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Possédé par un Djinn, on a voulu m'exorciser

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  • Possédé par un Djinn, on a voulu m'exorciser

    Aujourd'hui, je suis un homme que l'on pourrait aisément qualifier d'épanoui. J'ai un travail que j'adore, un "chez moi", un rythme stable. Pourtant, il y a de cela quelques années, des évènements anormaux sont intervenus dans ma vie et il m'a fallu du temps pour comprendre et me remettre de ce passage délicat de mon existence.

    Pourquoi l'écriture de ce livre? Tout d'abord dans l'optique de soulager ma peine, pour briser le silence qui régnait autour de moi et en moi. Puis, au fil des pages, la publication de cet ouvrage qui naissait m'a semblé évidente, afin que mon témoignage serve à ceux qui connaîtraient les mêmes douleurs, à ceux qui voudraient les connaître.

    J'étais à peine âgé de vingt-quatre ans lorsque je suis retourné au Maroc, pour la première fois après plus de dix ans d'absence. Dans mon pays natal, des absences, des malaises, des trous de mémoire ont ponctué mon voyage. Je vous confierai ici la plus terrible des épreuves physiques que j'ai eu à subir dans ma vie.

    La première fois que les symptômes dits de la possession sont apparus, un imam m'a été présenté afin de m'exorciser. Seul le Coran pouvait guérir mon démon. Je priais les jours qui suivirent, sans vraiment savoir contre quoi, contre qui, mais je priais.

    À chaque coucher du soleil, je perdais systématiquement connaissance. Mes parents étaient terrifiés face à ces crises inexpliquées. Mon calvaire a réellement débuté lorsque ce matin de juillet, je me suis réveillé défiguré et le corps lacéré. Une douleur atroce brûlait mes pieds; ils étaient en sang. Je hurlais de terreur face au miroir qui me renvoyait le reflet d'un homme nu, marqué de coups de fouet sanguinolents et le visage tuméfié. Mon torse était recouvert d'hématomes, mes jambes tailladées et la chair à vif. Un léger courant d'air se chargeait d'intensifier la douleur de ce corps qui n'était plus le mien. J'étais mutilé.

    Le jour-même, un ami m'a conduit au port de Taza. L'imam avait exigé que la dernière étape de mon exorcisme ait lieu rapidement, les plaies ne devaient pas cicatriser. Je devais en effet me plonger dans l'eau de mer, que son sel se faufile insidieusement dans chacune de mes entailles. J'étais persuadé ne jamais ressortir de l'eau, qu'elle allait tout simplement m'achever. Face au crépuscule, je priais dans cette mer acide qui aspirait petit à petit, lentement, mes jambes, mon sexe, mon dos jusqu'à l'immersion totale, un bain mortel.

    Je garde encore en mémoire le souvenir douloureux de ce rituel barbare dans les moindres détails. Stigmatisé, rejeté, jugé, j'ai du faire face à la communauté musulmane qui me prenait pour un fou. Mes amis m'ont tourné le dos petit à petit, ma famille et mes proches me montraient du doigt, je n'ai jamais été aussi seul de ma vie. Chaque fois que ces symptômes semblaient s'amenuiser, ils revenaient en force, je subissais alors des exorcismes traditionnels graduels en intensité et en cruauté. Les mois passaient et les cicatrices des coups sur ma peau étaient toujours aussi marquées. C'est davantage une âme malade qui dormait dans mon corps, cette peine dans le cœur qui m'affaiblissait de jour en jour.

    Ma foi en Dieu n'a pourtant jamais tari. Au contraire, elle a toujours été en moi comme une force profonde et puissante, une arme contre ce traumatisme qui avait changé ma vie. La religion musulmane se fonde sur des valeurs honorables mais connaît aussi des tares comme celle de considérer rapidement et sans fondement un homme comme hérétique. Mon entourage croyant m'a décrit comme un monstre. De plus, ma faiblesse psychologique et physique a permis à une personne, pourtant chère, de bafouer mes droits civiques et moraux et de m'atteindre dans mon intégrité physique.

    Considéré comme un moins que rien, un poids pour mon entourage, je n'étais plus aux yeux de l'humanité un des siens. Drogué, j'ai été sexuellement abusé. À mon réveil et sans vraiment comprendre ce qu'il m'était arrivé, je me suis senti tel un animal traqué dont la survie est la préoccupation première. J'ai fui ce lieu d'infamie et me suis réveillé dans un lit d'hôpital, sans souvenir précis mais la chair comme témoin des sévices. Une pression familiale m'a condamnée au silence, je n'ai jamais pu porter plainte, de peur de perdre le peu que j'avais encore.

    Au-delà des tabous religieux, au-delà des préjugés sociaux, au-delà de la honte et de la douleur, j'ai décidé de vous raconter mon histoire. Parce que l'écriture de ce livre a permis ma reconstruction, ma survie, j'espère que la lecture de celui-ci pourra vous aider aussi.


    Elias Zahid est l'auteur du livre Possédé par un djinn, publié aux éditions Jourdan - La Boîte à Pandore.
    2013-07-26-couvdjinn.jpg HuffPost
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    c'est horrible
    il a vécu l'enfer sur terre, si je puis dire:22:
    "N'imitez rien ni personne. Un lion qui copie un lion devient un singe." Victor Hugo

    Commentaire

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