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le président a effectué une tournée à Alger
Bouteflika inaugure 5 projets controversés
Par : Azzeddine Bensouiah( Al Watan)
Mardi, 01 Novembre 2011
Annoncée en grande pompe et depuis belle lurette, la visite du président Bouteflika dans la capitale, à la veille de la célébration du 1er Novembre, aura été symbolique. Sans plus.
Au regard des projets inaugurés ou lancés, il y a lieu de souligner que le siège du ministère des Affaires étrangères, situé sur le plateau des Annassers, est déjà fonctionnel depuis des mois. Pour rappel, l’édification de ce siège venait remédier à la situation de SDF que vivait ce département, après avoir été dépossédé de son “ancien-nouveau” siège situé à côté de la présidence de la République.
Le Président est allé, également, donner le coup d’envoi au chantier, déjà en cours, de construction d’un centre international des conférences, au Club-des-Pins, juste à côté de la nouvelle résidence d’État. L’ancien Palais des nations ne sera pas démoli, rassure-t-on, tout en indiquant que ce palais “ne répond pas aux normes internationales” ! Donc, comme l’argent coule à flots, on excelle en matière de gaspillage. Il y aura même des restaurants et une bibliothèque ouverts au public. Ce “public” qui a accès au Club-des-Pins ? Facile à deviner.
L’autre extravagance concerne la Grande-Mosquée d’Alger. Cette dernière sera bâtie sur les rives de l’oued El-Harrach et pourrait accueillir quelque 120 000 fidèles. C’est-à-dire le double de ce que reçoit un stade comme le 5-Juillet. On imagine, alors, le jour où cette mosquée affiche complet. L’autoroute se transformera en un immense parking et encore ! Le ministre du secteur assure qu’une partie de cette gigantesque bâtisse servira de musée, qu’une autre servira de maison du Coran, alors que juste à côté existe une maison du Coran inaugurée, il y a quelques années, par le président Bouteflika. Au-delà de cette folie des grandeurs propre aux chefs d’État arabe, l’édification d’une mosquée d’une telle envergure pose de nombreuses questions. Fallait-il construire une mosquée pour 120 000 personnes dans un endroit pareil ? L’argent qui sera déboursé (un milliard de dollars) aurait pu servir à bâtir plusieurs belles mosquées pratiques et accessibles aux fidèles, ou du moins à retaper celles qui existent et qui subsistent essentiellement grâce aux dons des fidèles et des bienfaiteurs. Cela rappelle étrangement l’imposante mosquée de Carthage qui portait le nom de Zine El-Abidine Ben Ali, et qui était beaucoup plus un monument à voir de l’extérieur, lorsqu’on est de passage !
Ce projet, comme celui du centre des conférences, a été confié, à l’incontournable et intrigante société chinoise, CSCEC. Cette dernière, soupçonnée de corruption, est mise sur la liste noire de la Banque mondiale pour une durée de six ans. Alors que le scandale de l’autoroute Est-Ouest, dans sa partie réalisée par des entreprises chinoises, n’a pas encore livré tous ses secrets, il y a lieu de se poser des questions.
Pour les autres projets inaugurés par le Président en cette veille du 1er-Novembre, il y a ce “métro nommé désir”. Un projet qui aura battu tous les records en matière de retard et qui mérite de figurer dans le Guinness Book. Plus de 30 années pour 9,5 km, une prouesse ! En plus, sa mise en exploitation, si jamais des couacs ne surviennent pas dans les jours à venir, ne devrait pas résoudre le problème de transport dans la capitale ni diminuer les embouteillages monstres qui s’y forment du matin au soir. En attendant les extensions en cours de réalisation (El-Harrach-Haï El-Badr et Grande-Poste-Oued Koriche), et les autres devant porter la distance totale à une quarantaine de kilomètres, de Dar El-Beïda à Draria, les Algérois peuvent se consoler d’avoir eu “un bout de métro au bout de trente années d’attente”.
