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Réforme bancaire en Algérie : Une urgence

lundi 30 août 2004, par Hassiba

Cette mutation, qui doit absolument se concrétiser, à la veille de grands bouleversements (transition économique, ouvertures d’es marchés, accord d’association avec l’union européenne, négociations pour l’accession de l’Algérie à l’OMC, adhésion à la zone arabe de libre échange, UMA, etc), ne peut que confirmer, aux yeux de tous, que le passage d’une économie dirigiste à une économie de marché est une réalité qui se traduit, justement sur le terrain économique, par un train de réformes dont celle du secteur bancaire.

Alors que depuis maintenant deux décennies les lacunes, les dysfonctionnement et les insuffisances de ce système sont diagnostiqués, recensés et analysés, il semble urgent que les pouvoirs publics, mais aussi les décideurs financiers (principalement le ministère des finances, la Banque d’Algérie et les banques elles mêmes), ne se contentent pas d’élaborer textes, lois et règlements et autres dispositifs s’il n’y a pas d’application sur le terrain.

Un rôle majeur dans l’appui et la relance économique
Des bases plus modernes et plus professionnelles sont d’ores et déjà édictées et mises en place, se traduisant notamment par une ouverture du secteur au privé national et étranger, un nouveau cadre réglementaire et juridique facilitant l’installation d’établissements financiers en Algérie, l’émergence d’établissements spécialisés dans le leasing, le refinancement hypothécaire, le capital risque, l’assurance à l’exportation, les crédits domestiques... mais aussi donnant l’aptitude aux banques de mettre en place de nouveaux produits et de nouvelles prestations demandés par un marché en rapide évolution.

Avec près d’une cinquantaine de banques nationales (publiques et privées), mixtes, étrangères et de sociétés d’assurance, le nouveau paysage financier algérien semble avoir amorcé une mue sinon opéré des réajustements qui devraient lui permettre de jouer, à court terme, un rôle majeur dans l’appui et la relance économique, la promotion et le développement des entreprises de production tous secteurs confondus, seules et véritables créatrices de richesses et d’emplois.
Ces changements s’accompagnent de la mise en place de plusieurs organismes, institutions et structures de soutien et de faciltation du travail des banques, à commencer par des établissements spécialisés (CAGEX, SOFINANCE, Bourse d’Alger... ), l’assainissement des portefeuilles des banques publiques, l’agrément de conformité accordé à la majorité d’entre elles les rendant conformes aux normes professionnelles en vigueur de par le monde, leur recapitalisation confortant leur solvabilité et bien d’autres actions entreprises par le Trésor ou le Conseil de la monnaie et du crédit (CMC-organe de la Banque d’Algérie), les préparant à mieux affronter la concurrence des banques privées et à répondre aux exigences du nouveau marché.

Des normes
et des standards imposés
par l’économie de marché

Ces différentes opérations se traduisent notamment par la mise en conformité avec les règles prudentielles observées par toute banque et laissant augurer plus de visibilité, de transparence et de cohérence dans la relation banques-Trésor, banques-entreprises et banques-pouvoirs publics.
L’assainissement-recapitalisation, signifiant bonne santé financière, professionnalisme avéré et valorisation de la signature des établissements bancaires algériens, doit être un signal en direction des partenaires étrangers de l’Algérie et des investisseurs potentiels.
Outre les grands réaménagements introduits dans le secteur par les pouvoirs publics, les établissements bancaires eux-mêmes se sont lancés dans l’application d’un programme de mesures avec pour finalité de mieux les professionnaliser et de leur faire jouer le rôle de levier de la relance économique.

Cette ambition manifeste des banques algériennes de consolider leur rôle de partenaire dans la croissance économique, s’accompagne de bouleversements « intra-muros » de certaines d’entre elles, comme la BADR, qui ont mis en place des plans de développement alliant modernisation des équipements et des infrastructures, élargissement et diversification de leurs prestations et gammes de produits, baisse de leurs taux d’intérêt (loyer de l’argent), gestion plus professionnelle tant au plan managérial que technique (large recours aux nouvelles technologies de l’information et de la communication), formation des personnels, contrats de performance et obligation d’efficacité... autant de normes, standards et règles qu’impose l’économie de marché.
Les changements opérés par la communauté bancaire algérienne, ces dernières années, ont porté sur la baisse de leurs taux visant à contribuer à un financement bancaire non inflationniste des activités productives, notamment en ce qui concerne le secteur des PME/PMI ou celui de l’habitat.

Ces mesures, de l’avis de nombreux industriels, constituent un signal probant en direction de la sphère économique, notamment industrielle, des services et commerciale, qui restent les acteurs principaux du changement, de la relance économique, de la croissance significative et de la mobilisation de l’investissement productif. Les secteurs productifs ont en effet souvent vu leurs résultats dépendre de leurs capacités à mobiliser des financements bancaires à des coûts rentables.
S’assurer une plus grande collecte de l’épargne nationale
Si les experts financiers saluent ces premiers pas dans la mise en branle de la réforme bancaire - annoncée depuis des lustres mais tardant vraiment à se mettre en place pour diverses raisons - les opérateurs économiques ne cessent de juger « obsolète » le système bancaire algérien, parce que ne répondant pas à leurs besoins : loyer de l’argent élevé, politique du crédit insaisissable, lourdeurs bureaucratiques de toutes sortes, corruption, pouvoir d’achat et politique des salaires ne favorisant pas la relance par la consommation, etc.

Toutefois, et avec la mise en place de certains crédits à la consommation (achat de voiture, électroménager, immobilier, banque du pauvre, crédits spécifiques (pêche, transport, santé, agriculture, PMEIPMI, micro-entreprises, jeunes ... ), les banques n’ont pas manqué d’introduire un certain climat d’émulation les poussant désormais à faire preuve de plus d’audace et d’initiatives pour attirer la clientèle, capter son épargne et l’intéresser à ses produits, services et prestations avec en clé plus d’efficacité et des coûts moindres.

Dans ce nouveau climat, les candidats à l’investissemant devront rapidement pouvoir trouver auprès de leurs banquiers une plus grande écoute. Les clients trouveront aïnsî leur compte avec des établissements qui savent jouer la concurrence, mettre en avant les critères de professionnalisme et de rentabilité et prendre des risques pour non seulement accompagner et soutenir l’investissement et la croissance maïs également s’assurer une plus grande collecte de l’épargne, nationale devant constituer la première ressource de financement du développement .

D’autres mesures sont annoncées. ou en cours de formalisation, à savoir la création de nouveaux établissements spécialisés, le jumelage de banques algériennes avec de grandes banques étrangères, l’introduction d’outils modernes de paiement, le lancement de nouveaux organismes d’appui aux activités bancaires, la modernisation des guichets, le développement d’un réseau de télécommunications propres aux banques, etc... Il reste que ce programme de mise à niveau et de développement rendu obligatoire et urgent pour que nos banques puissent travailler aux normes requises par les exigences de l’économie de marché, de l’OMC et de IUE, nécessite au moins trois ans d’efforts soutenus, à la condition expresse que les pouvoirs publics définissent une politique cohérente en la matière et tracent une stratégie claire, définie dans le temps et avec des objectifs mesurables. Il faut que les banques algériennes ne constituent plus des obstacles au développement de l’économie. La question qui reste posée est de savoir, si une telle volonté existe chez les pouvoirs publics et si les banquiers peuvent, et veulent soutenir cet effort.

C’est aussi une affaire d’assainissement de l’ensemble des paramètres et secteurs liés au développement des entreprises (l’environnement de l’entreprise)... Ce qui n’est pas une mince affaire.

ParAmine K. in Badr Infos