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Colorado City: Bienvenue chez les talibans américains

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  • Colorado City: Bienvenue chez les talibans américains

    Dans un bourg de l'Arizona, loin du monde moderne, vit une communauté dissidente du mouvement mormon. Ici la polygamie est une règle de vie, les épouses n'ont aucun droit et les enfants sont surveillés de près. Le chef de cette secte, accusé notamment de complicité de viols, attend la tenue de son procès.

    Prête à s'enfuir à la moindre alerte, Sara Hammon, 32 ans, s'accroche à la portière de sa voiture des deux mains tandis qu'elle s'entretient avec une femme jeune, et pourtant d'apparence sans âge. La tenue réservée mais féminine de Sara jure avec celle de son interlocutrice qui semble être descendue, la veille, d'un convoi de chariots de l'époque de la conquête de l'Ouest. Chaussée de baskets, accoutrée d'une robe longue disgracieuse au motif floral décoloré par le temps, laissant entrevoir des chevilles soigneusement couvertes par d'épais bas blancs, affublée d'une coiffure non moins démodée formant une espèce d'excroissance sur le haut du crâne et se terminant en une natte, Pam jette des regards craintifs de tous côtés.

    Dans ce bourg rural de 5 000 habitants, isolé et ultrafermé des États-Unis, à cheval sur l'Arizona et l'Utah, fondé par des renégats mormons à 170 kilomètres de désert du premier tribunal, l'audace de parler à une « païenne », une « créature de Satan », se paie très cher. Cependant, depuis que, fin août, leur tout-puissant prophète Warren Jeffs, 52 ans, a été incarcéré après un an et demi de cavale, les habitants de Colorado City ne savent plus à quel saint se vouer, à quel tyran soumettre leur volonté. Jeffs est accusé de détournement de mineurs et de complicité de viols. On lui reproche aussi l'arrangement de mariages illégaux à son profit: il aurait 75 épouses.

    Fief des membres de la secte Fundamentalist Church of Jesus Christ of Latter Day Saints (FLDS), Colorado City est peut-être l'unique commune polygame du monde occidental. Ici, des hommes peuvent obliger des adolescentes à partager leur couche, sous prétexte de les avoir épousées religieusement, sans être inquiétés par les autorités. Car même si l'Église mormone a officiellement renoncé à la polygamie en 1890 pour permettre à l'Utah d'acquérir le statut d'État, elle tolère, de fait, les « plural marriages » (unions plurielles) sur son territoire. « Il ne faut pas oublier que de nombreux législateurs de l'Utah et de l'Arizona descendent de familles polygames », explique John Dougherty, un journaliste local.

    « Bienvenue chez les talibans américains », raille la jolie Sara qui, comme chaque samedi, est venue rendre visite à sa mère Shari, dixième des dix-neuf épouses de feu son père, Marion Hammon. « C'est ici, dit-elle, que j'ai grandi, avec 73 frères et soeurs, jusqu'à 14 ans, âge auquel j'ai enfin réussi à m'échapper. » Sara est nerveuse. « Ne restons pas là. Généralement, les intrus sont suivis et intimidés », prévient-elle, alors que le parking du modeste supermarché où elle nous a donné rendez-vous est en train de se remplir de clones de Pam, toutes entourées d'une armée d'enfants qui vous dévisagent, éberlués. La stupeur et le malaise sont mutuels. Surtout à l'apparition d'une figure émaciée au beau visage douloureux, qui arpente la rue dans un désoeuvrement apparemment total, engoncée dans la robe réglementaire informe. « C'est Ruth Cook, précise Sara. Elle a été chassée pour avoir osé tenir tête à son mari, une offense impardonnable ici. Ils ont réussi à la faire interner, et ses enfants ont été réaffectés à ses « sisters-wives » (soeurs-épouses). Elle a fini par revenir, car elle ne supportait pas l'éloignement. Mais c'est une paria. »

