«Après les collèges et les lycées, les psychotropes continuent d'envahir nos établissements scolaires en s'attaquant maintenant aux écoles primaires.
Ils sont vendus à l'intérieur des classes», s'indigne Abdelmajid Kadiri, président de l'association «Al Azhar». «Les coupables sont des vendeurs ambulants à la sortie des écoles, certaines épiceries et des vendeurs de pépites… Ce sont de véritables gangs organisés. Si rien n'est fait, dans quelques années, c'est toute une génération qui va être sacrifiée», ajoute-t-il. «Trop c'est trop. Jusqu'à quand l'on va continuer de fermer les yeux sur ce drame», s'insurge A. Kadiri. Et le mot «drame» ne suffit pas pour exprimer toute l'horreur que vit actuellement une partie de nos jeunes, voire de nos enfants. Car «des criminels, des destructeurs de vies et de familles», comme les nomme Kadiri, n'hésitent désormais plus à vendre leurs poisons dissimulés dans des emballages de gâteaux ou autres biscuits anodins.
Autres secrets abjects de fabrication de ces ''bombes neurologiques'', les dealers mélangent à présent le fameux «karkoubi» à des ''cafards'' (censés potentialiser les effets euphorisants) et à des «gouttes pour mongoliens» (terme vulgarisé d'un médicament prescrit pour la trisomie 21). Côté victimes, ce sont toujours les «mêmes qui trinquent», explique le président de l'association Al Azhar: ''Les marginalisés, les exclus et les plus démunis''. En effet, les enquêtes menées à ce sujet démontrent que les enfants et les jeunes les plus vulnérables sont ceux qui «traînent dans les rues». Entre un père souvent absent, exténué par des journées harassantes de travail, et une mère impuissante, qui se retrouve rapidement dépassée par l'attitude désinvolte de ses enfants, ce schéma social idéal pour les dealers offre un vivier, hélas, inépuisable. Pour faire face à ce phénomène qui se développe jour après jour, trois associations «Addel Al Warif», «L'Heure Joyeuse» et «Al Azhar», se sont mobilisées et organisent, jusqu'à fin mars «Mat ghammdouch ouyounkoum ala wlidatkoum» : une campagne de lutte contre ce phénomène. Les organisateurs visiteront les établissements scolaires
pour sensibiliser les élèves aux effets néfastes des psychotropes. Des tournées pour sensibiliser les parents dans leurs foyers et des visites aux prisons dont ''Oukacha'' sont également au programme. Des exposés seront donnés dans divers endroits sous le thème «Drogues, crimes et terrorisme».
Le lancement de cette campagne a eu lieu récemment au lycée Chawki à Casablanca. «Non au Karkoubi», «Karboubi va-t-en, notre pays ne t'appartient pas», étaient les slogans que clamaient les élèves. L'on pouvait également lire, sur des pancartes: «Non aux psychotropes, stoppons ces criminels vendeurs de poisons, ensemble pour le sport et la culture pour servir notre pays».
Selon M. Kadiri, le prix d'un psychotrope se situait il y a trois ans entre 10 et 14 DH. Aujourd'hui ce prix varie entre 50 et 70 DH. «C'est une bonne nouvelle!», affirme-t-il d'un air soulagé, car dit-il, cela va dissuader les moins riches de s'adonner à ce poison destructeur. Mais l'augmentation des prix suffira-t-elle à stopper la consommation de ce poison? Vraisemblablement pas, car cela peut même conduire à plus de férocité de la part des personnes en manque. Et à propos de férocité, rappelons que des études ont même prouvé l'existence de lien entre psychotropes et terrorisme. En effet, certaines drogues, dont les psychotropes, conduiraient à des comportements de destruction et d'autodestruction. Mais d'où proviennent ces drogues ?
