Bonsoir, c'est le silence des agneaux...mais comment voulez-vous qu'il y ait des réactions, les élites et les intellectuels ont quité ces pays depuis longtemps et c'est pas le paysan analphabéte qui va manifester alors qu'il n'arrive même pas à nourrir sa famille.
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C’est à Rome qu’a eu lieu la première manifestation, après celle de Damas, contre la guerre au Liban. À peine un millier de personnes réunies à l’appel de partis de gauche et d’organisations pour le développement durable.
Dans les pays arabes et musulmans, le calme règne dans la rue. Le silence populaire n’y a d’égale que la paralysie des gouvernements. Seuls les Yéménites se sont mobilisés pour exprimer leur colère. À l’évidence, dans le monde musulman, le soutien idéologique s’exprime plus volontiers que la solidarité arabe.
Ailleurs, après Rome, c’est à Athènes et… Copenhague que des Grecs et des Danois ont manifesté leur condamnation du pilonnage meurtrier qui s’abat sur les villes et villages libanais.
La mobilisation, même relative de ces derniers, n’est pas sans rappeler l’extraordinaire soulèvement des musulmans qui a suivi les publications de quelques œuvres médiocres et blasphématoires d’un vague caricaturiste. La réserve des musulmans devant la tournure meurtrière qu’a prise la réaction israélienne à l’enlèvement de ses trois soldats contraste avec l’ampleur des manifestations, la succession de démonstrations de colère, la nature des ripostes invoquées. Toutes les capitales arabes et islamiques avaient vécu de journées d’émeutes renouvelées, des ambassades ont été brûlées et saccagées. On a suggéré le boycottage des produits danois et la condamnation à mort du caricaturiste injurieux.
La ligue et les États arabes s’y étaient mis aussi, talonnant une rue qu’ils répriment lorsqu’elle conteste leurs pouvoirs et qu’ils accompagnent quand elle proteste contre autre chose que leurs régimes.
Aujourd’hui, ils en sont, après plus d’une semaine de bombardements et des centaines de victimes, à grignoter un à un des soutiens à un sommet extraordinaire qui, décidément, n’arrive pas à se décider. D’un côté, on peut comprendre que, pour une fois, la Ligue arabe aura fait l’économie d’un sommet inutile. Si l’on n’a pas le courage et les moyens de prendre part à la défense effective du Liban et des Libanais, si l’on n’a pas les moyens de contrer le consensus international autour de l’offensive israélienne, il n’est pas nécessaire de s’imposer un exercice de style de plus.
Selon The Guardian, Bush aurait donné un délai d’une semaine à Israël pour atteindre ses objectifs avant qu’il ne rejoigne le concert des appels au cessez-le-feu.
D’ici là, les pays “frères” du Liban se seront résolus à une rencontre où ils constateront les dégâts causés à l’État libanais et la question palestinienne. On doutera même des éventuelles promesses d’aide à la reconstruction de la part d’une ligue qui n’arrive pas toujours à collecter ses contributions budgétaires.
Y a-t-il un syndrome irakien ? Là-bas, en effet, la guerre fratricide succède à la guerre d’invasion, abolissant l’illusion d’un nationalisme arabe. Y a-t-il un syndrome afghan ? Là-bas, les montagnes de Tora Bora ont seules pu réunir une “armée panarabe”.
Ce n’est pas étonnant que “l’honneur” des Arabes attend d’être lavé par un mouvement djihadiste qui, lui-même, nie la souveraineté de l’état national libanais.
Par Mustapha Hammouche
[email protected]
20 Juillet 2006 Liberté.
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C’est à Rome qu’a eu lieu la première manifestation, après celle de Damas, contre la guerre au Liban. À peine un millier de personnes réunies à l’appel de partis de gauche et d’organisations pour le développement durable.
Dans les pays arabes et musulmans, le calme règne dans la rue. Le silence populaire n’y a d’égale que la paralysie des gouvernements. Seuls les Yéménites se sont mobilisés pour exprimer leur colère. À l’évidence, dans le monde musulman, le soutien idéologique s’exprime plus volontiers que la solidarité arabe.
Ailleurs, après Rome, c’est à Athènes et… Copenhague que des Grecs et des Danois ont manifesté leur condamnation du pilonnage meurtrier qui s’abat sur les villes et villages libanais.
La mobilisation, même relative de ces derniers, n’est pas sans rappeler l’extraordinaire soulèvement des musulmans qui a suivi les publications de quelques œuvres médiocres et blasphématoires d’un vague caricaturiste. La réserve des musulmans devant la tournure meurtrière qu’a prise la réaction israélienne à l’enlèvement de ses trois soldats contraste avec l’ampleur des manifestations, la succession de démonstrations de colère, la nature des ripostes invoquées. Toutes les capitales arabes et islamiques avaient vécu de journées d’émeutes renouvelées, des ambassades ont été brûlées et saccagées. On a suggéré le boycottage des produits danois et la condamnation à mort du caricaturiste injurieux.
La ligue et les États arabes s’y étaient mis aussi, talonnant une rue qu’ils répriment lorsqu’elle conteste leurs pouvoirs et qu’ils accompagnent quand elle proteste contre autre chose que leurs régimes.
Aujourd’hui, ils en sont, après plus d’une semaine de bombardements et des centaines de victimes, à grignoter un à un des soutiens à un sommet extraordinaire qui, décidément, n’arrive pas à se décider. D’un côté, on peut comprendre que, pour une fois, la Ligue arabe aura fait l’économie d’un sommet inutile. Si l’on n’a pas le courage et les moyens de prendre part à la défense effective du Liban et des Libanais, si l’on n’a pas les moyens de contrer le consensus international autour de l’offensive israélienne, il n’est pas nécessaire de s’imposer un exercice de style de plus.
Selon The Guardian, Bush aurait donné un délai d’une semaine à Israël pour atteindre ses objectifs avant qu’il ne rejoigne le concert des appels au cessez-le-feu.
D’ici là, les pays “frères” du Liban se seront résolus à une rencontre où ils constateront les dégâts causés à l’État libanais et la question palestinienne. On doutera même des éventuelles promesses d’aide à la reconstruction de la part d’une ligue qui n’arrive pas toujours à collecter ses contributions budgétaires.
Y a-t-il un syndrome irakien ? Là-bas, en effet, la guerre fratricide succède à la guerre d’invasion, abolissant l’illusion d’un nationalisme arabe. Y a-t-il un syndrome afghan ? Là-bas, les montagnes de Tora Bora ont seules pu réunir une “armée panarabe”.
Ce n’est pas étonnant que “l’honneur” des Arabes attend d’être lavé par un mouvement djihadiste qui, lui-même, nie la souveraineté de l’état national libanais.
Par Mustapha Hammouche
[email protected]
20 Juillet 2006 Liberté.
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