Ce qui fut longtemps décrié et considéré uniquement de moeurs arabes semble prendre racine en Occident.
Polygamie; qu'en pensez-vous?
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Ces maris polygames qui mettent le Canada dans l'embarras
MŒURS. Officiellement, un Canadien ne peut pas avoir plusieurs épouses. Dans la pratique, les autorités ferment les yeux sur certains usages religieux. Un feuilleton relance le débat.
«Sous couvert de polygamie, la vérité est qu'il se fait un trafic de filles pour le sexe et la procréation», confiait il y a peu Debbie Palmer dans un documentaire de Radio-Canada consacré à la polygamie. Aujourd'hui, Debbie Palmer a 51 ans, elle est originaire d'une communauté mormone de Colombie-Britannique. Elle a été mariée à l'âge de 15 ans à un homme de 55 ans, dont elle est devenue la sixième épouse. En 1988, cette mère de sept enfants a quitté son mari et fuit sa communauté pour s'installer dans la province du Saskatchewan.
Si le Code criminel du Canada interdit la polygamie depuis 1892, aucune condamnation n'a été prononcée depuis 1937, et les autorités tolèrent les unions polygames dans certaines régions. Dans l'ouest du pays, en Colombie-Britannique et en Alberta, plusieurs communautés fondamentalistes mormones pratiquent encore ouvertement la polygamie. La plus célèbre d'entre elles, établie depuis 1946 à Bountiful, en Colombie-Britannique, compte un millier de mormons venus des Etats-Unis. Leur chef, Winston Blackmore, a épousé 26 femmes et est le père de 80 enfants. Selon le Committee On Polygamous Issues, les habitants de Bountiful travaillent dans des conditions de misère pour les dirigeants de leur collectivité, et vivent à l'écart de la société britanno-colombienne. Les femmes sont habillées comme à l'époque de La petite maison dans la prairie.
Depuis une quinzaine d'années, les mormons de Bountiful sont l'objet d'une surveillance policière intense. En 1990, la Gendarmerie royale a arrêté plusieurs hommes de Bountiful, soupçonnés de polygamie. Le Ministère public a pourtant très vite rejeté la poursuite, craignant que les accusés n'invoquent la liberté de religion, garantie par la Charte canadienne des droits et libertés, pour justifier leur pratique.
Le gouvernement de la province la plus peuplée du Canada, l'Ontario, reconnaît même la polygamie pour les questions de pensions alimentaires et de successions. «Pour ne pas porter préjudice aux personnes qui sont déjà dans une position vulnérable, c'est-à-dire les épouses multiples et leurs enfants, l'Ontario accorde aux mariages polygames qui ont été contractés valablement à l'étranger une reconnaissance juridique limitée... Une femme qui vit dans une union polygame au Canada peut faire une demande de pension alimentaire», révèle Nicholas Bala, professeur de droit à l'Université Queen's de Toronto, et auteur d'un rapport sur la polygamie au Canada. Un groupe de chercheuses mandatées par Condition féminine Canada suggère pour sa part de légaliser le phénomène: «Le parlement du Canada doit revoir la notion de criminalisation associée à la polygamie.»
La tolérance canadienne n'est pas passée inaperçue aux Etats-Unis, et Nicholas Bala a observé «un grand nombre de déplacements entre les communautés (polygames) canadiennes et les communautés polygames américaines». Le gouvernement conservateur de Stephen Harper, fermement opposé à la polygamie, ne devrait pas donner suite aux recommandations de légalisation.
Tout cela intervient alors que la Cour suprême de l'Utah a réaffirmé à la mi-mai l'interdiction de la polygamie. En Amérique du Nord, celle-ci est devenue un phénomène télévisuel. Depuis six mois, l'une des séries télévisées favorites des Américains et des Canadiens s'appelle Big Love. Chaque épisode conte les mésaventures de Bill Henrickson, un commerçant de Salt Lake City et... de ses trois épouses.
