Quatre hommes et quatre femmes se retrouvent devant le tribunal judiciaire de Paris pour avoir insulté, le soir de l'élection de Miss France 2021, la candidate de Provence April Benayoum en raison de ses ascendances israéliennes.
« J’ai moi-même des origines assez variées : ma mère est serbe-croate, et mon père israélien-italien. » En prononçant cette seule phrase le soir de l'élection de la nouvelle Miss France, le 19 décembre 2020, la Miss Provence April Benayoum, n'imaginait certainement pas la vague de haine qu'elle déclencherait sur les réseaux sociaux. Selon l'enquête diligentée par le pôle du parquet spécialisé contre la haine en ligne, plus de 500 messages d'insultes ont été recensés, dont certains faisaient référence à Hitler ou à la Shoah. « Nous mesurons les efforts qui ont été faits par la justice pour mettre un frein aux actes antisémites en ligne », se félicite Me Muriel Ouaknine-Melki, avocate pénaliste et présidente de l’Organisation juive européenne (OJE). Ce mercredi 22 septembre, huit personnes seront jugées pour ces messages.
Huit prévenus musulmans
Parmi les prévenus, quatre hommes et quatre femmes, entre 20 et 60 ans. Des profils de gens insérés dans la société et éduqués : « On a un licencié en histoire, un élu, une pédicure podologue… Tous titulaires du baccalauréat. Ce ne sont pas des gens à la marge. » Seul point commun, pour Muriel Ouaknine-Melki : la religion musulmane. « Les huit s'en revendiquent, soit qu’ils soient pratiquants ou non pratiquants. » La question leur a été systématiquement posée pendant les entretiens.
Autre élément d'importance : durant sa prise de parole, April Benayoum n'a pas évoqué sa religion mais ses origines israéliennes. L'enquête a donc pris soin d'interroger les prévenus sur leur rapport à la religion juive, mais aussi au conflit israélo-palestinien et à la politique d'Israël. Certains ont simplement refusé de répondre aux questions des enquêteurs, d'autres ont estimé qu'en mentionnant les origines de son père, Miss Provence avait abordé un problème de géopolitique, donc un problème politique que certains ont rattaché à la situation des territoires palestiniens colonisés.
Discrimination en raison de l'appartenance à une Nation
« Ça va être intéressant de voir comment les prévenus vont répondre aux questions des magistrats et de voir comment le tribunal va qualifier les faits. Aujourd'hui, le délit retenu c'est l'injure aggravée. » Dans ses conclusions, la présidente de l'Organisation juive européenne vise plutôt le délit de provocation à la discrimination en raison de l'appartenance à une Nation. « Tous les éléments sont réunis pour cette qualification », estime-t-elle. L'OJE veut plaider pour que « les bons mots soient utilisés, qu'on ne tourne pas autour des problèmes, mais qu'on les cible et qu'on les nomme. »
Au-delà du cas particulier d'April Benayoum, ce procès est également un moment important pour le parquet et son pôle chargé de la haine en ligne, qui a fourni pas moins de 1 000 pages d'enquête dans ce dossier chapeauté par Grégory Weill. « Il y a eu une véritable prise de conscience. Nous, acteurs de la lutte contre l'antisémitisme au quotidien, nous pouvons mesurer les efforts qui sont faits par la justice et le monde judiciaire pour mettre un frein à la haine en ligne. Dans cette affaire, les moyens mis en œuvre sont à la hauteur de nos espérances », reconnaît Muriel Ouaknine-Melki.
Source : Marianne - 22/09/2021
« J’ai moi-même des origines assez variées : ma mère est serbe-croate, et mon père israélien-italien. » En prononçant cette seule phrase le soir de l'élection de la nouvelle Miss France, le 19 décembre 2020, la Miss Provence April Benayoum, n'imaginait certainement pas la vague de haine qu'elle déclencherait sur les réseaux sociaux. Selon l'enquête diligentée par le pôle du parquet spécialisé contre la haine en ligne, plus de 500 messages d'insultes ont été recensés, dont certains faisaient référence à Hitler ou à la Shoah. « Nous mesurons les efforts qui ont été faits par la justice pour mettre un frein aux actes antisémites en ligne », se félicite Me Muriel Ouaknine-Melki, avocate pénaliste et présidente de l’Organisation juive européenne (OJE). Ce mercredi 22 septembre, huit personnes seront jugées pour ces messages.
Huit prévenus musulmans
Parmi les prévenus, quatre hommes et quatre femmes, entre 20 et 60 ans. Des profils de gens insérés dans la société et éduqués : « On a un licencié en histoire, un élu, une pédicure podologue… Tous titulaires du baccalauréat. Ce ne sont pas des gens à la marge. » Seul point commun, pour Muriel Ouaknine-Melki : la religion musulmane. « Les huit s'en revendiquent, soit qu’ils soient pratiquants ou non pratiquants. » La question leur a été systématiquement posée pendant les entretiens.
Autre élément d'importance : durant sa prise de parole, April Benayoum n'a pas évoqué sa religion mais ses origines israéliennes. L'enquête a donc pris soin d'interroger les prévenus sur leur rapport à la religion juive, mais aussi au conflit israélo-palestinien et à la politique d'Israël. Certains ont simplement refusé de répondre aux questions des enquêteurs, d'autres ont estimé qu'en mentionnant les origines de son père, Miss Provence avait abordé un problème de géopolitique, donc un problème politique que certains ont rattaché à la situation des territoires palestiniens colonisés.
Discrimination en raison de l'appartenance à une Nation
« Ça va être intéressant de voir comment les prévenus vont répondre aux questions des magistrats et de voir comment le tribunal va qualifier les faits. Aujourd'hui, le délit retenu c'est l'injure aggravée. » Dans ses conclusions, la présidente de l'Organisation juive européenne vise plutôt le délit de provocation à la discrimination en raison de l'appartenance à une Nation. « Tous les éléments sont réunis pour cette qualification », estime-t-elle. L'OJE veut plaider pour que « les bons mots soient utilisés, qu'on ne tourne pas autour des problèmes, mais qu'on les cible et qu'on les nomme. »
Au-delà du cas particulier d'April Benayoum, ce procès est également un moment important pour le parquet et son pôle chargé de la haine en ligne, qui a fourni pas moins de 1 000 pages d'enquête dans ce dossier chapeauté par Grégory Weill. « Il y a eu une véritable prise de conscience. Nous, acteurs de la lutte contre l'antisémitisme au quotidien, nous pouvons mesurer les efforts qui sont faits par la justice et le monde judiciaire pour mettre un frein à la haine en ligne. Dans cette affaire, les moyens mis en œuvre sont à la hauteur de nos espérances », reconnaît Muriel Ouaknine-Melki.
Source : Marianne - 22/09/2021
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