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Le haïk ressuscité par un mouvement de femmes voilées

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  • Le haïk ressuscité par un mouvement de femmes voilées

    Elles étaient près d’une dizaine de femmes drapées et voilées de haïk ,le traditionnel voile, à sillonner dans les principales artères de la ville de Cherchell, en cette journée du samedi 14 juin.

    Cette procession inhabituelle de femmes circulant au niveau du port de Cherchell, de la place romaine, près du mausolée de Sidi Brahim et enfin au cœur de l’avenue principale et populeuse Abdelhak, a duré plus de quatre heures et a provoqué des attroupements et un étonnement empreint de curiosité, mais aussi de satisfaction pour certains vieux, qui se remémorent les tenues traditionnelles de leurs parentes

    Souad, une diplômée de l’Ecole des beaux-arts et responsable de ce groupe venu d’Alger qui se fait appeler «Belaredj El Haïk», structuré autour d’un noyau de plusieurs femmes localisées au niveau d’Alger, Blida, Médéa, Cherchell et Constantine souhait «voir redonner au haïk, la place qui était la sienne dans nos traditions et notre culture».

    Quant à Mme Razzia, se faisant appeler «Mimi», une Belcourtoise d’origine, le haïk lui rappelle de poignants souvenirs : «Mon père, toujours en vie, a été laissé pour mort, lorsqu’il avait reçu 7 balles tirées vers notre balcon par un soldat français. Il fut recouvert avec un haïk, me raconte ma mère.» Mme Goussem, appelée affectueusement Khalti Goussem par le groupe de femmes voilées, de par son âge avancé, témoigne : «Je suis originaire de Cherchell et je réside à Alger.

    Quand on circulait voilées en haïk, on avait droit à des égards, au respect, et tout interstice remarqué dans le port du haïk, attisait l’intérêt des hommes, car rien n’apparaissait dans la femme, sauf un œil. En ce temps-là, on ne portait pas de «aadjar» sur le visage, un bandeau qui couvrait le nez, la bouche et les lèvres.» Pour Myriam, un membre du groupe de femmes voilées, interprète à Alger, «porter le haïk est synonyme de sécurité et de respect». Le même avis est partagé par Asma, traductrice, qui estime que «sans le haïk, je me sens menacée. Les hommes me toisent et me dévisagent sans pudeur».
    Quant à Souad, la responsable du groupe des voilées, elle affirme : «Nous nous sommes attablées à un café de Cherchell, au vu et au su de tous. Personne n’a trouvé à redire. Un vieux m’a dit que cela lui rappelait son jeune âge de voir des femmes voilées.»

    A la question de savoir l’intérêt de ce mouvement et de cette manifestation pacifique, Souad répond : «On a défilé à Alger, à Médéa, à Blida et on ira bientôt à Constantine. Notre objectif est de dire que le haïk est notre patrimoine qu’il convient de mettre en évidence au niveau mondial. Le haïk a été porté dans la quasi-totalité du territoire algérien, sous des formes variées. Nos mères et grands-mères n’ont jamais eu honte de porter un haïk.»
    Ainsi, Amina, Souad, Goussem, Mimi, Myriam et Asma en circulant drapées et voilées de haïk, en groupes et en procession, sont formelles, «le haïk, c’est notre culture, notre tradition et notre spécificité. On n’incite pas à le porter, mais c’est le produit de notre terroir».
    Houari Larbi

    Houari Larbi- Le Soir
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