Non, Mme Le Pen, ce n’est pas avec l’Algérie que Mohamed Merah a plus à avoir, c’est avec vous qu’il partage le plus.
Vous avez plus de choses en commun avec Mohamed Merah que vous en avez avec le reste des Français. Vous avez en commun la haine et l’intolérance. Vous partagez vos visions exclusives et négatrices des différences ; la folie d’une marginalité que vous concevez comme une vérité dont la vocation est de s’imposer à tous par une légitimité supérieure à tout, chauvinisme religieux ou national, la logique est la même. Vous avez en commun la xénophobie qui vous fait croire que vous auriez une quelconque qualité, vous ou quiconque d’autre, à un droit de contrainte sur l’Algérie, comme en ces temps honnis de la colonisation.
Quelle aubaine, pour vous, que l’étrange attitude des autorités françaises qui ont décidé de remettre le corps de l’assassin à sa famille. Une attitude d’autant plus incompréhensible que la justice française était en droit de régler ce détail de l’enterrement de Merah dans l’absolue discrétion qu’impose le respect de la mémoire de ses victimes et le souci de la préservation de l’ordre public. Comment ne pas s’interroger sur cette façon de faire, en ces moments de joutes électorales ? Alors que montent des interrogations sur les liens que des services spécialisés auraient entretenus avec Merah, la question de cet enterrement, jetée dans le débat public et dans le cadre des relations Franco-Algériennes, apparait comme une diversion.
Cet amateurisme suspect, grossièrement feint, cache mal les tentations électoralistes qui peuvent être à la source de l’incompréhensible attitude des autorités françaises qui, faut-il le souligner, n’a pas rencontré une réponse claire et ferme de la diplomatie algérienne.
L‘Algérie n’a pas plus de raison d’accueillir, dans l’ostentation, la dépouille de cet assassin qu’elle n’avait de raison de réclamer celles des pirates de l’Air Bus d’Air France ou de l’autre Khaled Kelkhal. L’administration française aurait pu faire le choix d’une gestion discrète et sereine de ce détail marginal du drame de Toulouse-Montauban.
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