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A la découverte de Seddouk Oufella

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  • A la découverte de Seddouk Oufella

    Seddouk Oufella est un village mythique dont le nom a certainement été rencontré par beaucoup dans les manuels scolaires ou dans les livres et revues de presse consacrés à l’histoire de la Révolution d’Avril 1871 déclenchée par son enfant Cheikh Med Ameziane Belhaddad et menée par ses deux fils Aziz et M’hand.

    Géographiquement, il est situé au cœur de la Kabylie, plus exactement dans la haute vallée de la Soummam et relevant de la commune de Seddouk. En empruntant la RN 74 en allant vers Béni Maouche, juste après la sortie du village Tibouamouchine, on tombe nez à nez avec la Medersa que Belhaddad a fondé en 1850, laquelle est devenue après l’indépendance une école primaire qui porte toujours son nom. De là, on domine tout le village Seddouk Oufella, lequel est collé comme une ventouse au flanc ouest de la montagne d’Achtoug. En continuant sur cette route et à quelques kilomètres plus loin, une grande pancarte sous forme d’un arc sur laquelle est écrit “Village historique Seddouk Oufella”, oriente les visiteurs sur la destination à prendre pour se rendre à cette bourgade pétrie d’histoire. Nous prenons à droite comme indiquée, par une route étroite, serpentée mais bien entretenue que bordent des maisons pavillonnaires dans la quasi-totalité est assortie de jardins fleuris pullulant d’arbres fruitiers dont les senteurs odorantes qui s’y dégagent chatouillent les narines.

    A Taâssasste, la place du village…


    Un peu plus loin, une lignée de peupliers gigantesque aux feuilles vertes que sifflent, le vent ombragent la route, cassent les rayons de soleil et donnent un peu de fraîcheur aux passants qui ont encore le choix de s‘arrêter pour se désaltérer d’une eau limpide et minérale sortie de deux siphons à grand débit. Pour ceux qui ne la connaissent pas, cette fontaine millénaire qui existe depuis la nuit des temps s’appelle El Manfouka. Continuant notre chemin, nous débouchons sur le cimetière du village, un site mortuaire bien entretenu et doté d’une grande bâtisse appelée Lamsellah. A côté, une imposante bâtisse en construction au minaret géant ressemblant au donjon des châteaux alsaciens. Un gardien trouvé sur les lieux nous dira que c’est le mausolée devant abriter les ossements des deux cheikhs Belhaddad, lesquelles seront transférés du cimetière de Constantine. Nous avons appris de lui par ailleurs que des rumeurs folles circulent dans les environs, que son inauguration sera faite par le président de la République à l’occasion de la célébration d’une date historique qui n’est pas déterminée entre le 5 juillet, 20 août ou 1er-Novembre. A côté du mausolée, l’école primaire du village construite et opérationnelle depuis quelques années. Elle sert aussi de lieu de restauration et d’accueil des délégations qui se rendent en pèlerinage dans ce village. Au loin, apparaît l’ancien village se languissant au soleil de l’été, nonchalante, superbe. Une citadelle inexpugnable, si fiere, qui semble narguer les visiteurs en leur taisant son secret que seules ses maisons séculaires ressemblant à des gîtes ruraux semblent connaître. Arrivés à Taâssasste, la placette du village qui sert aussi de parking d’automobiles, toutes les ruelles qui mènent à l’intérieur sont piétonnières, étroites et

    Trois sites à visiter nous dira le guide anonyme qui s’est porté volontaire à nous les faire visiter. On a commencé par visiter Takhalouith, un lieu vénéré et adulé par les malades qui lui rendent visite pour demander la bénédiction du cheikh. Composée de deux chambres, l’une grande servant de lieu de détente ou d’hébergement et une petite chambre dont la porte est très étroite dont l’intérieur est dominée par une pénombre. C’est là que les malades implorent le Cheikh en allumant de bougies pour brûler de la cire et de l’encense. Puis, on s’est rendus un peu plus bas à la somptueuse maison du cheikh, rafistolée déjà durant les années 70 par des citoyens venant de partout et travaillant bénévolement. Un autre projet grandiose de restauration est en cours de réalisation, seuls des matériaux sophistiqués sont utilisés, cette fois-ci. De la terrasse de cette forteresse, car s’en était une, on domine d’une vue imprenable toute la haute vallée de la Soummam, particulièrement la plaine de Seddouk. Avançant dans notre périple, nous débouchons sur l’ancienne mosquée qui a donné les premiers jalons à l’érudit Cheikh Belhaddad. En effet, c’est dans cette mosquée fondée par son père, imam du village, qu’il a commencé ses études coraniques.

