoire d’héroïsme. Ils se sont opposés à tous ceux qui sont venus conquérir ce pays. C’est peut être parce qu’ils vivent dans les montagnes et qu’il soit plus facile de défendre un pays à partir des montagnes. Et puis, c’est de grands commerçants aussi. Donc, ils ont la capacité à créer de la richesse. Et pour l’économie, c’est une condition sine qua non pour continuer à exister. Sans économie, sans moyens de subsistance, les peuples disparaissent.
                    Depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, tous les combats pour l’émancipation, pour le progrès, et la démocratie en Algérie ont été le fait de la Kabylie, car menés par des Kabyles. Hélas ces révoltes, ces mouvements de protestations, cette action pour la démocratie et la liberté provenant de la Kabylie, n’ont pas été suivis par le reste de la population. Si déjà en 1980 les Algériens avaient pris conscience de l’importance de l’histoire qui se jouait à Tizi Wezzu, en ce moment, nous serions aujourd’hui déjà libres et démocrates depuis longtemps. Hélas, les gens n’avaient pas compris. Ils se sont laissé manipuler par le pouvoir. Ils se sont accrochés à l’idée que nous sommes des Arabes et qu’avec la religion, on sauvegarde les valeurs et les traditions. Très lâchement, nous avons abandonné la Kabylie non seulement à elle-même, mais aussi à la répression du pouvoir algérien. Et ce pouvoir est très intelligent. Il a compris que le grand danger pour lui ce n’est pas les Français, ce n’est pas les Allemands, ce n’est pas les Américains, ce n’est pas les Russes, mais c’est les Kabyles. Donc, il a mis la Kabylie sous haute surveillance : Contrôle systématique, très intelligent, très fin, et ils ont réussi. La Kabylie est aujourd’hui détruite. Le feu n’est pas éteint. Le feu sacré est encore là. Je vais dire pourquoi j’y crois encore, mais la Kabylie aujourd’hui est détruite. J’habite à côté et j’y vais tout le temps parce que, je suis révolutionnaire sur les bords et je cours là bas dès qu’il y a quelque chose pour voir s’il faut faire quelque chose, comment aider... Les gens sont devenus amorphes. Cela a été dit toute à l’heure par son discours (voir intervention de Lyazid Abid) par l’économie par la drogue, par l’alcool, les infiltrations, les manipulations psychologiques. C’est terrible et ça fait mal au cœur.
                    Ce qui est extraordinaire, et ça c’est vraiment remarquable et il faut le noter, c’est que la Kabylie ne s’est jamais, jamais battue de manière violente. Elle s’est battue pour sa dignité, pour sa culture, pour la démocratie dans le pays. Elle l’a toujours fait par des moyens démocratiques, par les livres, la chanson, par des marches pacifiques, par des démarches citoyennes en créant des associations, en expliquant, etc. Cela et remarquable et il faut le signaler, car quand on voit ce qui s’est passé dans les autres pays, en Tunisie, en Libye, en Syrie, ça part tout de suite dans la violence, en Kabylie jamais ! Et ça, c’est remarquable. C’est la preuve par neuf, comme on dit en français, que les conditions de la démocratie sont là installées et que c’est une région qui peut rentrer de plain-pied, sans préparation, dans la démocratie, parce que la démocratie fait partie de sa culture. Il y a des raisons culturelles et d’organisation, qu’on ne peut expliquer ici, car trop long. C’est dans les traditions de ce peuple de se gouverner par le verbe. On discute et on fait les choses ensemble.