Le dernier projet concerne le tramway. Là, les responsables ont fait fort, puisqu’ils ont déplacé toute une rame pour la poser, en décor, avenue des Fusillés, là où le Président devait donner le coup d’envoi du métro. Le tramway d’Alger, voilà un projet dont les concepteurs n’ont sûrement jamais vécu à Alger. Alger, qui disposait à l’Indépendance d’un tramway que les “bien-pensants” ont tout bonnement rasé, se retrouve avec une portion de tramway allant de la Verte Rive à Bordj El-Kiffan, en attendant le reste du projet qui devrait aboutir aux anciens abattoirs, avenue des Fusillés. Un projet insensé qui a déjà défiguré la coquette Bordj El-Kiffan, qui a réduit la route moutonnière en une route à une seule voie, obligeant les transporteurs à prendre l’autoroute sanctionnant ainsi des milliers de personnes. La rue de Tripoli, qui va d’El-Harrach, jusqu’aux limites de Hussein-Dey, a été complètement défigurée. Jadis animée matin et soir, elle est devenue infréquentable.
Que dire, alors des abattoirs, qui datent de plus d’un siècle ? Tout simplement qu’ils sont irremplaçables et que les autorités qui ont décidé de leur fermeture sont incapables d’offrir des abattoirs répondant aux normes. Du coup, les bouchers, les chevillards et les éleveurs se trouvent dans l’expectative.
Le tramway est assurément une “réalisation” dont on pouvait se passer, d’autant plus qu’il cause plus de désagréments qu’il n’en résout.
Pour parler du transport à Alger, il suffit d’écouter les policiers chargés de la circulation, ou embarquer dans un de leurs hélicoptères pour constater les goulots quotidiens que tous les projets de “trémies”, “pénétrantes” et autres “rocades” n’ont pu résoudre. Que les responsables viennent passer une matinée à l’entrée de l’hôpital Mustapha-Pacha, par exemple, et ils comprendront qu’ils ont tout faux. Une capitale, ça se planifie pour un siècle, et les grands aménagements urbains, ça ne se décide pas sur un coup de tête. Sinon, ce n’est bon que pour le folklore qui n’amuse plus personne.
Bouteflika inaugure 5 projets controversés
Par : Azzeddine Bensouiah( Al Watan)
Mardi, 01 Novembre 2011
Annoncée en grande pompe et depuis belle lurette, la visite du président Bouteflika dans la capitale, à la veille de la célébration du 1er Novembre, aura été symbolique. Sans plus.
Au regard des projets inaugurés ou lancés, il y a lieu de souligner que le siège du ministère des Affaires étrangères, situé sur le plateau des Annassers, est déjà fonctionnel depuis des mois. Pour rappel, l’édification de ce siège venait remédier à la situation de SDF que vivait ce département, après avoir été dépossédé de son “ancien-nouveau” siège situé à côté de la présidence de la République.
Le Président est allé, également, donner le coup d’envoi au chantier, déjà en cours, de construction d’un centre international des conférences, au Club-des-Pins, juste à côté de la nouvelle résidence d’État. L’ancien Palais des nations ne sera pas démoli, rassure-t-on, tout en indiquant que ce palais “ne répond pas aux normes internationales” ! Donc, comme l’argent coule à flots, on excelle en matière de gaspillage. Il y aura même des restaurants et une bibliothèque ouverts au public. Ce “public” qui a accès au Club-des-Pins ? Facile à deviner.
L’autre extravagance concerne la Grande-Mosquée d’Alger. Cette dernière sera bâtie sur les rives de l’oued El-Harrach et pourrait accueillir quelque 120 000 fidèles. C’est-à-dire le double de ce que reçoit un stade comme le 5-Juillet. On imagine, alors, le jour où cette mosquée affiche complet. L’autoroute se transformera en un immense parking et encore ! Le ministre du secteur assure qu’une partie de cette gigantesque bâtisse servira de musée, qu’une autre servira de maison du Coran, alors que juste à côté existe une maison du Coran inaugurée, il y a quelques années, par le président Bouteflika. Au-delà de cette folie des grandeurs propre aux chefs d’État arabe, l’édification d’une mosquée d’une telle envergure pose de nombreuses questions. Fallait-il construire une mosquée pour 120 000 personnes dans un endroit pareil ? L’argent qui sera déboursé (un milliard de dollars) aurait pu servir à bâtir plusieurs belles mosquées pratiques et accessibles aux fidèles, ou du moins à retaper celles qui existent et qui subsistent essentiellement grâce aux dons des fidèles et des bienfaiteurs. Cela rappelle étrangement l’imposante mosquée de Carthage qui portait le nom de Zine El-Abidine Ben Ali, et qui était beaucoup plus un monument à voir de l’extérieur, lorsqu’on est de passage !
