Du regard persistant aux sifflements en tout genre en passant par le cri bestial, certains hommes semblent décidément incapables de réprimer leurs pulsions animales à la vue d'une femme. Un nouveau groupe de féministes a décidé d'en finir avec cette habitude. Une information relayée par BBC News.
Flashback. Vicky Simister se balade un soir dans les rues du sud de Londres. Une voiture ralentit pour la suivre lentement: "l'abordage" subtil et habituel... Elle fait mine de ne pas y prêter attention mais le ton s'envenime et les insultes fusent. A bout, Vicky balance un coup de pied dans la porte et tente de s'éclipser par la bouche de métro la plus proche. Trop tard. Enragé par l'éraflure méritée désormais visible sur son bolide, l'automobiliste s'élance à sa poursuite. Plaquée violemment au mur, la jeune fille s'en sort finalement avec une grosse frayeur mais ces représailles lui laisse un arrière-goût amer: la saveur de l'affront et de l'impunité.
Peu de temps après les faits, elle décide de monter une association pour lutter contre le harcèlement: Anti-Street Harassment UK voit le jour. Le but? Soigner le problème à la racine en mettant fin au harcèlement urbain toléré de notre société: ces remarques déplacées, cette filature méprisable, bref cette éternelle attitude machiste d'un autre âge dont les femmes sont victimes depuis la nuit des temps.
Cette nouvelle initiative vient s'ajouter à une longue série d'organisations militantes désireuses de sensibiliser l'opinion publique aux violences quotidiennes de notre société. Anti-Street Harassment UK et Hollaback unissent leurs forces pour mettre à disposition des victimes un espace d'expression, pour reconstruire une cartographie des événements ou, éventuellement partager des clichés de leur agresseur.
Tout le monde, ou presque, admettra que l'atteinte à l'intégrité physique constitue un délit punissable mais que dire de ce harcèlement quotidien, celui qui se camouffle derrière l'image civilisée de la séduction? Chaque jour, des millions de femmes à travers le monde subissent l'expression d'une vague primitive sur la voie publique. Si certaines ne s'en plaignent pas, d'autres en souffrent et pour ces organisations, ces agissements font le lit de la banalisation d'un phénomène. Il est, évidemment, plus complexe de déterminer le profil de ces courtisans nocturnes. Certains ne vont pas bien loin, d'autres semblent habités d'un besoin plus inquiétant.
Les manifestations du phénomène diffèrent d'un pays à l'autre. Dans les pays anglo-saxons, l'intérêt se limite souvent à quelques sifflets. En Inde, on évoque timidement l'existence d'un harcèlement "visuel" mais au Japon, les attouchements sont monnaie courante, dans les transports publics notamment, où la promiscuité des usagers sert, malheureusement, les besoins du pervers.
On a légitiment le droit de se demander pourquoi la voie publique demeure le théâtre de ces agissements. Selon Kathrin Zippel, sociologue de la Northeastern University (R-U), cette attitude symbolise l'affirmation de la masculinité. Perpétuée à travers les âges, cette manifestation du désir s'est muée progressivement en norme culturelle. Elle ajoute: "Paradoxalement, les femmes ne jouent pas un rôle déterminant dans le processus. Il s'agit avant tout d'un acte masculin, un combat de coqs, une dynamique virile".
Comment, dès lors, mettre fin à une pratique si instinctive? Les transports en commun japonais mettent à disposition de leur clientèle féminine des wagons exclusifs, une solution radicale qui suscite le débat et ne résout pas le problème à long terme. Cette mesure isole, par exemple, davantage les femmes dans les compartiments mixtes.
Les propositions ne manquent pas: amélioration de l'éclairage urbain, installation de téléphones de secours, des arrêts de bus sécurisés, etc. La prise de conscience reste cependant la meilleure solution à long terme. "Chaque femme agressée représente une mère potentielle, la soeur ou la fille de quelqu'un et elle mérite le respect", ajoute Kathrin Zippel. Si l'homme prend conscience de cet aspect et réfléchit aux conséquences de ses actes sur sa propre communauté, un changement de mentalité peut s'opérer. Mais les facteurs à prendre en compte s'avèrent malheureusement bien plus nombreux. L'instinct a parfois ses raisons que l'individu lui-même ignore...
