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Kamel Daoud : l'homme révolté "qui ne peut pas se taire"

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  • Kamel Daoud : l'homme révolté "qui ne peut pas se taire"

    L'auteur de "Meursault, contre-enquête", vient de manquer de peu le prix Goncourt. Journaliste star en Algérie, il interroge le monde musulman et suscite toutes les passions. Rencontre.

    «L'histoire s'est remise en marche dans le monde arabe.» La phrase n'est pas banale chez cet habitué des constats désolés. Face au Vieux-Port de Marseille, où il est de passage, le journaliste et écrivain algérien Kamel Daoud découvre les résultats des élections législatives tunisiennes qui ont donné la majorité à la coalition laïque Nidaa Tounes, devant les islamistes d'Ennahda.

    Voilà, enfin, un peuple, prénom de tous, qui a compris que l'islamisme n'est pas la solution et que la religion n'est pas une assiette ni un moteur, écrit-il aussitôt pour la chronique qu'il tient depuis dix-sept ans dans «le Quotidien d'Oran», «Raïna Raïkoum» (Mon opinion, votre opinion), la plus lue du pays en langue française.

    En France, le succès de son magnifique premier roman «Meursault, contre-enquête», publié aux éditions Actes Sud en mai dernier, l'a propulsé au rang de «phénomène littéraire». Il a manqué le Goncourt de très peu. En Algérie, où il est déjà une star de la scène intellectuelle et une figure de l'opposition au régime d'Abdelaziz Bouteflika, Kamel Daoud suscite toutes les passions. Et pour cause.

    Sa plume a l'intensité d'une fièvre noire et le corrosif de la chaux vive. Ses «lucidités pesantes» couchées sur la feuille sans concession, ses diatribes à l'encontre du président «momie» comme du peuple «zombie», sa façon de considérer que toutes les vérités sont bonnes à dire, lui valent d'avoir été honoré il y a quelques jours du prix Omar-Ourtilane de la liberté de la presse mais aussi de puissantes détestations. «Collabo», «sioniste», «apostat», «traître»... sont seulement quelques-uns des qualificatifs dont l'affublent ses détracteurs.

    La dernière tempête de protestation qu'il a provoquée a été soulevée cet été, avec l'audacieuse tribune «Ce pourquoi je ne suis pas "solidaire" de la Palestine», parue en pleine guerre de Gaza. Le chroniqueur y disait son refus d'une «solidarité sélective» par «conditionnement religieux et "nationaliste"», «au nom de l'islam et de la haine du juif», qui piège la Palestine comme «cause arabe et musulmane». «Ce que fait Israël contre Gaza est un crime abject, concluait-il. Mais "nos solidarités" en sont un autre qui tue le Palestinien dans le dos.»

    Deux ans plus tôt, son article «En quoi les musulmans sont-ils utiles à l'humanité ?», écrit en réaction à la vague d'attentats et de manifestations meurtrières contre le film «l'Innocence des musulmans» qui caricaturait le Prophète, avait déclenché les mêmes étranglements.

    En quoi faisons-nous avancer le progrès, le mieux, le droit, la justice ? Qu'avons-nous inventé depuis le dernier astrolabe ? Quand allons-nous enfin admettre que nous sommes devenus un poids mort pour l'humanité ?

    interrogeait-il sans détour, loin des complaintes victimaires qu'il « exècre » et des théories du complot qui accusent l'Occident de tous les maux «pour se laver les mains en utilisant ses pieds ».

    Comment sortir du religieux ?

    Enfant de l'indépendance, «pas de la guerre», Kamel Daoud, né en 1970, appartient à cette nouvelle génération de penseurs algériens qui refusent de traîner derrière eux tout un cimetière. «Je comprends le sacrifice mais je ne veux pas que les morts me tuent.»

