Le nouveau visage terroriste du Polisario
Selon un rapport européen, 400 à 500 de vétérans de l’Afghanistan se sont venus s’installés au Sahel, où ils entraînent les miltants du Polisario.
Les connexions entre le Polisario et Al Qaïda ne font plus aucun doute. Le rapport de l’European Strategic Intelligence & Security Center (ESISC), dirigé par Claude Moniquet, déposé le 7 octobre 2008 à l’ONU à New York, les confirme. Le mouvement des séparatistes connaît une dérive islamiste radicale de plus en plus inquiétante. Pour cette institution d’observation et d’analyse de terrorisme internationale, le développement de l’idéologie salafiste dans la région, symbolisé par Al-Qaïda au Maghreb islamique et l’usure de plus trente années d’une lutte vaine ont facilité le rapprochement de la plus jeune frange du Polisario vers des mouvances radicales. Un constat déjà révélé par des experts internationaux. Aymeric Chauprade en fait partie. Ce professeur de géopolitique à la Sorbonne et directeur des études à l’Ecole de Guerre de Paris a exposé, en mars 2004 à Genève devant la 60ème session de la Commission des Droits de l’homme, une vision préoccupante sur l’évolution du Front de Mohamed Abdelaziz.
Selon lui, le Polisario, qui avait adopté le marxisme-léninisme comme idéologie transnationale, change de référentiel idéologique et opte pour l’islamisme radical. Un raisonnement auquel adhère Hametti Rabani, un des anciens dirigeants du mouvement. D’après le rapport de l’ESISC, il a déclaré, en 2005, que les jeunes du Polisario se retrouvent sans idoles et sans repères. Pour ne pas désespérer, ils se tournent vers la religion, vers Dieu. Selon Mustapha Bouih Barazani, expert dans les questions du Maghreb, le rapprochement entre les mouvements radicaux et les jeunes du Polisario ne date pas d’hier. Cela remontrait aux années 80.
Entraînement
Cité par le rapport de l’ESISC, cet ex-membre du Bureau Politique du Polisario rapporte que, dans la fin des années 80, des jeunes des camps de Tindouf sont partis poursuivre leurs études dans les universités d’Alger ou d’autres villes du nord de l’Algérie. Là-bas, ils ont fréquenté des membres du Front Islamique du Salut (FIS) qui tenaient le haut du pavé dans les Facultés à cette époque et sont revenus aux camps animés par l’idéologie islamiste. Il semblerait que ce rapprochement n’est pas resté juste théorique. En 1994, les services de sécurité algériens ont saisi chez des militants du Groupe Islamique Armé des armes fournies par l’armée algérienne au Polisario.
Le GIA n’est pas le seul groupe terroriste ayant trouvé du soutien auprès des séparatistes, le GSPC algérien aussi. Le 4 juin 2005, des véhicules du Polisario ont participé à l’attaque contre la caserne militaire mauritanienne de Lamghiti par des membres du GSPC qui a fait quinze morts. Les prémices d’une prochaine collaboration avec la nébuleuse Al Qaïda. De sources officielles, les quelque 10.000 combattants du Polisario, démobilisés depuis le cessez-le-feu instauré en 1991, jouent un rôle dans les camps d’entraînement d’Al Qaïda au Sahel. Quelques-uns d’entre eux ont été recrutés comme instructeurs moyennant des sommes d’argent conséquentes. Ils forment les futurs terroristes au maniement des armes, à la guérilla urbaine et à la fabrication d’explosifs comme ils ont appris, dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix dans les camps d’entraînement à Cuba et en Angola.
Aymeric Chauprade n’exclut pas que dans les années à venir, si le problème du Sahara n’est pas réglé, le Polisario se transforme complètement en mouvement islamiste radical rattaché à Al Qaïda.
La volonté de déstabiliser le Maroc est commune à Al Qaïda et au Polisario. Les deux groupes ont également fait de la Mauritanie une de leurs principales cibles dans la région et une base logistique d’autant plus importante que le pays est l’une des portes de l’Afrique subsaharienne. L’arrestation en décembre 2003 de Baba Ould Mohamed Bakhili est venue étayer ce postulat. Ce membre actif du Polisario a été appréhendé en train de voler de grandes quantités d’explosifs dans les dépôts de la Société nationale mauritanienne de l’industrie minière.
Affaiblissement
Pour les experts, ce n’est pas ce genre de matériel qui est utilisé par la guérilla ou par les forces militaires classiques. Cela sert plutôt à fabriquer des bombes pour un autre usage: des attentats terroristes. Le Polisario avait-il, donc, l’intention de passer à l’acte ou cherchait-il à vendre ces produits volés à des groupes radicaux islamistes présents dans les régions frontalières poreuses du Grand Sahara?
Une chose est sûre. Le Polisario est devenu, selon le rapport de l’ESISC, un des principaux bassins de recrutement de l’AQMI. En juillet 2008, le quotidien algérien El Khabar a rapporté que certains membres du Polisario se trouveraient dans les camps d’entraînement de l’AQMI proches de la frontière avec le Mali. La démobilisation et l’imprégnation par l’idéologie salafiste d’une partie des troupes du Polisario constituent une aubaine pour une organisation comme l’AQMI qui a un important besoin de recruter de nouveaux combattants en raison de nombreuses arrestations qui l’affaiblissent et du phénomène d’attrition dû à la mort en opération.
Les observateurs n’écartent pas l’éventualité de voir, demain, le Polisario se proclamer comme un groupe terroriste de matrice islamiste. Et là, il s’inventera une cause beaucoup plus transnationale. Ce n’est pas juste la région du Maghreb qui sera menacée... Le monde est ainsi prévenu.
