Le Figaro Par Tanguy Berthemet Publié le 05/05/2014 à 18:52
Le groupe radical veut vendre les 200 lycéennes qu'il a enlevées mi-avril.
La déclaration est désarmante de violence. La revendication par Boko Haram de l'enlèvement de plus de 200 lycéennes il y a trois semaines dans le nord du Nigeria n'est pourtant pas une surprise. Chacun savait la responsabilité du groupe radical dans ce rapt massif, action la plus choquante de cette milice. Ce qui dépasse l'entendement, c'est que le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, accrédite les rumeurs les plus folles de mise en esclavage. «J'ai enlevé vos filles», assène-t-il dans une vidéo de 57 minutes obtenue par l'Agence France-Presse. «Je vais les vendre sur le marché, au nom d'Allah», affirme-t-il, ajoutant son intention de garder «des gens comme esclaves» tandis que certaines seront «mariées».
Depuis plusieurs jours, des rumeurs affirmaient que les adolescentes enlevées, âgées de 12 à 17 ans, avaient été transférées au Tchad et au Cameroun, puis vendues pour dix dollars. Dans ce film, le mystérieux leader de Boko Haram, habillé d'un treillis, justifie son rôle. «J'ai dit que l'éducation occidentale devait cesser. Les filles, vous devez quitter l'école et vous marier», lance-t-il reprenant une antienne de la milice. Souvent qualifiée de secte, Boko Haram n'a cessé de se radicaliser depuis 2009 et la mort étrange de son fondateur, Mohammed Yusuf. Le 14 avril, puis le 1er mai, le groupe a signé deux attentats à la voiture piégée à Abuja, la capitale, qui ont fait près de 100 morts. Au total, selon Amnesty International, la guerre au Nord, particulièrement dans l'État de Borno, fief de la secte, a fait plus de 1500 morts depuis janvier.
Une mobilisation massive
L'enlèvement massif semble être un tournant. Ces rapts ont suscité une mobilisation peu commune dans le pays. Les parents enchaînent les manifestations, tandis que les communautés se mobilisent au Nigeria, mais aussi aux États-Unis. Sur les réseaux sociaux, une campagne baptisée Bringbackourgirls («ramenez nos filles») prend de l'ampleur. Tous accusent les autorités nigérianes d'être incapables de retrouver les jeunes filles, voire d'avoir tardé à réagir.
La pression rejaillit d'abord sur le président, Goodluck Jonathan, qui avait décidé d'une grande offensive militaire contre Boko Haram en mai 2013. Les signes de nervosité s'accumulent. En mars, il a ainsi rappelé Aliyu Mohammed Gusau au ministère de la Défense, un ancien général à poigne dont il n'est pas proche. Surtout, le président nigérian a dû se résoudre à faire appel à l'extérieur, en demandant l'aide des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France, mais aussi de pays voisins comme le Cameroun et le Tchad. «Quand on sait à quel point les Nigérians sont sourcilleux sur leur indépendance, on mesure l'humiliation que représente cette demande», souligne Benjamin Augé, spécialiste du Nigeria.
Le groupe radical veut vendre les 200 lycéennes qu'il a enlevées mi-avril.
La déclaration est désarmante de violence. La revendication par Boko Haram de l'enlèvement de plus de 200 lycéennes il y a trois semaines dans le nord du Nigeria n'est pourtant pas une surprise. Chacun savait la responsabilité du groupe radical dans ce rapt massif, action la plus choquante de cette milice. Ce qui dépasse l'entendement, c'est que le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, accrédite les rumeurs les plus folles de mise en esclavage. «J'ai enlevé vos filles», assène-t-il dans une vidéo de 57 minutes obtenue par l'Agence France-Presse. «Je vais les vendre sur le marché, au nom d'Allah», affirme-t-il, ajoutant son intention de garder «des gens comme esclaves» tandis que certaines seront «mariées».
Depuis plusieurs jours, des rumeurs affirmaient que les adolescentes enlevées, âgées de 12 à 17 ans, avaient été transférées au Tchad et au Cameroun, puis vendues pour dix dollars. Dans ce film, le mystérieux leader de Boko Haram, habillé d'un treillis, justifie son rôle. «J'ai dit que l'éducation occidentale devait cesser. Les filles, vous devez quitter l'école et vous marier», lance-t-il reprenant une antienne de la milice. Souvent qualifiée de secte, Boko Haram n'a cessé de se radicaliser depuis 2009 et la mort étrange de son fondateur, Mohammed Yusuf. Le 14 avril, puis le 1er mai, le groupe a signé deux attentats à la voiture piégée à Abuja, la capitale, qui ont fait près de 100 morts. Au total, selon Amnesty International, la guerre au Nord, particulièrement dans l'État de Borno, fief de la secte, a fait plus de 1500 morts depuis janvier.
Une mobilisation massive
L'enlèvement massif semble être un tournant. Ces rapts ont suscité une mobilisation peu commune dans le pays. Les parents enchaînent les manifestations, tandis que les communautés se mobilisent au Nigeria, mais aussi aux États-Unis. Sur les réseaux sociaux, une campagne baptisée Bringbackourgirls («ramenez nos filles») prend de l'ampleur. Tous accusent les autorités nigérianes d'être incapables de retrouver les jeunes filles, voire d'avoir tardé à réagir.
La pression rejaillit d'abord sur le président, Goodluck Jonathan, qui avait décidé d'une grande offensive militaire contre Boko Haram en mai 2013. Les signes de nervosité s'accumulent. En mars, il a ainsi rappelé Aliyu Mohammed Gusau au ministère de la Défense, un ancien général à poigne dont il n'est pas proche. Surtout, le président nigérian a dû se résoudre à faire appel à l'extérieur, en demandant l'aide des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France, mais aussi de pays voisins comme le Cameroun et le Tchad. «Quand on sait à quel point les Nigérians sont sourcilleux sur leur indépendance, on mesure l'humiliation que représente cette demande», souligne Benjamin Augé, spécialiste du Nigeria.
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