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Sarkozy et Tchernobyl

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    Sarkozy et Tchernobyl : la rumeur qui court le Net


    C'est un texte titré "Qui suis-je ?","Question pour un champion " ou encore "No pasaran", qui tourne de plus en plus sur Internet et dans les messageries. Le contenu varie dans sa formulation, certains passages ont été ajoutés ou supprimés, l'orthographe parfois rectifiée, mais le principe demeure : une série d'assertions peu amènes sur la vie et l'œuvre d'un homme – origines, actions politiques, devant conduire le lecteur à reconnaître Nicolas Sarkozy et... à ne pas voter pour lui. L'une des affirmations de ce texte a été particulièrement reprise : " A l'époque de la catastrophe de Tchernobyl j'étais délégué interministériel au nucléaire et c'est moi qui ai aidé à la mise en place de la campagne de désinformation prétendant que le nuage de Tchernobyl s'est arrêté aux frontières de la France. J'ai fait cependant disparaître cet épisode de ma vie politique de ma biographie officielle sur le site Internet du ministère de l'intérieur."

    S'il est difficile de trouver l'origine de ce texte non signé, il n'est pas très récent : une blogueuse l'a ainsi mis en ligne le 15 novembre 2006, "juste après l'avoir reçu par mail", mais sa diffusion sur le Net reste sporadique. Le 20 mars, "Sarkophage", qui tient le blog Sarkostique, le reçoit aussi d'une connaissance : "Je l'ai trouvé très fort, très percutant, à même de convaincre les 40 % d'indécis", explique-t-il. Il supprime des aspects qu'il juge"limites" – sur le fait que la famille du candidat UMP aurait collaboré avec le régime nazi, et que, lors d'une visite du ministre en Corse, un enfant accidenté serait mort faute d'hélicoptère disponible –, ajoute deux paragraphes sur le non-respect de la parité et l'affaire de l'appartement de Neuilly, et envoie deux mille quatre cents newsletters invitant à relayer ce texte autant que possible, par la technique de la "communication virale". Depuis, il a encore reçu six fois, par mail, la version antérieure du texte, preuve selon lui qu'un grand mouvement est enclenché, peut-être même orchestré par une communauté de blogueurs. Autre signe de la diffusion du message : deux versions du message ont été soumises sur le forum de Hoaxbuster, "première ressource francophone sur les canulars du Web", où un participant donne à lire un démenti, point par point," trouvé sur un site umpiste".


    Le point sur la rumeur


    Le Who's Who et une biographie de Nicolas Sarkozy à l'époque où il était ministre de l'économie indiquent qu'il était chargé de mission au ministère de l'intérieur pour la lutte contre les risques chimiques et radiologiques. Sa fiche biographique de la Société générale de presse précise qu'il a exercé ces fonctions de mars 1987 à mai 1988. A ce stade des vérifications, Le Monde.fr n'a trouvé aucune indication d'un rôle qu'il aurait joué juste après la catastrophe elle-même, qui date du 26 avril 1986. Bernard Fau, avocat de l'Association française des malades de la thyroïde, qui s'est portée partie civile dans l'affaire de l'impact sanitaire de l'explosion de Tchernobyl – soit avant 1987 – indique qu' "à [sa] connaissance, le nom de Nicolas Sarkozy n'apparaît nulle part dans le dossier d'instruction". Il précise qu'il est pourtant particulièrement vigilant sur les personnalités politiques, susceptibles de relever d'une juridiction spéciale. Le responsable de la communication de Nicolas Sarkozy indique que le candidat n'était pas délégué interministériel en 1986, et, concernant son rôle en 1987, invite "à demander à la sécurité civile". Michèle Rivasi, fondatrice de la CRII-Rad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité), qui a œuvré à la reconnaissance des faits juste après la catastrophe, indique n'avoir jamais entendu parler à l'époque de Nicolas Sarkozy, mais estime que "du côté des ministères, y compris de l'intérieur, il y avait en 1987 la même désinformation qu'en 1986", et que l'on continuait alors à couvrir le directeur du SCPRI (Service central de protection contre les rayonnements ionisants), le professeur Pierre Pellerin, mis en examen en mai 2006.


    Le texte est alors plus largement diffusé sur la Toile, posté sur des forums généralistes et en commentaire de nombreux blogs – dont celui de Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L'Express, ou de la ministre de la défense (UMP), Michèle Alliot-Marie. Il est relayé sur des sites marqués à gauche. Plusieurs internautes s'interrogent sur le site Questions/Réponses de Yahoo!, obtenant de nombreux commmentaires. Plus surprenant, le texte semble avoir directement inspiré le discours d'une jeune socialiste, le 26 mars lors d'un meeting de François Hollande à Rennes, mis en ligne sur un blog de militant : le candidat de l'UMP se voit ainsi reprocher son action après Tchernobyl en 1986, mais aussi d'avoir manifesté dans sa jeunesse "contre les étudiants grévistes", d'avoir repris un slogan de Jean-Marie Le Pen, etc.

    Dans le même temps, plusieurs sites ou blogs dénoncent l'action de Nicolas Sarkozy à l'époque ou après la catastrophe de Tchernobyl, mais leurs auteurs disent n'avoir pas forcément eu connaissance du fameux texte : ainsi, le 16 mars, le journaliste et écrivain Claude-Marie Vadrot relate sur son blog une "petite découverte", selon laquelle Nicolas Sarkozy était "délégué interministériel pour les énergies et le nucléaire".


    Un communiqué du comité "Sortir du nucléaire", datant d'avril 2006, connaît une seconde vie, sur des sites des partisans de José Bové, de François Bayrou ou du PS : rappelant que Nicolas Sarkozy était, en 1987, chargé de mission au ministère de l'intérieur pour la lutte contre les risques chimiques et radiologiques, le comité lui demandait de s'expliquer sur son silence. Il n'a pas obtenu de réponse. A moins de s'en tenir à un discours de Nicolas Sarkozy à une convention de l'UMP, datant d'octobre 2005 : " Il n'est pas normal, dans une grande démocratie comme la nôtre, que le secret continue de régir l'action de l'administration, et, à la vérité, des élus qui la dirigent. Des erreurs comme celles de l'amiante, le mystère qui entoure le trajet exact du nuage de Tchernobyl, ne sont plus acceptables", déclarait alors le chef du parti de la majorité.
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