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Où va l'Algérie de Kamel ? par Moncef Wafi

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  • Où va l'Algérie de Kamel ? par Moncef Wafi

    Où va l'Algérie de Kamel ?

    par Moncef Wafi


    Où va l'Algérie ? La question n'a rien d'ironique ou de nostalgique. Elle se pose avec gravité devant la mort violente d'un collégien assassiné, à quelques pas de son CEM à Skikda, par quatre voyous dont le plus âgé vient juste de sortir des limbes de la puberté. Où va cette Algérie de la violence, de la corruption, des fléaux sociaux en veux-tu en voilà, laissée en jachère par l'Etat providence ?

    La question n'est pas posée en termes d'interrogation mais de constats ô combien réducteurs de la triste réalité des rues de l'Algérie. Dans cette violence urbaine, des enfants se font trucider pour un oui ou pour un non. Le pays est devenu une monstrueuse banlieue de plusieurs centaines de milliers de km², une favela, la plus grande du monde, produisant une criminalité juvénile à cadence industrielle. L'école, avec toute sa symbolique de l'échec précoce, de la frustration sociale et des interdits exacerbés, est devenue la cible favorite des délinquants en mal de représentation. On fait le guet, on drague les collégiennes et on exhibe un boussebaa, l'esprit embué par un joint.

    L'école est devenue le réceptacle d'une faune de criminels en goguette, jouant les gros bras parce que le nombre est l'ennemi de la peur. Un regard de travers, une parole déplacée, un geste de menace et c'est l'issue fatale. Kamel est le dernier linceul à sortir des murs de cette école sinistrée, ravagée par les expériences ministérielles et les réformes assassines. Le seul tort de Kamel est d'avoir porté secours à une camarade. Il l'a payé de sa vie, trahi sur son chemin de l'école par quatre petites frappes en mal de testostérone. Chaque jour, l'école produit ce qu'il y a de plus hideux, de plus abject de la société. Elle ne forme pas, elle renvoie les élèves à leur propre réalité. Quand un enseignant ou un directeur d'école s'acharnent contre un élève pour évacuer leur trop-plein de frustrations domestiques, qu'attendre de cet enfant certainement victime de la même maltraitance au sein de la matrice familiale ?

    L'Algérie des années 90 a enfanté des monstres qui à leur tour ont donné naissance à des inadaptés sociaux plongeant le pays dans l'abîme de la désolation. Kamel, Hichem, Nihal, quel que soit le nom, ce sont tous des enfants d'une certaine Algérie, morts avant de comprendre.


    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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