Source: journal Le Temps, 20/7/2006
Polygamie; qu'en pensez-vous?
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Ces maris polygames qui mettent le Canada dans l'embarras
MŒURS. Officiellement, un Canadien ne peut pas avoir plusieurs épouses. Dans la pratique, les autorités ferment les yeux sur certains usages religieux. Un feuilleton relance le débat.
«Sous couvert de polygamie, la vérité est qu'il se fait un trafic de filles pour le sexe et la procréation», confiait il y a peu Debbie Palmer dans un documentaire de Radio-Canada consacré à la polygamie. Aujourd'hui, Debbie Palmer a 51 ans, elle est originaire d'une communauté mormone de Colombie-Britannique. Elle a été mariée à l'âge de 15 ans à un homme de 55 ans, dont elle est devenue la sixième épouse. En 1988, cette mère de sept enfants a quitté son mari et fuit sa communauté pour s'installer dans la province du Saskatchewan.
Si le Code criminel du Canada interdit la polygamie depuis 1892, aucune condamnation n'a été prononcée depuis 1937, et les autorités tolèrent les unions polygames dans certaines régions. Dans l'ouest du pays, en Colombie-Britannique et en Alberta, plusieurs communautés fondamentalistes mormones pratiquent encore ouvertement la polygamie. La plus célèbre d'entre elles, établie depuis 1946 à Bountiful, en Colombie-Britannique, compte un millier de mormons venus des Etats-Unis. Leur chef, Winston Blackmore, a épousé 26 femmes et est le père de 80 enfants. Selon le Committee On Polygamous Issues, les habitants de Bountiful travaillent dans des conditions de misère pour les dirigeants de leur collectivité, et vivent à l'écart de la société britanno-colombienne. Les femmes sont habillées comme à l'époque de La petite maison dans la prairie.
Depuis une quinzaine d'années, les mormons de Bountiful sont l'objet d'une surveillance policière intense. En 1990, la Gendarmerie royale a arrêté plusieurs hommes de Bountiful, soupçonnés de polygamie. Le Ministère public a pourtant très vite rejeté la poursuite, craignant que les accusés n'invoquent la liberté de religion, garantie par la Charte canadienne des droits et libertés, pour justifier leur pratique.
Le gouvernement de la province la plus peuplée du Canada, l'Ontario, reconnaît même la polygamie pour les questions de pensions alimentaires et de successions. «Pour ne pas porter préjudice aux personnes qui sont déjà dans une position vulnérable, c'est-à-dire les épouses multiples et leurs enfants, l'Ontario accorde aux mariages polygames qui ont été contractés valablement à l'étranger une reconnaissance juridique limitée... Une femme qui vit dans une union polygame au Canada peut faire une demande de pension alimentaire», révèle Nicholas Bala, professeur de droit à l'Université Queen's de Toronto, et auteur d'un rapport sur la polygamie au Canada. Un groupe de chercheuses mandatées par Condition féminine Canada suggère pour sa part de légaliser le phénomène: «Le parlement du Canada doit revoir la notion de criminalisation associée à la polygamie.»
La tolérance canadienne n'est pas passée inaperçue aux Etats-Unis, et Nicholas Bala a observé «un grand nombre de déplacements entre les communautés (polygames) canadiennes et les communautés polygames américaines». Le gouvernement conservateur de Stephen Harper, fermement opposé à la polygamie, ne devrait pas donner suite aux recommandations de légalisation.
Tout cela intervient alors que la Cour suprême de l'Utah a réaffirmé à la mi-mai l'interdiction de la polygamie. En Amérique du Nord, celle-ci est devenue un phénomène télévisuel. Depuis six mois, l'une des séries télévisées favorites des Américains et des Canadiens s'appelle Big Love. Chaque épisode conte les mésaventures de Bill Henrickson, un commerçant de Salt Lake City et... de ses trois épouses.
Source: journal Le Temps, 20/7/2006
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