Les exercices que l'élève rapporte à la maison sont souvent dramatisés, et deviennent aussi des « problèmes » pour les parents.
Tension, pression, sentiment d'impuissance: si l'heure des devoirs scolaires ennuie certains élèves, elle pose aussi problème à de nombreux parents. Et tous n'ont pas les moyens de s'offrir une aide scolaire à domicile. Pourtant, les derniers sondages (Ifop, oct. 2012) montrent que plus de deux tiers des Français (68 %) sont opposés à la suppression des devoirs scolaires à la maison pour les élèves du primaire, mesure qui a été récemment demandée par la FCPE, principale association de parents d'élèves.
«Rapports de force avec l'enfant»
Des motivations évidentes les guident probablement: à l'heure où la compétition s'aiguise, dans un contexte de crise, pas question de laisser les petits se relâcher ou de donner l'impression de les abandonner. Il en va de leur avenir. L'heure des devoirs permet donc aux parents de juguler dans un temps précis culpabilité et anxiété. Certains psychologues observent combien elle est aussi vécue comme une parenthèse où l'autorité parentale peut, enfin, être mise en scène. «Certains adultes entrent alors dans des rapports de force avec l'enfant, observe Béatrice Sabaté, psychologue clinicienne et formatrice en discipline positive. Ils veulent que l'enfant fasse selon ce qu'ils veulent, deviennent “contrôlants”. D'autres, à l'inverse, font à sa place ou démissionnent, l'abandonnant totalement. Rien ne marche, et ces deux attitudes sont aussi dommageables l'une que l'autre.»
Claire-Lucie Cziffra, psychanalyste, confirme: «Seul un savant mélange “d'amour et de loi”» de la part des parents favorise la mise au travail de l'enfant.» Pour elle qui accompagne depuis des décennies des parents d'enfants «difficiles» et vient de publier Au secours, mon enfant rame à l'école! (Éd. Eyrolles), il s'agit de «poser un cadre ferme et bienveillant». Soit. Mais comment?
Première évidence: comprendre pourquoi le jeune renâcle à s'y mettre. Et observer son hygiène de vie: «Si l'enfant dort mal, se réveille abruti, n'a pas le temps de petit-déjeuner, égrène cette spécialiste… Comment voulez-vous qu'il ait la moindre chance de pouvoir encore se concentrer en fin de journée?» Point essentiel selon elle: «Écarter les ennemis. Pas question de laisser des écrans et smartphones à disposition le soir dans la chambre à coucher.»
Angélisme ou irréalisme
Afin que l'heure des devoirs s'installe avec la régularité d'un rituel, Béatrice Sabaté recommande aussi de «basculer dans la coopération» notamment en mettant au point avec l'enfant une «routine»: goûter avant ou après les devoirs? Combien de temps consacrer à cette étude? Commencer par les exercices ou se documenter d'abord via Internet?… «Trop de parents focalisent sur les résultats et ne semblent pas s'intéresser au processus d'apprentissage et aux étapes qu'il suppose», observe-t-elle.
Enfin et surtout, le rôle le plus important des adultes est sans doute de donner du sens à l'apprentissage quand les élèves n'en trouvent plus. Ainsi, savoir quels besoins demandent à être assouvis chez eux s'avère essentiel, selon Béatrice Sabaté: «Qu'exprime l'enfant par son refus d'étudier: besoin d'attention? - et alors il réclame surtout votre présence parce qu'il en manque sur d'autres plans. Besoin de maîtrise? - il souffre de ne pas avoir retenu certaines connaissances - ou, et c'est une valeur qui manque cruellement dans notre société, a-t-il juste besoin d'encouragements?»