    Ici aussi les jeunes rêvent de partir


    Résistant aux effets du temps et aux aléas climatiques, elle tient encore le coup bien qu’elle ne soit devenue un musée pour les visiteurs. Mais Seddouk Oufella, outre son aspect historique et touristique, il a aussi ses revers, notamment la malvie qui frappe sa population, particulièrement les jeunes qui, par manque de perspective d’emploi et de loisirs, fuient vers l’Hexagone ou la capitale du pays à la recherche du bien-être inexistant dans leur patelin. En effet, pour le visiteur qui se rend pour la première fois, il sera fasciné par ce que la nature a façonné comme environnement sauvage de toute beauté faite de paysages enchanteurs et panoramas splendides et dira, sans gêne, que c’est un endroit édénique par excellence bon pour la détente, paradoxalement à celui qui a élu domicile et qui vous prouvera le contraire en vous parlant des affres quotidiens que vit la population de ce village qui est néanmoins le berceau de la chanson de par le nombre de chanteurs amateus qu’il a enfantés. A commencer par le chanteur Azerzour qui a fait fureur dans la région durant les années 80 connu pour cela pour sa célèbre chanson Throuh thaâzizth ounamzer. Cet illustre chanteur a fondé ensuite une chorale composée d’une dizaine de jeunes filles sortant un CD qui se vend comme des petits pains dont la principale chanson ayant les couleurs patriotiques n’est autre que Idhourar lekvayel dhina ilane wathmathniw. Enfin, après quelques années de retrait des estrades, il vient de mettre sur le marché un nouveau tube. Une pléiade de 5 artistes sur les traces d’Azerzour émergent parmi eux Nadir Belhaddad, un nom à retenir et qui fera parler de lui. Sur le plan économique, les habitants ne vivent que du travail de la terre et des pensions de retraite. En tout et pour tout, le village compte un seul commerce multiple qui commercialise tous produits, de la bouteille de gaz au sac de semoule en passant par les produits de la quincaillerie et autres. Un citoyen n’est pas allé par le dos de la cuillère pour extraire d’un chapelet d’insuffisances les manques que recèle leur village. “Nous voudrions quand même que les deux routes qui desservent le village soient aménagées de trottoirs et dotées d’éclairage public digne de ce nom”, dira ce citoyen qui aimerait que la bourgade soit dotée de toilettes publiques. “Il manque des infrastructures d’accueil pour les visiteurs. Pas de toilettes publiques, ni de café, autant de raisons qui font que les délégations s’empressent de partir aussitôt arrivés”, abonda notre interlocuteur qui a mis l’accent sur la seule piste agricole ouverte par l’APC qui n’a jamais servie.

    L’APC mise à l’index

    “Nous étions heureux quand les engins ont entamé l’ouverture d’une piste agricole qui désenclavera nos champs. Mais restant une vingtaine de mètres à réaliser pour la relier à la route du village, un citoyen s’est opposé fermement à son passage à travers sa parcelle de terre. Aujourd’hui, cette piste réalisée à coup de centaines de millions n’a jamais servie et par manque d’entretien, elle est totalement dégradée par les éboulements de terrain au point où même le passage à pied à certains endroits est risqué”, ajoute ce citoyen qui ne décolère pas devant la passivité des services agricoles et de l’APC qu’il juge n’avoir rien fait pour que cette piste soit reliée au village. Il attaque le volet le plus complexe, celui de la jeunesse. “La commune a bénéficié de neuf terrains de proximité et notre bourgade demeure sans doute le seul village qui n’a pas bénéficié d’une aire de jeux. Nos jeunes jouent sur une petite parcelle d’un privé, exiguë et dangereuse pour la pratique du football mais ils font avec. C’est à prendre ou à laisser d’ailleurs”, s’époumona-t-il en restant toujours dans le marasme des jeunes. “Aucun villageois ne possède l’Internet chez lui et aucun cybercafé n’existe pour l’épanouissement des jeunes. Les pauvres pour surfer doivent faire 10 kilomètres en allante au chef-lieu qui pullulent de cybers”, renchérit ce jeune qui a arrêté son réquisitoire en disant ceci : “Les manquent qui se conjuguent au présent pour les énumérer tous, il nous faut un journal et non seulement une page”.

    Les pouvoirs publics doivent comprendre que les villageois n’ont pas besoin seulement des manifestations folkloriques à l’occasion du 08/04 mais de dotations en infrastructures sociales, culturelles et économiques pouvant améliorer leurs conditions de vie. A ce titre, le gaz de ville, ils le voient avec les yeux de chimère surtout qu’une partie de Seddouk est dotée de ce précieux liquide qui apporte beaucoup de réconfort et se demandent pour cela si les autorités locales ont songé à leur bourgade qui fait partie d’une communauté regroupant 4 villages ayant comme densité en population 5 000 habitants environs. Seddouk Oufella restera cette bourgade enclavée habitée par des gens pour la plupart pauvres dont les conditions de vie sont extrêmement difficiles avant qu’elles ne soient aggravées par la nature, notamment en hiver et à l’occasion des chutes de neige qui obstruent les routes, ce qui oblige les résidents à se cloîtrer chez eux.

    Par la Dépêche de Kabylie
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