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Ces morts que la Russie ne veut pas voir

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  • Ces morts que la Russie ne veut pas voir

    FranceInfo 18/09/2022

    Cette région située aux confins de la Sibérie fournit un grand nombre de soldats. Beaucoup de jeunes s’engagent pour fuir la pauvreté... et reviennent dans des cercueils. "Envoyé spécial" s'est rendu en Bouriatie, où la colère des familles monte contre une guerre que personne n'avait vue venir.


    "Les soldats sont partis sans savoir qu'ils allaient à la guerre. Une fois qu'ils sont arrivés en Crimée, on leur a pris leurs papiers et leur téléphone", raconte Katia, une jeune mère restée pendant plusieurs semaines sans nouvelles de son mari Iakov. Quelques mois plus tard, celui qui avait rejoint l'armée comme mécanicien a été envoyé en Ukraine, soi-disant pour participer à des entraînements militaires.
    "C'est en voyant des cadavres dans les rues qu'ils ont compris ce qui se passait."
    Katiaà "Envoyé spécial"
    Propulsé sur le terrain sans aucune préparation, selon elle, Iakov est mort juste avant ses 23 ans, deux mois après le déclenchement de "l'opération spéciale" en Ukraine. Katia n'a presque rien su des circonstances de son décès.
    Combien de soldats russes ont perdu la vie dans ce conflit ? Cette question semble aujourd'hui l'un des plus grands tabous en Russie. La seule déclaration officielle du ministère russe de la Défense sur ce sujet date de mars 2022, au début de la guerre. Elle faisait état de 1 351 morts. Les services de renseignement occidentaux, eux, évaluent les pertes à au moins dix fois plus, entre 15 000 et 50 000 hommes, selon les dernières estimations.

    Une région pauvre de l'Extrême-Orient russe

    Comme Iakov, un grand nombre de ces soldats sont originaires d'une région déshéritée de l'Extrême-Orient russe, où "Envoyé spécial" a réalisé cette enquête. Dans les rues d'Oulan-Oudé, capitale de la Bouriatie, les visages de ceux qui sont partis combattre sont exposés sur des panneaux géants. Principalement issue d'anciennes tribus mongoles, majoritairement bouddhiste, la population n'a que peu de points communs avec la plupart des Russes, le plus souvent orthodoxes. Mais la propagande officielle ne veut faire connaître qu'une seule histoire : celle de héros qui se sont sacrifiés pour leur pays.
    La réalité de cette petite république coincée entre le lac Baïkal et la Mongolie est pourtant bien différente. Si l'armée représente ici le principal employeur, c'est que le taux de chômage y est l'un des plus élevés de la fédération de Russie. Alors, devenir militaire est l'assurance d'un emploi stable, et aussi d'une solde deux fois supérieure à n'importe quel salaire local…
    Un vent de contestation

    Dans un village reculé, l'équipe d'"Envoyé spécial" a pu filmer les images rares de l'enterrement d'un soldat bouriate tombé en Ukraine. Elle a aussi rencontré une journaliste qui mène une enquête interdite : en s'aidant des réseaux sociaux – c'est-à-dire essentiellement de VKontakte, l'équivalent russe de Facebook (ce dernier étant maintenant, comme Instagram, bloqué en Russie) –, Karina tente de faire le décompte des soldats bouriates morts depuis le 24 février. Elle a déjà recensé 227 décès de militaires originaires de la région. Pour ce travail, elle encourt jusqu'à quinze ans de prison pour "propagation d'informations dégradantes" sur la Russie.
    Malgré l'interdiction, un vent de contestation semble se lever en Bouriatie. Ekatarina a perdu son frère Mikhaïl deux semaines seulement après le début de la guerre. La jeune femme a accepté de recevoir les journalistes chez elle pour dénoncer ce qu'elle qualifie de scandale. Selon elle, les autorités russes utilisent les jeunes soldats bouriates comme "chair à canon" et exploitent le désespoir économique de toute une génération.
    "Il est difficile de croire que pour défendre la Russie, il faille mettre dans la tombe la moitié du pays."
    Ekatarina à "Envoyé spécial"
    Face caméra, elle n'hésite pas à mettre en cause "une technique militaire en carton". Comme toutes les familles qui ont perdu un proche dans cette guerre, celle de Mikhaïl va recevoir une grosse somme d'argent en compensation : 230 000 euros – le prix à payer pour éviter que la colère monte ?
    Un reportage de Mikhaïl Bobchinsky, Virginie Vilar et Adrien Bellay, diffusé dans "Envoyé spécial" le 22 septembre 2022.