Ce projet, comme celui du centre des conférences, a été confié, à l’incontournable et intrigante société chinoise, CSCEC. Cette dernière, soupçonnée de corruption, est mise sur la liste noire de la Banque mondiale pour une durée de six ans. Alors que le scandale de l’autoroute Est-Ouest, dans sa partie réalisée par des entreprises chinoises, n’a pas encore livré tous ses secrets, il y a lieu de se poser des questions.
Pour les autres projets inaugurés par le Président en cette veille du 1er-Novembre, il y a ce “métro nommé désir”. Un projet qui aura battu tous les records en matière de retard et qui mérite de figurer dans le Guinness Book. Plus de 30 années pour 9,5 km, une prouesse ! En plus, sa mise en exploitation, si jamais des couacs ne surviennent pas dans les jours à venir, ne devrait pas résoudre le problème de transport dans la capitale ni diminuer les embouteillages monstres qui s’y forment du matin au soir. En attendant les extensions en cours de réalisation (El-Harrach-Haï El-Badr et Grande-Poste-Oued Koriche), et les autres devant porter la distance totale à une quarantaine de kilomètres, de Dar El-Beïda à Draria, les Algérois peuvent se consoler d’avoir eu “un bout de métro au bout de trente années d’attente”.
Le dernier projet concerne le tramway. Là, les responsables ont fait fort, puisqu’ils ont déplacé toute une rame pour la poser, en décor, avenue des Fusillés, là où le Président devait donner le coup d’envoi du métro. Le tramway d’Alger, voilà un projet dont les concepteurs n’ont sûrement jamais vécu à Alger. Alger, qui disposait à l’Indépendance d’un tramway que les “bien-pensants” ont tout bonnement rasé, se retrouve avec une portion de tramway allant de la Verte Rive à Bordj El-Kiffan, en attendant le reste du projet qui devrait aboutir aux anciens abattoirs, avenue des Fusillés. Un projet insensé qui a déjà défiguré la coquette Bordj El-Kiffan, qui a réduit la route moutonnière en une route à une seule voie, obligeant les transporteurs à prendre l’autoroute sanctionnant ainsi des milliers de personnes. La rue de Tripoli, qui va d’El-Harrach, jusqu’aux limites de Hussein-Dey, a été complètement défigurée. Jadis animée matin et soir, elle est devenue infréquentable.
Que dire, alors des abattoirs, qui datent de plus d’un siècle ? Tout simplement qu’ils sont irremplaçables et que les autorités qui ont décidé de leur fermeture sont incapables d’offrir des abattoirs répondant aux normes. Du coup, les bouchers, les chevillards et les éleveurs se trouvent dans l’expectative.
Le tramway est assurément une “réalisation” dont on pouvait se passer, d’autant plus qu’il cause plus de désagréments qu’il n’en résout.
Pour parler du transport à Alger, il suffit d’écouter les policiers chargés de la circulation, ou embarquer dans un de leurs hélicoptères pour constater les goulots quotidiens que tous les projets de “trémies”, “pénétrantes” et autres “rocades” n’ont pu résoudre. Que les responsables viennent passer une matinée à l’entrée de l’hôpital Mustapha-Pacha, par exemple, et ils comprendront qu’ils ont tout faux. Une capitale, ça se planifie pour un siècle, et les grands aménagements urbains, ça ne se décide pas sur un coup de tête. Sinon, ce n’est bon que pour le folklore qui n’amuse plus personne.
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