A.F.
29/03/11 18h12
Flashback. Vicky Simister se balade un soir dans les rues du sud de Londres. Une voiture ralentit pour la suivre lentement: "l'abordage" subtil et habituel... Elle fait mine de ne pas y prêter attention mais le ton s'envenime et les insultes fusent. A bout, Vicky balance un coup de pied dans la porte et tente de s'éclipser par la bouche de métro la plus proche. Trop tard. Enragé par l'éraflure méritée désormais visible sur son bolide, l'automobiliste s'élance à sa poursuite. Plaquée violemment au mur, la jeune fille s'en sort finalement avec une grosse frayeur mais ces représailles lui laisse un arrière-goût amer: la saveur de l'affront et de l'impunité.
Peu de temps après les faits, elle décide de monter une association pour lutter contre le harcèlement: Anti-Street Harassment UK voit le jour. Le but? Soigner le problème à la racine en mettant fin au harcèlement urbain toléré de notre société: ces remarques déplacées, cette filature méprisable, bref cette éternelle attitude machiste d'un autre âge dont les femmes sont victimes depuis la nuit des temps.
Cette nouvelle initiative vient s'ajouter à une longue série d'organisations militantes désireuses de sensibiliser l'opinion publique aux violences quotidiennes de notre société. Anti-Street Harassment UK et Hollaback unissent leurs forces pour mettre à disposition des victimes un espace d'expression, pour reconstruire une cartographie des événements ou, éventuellement partager des clichés de leur agresseur.
Tout le monde, ou presque, admettra que l'atteinte à l'intégrité physique constitue un délit punissable mais que dire de ce harcèlement quotidien, celui qui se camouffle derrière l'image civilisée de la séduction? Chaque jour, des millions de femmes à travers le monde subissent l'expression d'une vague primitive sur la voie publique. Si certaines ne s'en plaignent pas, d'autres en souffrent et pour ces organisations, ces agissements font le lit de la banalisation d'un phénomène. Il est, évidemment, plus complexe de déterminer le profil de ces courtisans nocturnes. Certains ne vont pas bien loin, d'autres semblent habités d'un besoin plus inquiétant.
Les manifestations du phénomène diffèrent d'un pays à l'autre. Dans les pays anglo-saxons, l'intérêt se limite souvent à quelques sifflets. En Inde, on évoque timidement l'existence d'un harcèlement "visuel" mais au Japon, les attouchements sont monnaie courante, dans les transports publics notamment, où la promiscuité des usagers sert, malheureusement, les besoins du pervers.
On a légitiment le droit de se demander pourquoi la voie publique demeure le théâtre de ces agissements. Selon Kathrin Zippel, sociologue de la Northeastern University (R-U), cette attitude symbolise l'affirmation de la masculinité. Perpétuée à travers les âges, cette manifestation du désir s'est muée progressivement en norme culturelle. Elle ajoute: "Paradoxalement, les femmes ne jouent pas un rôle déterminant dans le processus. Il s'agit avant tout d'un acte masculin, un combat de coqs, une dynamique virile".
Comment, dès lors, mettre fin à une pratique si instinctive? Les transports en commun japonais mettent à disposition de leur clientèle féminine des wagons exclusifs, une solution radicale qui suscite le débat et ne résout pas le problème à long terme. Cette mesure isole, par exemple, davantage les femmes dans les compartiments mixtes.
Les propositions ne manquent pas: amélioration de l'éclairage urbain, installation de téléphones de secours, des arrêts de bus sécurisés, etc. La prise de conscience reste cependant la meilleure solution à long terme. "Chaque femme agressée représente une mère potentielle, la soeur ou la fille de quelqu'un et elle mérite le respect", ajoute Kathrin Zippel. Si l'homme prend conscience de cet aspect et réfléchit aux conséquences de ses actes sur sa propre communauté, un changement de mentalité peut s'opérer. Mais les facteurs à prendre en compte s'avèrent malheureusement bien plus nombreux. L'instinct a parfois ses raisons que l'individu lui-même ignore...
A.F.
29/03/11 18h12
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