Le mot est lâché. Pour de nombreux spécialistes de l'enfance, l'école a délaissé les dynamisantes vertus de l'émulation pour ne garder que le pire de l'esprit de compétition. Aux parents de rétablir le tir sans tomber dans l'angélisme ou l'irréalisme : «Il est essentiel de ne jamais laisser un enfant rester seul sur un échec», suggère Claire-Lucie Cziffra. Et souvent des paroles simples suffisent: «Tu peux y arriver, tu as juste besoin de travailler un peu plus.» Une manière de rappeler qu'on n'obtient rien sans effort.
le figaro
Tension, pression, sentiment d'impuissance: si l'heure des devoirs scolaires ennuie certains élèves, elle pose aussi problème à de nombreux parents. Et tous n'ont pas les moyens de s'offrir une aide scolaire à domicile. Pourtant, les derniers sondages (Ifop, oct. 2012) montrent que plus de deux tiers des Français (68 %) sont opposés à la suppression des devoirs scolaires à la maison pour les élèves du primaire, mesure qui a été récemment demandée par la FCPE, principale association de parents d'élèves.
«Rapports de force avec l'enfant»
Des motivations évidentes les guident probablement: à l'heure où la compétition s'aiguise, dans un contexte de crise, pas question de laisser les petits se relâcher ou de donner l'impression de les abandonner. Il en va de leur avenir. L'heure des devoirs permet donc aux parents de juguler dans un temps précis culpabilité et anxiété. Certains psychologues observent combien elle est aussi vécue comme une parenthèse où l'autorité parentale peut, enfin, être mise en scène. «Certains adultes entrent alors dans des rapports de force avec l'enfant, observe Béatrice Sabaté, psychologue clinicienne et formatrice en discipline positive. Ils veulent que l'enfant fasse selon ce qu'ils veulent, deviennent “contrôlants”. D'autres, à l'inverse, font à sa place ou démissionnent, l'abandonnant totalement. Rien ne marche, et ces deux attitudes sont aussi dommageables l'une que l'autre.»
Claire-Lucie Cziffra, psychanalyste, confirme: «Seul un savant mélange “d'amour et de loi”» de la part des parents favorise la mise au travail de l'enfant.» Pour elle qui accompagne depuis des décennies des parents d'enfants «difficiles» et vient de publier Au secours, mon enfant rame à l'école! (Éd. Eyrolles), il s'agit de «poser un cadre ferme et bienveillant». Soit. Mais comment?
Première évidence: comprendre pourquoi le jeune renâcle à s'y mettre. Et observer son hygiène de vie: «Si l'enfant dort mal, se réveille abruti, n'a pas le temps de petit-déjeuner, égrène cette spécialiste… Comment voulez-vous qu'il ait la moindre chance de pouvoir encore se concentrer en fin de journée?» Point essentiel selon elle: «Écarter les ennemis. Pas question de laisser des écrans et smartphones à disposition le soir dans la chambre à coucher.»
Angélisme ou irréalisme
Afin que l'heure des devoirs s'installe avec la régularité d'un rituel, Béatrice Sabaté recommande aussi de «basculer dans la coopération» notamment en mettant au point avec l'enfant une «routine»: goûter avant ou après les devoirs? Combien de temps consacrer à cette étude? Commencer par les exercices ou se documenter d'abord via Internet?… «Trop de parents focalisent sur les résultats et ne semblent pas s'intéresser au processus d'apprentissage et aux étapes qu'il suppose», observe-t-elle.
Enfin et surtout, le rôle le plus important des adultes est sans doute de donner du sens à l'apprentissage quand les élèves n'en trouvent plus. Ainsi, savoir quels besoins demandent à être assouvis chez eux s'avère essentiel, selon Béatrice Sabaté: «Qu'exprime l'enfant par son refus d'étudier: besoin d'attention? - et alors il réclame surtout votre présence parce qu'il en manque sur d'autres plans. Besoin de maîtrise? - il souffre de ne pas avoir retenu certaines connaissances - ou, et c'est une valeur qui manque cruellement dans notre société, a-t-il juste besoin d'encouragements?»
Le mot est lâché. Pour de nombreux spécialistes de l'enfance, l'école a délaissé les dynamisantes vertus de l'émulation pour ne garder que le pire de l'esprit de compétition. Aux parents de rétablir le tir sans tomber dans l'angélisme ou l'irréalisme : «Il est essentiel de ne jamais laisser un enfant rester seul sur un échec», suggère Claire-Lucie Cziffra. Et souvent des paroles simples suffisent: «Tu peux y arriver, tu as juste besoin de travailler un peu plus.» Une manière de rappeler qu'on n'obtient rien sans effort.
le figaro
Commentaire