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Rosetta, le G20 et le président turc

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  • Rosetta, le G20 et le président turc

    Le Quotidien d Oran par M'hammedi Bouzina Med : Bruxelles

    Etonnante affirmation du président turc Tayyip Erdogan, les navigateurs musulmans auraient découvert l'Amérique trois siècles avant les Européens. C'était au lendemain où la sonde Rosetta lançait son robot Philae sur la comète Tchouri et la veille du Sommet du « G20 ».

    Mercredi, la sonde spatiale Rosetta larguait son robot Philae sur la comète Tchouri à plus de 500 millions de kilomètres de la terre. Vendredi, le chef de l'Etat turc, Recep Tayyip Erdogan, apprenait aux chefs musulmans d'Amérique latine réunis en colloque à Istanbul que « ce sont des navigateurs musulmans qui ont découvert le continent américain trois siècles avant Christophe Colomb, exactement en 1178 ». Il étaye sa thèse en citant un article publié en 1996 par un certain Youssef Mroueh, chercheur et historien musulman. Les navigateurs musulmans auraient aperçu « une mosquée sur l'île de Cuba » lors de leur approche des terres américaines.

    Les astrophysiciens, ingénieurs et autres chercheurs de plusieurs agences spatiales en Europe et aux USA suivaient en temps réel l'approche du robot Philae de la comète Tchouri et informaient le monde, minute par minute, sur les aventures de Rosetta et Philae. Ils leur a fallu 10 ans de calculs, patience et suivi pour un moment de gloire dédiée au génie de l'humanité. A Istanbul, c'est un chef d'Etat qui, en une phrase, a rappelé le génie des musulmans au moyen-âge. Rosetta et Philae annoncent l'avenir, Erdogan et les chefs musulmans d'Amérique latine évoquent le passé. Le monde entier regardait les images de la comète Tchouri transmises par la sonde Rosetta. Erdogan évoquait l'image d'une mosquée vue sur l'île cubaine en 1178. Logiquement, en suivant bien l'affirmation du président turc, c'est bien avant 1178 que les navigateurs musulmans auraient découvert l'Amérique puisque ils aperçurent une mosquée. D'autres musulmans les ont donc précédés, ont eu le temps de s'installer, de convertir les habitants de l'île et de construire une mosquée. En cette année de 1178 dont parle le président Turc, Ibn Rochd (Averroès pour les Occidentaux) subissait déjà à Grenade (Espagne) les foudres de ses contemporains musulmans : autodafé de ses prolifiques écrits philosophiques, scientifiques et religieux. Exil et mort dans l'isolement à Marrakech. Moins d'un siècle après sa disparition, c'est l'autre musulman Ibn Taymiya qui gagnait en célébrité et en influence : rigorisme, enfermement doctrinal et chasse aux esprits libres. Deux siècles après, chute de l'empire musulman et de Grenade : 1492, année même ou Christophe Colomb découvrait l'Amérique. Samedi 15 novembre 2014, près de six siècles après la chute de Grenade, les vingt pays les plus forts économiquement et industriellement se réunissaient à Brisbane, en Australie, autre continent découvert par les Européens au 17ème siècle, pour organiser la gestion des affaires du monde : le « G20 ». Il a été question de régulation de la finance internationale, de climat, de bataille géostratégique autour de la question ukrainienne et bien d'autres sujets d'actualité et d'avenir. Aux portes de la Turquie de M. Tayyip Erdogan la Syrie brûle sous l'enfer de la folie de l'Etat islamique « Daech » et de l'armée de Bachar Al-Assad. Le présent de beaucoup de peuples musulmans est fait de sang et de larmes et, continuellement, leurs dirigeants politiques leur évoquent le passé, leur passé si rayonnant et si beau. Jamais l'avenir. Les autres, les Européens, Américains, Chinois, Brésiliens, Russes ne parlent que d'avenir, d'avancées et de conquêtes. Ont-ils moins de mémoire et d'histoire glorieuses que nous les musulmans pour ne pas les évoquer à chaque difficulté du présent? Et puis, à supposer que ce sont les musulmans qui ont découvert l'Amérique avant les Européens, qu'ont-ils fait de cette découverte ensuite ? Et maintenant, aujourd'hui que doivent faire les pays musulmans pour s'en sortir du sous-développement et de la dépendance des Occidentaux ? Evoquer sans cesse leur passé ? « Merci de nous apprendre à conjuguer les verbes être et agir au passé ; maintenant nous voulons apprendre les mêmes verbes au futur », dit la blague du jour des ados européens à leurs dirigeant politiques pour caricaturer les régimes d'austérité que leur imposent les réformes économiques. Et si les dirigeants musulmans s'y mettaient aussi à la conjugaison du verbe être et agir au futur ? Peut-être que leurs peuples supporteront mieux leur présent.
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
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