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Rachida Dati et les troublantes insinuations du "Point" : une contre-attaque risquée

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  • Rachida Dati et les troublantes insinuations du "Point" : une contre-attaque risquée

    LE PLUS. Rachida Dati revient sur le devant de l'actu mais dans les rubriques "people" et "faits divers". Au menu : vie privée et recherche de paternité. Se sentant attaquée par "Le Point", l'ex-ministre de la Justice a répliqué avec fermeté sur RTL ce matin. Une contre-attaque efficace ? Décryptage avec notre chroniqueur Philippe Moreau-Chevrolet, consultant en communication.

    Vidéo de la surréaliste interview de Rachida Dati face à Jean-Michel Apathie (RTL)

    Que veut Rachida Dati ? Que veut-elle vraiment ?

    C'est la question que ne lui a pas posé Jean-Michel Aphatie ce matin sur RTL, dans une interview qu'il faut bien qualifier de surréaliste, où l'ex Garde des Sceaux a fait semblant de s'étonner que les journalistes s'intéressent à sa vie privée, alors qu'alors qu'elle vient d'assigner Dominique Desseigne, le très médiatique patron du Fouquet's, en reconnaissance de paternité pour sa fille Zohra, âgée de 3 ans et demi.

    5 journalistes et 12 pages à l'assaut d'une femme

    Dominique Desseigne nie être le père de la petite Zhora, ce qui est son droit. Mais il refuse de passer le test, ce qui est maladroit. Cette communication intenable fait de lui un père médiatique, à défaut d'un père biologique. Elle prête le flanc à toutes les interprétations et encourage les journalistes à creuser toujours davantage.

    Le grand déballage a commencé. Il n'est pas près de s'arrêter.

    Cette semaine, c'est "Le Point" qui s'en empare. Il mobilise pas moins de cinq journalistes pour un dossier de 12 pages intitulé "L'incroyable histoire de Rachida Dati". Cinq journalistes, c'est beaucoup, s'étonne Rachida Dati, qui n'a pas tout à fait tort sur ce point, et a décidé d'assigner l'hebdomadaire de Franz-Olivier Giesbert en justice.

    Des insinuations troublantes

    Que reproche Rachida Dati au "Point" ? D'en faire une demi mondaine, qui aurait une vision "utilitaire" de ses rapports amoureux. Rachida Dati aurait entretenu par intérêt des liaisons avec un grand nombre d'hommes puissants, en échange de postes ou d'appartements. En clair, à lire "Le Point", elle aurait couché pour réussir :

    "Pour elle, les élites françaises [sont] forcément machistes, habitées par le fantasme de Schéhérazade dans le conte des Mille et Une Nuits. Du coup, elle était dans le donnant-donnant, il n'était pas question pour elle de se faire avoir".

    Du "donnant-donnant".

    On dirait une biographie de Zahia, l'ex call-girl devenue égérie de Lagarfeld. Mais non, "Le Point" parle bien de Rachida Dati, ex Garde des Sceaux, maire, députée européenne et peut-être demain candidate à la Mairie de Paris. Autrement dit, il parle bien d'une élue de la Republique.

    Dati sort l'artillerie lourde de communication de crise

    Sur RTL, Rachida Dati contre-attaque violemment : "Giesbert et sa bande ont-ils une vie aussi irréprochable? Je ne vais pas m’excuser ni de mon parcours ni de ma vie".

    On note l'utilisation du terme de "bande". Il s'agit de requalifier Giesbert en voyou et "Le Point" en association de malfaiteurs. On note, également, la menace, implicite, que le "grand déballage" pourrait bien finir par se retourner un jour... contre Franz-Olivier Giesbert. On attend les révélations.

    On note, enfin, que Rachida Dati met en avant, à plusieurs reprises, sa "petite fille de trois ans". C'est un classique de la communication de crise. On pense, par exemple, à Jérôme Kerviel qui a mis en avant, tout au long de ses deux procès, la figure de sa mère. Une mère souffrante, qui portait sur elle en quelque sorte l'aspect humain du destin de l'accusé. Comme un symbole. Un symbole d'innocence.

    "Le Point" est machiste mais...

    Si on est pas dupe des arguments de Rachida Dati, force est de constater que "Le Point" est bas de plafond, voire machiste. Le dossier se conclut, d'une manière assez étonnante, par l'énumération de sources de revenus de Rachida Dati. Comme si une reconnaissance de paternité se limitait à une affaire d'argent.

    Enfin, "Le Point" oublie que Rachida Dati est, avant tout autre chose, une femme politique. Elle vise les municipales de 2014. En cas de victoire de François Fillon dans la course a la présidence de l'UMP, la bataille risque d'être très dure. Si Sarkozy revient dans le jeu pour la primaire de 2016 et qu'il est face a Fillon, Rachida Dati aura une carte personnelle à jouer. Autant d'éléments qui mériteraient, eux, un dossier spécial.

    ...Rachida Dati accepte le statut de "people"

    Au final, la contre-attaque de Rachida Dati contre "Le Point" sur RTL est efficace. Mais cette polémique présente un risque majeur pour elle : elle centre le débat sur sa vie privée, au point, comme on le voit, de faire disparaître son image de femme politique. Ou de l'endommager, parce que sa morale privée apparaîtra bien peu en phase avec la morale publique - on pourrait parler a ce sujet de "syndrome DSK".

    En acceptant de débattre pied a pied avec Franz-Olivier Giesbert, Rachida Dati prend donc le risque de perdre pied, de devenir une "people" à qui il ne restera plus, comme Roselyne Bachelot, qu'à se reconvertir en présentatrice de télévision. Drôle d'epoque.
    Par Philippe Moreau Chevrolet
    Profession Communicant
    nouvelobs
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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