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                    • Je voudrais dire quelques mots un peu à la décharge des autres Berbères qui n’ont pas rejoint la révolution des Kabyles. Le peuple algérien est à 80%, voire pour moi à 100% Berbère. Mais enfin, les statistiques sont discutables, on peut en discuter. Il y en a même qui pensent que nous Berbères, nous représentons que 10% de la population, mais enfin ça c’est autre chose. Il y a différents types de Berbères. Il y a évidemment les Touaregs. Ce sont des gens du sud, vieille civilisation, multi-millénaire. Ils sont à un stade de processus historique, qui, quand on l’examine, on comprend pourquoi ils n’ont pas rejoint la révolution berbère du nord, en Kabylie, parce qu’ils sont encore dans un âge lointain. Ils sont nomades et les notions d’État, de la république, de démocratie sont totalement absentes de leur culture. Donc ils ne comprenaient pas ce qui se passait en Kabylie. Il y a aussi les Mozabites. Ce sont des Berbères qui sont dans un courant islamique particulier. Ils sont un peu comme les Amish aux États-Unis ou les Mormons. Ils préfèrent rester entre eux que de se mêler de ce qui se passe dans le pays. C’est à peine qu’ils sont considérés comme des Algériens
                      Il y a d’autres Berbères, comme les Berbères dont je suis originaire moi-même, les Rifains du Maroc. On les traite de Kabyles. Nous aussi, nous sommes très combatifs. Nous nous sommes révoltés contre le royaume marocain au siècle passé. Et puis, la répression au Maroc contre les Berbères rifains était terrible et depuis le processus révolutionnaire dans cette région est cassé. Mes grands parents, qui vivaient donc au Maroc, faisaient partis de ces gens, de ces peuples qui se sont battus contre le Roi. Ils ont fui le Maroc dans les années 30 et 40 et ils sont venus se réfugier en Algérie.
                      Donc les Berbères sont dispersés en Algérie. On n’arrive pas à s’organiser. J’ai essayé de contacter à droite à gauche mais sans succès, la plupart ont été arabisés et ne comprennent plus ces choses là. Donc, finalement, c’est la Kabylie. Mais force et de constater que depuis l’arrivée de Bouteflika au pouvoir, le régime a fini par vaincre la résistance kabyle. Et cela pour moi, a été une douleur terrible parce que c’étaient tous les espoirs de libération, de démocratisation du pays qui s’effondraient. Cela c’est traduit, en particulier, par une émigration massive de Kabyles persécutés. Ils quittaient la Kabylie à la recherche de conditions de vie dignes, et convenables. Gagnés par le désespoir, ils partaient soit en Algérie même, soit à l’étranger. Et voila que, il y a quelques années, à l’initiative d’un certain nombre de personnes dont Ferhat Mehenni, des gens commencent à s’organiser sur de nouvelles bases. Bases auxquelles, je crois beaucoup.
                      Jusqu’à présent, les Kabyles s’étaient battus au nom de toute l’Algérie. Et donc, c’était peut être un peu trop pour un pays, une région sous haute surveillance et face aussi à des populations qui refusaient d’entrer dans ce jeu, à savoir revendiquer la démocratie. Là, la Kabylie revient à un projet viable. Personnellement j’y crois, parce que c’est un petit projet qui n’est pas à l’échelle du pays. C’est un projet pour la Kabylie. La Kabylie se bat maintenant pour son autonomie. Ce premier objectif, à mon avis, peut être atteint par deux façons :
                      Évidemment, on peut entrer en conflit avec le pouvoir central et négocier avec lui un certain nombre de degrés de liberté. Leur dire, donnez-nous, s’il vous plaît, notre autonomie pour la question de la culture, de l’économie, de ceci, et le reste, on peut s’entendre. Je n’aime pas beaucoup cette démarche parce que c’est donner au pouvoir un bâton pour nous frapper.
                      Je suis pour la démarche responsable. Moi, je décrète mon autonomie et c’est à vous si vous voulez l’accepter de venir négocier avec moi. Donc, je crois que ce geste très fort des créateurs du MAK a une charge symbolique très forte. Ils n’ont pas attendu ou sont allé voir les gouvernements, les partis, ou les machins, pour leur dire voilà on va se battre pour obtenir un petit truc par ci un petit truc par là. C’est ce qu’ils ont fait pendant 30 ans et cela n’a rien donné. Cela nous a emmenés plutôt à la corruption et à la répression. Là, ils agissent en révolutionnaires. Le révolutionnaire qui décide de déclencher ce combat et de se libérer par un mot : Je suis autonome. Et s’est à vous maintenant de vous débrouiller avec votre problème. Vous l’acceptez ou pas, c’est votre problème. Alors, voila, moi, j’ai une mentalité de révolutionnaire, et ça me plait bien et c’est pour cela que j’ai rejoint les militants du M.A.K. Et nous allons nous battre pour cet objectif. Nous avons décrété notre autonomie et on va s’organiser pour. Le pouvoir est très désarçonné par cette situation. (Applaudissements nourris dans la salle).
                      Je les connais, ils sont entrain de réfléchir, parce que la c’est quelque chose de nouveau. Aller négocier avec qui ? Comme il y a quelques années quand il y avait l’organisation des “Aarchs” (Mouvement citoyen kabyle), dont des délégués sont partis négocier avec le pouvoir. Négocier avec son bourreau ? Avec celui qui va vous couper la tête ? Celui qui vous met la tête sur le couperet ? Et qui a la rage contre vous ? Vous négociez avec lui ? Cela a tourné court. Le pouvoir les a achetés. Il leur a donné de l’argent, des voitures, etc… et tout est rentré dans l’ordre. Là on est, pour la première fois, dans l’Histoire de ce pays devant une véritable décision révolutionnaire. Comme en 1954, quand les cinq ou sept Algériens, dans un café, ont dit demain nous allons prendre les armes pour libérer le pays.
                      Cette démarche commence maintenant à être connue. Le Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie a été créé, il n’y a pas longtemps mais déjà il y a des progrès. Je vous dis cela parce que je voyage et je rencontre beaucoup de gens et je constate que beaucoup de hauts responsables dans votre pays, des ministres, des présidents de la république et d’autres commencent à tendre l’oreille à cette idée. Parce que c’est une démarche entièrement nouvelle dans nos pays, dans les pays du sud, en Afrique.
                      On fait pas la guerre, on ne fait pas sécession, on ne casse rien, on prend son autonomie, on se prend en charge soi-même, on retrouve sa dignité, son honneur, on reprend possession de son pays et ça va nécessairement faire tache d’huile. Je pense, par exemple, à beaucoup de régions en Algérie et ailleurs. En Libye, il y a aussi des régions berbérophones très autonomes, très organisées qui vont suivre tout de suite cette démarche. Il y a beaucoup de pays européens qui sont intéressés, qui sont prêts à aider dans la mesure où le M.A.K représente un projet intéressant. Voilà, pour tous ces points, je suis très optimiste.
                      La démarche est tout à fait novatrice. J’ai rencontré un de vos ministres et je lui ai expliqué la démarche. Évidemment, il y a beaucoup de questions qui se posent : juridiques, politiques, etc. L’expérience est tout à fait nouvelle. Il me disait : Ah c’est tout à fait intéressant : Est-ce que une telle démarche pourrait être solution entre la Turquie et les Kurdes ? Bien entendu, les Kurdes ont choisi une autre démarche. Ils ont créé le PKK et sont dans une organisation de lutte armée pour leur autonomie ou leur indépendance, ce n’est pas trop clair. Ce n’est pas le cas pour la Kabylie. La Kabylie, pour le moment, ne se bat pas pour son indépendance. Elle pourrait être amenée à le faire, si demain la répression du régime est telle, qu’elle y soit acculée, surtout que les conditions dans lesquelles vit la Kabylie s’y prêtent. Ce que je ne souhaite pas, parce que la Kabylie a autant de droits sur l’Algérie que n’importe quelle autre région. Comme on ne peut pas partager le pétrole, le Sahara, etc.
                      Le mieux, c’est de rester ensemble et de promouvoir cette idée d’autonomie. Après, il faut, bien entendu, lui trouver un habillage juridique. Est-ce que ca sera une autonomie comme en Espagne ou les Länder allemands, ou une autre organisation politique. Bien sûr, il faudra y réfléchir. Est-ce que ça sera une totale souveraineté, etc. ? L’idée pour le moment, c’est que l’autonomie de la Kabylie, c’est mon rêve et je crois que c’est le rêve aussi de tous ceux qui militent dans le mouvement pour l’autonomie. Nous souhaitons qu’elle entraine l’autonomie de toutes les régions du pays pour une rénovation, une reconstruction autour de leur identité berbère dans ses différentes dimensions, démocratiques, ouvertes sur le monde et qui retrouvent leurs origines, la veille civilisation qui est la nôtre, qui est celle de la méditerranée occidentale. Maintenant, comment va se faire l’histoire, on ne le sait pas. Dans 10 ans on pourra faire une autre conférence et on aura les éléments de réponse à cette question.
                      Niedergailbach, Saarland, Allemagne, le 22.01.2012
                      Transcrite par la rédaction du journal Tamurt