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    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet

  • #2
    Lors de la guerre soviétique en Afghanistan, (1979 - 1988) et malgré la chape de plomb sur l'information comme actuellement, des mères de soldats du contingent avaient organisé des manifestations (à leurs risques et périls) pour protester contre l'envoi de leurs fils pour aller se faire tuer dans un pays étranger.
    De plus, les morts étaient rapatriés et enterrés dans la discrétion le plus totale, sans la moindre cérémonie militaire.

    Il y a eu un livre écrit à ce sujet à l'époque et que j'avais lu, qui avait révélé le malaise de la population soviétique au sujet de cette guerre.

    «Les Cercueils de zinc», publié en 1989, est “un livre sur une guerre ignorée et cachée à son propre peuple – un livre sur la guerre des Soviétiques en Afghanistan. Les gens ne devinaient ce qui se passait qu’en voyant arriver, d’un pays inconnu, des cercueils de zinc...”

    Pour l’écrire, Svetlana Alexievitch s’était rendue sur place avant d’enquêter pendant quatre ans dans ce qui s’appelait encore l’Union soviétique.

    Ce sont les dernières années de cette guerre de dix ans qui sont ici évoquées. L’auteure donne à entendre la douleur des mères devant ces cercueils contenant les restes de leurs fils, parfois trop grands pour entrer dans leur appartement, parfois lestés de terre pour faire le poids d’un corps sans membres. Svetlana Alexievitch a recueilli les témoignages des soldats, des épouses, des amies des soldats, des médecins, des infirmières, des pilotes d’hélicoptère...

    Le livre paru, on ne lui pardonna pas d’avoir démoli le mythe du soldat soviétique accomplissant son devoir internationaliste – la télévision le présentait en train de planter des pommiers alors qu’en réalité il lançait des grenades dans des maisons où s’étaient réfugiés des femmes et des enfants ou bombardait un village.

    Après une campagne orchestrée pour gêner la diffusion de l’ouvrage, un procès fut intenté à l’auteure, à Minsk, en 1992, où des témoins cités dans le livre furent obligés de se récuser.

    Il reste que cette guerre déclenchée par Leonid Brejnev a été le tombeau de l’Union soviétique, et a fait de l’Afghanistan le futur berceau d’Al-Qaida.

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    • #3
      Les chiffres commencent à circuler en Russie même. Suffit de diviser le montant total versé par l'état Russe par le nombre de familles indemnisées (d'ailleurs je trouve la somme de 230.000 absolument colossale au vue du niveau de vie des Russes). Soit disant que le chiffre de 50.000 morts ne serait pas exagéré.
      Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
      Mahomet

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      • #4
        Ca vous permettra au moins de vous rendre compte que mener une guerre n'est pas une simple décision et n'est jamais évident de se lancer comme vous le laisser entendre ici. A vous lire en effet, si l'occident n'aurait pas réagit, la Russie aurait envahi le monde entier.
        Il faut admettre que vous n'avez laissé aucun choix à la Russie à part entreprendre cette démarche douleureuse. Un grand pays comme la Russie ne permettra jamais l"existence d'un Etat pantin à son ennemi à ses frontières.
        La guerre c'est le massacre entre gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas.

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        • #5
          Les morts ne sont pas toujours rapatriés
          Aux familles qui les réclament il est répondu qu ils ont disparu ou pire qu ils ont déserté.
          Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
          Mahomet

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          • #6
            Ça va être de not'faute encore
            !

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