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Quand migration rime avec changements culinaires

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  • Quand migration rime avec changements culinaires

    La migration dans un nouveau pays modifie-t-elle les habitudes alimentaires ? C’est une question qui a été abordée par des chercheurs qui étudient le processus par lequel les migrants changent de régimes alimentaires dans leur pays d’accueil.

    Une étude réalisée en 2012 sur des Somaliens, des Algériens et des Égyptiens vivant en Norvège, permet de comprendre le lien qui existe** entre leurs comportements alimentaires et les mesures prises en santé publique. Une autre étude, réalisée il y a près de 20 ans, s’est penchée sur les habitudes alimentaires des migrants aux États-Unis.

    Nous avons demandé aux Ghanéens vivant à Manchester, une grande ville du nord-ouest de l’Angleterre, quelles étaient leurs préférences alimentaires. Les Ghanéens constituent l’un des plus grands groupes de migrants ouest-africains en Europe.

    Nous avons constaté que la plupart des personnes interrogées ont déclaré conserver certaines pratiques alimentaires venant de leur pays. Mais, certains ont également incorporé ce qu’ils appellent des aliments « occidentalisés » à leurs régimes alimentaires.

    Une alimentation difficile à comprendre

    Les changements observés dans l’alimentation des migrants sont complexes, non linéaires et sont déterminés par plusieurs facteurs. Il n’y a pas de transition claire entre les pratiques alimentaires « traditionnelles » et « occidentalisées » après la migration. Notre étude suggère également que les Ghanéens sont un groupe « intégré », ce qui signifie qu’ils sont plutôt à même de maintenir leur culture dans le pays d’accueil, mais également, d’adopter certains aspects culturels de leur pays hôte.

    Pour la majorité des personnes interrogées, les habitudes alimentaires sont en grande partie les mêmes que celles pratiquées au Ghana. Comme le confie cette femme âgée d’une soixantaine d’années, appartenant à la première génération d’immigrés :

    « Je ne mange que des plats traditionnels, du riz, de l’eto » [de la farine d’igname écrasée avec de l’huile rouge, ndlr]. Mais cela dit, il m’arrive de manger des pommes de terre au four ! »
    Beaucoup de personnes âgées ont déclaré que, comme les plats nécessitent de nombreuses heures de préparation, elles cuisinent les ragoûts et les soupes traditionnels en grande quantité – suffisamment pour durer des semaines, voire des mois – et les conservent dans leurs congélateurs.

    Le mode de vie influence les pratiques alimentaires

    Peu de personnes se sont passées totalement de la nourriture ghanéenne. Les personnes qui cuisinent le moins les plats ghanéens, sont celles qui ont émigré plus récemment, ceux qui ont émigré très jeunes, certaines personnes plus âgées qui vivent au Royaume-Uni depuis plus de 20 ans et les familles avec de jeunes enfants. La plupart ont tendance à consommer des plats typiquement « anglais » au petit-déjeuner et au déjeuner, alors que le repas du soir est souvent l’occasion de varier avec des plats ghanéens.

    Seules quelques personnes mangent de façon variée tout type d’aliments propres au Royaume-Uni.

    C’est notamment le cas pour les migrants de la deuxième génération qui vont fréquemment au restaurant avec des amis et qui prennent leurs petits-déjeuners et déjeuners en chemin pour se rendre au travail ou dans les restaurants d’entreprises. Les repas ghanéens sont alors principalement dégustés lors d’événements au sein de la communauté.

    Une personne de la deuxième génération me confie ses habitudes alimentaires, souvent liées à son mode de vie :
    « Je suis toujours à la recherche de quelque chose que je puisse préparer rapidement. Le soir, j’essaie de cuisiner deux fois par semaine. Je touche à peine aux ragoûts ghanéens. »
    Entre plats traditionnels et goût, les avis sont partagés

    Les Ghanéens qui préfèrent préparer des plats traditionnels affirment qu’ils le font pour maintenir leur identité culturelle et faire vivre leurs traditions.

    Beaucoup préfèrent également le goût des plats ghanéens à celui des plats britanniques car, selon la plupart des témoignages, les aliments britanniques sont fades et pas assez épicés. Une personne plus jeune, issue de la deuxième génération, m’explique ainsi :
    « Les aliments anglais sont pour la plupart bouillis. En fait, dans les plats anglais, ils retirent l’huile. Dans les plats traditionnels ghanéens, on ajoute de l’huile. »
    Mais, pour ce qui est de définir ce qui différencie la nourriture anglaise de la nourriture ghanéenne traditionnelle, les avis divergent.

    À titre d’exemple, la composition du petit-déjeuner occidental, qui est typiquement du thé avec du sucre, du lait et du pain, est un sujet de discorde car certains affirment qu’il s’agit en fait du petit-déjeuner ghanéen.

    Cette confusion peut s’expliquer par l’influence coloniale de la Grande-Bretagne. La côte de l’Or située sur le golfe de Guinée, était une colonie britannique de 1867 à 1957, date à laquelle elle a gagné son indépendance en tant que nation du Ghana.

    La population britannique toujours présente au Ghana, habite principalement le sud du pays. Les Ghanéens qui vivent dans la même région, ont pris certaines de leurs habitudes alimentaires, comme prendre du lait, du thé et des céréales pour le petit-déjeuner.

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