Le désarroi de Rabat
par Kharroubi Habib
par Kharroubi Habib
Lors de sa dernière tournée dans les pays du Maghreb dans le cadre de la préparation d'une réunion informelle entre les deux parties en conflit, l'émissaire des Nations unies pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, a affiché un certain optimisme en estimant que la recherche d'une solution au conflit du Sahara Occidental était sur le bon chemin. L'on a cru fondé l'optimisme de l'émissaire onusien et donc possible la réunion informelle à la préparation de laquelle il a travaillé.
Mais la récente déclaration sur le sujet du ministre marocain des Affaires étrangères a eu pour effet de rappeler que les autorités du Royaume campent sur la position, inacceptable pour le Polisario, consistant à imposer leur «plan d'autonomie» comme base aux négociations à reprendre entre les deux parties. Il ne fait aucun doute que la «sortie» du chef de la diplomatie du Makhzen est susceptible de torpiller la fragile avancée que Christopher Ross a cru avoir réalisé au cours de sa tournée et lui a fait envisager la possibilité d'une prochaine réunion informelle entre les deux belligérants.
La réaction du Polisario à la déclaration de Fassi Fihri est en tout cas une fin de non-recevoir catégorique à la démarche marocaine. Ce qui veut dire que si le Maroc persiste à vouloir l'imposer, il en sera fini de la tentative faite par Christopher Ross de ramener les deux parties à la table de négociation.
Après la «sortie» du ministre marocain et le rejet de son contenu par le Polisario, la balle est plus que jamais dans le camp onusien. Il appartient en effet à l'ONU et à son Conseil de sécurité de faire comprendre au Makhzen que son projet «d'autonomie» est définitivement enterré et que c'est diversion inacceptable qu'il veuille le remettre sur le tapis.
L'un des négociateurs du Polisario, M'hamed Khedad, a qualifié à juste titre la déclaration du ministre marocain des Affaires étrangères «de diversion qui cache mal l'embarras et l'amertume dans lesquels le Maroc se trouve». Embarras et amertume provoqués par d'abord le refus du Conseil de sécurité d'avaliser l'approche de «l'autonomie» en tant que solution au conflit du Sahara Occidental, et surtout par l'appui de l'Espagne récemment réitéré, puis du président Barack Obama à l'approche de l'envoyé spécial de l'ONU, qui est que la reprise des négociations entre le Maroc et le Polisario doive s'engager sans préalable de part et d'autre et la reconnaissance du droit du peuple sahraoui à s'exprimer par le biais d'un référendum d'autodétermination.
Il est clair que confronté à l'effritement du soutien international à son projet «d'autonomie», le gouvernement marocain joue la carte du «pourrissement» en tablant sur la lassitude de la communauté internationale, laquelle, espère-t-il, finira par accepter celui-ci en tant que solution au conflit du Sahara Occidental.
C'est là pratiquer la «fuite en avant» à laquelle les Sahraouis refuseront de se résigner, comme cela a été signifié lors du dernier congrès du Front Polisario, au cours duquel l'opinion du retour à la lutte armée a été envisagé en tant que réponse à l'entêtement marocain à rester campé sur son fumeux projet «d'autonomie».
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