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JSK : l’évolution par le foot

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  • JSK : l’évolution par le foot

    Face à un processus de putréfaction sociétal qui semblait irréversible, les dirigeants de la JSK ont peut-être trouvé dans la conjonction foot-femme cet antidote tant recherché et vainement attendu jusque-là.

    Le football conduit à tout. Il est capable de tous les miracles et il n’aura pas fini de nous épater par la vigueur de ses pouvoirs à transformer les mœurs, à rapprocher les êtres, à faire fondre nombre de tabous qui semblent pourtant indissolubles. À tel point qu’il n’est pas déraisonnable de penser que c’est peut-être de lui que viendra notre salut ! “On a longtemps dit de lui qu’il est l’opium des peuples, mais certains faits tendent à montrer, à l’occasion, qu’il est au contraire ce qui élève les consciences” (Pascal Boniface). Ce qui se passe en ce moment, hebdomadairement, au stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou, et ce, depuis quelques semaines, à l’occasion des rencontres que livre l’équipe locale, la JSK, fait partie précisément de ces petites révolutions qui feront date et dont on dira plus tard, si effet boule de neige il y a, qu’elles ont contribué à faire dévier le pays d’une trajectoire programmée pour le mener, à terme, à une “salafisation”, voire “daéshisation”. Fort heureusement, toutes les mécaniques se grippent un jour et le grain de sable est souvent là où on le soupçonne le moins, il surprend les moins crédules par sa pertinence, la taille de sa surprise, même si elle n’est pas perçue par tous à l’identique.

    Une éclaircie dans un ciel tourmenté
    Mais pour tous les progressistes, tous ceux qui croient en l’intelligence naturelle de l’homme, il s’agit là d’une irruption séduisante, bienheureuse et prometteuse de l’histoire, même si elle ne prend, pour le moment, que la forme d’une éclaircie dans un ciel tourmenté.
    Une éclaircie que la télévision algérienne révèle en zoomant sur une partie des tribunes des supporters, pour nous montrer ce qui relève ailleurs d’une banalité, mais qui, chez nous, doit être considéré comme le symbole d’une révolution des mentalités, d’une avancée significative dans notre quête d’accès au rang de communauté civilisée. Des femmes supportrices, exubérantes au milieu d’une foule masculine, sans être offensées d’aucune sorte, dans les tribunes d’un stade à Tizi Ouzou !
    Voyez-vous ça ? Du jamais vu ! Qui l’aurait cru ? Clin d’œil au tube d’Aït Menguellet la JSK. Précurseur, il a déjà planté le décor : gagnante ou perdante, “tarvah negh tekhsar…”, le reste importe peu, il viendra, la fête sera belle comme dans tous les stades du monde.
    Face à un processus de putréfaction sociétal qui semblait irréversible, les dirigeants de la JSK ont peut-être trouvé dans la conjonction foot-femme cet antidote tant recherché et vainement attendu jusque-là. Mais rien ne vient sans que l’on y mette du cœur. Une délégation a sillonné des dizaines de villages, organisé des rencontres et débats publics avec présence de femmes, sensibilisé la population et resserré un lien qui s’était largement distendu. Dans une contribution au journal Liberté, en date du 15 mai 2018, j’écrivais : “Il faut en second lieu remettre la JSK dans son milieu socioculturel ancestral qu’elle n’aurait jamais dû quitter pour la simple raison que ce milieu est, dans son essence même, porteur des mêmes valeurs que celles véhiculées par le sport au sens le plus noble du terme. Pour cela, il faut que le club active à retrouver son identité à travers notamment une symbiose qu’il faudra reconstruire, entre les joueurs, dirigeants, le public et tous ceux qui portent la JSK dans leur cœur… C’est la puissance morale et psychologique du microcosme dans lequel évolue une équipe qui conditionne ses performances, et c’est le lien unissant ses composantes qui en est déterminant. Ciment dans lequel les amoureux du club se reconnaissent ainsi que les forces vives que représentent les bonnes volontés, les associations et la société civile d’une façon générale. La JSK est un symbole dont la portée sublime est incrustée profondément dans le cœur de centaines de milliers d’Algériens. C’est une synergie formidable dont les dirigeants doivent se soucier en cherchant les voies et moyens susceptibles de la capter et la canaliser en conséquence…”
    Ainsi, la nouvelle équipe dirigeante a fini par trouver une des voies, le bon bout, et la réponse fut immédiate.
    Les familles font leur apparition, un espace leur est réservé dans un stade qui n’arrive plus à contenir son monde. La JSK a retrouvé son milieu et son jeu transcendant. Selon Mouloud Iboud, porte-parole du club, 5 000 places seront destinées aux familles dans le nouveau stade dont tout le monde attend impatiemment l’inauguration.