    C'est pourquoi ceux qui cherchent dans son roman, contre-champ imaginaire de «l'Etranger» de Camus, les traces d'une vengeance postcoloniale se trompent. En faisant de son personnage principal l'assassin d'un colon (comme autrefois Meursault fut le tueur d'un Arabe, 25 fois cité et jamais nommé), c'est comme si, par un jeu de miroir, Daoud avait finalement voulu renvoyer dos à dos les protagonistes du vieux couple France-Algérie pour mieux dépasser cet horizon sclérosant.

    Il a débuté dans le journalisme sans autre vocation que celle de rester au plus près de l'écriture et de pouvoir en vivre, après une scolarité brillante, un bac de mathématiques et quatre années de bohème et d'ennui à la faculté de lettres d'Oran («J'en étais à lire Carl Gustav Jung et on nous faisait commenter "Boule de suif"...»).

    Mais c'est la « décennie noire » qui lui sert de bizutage. Il se retrouve plongé «dans le cours halluciné de l'événement», sur le terrain des massacres, «sans illusion sur la matière spongieuse que je traînais sous mes chaussures»... L'apparition du monstre Daech, l'Etat islamique, a ravivé le pénible souvenir, «comme un remake à plus grande échelle de ces années 1990.»

    Aujourd'hui, affirme-t-il, «la plus grande aventure intellectuelle d'un Arabe, c'est le religieux, c'est-à-dire comment en sortir.» Il appelle ainsi à couper «le noeud gordien de la religion», et à trouver dare-dare une alternative à l'offre idéologique islamiste.

    Un verre de viré-clessé aux lèvres, Kamel Daoud, divorcé et père de deux enfants, se présente comme «la brebis galeuse» de sa famille, «le seul à ne plus être croyant, à boire de l'alcool, et à le dire.» Difficile, dès lors, d'imaginer ce Voltaire oranais, parti en lutte contre «l'infâme» - l'un de ses mots favoris -, en adolescent vêtu d'une djellaba faisant l'appel à la prière dans son village natal de Mesra, près de Mostaganem.

    Et pourtant, «j'ai moi-même été l'imam de la mosquée de mon lycée et islamiste pendant huit années, entre mes 13 et 20 ans», révèle-t-il. Il fréquente alors les cellules clandestines de la confrérie des Frères musulmans, lit les grands textes de l'islam et les opuscules de propagande ramenés du Caire sous le manteau.

    «Ça m'a permis d'en démonter le mécanisme de l'intérieur» et de devenir par la suite leur plus farouche adversaire. «A 20 ans, cela n'était plus suffisant. J'avais une plus haute idée de Dieu que celle d'un simple rôtisseur.» Ce sont les livres qu'il dévore dans la langue de Molière, apprise en autodidacte à l'âge de 9 ans, qui, d'après lui, le sauveront. «Les gens d'un seul livre sont toujours plus intolérants.»

    Il réfute un quelconque courage :
    Simplement, je ne peux pas me taire. Le vrai héros, ajoute-t-il, c'est mon père, qui tenait à ce que ses filles soient scolarisées à une époque où les mentalités ne s'y prêtaient guère.

    C'est d'ailleurs ce père gendarme, passé par l'école d'aviation française et dont il a appris la mort une demi-heure seulement après avoir reçu le prix François-Mauriac ce 10 octobre, qui lui a inculqué le goût de la langue.

    Il ne parlait pas beaucoup, mais lorsqu'il voulait exprimer un sentiment, il le faisait en français. Si bien que pour moi, cela n'a jamais été la langue du colon, de la violence, mais celle de la liberté. La seule valeur à défendre.

    Marie Lemonnier

    Meursault, contre-enquête, par Kamel Daoud
    Actes Sud, 156 p., 19 euros

    Source: "l'Obs" du 6 novembre 2014.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Voilà, enfin, un peuple, prénom de tous, qui a compris que l'islamisme n'est pas la solution et que la religion n'est pas une assiette ni un moteur

    ...

    «Ce pourquoi je ne suis pas "solidaire" de la Palestine»,


    «En quoi les musulmans sont-ils utiles à l'humanité ?»


