Les Kabyles : un peuple désabusé
En effet, la dérive culturelle imposée par le conquérant avec le concours des comparses qui le maintiennent en place on hypothéqués les symboles et les valeurs identitaires qui incarnaient le kabyle. Une influence qui peut s’avérer dommageable voir mortelle pour sa langue et sa culture. Cette sentence sévère s’applique sans exclusivité à toutes les composantes berbères d’Algérie et d’ailleurs.
Retracer l’histoire de sa civilisation, la transcrire avec fidélité, c’est connaitre et forger son identité et en assurer un avenir tributaire du passé. Cette vérité reste pénible à accepter et difficile à contourner.
S’il est à priori possible de reconstruire un édifice démoli, il serait encore plus difficile de réinventer ou de recomposer un esprit ravagé dont les causes sont à chercher dans la soumission des consciences.
Réfugiés dans leurs montagnes, les kabyles, en peuple désabusé, cultivent la haine et la division et se nourrissent d’une réputation religieuse surfaite de ses références où dans le meilleur des cas ses adeptes ne sont rien que des discoureurs sans sincérité dont le talent se résume à quelques traits d’esprit feints souvent d’illusions. Ignorant leur histoire et leurs racines, désincarnés par un perpétuel harcèlement doctrinal, leur existence s’articule autour de la dévotion et de l’adoration d’Allah par la voix et la foi de Mahomet.
Les traditions patriarcales ne valorisent guère la tolérance et le sécularisme nécessaire à l’épanouissement d’une culture. La défaillance n’est pas seulement dans celle du dominant, mais dans celle de tout engagé dans une voie suicidaire, dans la destruction de soi, qui s’aveugle de ses propres nuances et n’a pas réagi à temps à l’autoritarisme et à l’intolérance inhérents à la société musulmane qui s’appuie sur des interprétations plus que douteuses de textes considères sacrés.
Dans cette configuration complexe ou le virtuel du néant l’emporte sur le réel de la vie, tout raisonnement à caractère rationnel est considéré comme hérésie.
La force et l’efficacité de toute réaction propice à la raison doit être envisagée à travers une réflexion sereine dans le comportement du quotidien pour chasser ces dogmes qui nous étouffent afin de s’atteler à reconstruire tout ce qui a été brisé.
Arezki HAMOUDI
Détenu de la cause berbère des années 70
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