    Pour que la mayonnaise prenne
    On en viendra peut-être un jour à les remercier pour avoir initié un mouvement qui nous permettra de voir les stades d’Algérie non plus comme arène exorcisant, par la violence, les frustrations d’une jeunesse sevrée de tout ce qu’elle est en droit d’attendre à cet âge, mais un lieu de convivialité fraternelle, et ce, par la grâce de la présence dans les gradins de ce qui constitue le socle de la société, à savoir la cellule familiale, dans toute sa composante, notamment féminine. Ceux qui ont eu l’idée d’une telle alchimie et de sa mise en œuvre peuvent se considérer comme précurseurs d’une démarche dont toute la société leur sera grandement redevable si par bonheur cela venait à se généraliser par accrétion à travers le territoire national. Il faut admettre que l’actuelle équipe dirigeante a compris les ressorts psychologiques de nos compatriotes et de leur inclination à faire preuve de retenue en présence de la gent féminine. En effet, mis à part quelques rares énergumènes, des tarés dont la pensée est si déstructurée qu’ils ont perdu les repères les plus élémentaires, la majorité se fait un point d’honneur à montrer leur civilité en présence de la femme, toujours assimilée à une mère, une sœur, une épouse. L’auteur de ces lignes a eu à le vérifier il y a de cela longtemps : au lycée, en classe de première, on était une trentaine de potaches dont une fille. C’était la seule de tout le lycée. Eh bien, lorsqu’elle était à proximité, point de vulgarité et aucun d’entre nous ne s’avisait à s’aventurer, par le langage ou autre, sur des sentiers de l’insanité, bannis par la morale et la décence. C’est dire que “el harma” a toujours fait partie de ces soubassements sacralisés qui, bon gré, mal gré, empêchent le délitement total des liens sociaux. Elles étaient belles, chatoyantes et pleines de vie, ces spectatrices du stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou. Entourées, protégées, cajolées, c’est un pied de nez à tous les fossoyeurs qui se sont donné pour but de construire un enclos séparatiste à plus de la moitié de la population algérienne et de lui tailler un suaire mortifère, pensant ainsi que c’est le meilleur moyen de la soustraire à toute tentation. Tentation qu’ils sont les premiers à couver, enclos qu’ils sont les premiers à polluer, s’en prenant jusqu’aux nus taillés dans du marbre.
    Les tribunes du stade de Tizi Ouzou, l’espace d’une rencontre de football, nous ont donné à voir une image fugace d’une vie saine, enthousiaste et resplendissante. Il restera aux dirigeants à consolider cette dynamique, à renforcer drastiquement les mesures de sécurité, car il ne manquera pas de saboteurs et autres rabat-joie pour venir gâcher la fête. Rien que pour cette image, la télévision algérienne se doit de transmettre systématiquement toutes les rencontres qui se joueront en ce lieu. Prions pour que cela dure, le temps que la mayonnaise prenne et que bientôt, dans tous les stades d’Algérie, clameurs et youyous se confondront dans une même allégresse.
    Le foot a fait bien des miracles durant notre glorieuse révolution avec l’équipe du FLN. Pourquoi pas maintenant ?

    Rabah Kebdi.
    "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
    Socrate.
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