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En route pour Thamourth n’Ath Slimane

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  • En route pour Thamourth n’Ath Slimane

    Domaine Djebira, on quitte la nationale et on grimpe. La route est sinueuse. Abrid n’Tmanachine, aujourd’hui le CW 23, est plutôt un chemin très ancien. Il traverse tout le pays des Ath Bimun et va rejoindre en altitude le territoire des Ath Sliman.

    Un parcours de quelques trente kilomètres que les aïeuls des Ath Sliman se tapaient une fois par semaine pour se rendre au souk. Et le plus souvent à pied, au retour, lorsque les mulets étaient lourdement chargés de victuailles. Après quelque 8 Kms de cotes et de virages, Rabah Madi, notre guide, nous invite à refaire la halte des caravanes, « comme autrefois », au lieudit Tazemourth n’Raha. Nous comprenons pourquoi. Une source d’eau jouxte l’olivier. Plus loin, notre route débouche sur un plateau, el Hit ; qui aurait cru auparavant que dans thamourt idhourar, le pays des montagnes, le relief laisserait place à un si large palier ?

    Notre hôte croit savoir que le site aurait également fait partie des lieux proposés pour abriter le congrès de la Soummam. Rabah, qui a à son actif un dictionnaire de Tamazight, indiquera que cette zone n’a pas pour autant raté son rendez-vous avec l’histoire de la nation.

    D’après Laurent Charles Féraud, en 1848, déjà les généraux Salles, Caballo et le maréchal de Saint Arnaud s’en sont pris à trois pour venir, « après une lutte assez longue », à bout de la farouche résistance des archs Ath Bimun et Ath Slimane auxquels s’étaient joints les ath Ouadjhane et Barbacha. Et pour la guerre de libération, le seul arch de Kendirou compte 21 martyrs, tel qu’inscrit sur un monument commémoratif. Nous sommes subjugués par le tableau et le calme régnant. Seul le ronronnement des eaux qui filent sur le fond graniteux de l’oued, percé tantôt par le gazouillis d’une sarabande de volatiles, tantôt par un tapageur singe magot, vient mettre une note dans le grand silence des gorges de Assif n’Zerzoura. Le panorama est idyllique. Les montagnes des Ath Sliman sont majestueuses.

    L’appel de la terre


    Les nombreux incendies qui ont eu raison de plusieurs hectares d’oliviers, de caroubiers, de figuiers et de chênes lièges, ne sont pas arrivés pour autant à faire disparaître la végétation drue qui drape les hautes rives de l’oued. Cela grâce au microclimat particulièrement très hygroscopique du vallon ; la repousse est en cela rapide. De la pointe Tighremt, pontifiait dans son antre taillé dans un Affalou (caverne) l’aïeul et saint patron de toute la contrée, Allal ou Ali. Le ventre des gorges est en fait tailladé de nombreux Affalou. La légende fièrement entretenue ici raconte que la baraka du cheikh a terriblement frappé contre une cohorte ennemie ayant conspiré contre sa personne. El barhane, comme veut la légende. Il fit ainsi trembler les gorges à leur passage et ces derniers avaient cru trouvé refuge dans la grotte dite Affalou n’Bouyeghssane. Il leur en coûta malheur. Les 101 cavaliers conspirateurs périrent ensevelis, eux et leurs montures, dans l’effondrement des parois de la grotte.

    Aujourd’hui, les dénivellements du synclinal offrent des cascades d’où tombent de généreuses trombes d’eaux fraîches. Une aubaine que ne ratent pas les estivants qui n’ont pas ainsi besoin de faire le chemin inverse, la trentaine de kilomètres, pour aller faire piquette dans la grande bleue.

    Sous les chutes, on plongera et on fera quelques brassées dans les mares. La force du courant est telle que jadis, des moulins à auges prospéraient sur les rives. Le cours d’eau ombragé à souhait est un tout autre décor pour une toute autre exaltation. La luxuriance se prêterait parfaitement aux extérieurs pour les aventures de Indiana Jones.

    L’été, ce sont les grands retours. Ils arrivent de partout, à en juger par les plaques minéralogiques des véhicules. De l’algérois, de Béjaïa et beaucoup de France. La terre ne les avait pas nourri, mais son appel est fort. Comme quoi, le besoin de ressourcement l’emporte sur les désenchantements de l’enclavement. Et puis, on dérogera de temps à autre à « l’ermitage » en faisant un tour en ville ou vers les plages de Tichy et de Bakaro.

    Mer et montagne, comme pour convoquer le passé. Ne parle-t-on pas des ancêtres des Ath Slimane comme d’habiles charpentiers spécialisés dans la construction de péniches ? La contrée garde encore sa beauté sauvage. Aucune souillure. Pas de sacs en plastique virevoltant dans le ciel, à la place des oiseaux, pour paraphraser Azouz Begag. Allal Chabouni, pourtant un citadin pur et dur mais, hiver comme été, un inconditionnel de la terre de ces ancêtres, incinère tous ses détritus. Son logis est une agréable délectation pour le regard. Une fidèle relique de l’architecture et de l’ornement kabyle. Tout y est : akoufi (silo à grains), jarres, …

    On réserve la fin de la visite à un exposé sur les réserves archéologiques de la région, des cavernes et des gouffres, où, non initiés, on s’abstiendra de s’aventurer. Il faut préciser que Affalou n’Tqelaline, Affalou n’Bouyethbar et Affalou n’Bouyeghssane notamment, ont été explorés par des spéléologues algériens et étrangers. D’autres curiosités, conjuguées à la magnificence des paysages, peuvent constituer des atouts non négligeables pour placer la contrée dans les programmes de développement du tourisme de montagne. Peut-être bien qu’une Louziâa du douar, à Sidi Boubekeur, on exhaussera le vœu.

    Par El Watan
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