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Des figures de la Marche pour l’égalité et contre le racisme déclinent l’invitation d’Emmanuel Macron

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  • Des figures de la Marche pour l’égalité et contre le racisme déclinent l’invitation d’Emmanuel Macron


    Alors que le chef de l’Etat devait échanger, lundi, avec des acteurs de la marche qui avait marqué la France en 1983, certains d’entre eux ont refusé de s’y rendre, au motif que le locataire de l’Elysée n’aurait pas pris de « décision radicale » contre les discriminations.

    Par Mustapha Kessous



    Y aller ou pas ? C’est une question qui les a tourmentés, profondément. Certains ont hésité jusqu’au dernier moment : comment refuser une invitation du président de la République pour parler d’une France qui leur « fait mal » ? Est-il possible de discuter avec le chef de l’Etat des humiliations que sont les discriminations, les contrôles au faciès ou encore les violences policières ? Et qui sera présent ? Lundi 4 décembre, Emmanuel Macron devait échanger, à 17 heures, à l’Hôtel de Marigny, avec, entre autres, des acteurs de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, à l’occasion de ses 40 ans.

    Parmi les invités, rares sont ceux qui ont accepté de s’y rendre. C’est le cas du père Christian Delorme, un des organisateurs de ce mouvement. « C’est une réunion de travail, pas une cérémonie hypocrite qui célèbre la Marche, explique-t-il. L’idée de cet échange est de réfléchir à la manière d’inscrire l’histoire des quartiers populaires dans le récit national. Cela sera aussi l’occasion de dire au président toutes les humiliations que vivent les personnes dans ces quartiers. »

    Toutefois, la plupart des grandes figures de cette Marche qui a marqué la France en 1983 – des enfants d’immigrés maghrébins avaient achevé à Paris une marche entamée un mois et demi plus tôt à Marseille, pour dénoncer les discriminations et le racisme – ont finalement choisi de ne pas « honorer » cette invitation. Ils disent refuser de participer à un « coup de com » et à une rencontre qui a été organisée en quelques jours.

    Leur refus n’est pas de manifester une forme de colère ou d’amertume, mais par leur absence, ils veulent surtout replacer la focale sur un pays qui, selon eux, traverse une crise de haine identitaire contre ceux qui sont vus – et considérés – seulement comme musulmans ou « Arabes », une situation qui leur rappellent le début des années 1980.

    Une « occasion manquée »


    Toumi Djaïdja, symbole de la Marche, son initiateur, vient d’expliquer sa décision sur les réseaux sociaux. « Mon engagement antiraciste et celui de nombreux citoyens de notre pays doit se traduire à travers des actions concrètes avec un retentissement au-delà des frontières de l’Hexagone », écrit-il.Auprès du Monde, M. Djaïdja déplore que M. Macron n’ait pas su « faire une annonce claire ou prendre une décision radicale concernant cette question des discriminations. Les 40 ans de la Marche étaient une occasion incroyable. Elle a été manquée. » Alors, inutile, à ses yeux, de se déplacer à l’Hôtel de Marigny pour faire part de doléances que « le président connaît déjà ». « Il m’est donc impossible de délivrer un chèque en blanc, étant donné la situation actuelle de notre pays », ajoute-t-il dans son message.

    Un autre initiateur de la Marche, Djamel Atallah, a lui aussi décliné l’invitation présidentielle. Dans une lettre ouverte destinée au chef de l’Etat, il regrette « que ce 40e anniversaire soit marqué par des reculs importants en ce qui concerne la situation des personnes issues des quartiers populaires. Nous regrettons la loi “immigration” que vous prévoyez et qui marque là également un recul des droits ». Puis, il ajoute : « Nous regrettons la résurgence dans les rues de la Douce France de groupe d’ultradroite à la recherche de “basanés” pour les molester au seul motif de leur couleur de peau. » Référence, notamment, à l’expédition punitive lancée par l’ultradroite, le 25 novembre, à Romans-sur-Isère (Drôme).

    Enfin, deux autres personnalités de la Marche, Hanifa Taguelmint et Rachida Azzoug, ont elles aussi, publié un texte à l’attention d’Emmanuel Macron, plus politique, qui va encore plus loin. « Nous n’avons rien à échanger avec vous car vous êtes le détenteur du pouvoir et nous peinons à prouver que nous sommes citoyens français, fils et filles de la République, et non des Français de papiers ou indigènes musulmans, écrivent-elles.(…) Cessez d’abîmer notre République et l’une des plus belles devises du monde. »

    « Voilà quarante ans que nous quémandons égalité et fraternité ! », répètent-elles. Avant de demander : « Allez vous abroger le permis de tuer [référence à la loi de février 2017 permettant aux forces de l’ordre de tirer en cas de refus d’obtempérer] ? Allez vous reprendre en main les dérives de la police et de ses représentants syndicaux toujours plus véhéments et menaçants ? »

    Porte ouverte au président


    Hanifa Taguelmint et Rachida Azzoug plaident encore auprès du chef de l’Etat pour « donner des instructions à l’Arcom [Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique] pour que les dérapages, propos racistes, injures et menaces quotidiennes cessent séance tenante et soient sanctionnés comme le prévoit la loi ». Et de conclure : « Allez vous comprendre que les révoltes urbaines de cet été ne sont que le reflet de l’angoisse de milliers de jeunes des quartiers populaires qui ne rêvent plus, ne se projettent plus dans un avenir serein ? »

    Malgré tout, ces quatre personnalités de la Marche laissent la porte ouverte au président de la République pour le rencontrer à une autre occasion, espérant, comme le dit Toumi Djaïdja, que le gouvernement « saura marquer un engagement véritable en faveur de l’égalité ».
    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر
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