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Entre Bernard-Henri Lévy et Eric Dupond-Moretti, des uppercuts littéraires et quelques K.-O.

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  • Entre Bernard-Henri Lévy et Eric Dupond-Moretti, des uppercuts littéraires et quelques K.-O.

    Le philosophe a critiqué l’« excès de vanité » et l’« attitude narcissique » de l’avocat de la défense lors du procès d’Abdelkader Merah. La réponse ne s’est pas fait attendre.


    Les retombées du procès d’Abdelkader Merah se font encore sentir, plus de dix jours après le verdict. En l’occurrence, les retombées sont ici deux textes qui se répondent, extrêmement critiques, souvent violents dans leur mise en cause réciproque, remplis d’attaques personnelles et de punchlines syntaxiques de haut niveau :

    Les retombées du procès d’Abdelkader Merah se font encore sentir, plus de dix jours après le verdict. En l’occurrence, les retombées sont ici deux textes qui se répondent, extrêmement critiques, souvent violents dans leur mise en cause réciproque, remplis d’attaques personnelles et de punchlines syntaxiques de haut niveau :

    Le premier texte est une longue tribune de Bernard-Henri Lévy s’en prenant longuement à l’avocat le plus médiatique de la défense, maître Eric Dupond-Moretti. Il a été publié le 13 novembre sur les sites La Règle du jeu et Le Point.

    Le deuxième, la réponse de l’avocat, est bien plus succinct. La verve habituelle de ce ténor du barreau est couchée sur le papier. Une photo de cette lettre est apparue sur Twitter, le 15 novembre, et a rapidement été partagée, retweetée et commentée. Son authenticité a été confirmée par l’avocat.

    Que reproche Bernard-Henri Lévy à Eric Dupond-Moretti ? Moins sa défense « réussie » du frère d’un terroriste — qui a été jugé coupable d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, mais dont la complicité dans les tueries commises par Mohamed Merah en 2012 n’a pas été établie — que la façon qu’il a eue de l’incarner et de la justifier. Le passage de l’avocat sur France Inter, le 3 novembre, au lendemain du verdict, a assez énervé le philosophe pour qu’il consacre toute sa chronique hebdomadaire à cet « “acquitator” médiatique » qui pèche par « excès de vanité ».

    « N’est pas “avocat dostoïevskien” qui veut. Et il y avait quelque chose de pathétique dans cette attitude victimaire et narcissique », écrit le chroniqueur, qui ne supporte à l’évidence pas « [les] excès locutoires et [les] facilités d’épitoge » de l’avocat et cet « absurde numéro de donquichottisme où le plaideur s’invente des moulins ». M. Lévy ne supporte pas que Me Dupond-Moretti ait comparé ce procès à celui de nazis à Nuremberg, qui aurait même été « d’une certaine façon plus digne ».

    « Chaque fois qu’on le place face à ses contradictions ou, s’agissant de la phrase de Camus choisissant “sa mère” contre “la justice”, à l’évidence de son inculture, il hausse le ton, lève le doigt et détecte, triomphal, les prémices d’un déni de droit. »

    Des « excès de vanité » impensables, qu’il n’avait jamais, jamais, jamais vus « chez Badinter […], Henri Leclerc […], ni chez Thierry Lévy ». Façon de bien signifier à l’avocat l’écart qui le sépare, à ses yeux, de ceux qui étaient « l’honneur de la profession ».

    Quand Eric Dupond Moretti répond à BHL. https://t.co/QTlnLfodyi

    — paulinedelpech (@pauline delpech)



    La lettre qu’Eric Dupond-Moretti a adressée « à l’attention de Bernard-Henri Lévy » n’était peut-être pas destinée à être rendue publique. Ce qui aurait été dommage, puisqu’une attaque aussi publique appelle une réponse tout aussi publique. Et puis, on aurait été privé de quelques uppercuts littéraires.


    L’avocat avait décrit ce procès comme étant « le plus difficile de [sa] carrière », la « surenchère médiatique » ayant notamment abouti à des menaces contre lui et même contre sa famille. Il faut lire sa réponse cinglante dans ce contexte. La dose d’ironie est conséquente — « la modestie naturelle » et « les chemises Charvet toujours ouvertes et toujours parfaitement blanches » sont citées — mais celle de colère froide, contenue, l’est presque plus.

    « Je vous interdis de disserter publiquement sur ma sincérité et ses élans sans même me connaître », écrit l’avocat, qui s’amuse de la situation.
    « Il est presque doux de recevoir des leçons de morale de celui qui, dans tous les domaines, se veut, depuis de trop longues années, l’arbitre des élégances. »


    « Sur le fond vous démontrez que vous ne connaissez rien aux droits de la défense », et « plutôt que d’appeler à la rescousse de votre mépris mes amis » — dont l’un d’eux est en copie de la lettre — « relisez les œuvres de BOTUL, qui a beaucoup écrit sur le rôle de l’avocat ».

    La référence à ce philosophe imaginaire que Bernard-Henri Lévy a cité en 2010, et qu’il traîne derrière lui comme un boulet depuis, est-il le direct du droit qui a mis le philosophe K.-O. ?

    A moins que ce ne soit la phrase suivante, ou comment balancer avec élégance une insulte qui serait vulgaire dans d’autres mains :

    « Le 3 mai 1936, Magritte a écrit au critique Dupierroux qu’il n’était qu’“une vieille pompe à merde”, je n’ai, hélas ni le talent ni l’audace de Magritte. »

    Ou s’agit-il encore la formule de politesse à la toute fin, prouvant qu’en substituant un seul petit mot dans une expression toute faite, on peut détourner son sens et faire passer une dose considérable de mépris :

    « Veuillez croire, Monsieur, en l’assurance de mon exacte considération. »

    Le Monde
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