    À Colorado City, seules les rues principales sont goudronnées. Les autres sont en terre battue. Elles sont bordées d'énormes maisons, pour la plupart en continuelle construction. Chacune abrite un homme, ses femmes et leur imposante progéniture. Selon la croyance des mormons fondamentalistes, un homme doit prendre au moins trois épouses pour accéder au paradis, que la femme, elle, ne peut atteindre que sur invitation de son mari. Mais le nombre trois n'est que le minimum requis. Rulon Jeffs, le père de Warren, avait soixante épouses. « Et comme les filles sont données en mariage encore adolescentes et que la contraception est interdite, précise Carolyn Jessop, qui elle aussi a fui ses racines, les foyers de soixante personnes ne sont pas rares. » Dans les jardins des colossales maisons, il est effectivement impossible de compter le nombre d'enfants. « Lorsque mon père rentrait le soir et qu'il croisait l'un de nous, il demandait toujours : « Comment t'appelles-tu, qui est ta mère ? », raconte Sara. Aujourd'hui encore, elle fait référence à ses 19 « mères », en les nommant mère Susan, mère Martha, et ainsi de suite... «Mais depuis que je suis devenue apostate, la seule qui me parle encore est ma vraie mère », avoue-t-elle.

    Dans les familles polygames, la vie quotidienne des femmes est un purgatoire. Elles n'ont qu'un droit, celui de se taire pour obéir aveuglément au prophète ou, à défaut, aux sept membres de la prêtrise. « Le prophète les donne en mariage à qui bon lui semble, elles ne peuvent pas refuser », explique Sara. La polygamie étant interdite aux Etats-Unis, seule la première femme devient l'épouse légale. Ses « sisters-wives » sont épousées au cours de cérémonies religieuses. Aux yeux de la loi, elles ne sont que des concubines dont le statut de mères célibataires les autorise à « saigner la bête », c'est-à-dire le gouvernement qui, chaque année, verse environ 17 millions de dollars à la commune en subventions de toutes sortes.

    L'inceste, les viols, les violences physiques sont monnaie courante à Colorado City. Mais les femmes sont bien trop terrifiées par les hommes pour oser dire quoi que ce soit. Et elles ne peuvent se plaindre ni à la police, ni aux élus, ni aux quelques éducateurs de l'unique école publique aujourd'hui désertée : tous polygames, ils sont tous complices. Sans plaintes et sans témoins, point d'arrestation. Et puis, c'est la seule existence qu'elles connaissent. Télévisions, radios et journaux sont fortement déconseillés. Quant aux jeunes hommes, ils sont chassés, eux aussi, en cas de rébellion. « Les hommes mûrs veulent garder les jeunes filles pour eux et, comme il n'y a plus assez de filles à se partager, ils se sont mis à excommunier les adolescents les plus forts », indique Sara. La terre appartenant à la secte, personne n'est à l'abri du bannissement. Et après une existence passée à obéir aveuglément, il est souvent impossible de partir. Ceux qui ont osé fuir mettent tous leurs espoirs dans le procès de Warren Jeffs. Ils pourraient bien être déçus. Le témoin principal, une adolescente donnée en mariage contre son gré, refuse maintenant de témoigner contre lui.

    Par Le Figaro

  • #2
    C'est tout simplement terrible, je remercie dieu d'être née en Algérie
    Comment un pays qui se proclame un etat des droit de l'homme accepte ça sur son territoire et vient s'imicier dans la vie des afghans qui sont à des centaines de millier de kilomètre ....franchement ça donne à reflechir et à se demander c'est quoi ces droit de l'homme à l'américaine :surprise:
    "La vision de la justice est le plaisir de dieu seul"

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    • #3
      C'est assez vieux, ils ont meme installé des zones interdites aux etrangers, au nord des US mais aussi au sud du canada...
      Ce sont des sectes geantes ou les femmes sont traités comme des moins que rien, bete de somme utile que pour l'accouplement et faire une ribanbelle d'enfants...

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