«Le gros de l'approvisionnement vient de la contrebande via l'Algérie», indique M. El Assi, président de l'association «Addel Al Warif». «Une partie du Karkoubi est acheminée vers la frontière pour être écoulée à Oujda (Souk El Fellah)», ajoute ce membre associatif.
«Nous n'avons ni la prétention de jouer au super shérif dans les cours de lycées ni de remplacer le rôle des autorités dans les quartiers déshérités», affirme M.Kadiri, qui essaye de garder la tête froide. «Nous voulons juste alarmer les parents et leur dire que leurs enfants ''sont livrés en pâture, comme l'est l'agneau aux loups''». Le loup est dans la bergerie, ça on le savait depuis longtemps, mais au point de s'attaquer lâchement à des enfants sans défense, un autre cap de la monstruosité a été désormais franchi. «Nous menons cette action de manière complètement désintéressée sur le plan matériel, bien que naturellement, nous ayons besoin de moyens. Ces enfants pris dans des filets de monstres peuvent être les miens, les vôtres… !», ajoute M. Kadiri, ému.
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Effets irréversibles
Cocaïne, ecstasy, tabac, alcool, héroïne, médicaments psychoactifs... Tous les produits qui peuvent déclencher une dépendance chez l'Homme ont en commun une propriété: ils augmentent la quantité de la dopamine (l'une des nombreuses substances chimiques qui servent de neurotransmetteurs dans le cerveau) disponible dans une zone du cerveau, qu'on appelle le «circuit de récompense». Une substance psychoactive, dont la structure moléculaire ressemble à celle d'une substance produite naturellement par l'organisme, peut se fixer à la place de celle-ci sur les récepteurs spécifiques. Les substances psychoactives à risque de dépendance agissent sur un circuit du cerveau dont la fonction est de favoriser les fonctions vitales (système de récompense). Il est impliqué dans la récompense (plaisir cérébral) des comportements liés à la nutrition et à la reproduction de l'espèce. Il participe ainsi à la satisfaction de vivre. Les substances psychoactives sollicitent anormalement ce circuit naturel et engendrent à terme la possibilité de son déséquilibre permanent.
LeMatin
Ils sont vendus à l'intérieur des classes», s'indigne Abdelmajid Kadiri, président de l'association «Al Azhar». «Les coupables sont des vendeurs ambulants à la sortie des écoles, certaines épiceries et des vendeurs de pépites… Ce sont de véritables gangs organisés. Si rien n'est fait, dans quelques années, c'est toute une génération qui va être sacrifiée», ajoute-t-il. «Trop c'est trop. Jusqu'à quand l'on va continuer de fermer les yeux sur ce drame», s'insurge A. Kadiri. Et le mot «drame» ne suffit pas pour exprimer toute l'horreur que vit actuellement une partie de nos jeunes, voire de nos enfants. Car «des criminels, des destructeurs de vies et de familles», comme les nomme Kadiri, n'hésitent désormais plus à vendre leurs poisons dissimulés dans des emballages de gâteaux ou autres biscuits anodins.
Autres secrets abjects de fabrication de ces ''bombes neurologiques'', les dealers mélangent à présent le fameux «karkoubi» à des ''cafards'' (censés potentialiser les effets euphorisants) et à des «gouttes pour mongoliens» (terme vulgarisé d'un médicament prescrit pour la trisomie 21). Côté victimes, ce sont toujours les «mêmes qui trinquent», explique le président de l'association Al Azhar: ''Les marginalisés, les exclus et les plus démunis''. En effet, les enquêtes menées à ce sujet démontrent que les enfants et les jeunes les plus vulnérables sont ceux qui «traînent dans les rues». Entre un père souvent absent, exténué par des journées harassantes de travail, et une mère impuissante, qui se retrouve rapidement dépassée par l'attitude désinvolte de ses enfants, ce schéma social idéal pour les dealers offre un vivier, hélas, inépuisable. Pour faire face à ce phénomène qui se développe jour après jour, trois associations «Addel Al Warif», «L'Heure Joyeuse» et «Al Azhar», se sont mobilisées et organisent, jusqu'à fin mars «Mat ghammdouch ouyounkoum ala wlidatkoum» : une campagne de lutte contre ce phénomène. Les organisateurs visiteront les établissements scolaires
pour sensibiliser les élèves aux effets néfastes des psychotropes. Des tournées pour sensibiliser les parents dans leurs foyers et des visites aux prisons dont ''Oukacha'' sont également au programme. Des exposés seront donnés dans divers endroits sous le thème «Drogues, crimes et terrorisme».