Selon un rapport européen, 400 à 500 de vétérans de l’Afghanistan se sont venus s’installés au Sahel, où ils entraînent les miltants du Polisario.
Les connexions entre le Polisario et Al Qaïda ne font plus aucun doute. Le rapport de l’European Strategic Intelligence & Security Center (ESISC), dirigé par Claude Moniquet, déposé le 7 octobre 2008 à l’ONU à New York, les confirme. Le mouvement des séparatistes connaît une dérive islamiste radicale de plus en plus inquiétante. Pour cette institution d’observation et d’analyse de terrorisme internationale, le développement de l’idéologie salafiste dans la région, symbolisé par Al-Qaïda au Maghreb islamique et l’usure de plus trente années d’une lutte vaine ont facilité le rapprochement de la plus jeune frange du Polisario vers des mouvances radicales. Un constat déjà révélé par des experts internationaux. Aymeric Chauprade en fait partie. Ce professeur de géopolitique à la Sorbonne et directeur des études à l’Ecole de Guerre de Paris a exposé, en mars 2004 à Genève devant la 60ème session de la Commission des Droits de l’homme, une vision préoccupante sur l’évolution du Front de Mohamed Abdelaziz.
Selon lui, le Polisario, qui avait adopté le marxisme-léninisme comme idéologie transnationale, change de référentiel idéologique et opte pour l’islamisme radical. Un raisonnement auquel adhère Hametti Rabani, un des anciens dirigeants du mouvement. D’après le rapport de l’ESISC, il a déclaré, en 2005, que les jeunes du Polisario se retrouvent sans idoles et sans repères. Pour ne pas désespérer, ils se tournent vers la religion, vers Dieu. Selon Mustapha Bouih Barazani, expert dans les questions du Maghreb, le rapprochement entre les mouvements radicaux et les jeunes du Polisario ne date pas d’hier. Cela remontrait aux années 80.
Entraînement
Cité par le rapport de l’ESISC, cet ex-membre du Bureau Politique du Polisario rapporte que, dans la fin des années 80, des jeunes des camps de Tindouf sont partis poursuivre leurs études dans les universités d’Alger ou d’autres villes du nord de l’Algérie. Là-bas, ils ont fréquenté des membres du Front Islamique du Salut (FIS) qui tenaient le haut du pavé dans les Facultés à cette époque et sont revenus aux camps animés par l’idéologie islamiste. Il semblerait que ce rapprochement n’est pas resté juste théorique. En 1994, les services de sécurité algériens ont saisi chez des militants du Groupe Islamique Armé des armes fournies par l’armée algérienne au Polisario.
Le GIA n’est pas le seul groupe terroriste ayant trouvé du soutien auprès des séparatistes, le GSPC algérien aussi. Le 4 juin 2005, des véhicules du Polisario ont participé à l’attaque contre la caserne militaire mauritanienne de Lamghiti par des membres du GSPC qui a fait quinze morts. Les prémices d’une prochaine collaboration avec la nébuleuse Al Qaïda. De sources officielles, les quelque 10.000 combattants du Polisario, démobilisés depuis le cessez-le-feu instauré en 1991, jouent un rôle dans les camps d’entraînement d’Al Qaïda au Sahel. Quelques-uns d’entre eux ont été recrutés comme instructeurs moyennant des sommes d’argent conséquentes. Ils forment les futurs terroristes au maniement des armes, à la guérilla urbaine et à la fabrication d’explosifs comme ils ont appris, dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix dans les camps d’entraînement à Cuba et en Angola.
Aymeric Chauprade n’exclut pas que dans les années à venir, si le problème du Sahara n’est pas réglé, le Polisario se transforme complètement en mouvement islamiste radical rattaché à Al Qaïda.
La volonté de déstabiliser le Maroc est commune à Al Qaïda et au Polisario. Les deux groupes ont également fait de la Mauritanie une de leurs principales cibles dans la région et une base logistique d’autant plus importante que le pays est l’une des portes de l’Afrique subsaharienne. L’arrestation en décembre 2003 de Baba Ould Mohamed Bakhili est venue étayer ce postulat. Ce membre actif du Polisario a été appréhendé en train de voler de grandes quantités d’explosifs dans les dépôts de la Société nationale mauritanienne de l’industrie minière.
Affaiblissement
Pour les experts, ce n’est pas ce genre de matériel qui est utilisé par la guérilla ou par les forces militaires classiques. Cela sert plutôt à fabriquer des bombes pour un autre usage: des attentats terroristes. Le Polisario avait-il, donc, l’intention de passer à l’acte ou cherchait-il à vendre ces produits volés à des groupes radicaux islamistes présents dans les régions frontalières poreuses du Grand Sahara?
Une chose est sûre. Le Polisario est devenu, selon le rapport de l’ESISC, un des principaux bassins de recrutement de l’AQMI. En juillet 2008, le quotidien algérien El Khabar a rapporté que certains membres du Polisario se trouveraient dans les camps d’entraînement de l’AQMI proches de la frontière avec le Mali. La démobilisation et l’imprégnation par l’idéologie salafiste d’une partie des troupes du Polisario constituent une aubaine pour une organisation comme l’AQMI qui a un important besoin de recruter de nouveaux combattants en raison de nombreuses arrestations qui l’affaiblissent et du phénomène d’attrition dû à la mort en opération.
Les observateurs n’écartent pas l’éventualité de voir, demain, le Polisario se proclamer comme un groupe terroriste de matrice islamiste. Et là, il s’inventera une cause beaucoup plus transnationale. Ce n’est pas juste la région du Maghreb qui sera menacée... Le monde est ainsi prévenu.
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