As-tu fait l’inscription ? C’était la question de la semaine, elle était sur toutes les lèvres. As-tu fait ton inscription sur le site de l’AADL ? Même sur les pages Facebook dédiées aux femmes, entre les conseils pour de beaux cheveux et comment trouver l’amour, il y avait l’article, ou le conseil pour obtenir sa petite location-vente. Le logement est le rêve algérien. Il est simple mais pas si accessible.
Mariées ou célibataires les femmes sont également concernées par cette pénurie de logement. Certaines rêvent d’un bel appartement pour y installer leur petite famille, d’autres s’imaginent vivre seules, et prendre leur envol, et quitter papa-maman.
Mais ces dernières ne connaissent peut-être pas encore le parcours du combattant qui les attend. Non seulement il faudra avoir de la patience et attendre des années pour obtenir ce précieux toit proposé par l’AADL, mais il faudra aussi gérer les « qu’en dira-t-on ? » Parce que la société s’interrogera immédiatement : une fille seule mérite-t-elle d’avoir son logement ? Dans la conscience collective, une Algérienne ne vit pas seule, un point c’est tout. C’est étrange, déplacé inconcevable. « Pourquoi veux-tu avoir ton toit, tu n’es pas bien avec ta famille ? » Tout le monde s’interroge, vos parents, vos amis, le voisinage et parfois même l’agent immobilier chargé de vous trouver un appartement, vous demandera quel mauvais sort vous a mené à prendre cette décision, celle de chercher votre logement.
La recherche de votre trois pièces concerne tout le monde en Algérie, comme si ces derniers allaient payer l’avance d’un ou deux ans à votre place. Personne ne vous aidera, mais on vous enfoncera. C’est comme ça dans le pays on doit sonder le reste du monde pour mener sa vie, sinon les regards intrigués et inquisiteurs viendront vous demander des comptes.
Pourquoi veut-elle fuir sa famille, comment trouve-t-elle l’argent pour payer, qui lui rendra visite ? sont autant de questions qui viendront aux oreilles des malheureuses qui espéraient seulement avoir leur chez-soi.
Et puis les suppositions viendront alors remplacer les interrogations. « Ce ne doit pas être une fille de bonne famille pour vouloir quitter le domicile familial sans être mariée » ou pire « on dit que c’est une prostituée », comme lors d’attribution de logement AADL à des filles célibataires lorsque des hommes seuls sont encore sur liste d’attente. Il est plus facile de dire qu’une femme doit offrir des faveurs sexuelles pour obtenir un toit, plutôt que de s’avouer qu’elles ont un dossier solide. Alors qu’à l’inverse des Algériens vivant seuls ne susciteront pas autant de suspicions.
N’est-il pas possible qu’une femme veuille seulement s’émanciper, et apprendre à gérer seule un appartement ? Rassurez-vous « femmes qui vivent seules » ne veut pas dire « qu’un bordel va se monter» dans votre quartier. Les Algériennes sont de plus en plus mobiles, apprennent la débrouillardise, et pensent à l’avenir. Un avenir où elles se voient indépendantes, et non pas comme la fille qui attend éternellement son package mari/appartement/voiture. Alors pourquoi ne pas prendre les devants ?
Amina Boumazza.
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