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                      • @Aggour

                        Ma foi, si j'arrive se me faire "coloniser" aussi facilement et aussi longtemps par un "Mythe", il faudra que je me pose des des questions sur la réalité physique de ma propre existence ...
                        "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                        • Si tu developpais un peu Harrachi, je ne saisis pas entièrement le fond de ta pensée
                          D'autre part il est également permis de douter de sa réalité physique. C'est vrai ! Sommes nous vraiment réels?

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                          • @Aggour

                            C'est simple, le discours de ce monsieur Sansal est à peu près du genre habituel de notre ami EL-BAHAR par exemple : en somme, il n' y a pas d'Arabes, c'est juste une impression. Pourtant, une impression si présente, si écrasante, si lourde et si emmerdante que sa négation est la raison même de l'existence de certaines choses.

                            J'en appelle donc au bon sens : si un truc de si inexistant (l'arabité) suffit à cacher une si grande évidence (la berbérité), il faudra certainement se poser des questions sur la consistance de cette dernière ...
                            Dernière modification par Harrachi78, 07 août 2012, 13h59.
                            "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                            • c'est quoi la question..?

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                              • Harrachi

                                c'est donc valable pour les autres : un arabe qui n'est pas né en "Arabie", qui ne parles pas arabe peut tout aussi bien être un arabe de plein droit ?
                                C'est quoi l'arabie?
                                Cela veut-il dire l'arabie saoudite?

                                Cela veut-il dire qu'il n'est pas kabyle si ses ancêtres le sont mais que lui le ressens plus cette appartenance ?
                                On n'a pas besoin d'aller en France, restons en Algérie : plusieurs arabophones ont des ancètres amazighs mais le renient, et aujourd'hui ils se définissent comme Arabes.
                                Tu ne vas quand même pas forcer les gens et aller contre leur volonté.
                                En contre partie, quelqu'un dont les ancêtres s'avéreront ne pas être des kabyles (qu'il le sache ou non) sera lui même kabyle du moment où il a été élevé dans cela et qu'il se sente et se veux être cela ?
                                Oui. Je n'ai pas envie de ramener le débat sur la notion de Race (it is dangerous).
                                "If you can't say anything nice, don't say anything at all."

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