Le lancement de cette campagne a eu lieu récemment au lycée Chawki à Casablanca. «Non au Karkoubi», «Karboubi va-t-en, notre pays ne t'appartient pas», étaient les slogans que clamaient les élèves. L'on pouvait également lire, sur des pancartes: «Non aux psychotropes, stoppons ces criminels vendeurs de poisons, ensemble pour le sport et la culture pour servir notre pays».
Selon M. Kadiri, le prix d'un psychotrope se situait il y a trois ans entre 10 et 14 DH. Aujourd'hui ce prix varie entre 50 et 70 DH. «C'est une bonne nouvelle!», affirme-t-il d'un air soulagé, car dit-il, cela va dissuader les moins riches de s'adonner à ce poison destructeur. Mais l'augmentation des prix suffira-t-elle à stopper la consommation de ce poison? Vraisemblablement pas, car cela peut même conduire à plus de férocité de la part des personnes en manque. Et à propos de férocité, rappelons que des études ont même prouvé l'existence de lien entre psychotropes et terrorisme. En effet, certaines drogues, dont les psychotropes, conduiraient à des comportements de destruction et d'autodestruction. Mais d'où proviennent ces drogues ?
«Le gros de l'approvisionnement vient de la contrebande via l'Algérie», indique M. El Assi, président de l'association «Addel Al Warif». «Une partie du Karkoubi est acheminée vers la frontière pour être écoulée à Oujda (Souk El Fellah)», ajoute ce membre associatif.
«Nous n'avons ni la prétention de jouer au super shérif dans les cours de lycées ni de remplacer le rôle des autorités dans les quartiers déshérités», affirme M.Kadiri, qui essaye de garder la tête froide. «Nous voulons juste alarmer les parents et leur dire que leurs enfants ''sont livrés en pâture, comme l'est l'agneau aux loups''». Le loup est dans la bergerie, ça on le savait depuis longtemps, mais au point de s'attaquer lâchement à des enfants sans défense, un autre cap de la monstruosité a été désormais franchi. «Nous menons cette action de manière complètement désintéressée sur le plan matériel, bien que naturellement, nous ayons besoin de moyens. Ces enfants pris dans des filets de monstres peuvent être les miens, les vôtres… !», ajoute M. Kadiri, ému.
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Effets irréversibles
Cocaïne, ecstasy, tabac, alcool, héroïne, médicaments psychoactifs... Tous les produits qui peuvent déclencher une dépendance chez l'Homme ont en commun une propriété: ils augmentent la quantité de la dopamine (l'une des nombreuses substances chimiques qui servent de neurotransmetteurs dans le cerveau) disponible dans une zone du cerveau, qu'on appelle le «circuit de récompense». Une substance psychoactive, dont la structure moléculaire ressemble à celle d'une substance produite naturellement par l'organisme, peut se fixer à la place de celle-ci sur les récepteurs spécifiques. Les substances psychoactives à risque de dépendance agissent sur un circuit du cerveau dont la fonction est de favoriser les fonctions vitales (système de récompense). Il est impliqué dans la récompense (plaisir cérébral) des comportements liés à la nutrition et à la reproduction de l'espèce. Il participe ainsi à la satisfaction de vivre. Les substances psychoactives sollicitent anormalement ce circuit naturel et engendrent à terme la possibilité de son déséquilibre permanent.
LeMatin
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