    Quand allons-nous enfin admettre que nous sommes devenus un poids mort pour l'humanité ?

    interrogeait-il sans détour, loin des complaintes victimaires qu'il « exècre » et des théories du complot qui accusent l'Occident de tous les maux «pour se laver les mains en utilisant ses pieds ».

    Aujourd'hui, affirme-t-il, «la plus grande aventure intellectuelle d'un Arabe, c'est le religieux, c'est-à-dire comment en sortir.» Il appelle ainsi à couper «le noeud gordien de la religion»


    Kamel Daoud, divorcé et père de deux enfants, se présente comme «la brebis galeuse» de sa famille, «le seul à ne plus être croyant, à boire de l'alcool, et à le dire.»

    «A 20 ans, cela n'était plus suffisant. J'avais une plus haute idée de Dieu que celle d'un simple rôtisseur.» Ce sont les livres qu'il dévore dans la langue de Molière, apprise en autodidacte à l'âge de 9 ans, qui, d'après lui, le sauveront. «Les gens d'un seul livre sont toujours plus intolérants.»


    Il ne parlait pas beaucoup, mais lorsqu'il voulait exprimer un sentiment, il le faisait en français. Si bien que pour moi, cela n'a jamais été la langue du colon, de la violence, mais celle de la liberté. La seule valeur à défendre.

    Sifaoui n'a qu'à bien se tenir, il va avoir une sacrée concurrence
    Vu comment il crache sur son peuple, sur les arabes, les musulmans, les Palestiniens, comment il vénère la France et le Français... Daoued va devenir une star en France sa vraie patrie

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    • #3
      Myst

      m'walfine avec la fuite des cerveaux

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      • #4
        Capo

        Euh non, la fuite des cerveaux concerne les gens intelligents et utiles à la société

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        • #5
          C'est vrai que Daoud dresse un tableau sombre de la société algerienne ;
          Un tableau qu'on pourrait comprendre parfois..s'il n'en faisait pas un tremplin pour ramener tout à sa prestigieuse personne

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          • #6
            C'est vrai que Daoud dresse un tableau sombre de la société algerienne
            sombre et très souvent réaliste ...
            saha capo .
            s'il n'en faisait pas un tremplin pour ramener tout à sa prestigieuse personne
            médisance .
            les gens talentueux ont souvent un haute opinion d'eux même , c'est normal.
            Dernière modification par xenon, 12 novembre 2014, 11h52.
            ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
            On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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            • #7
              sombre et très souvent réaliste ...
              Et on a besoin d'un éradicateur pour nous le rappeler ?..

              médisance .
              les gens talentueux ont souvent un haute opinion d'eux même , c'est normal.
              La ligne qui sépare la médisance et l’honnêteté est très large

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              • #8
                Je n’ai pas voulu intervenir délibérément sur les sujets de ce jeune homme, car avant de pouvoir émettre un avis il faut savoir, Connaître l’origine des difficultés pour mieux intervenir
                Les procédés utiliser pour comprendre un texte sont multiple, il faut savoir décoder, connaitre les différents types de traitement nécessaire à la compréhension du texte, avoir la lucidité de savoir contrôler les stratégies déployées, il faut que nous soyons capable de construire une représentation mentale de l’ensemble du sujet, car la compréhension est fonction de la qualité que nous exerçons délibérément par l’affect à accepter les informations
                Je n’ai pas lu d’une façon approfondie, j’ai juste survolé quelques passages, je remarque l’intitulé dans lequel travaillé ce jeune, « raina, raikoum » ce titre de lui-même on dit long, d’emblée il établie les règles du jeu, je demande qu’on me respect dans mon opinion et je respecterai l’opinion des autres, c’est un débat d’idée et d’opinion mutuelle, donc nous pouvons sur ce concept affirmer que c’est démocratique
                en ce qui concerne son roman » Meursault contre enquête » à-t-il voulu décrire une réalité ou mettre son moi en avant qu’il en soit d’une pulsion, d’une passion , d’un ego en quête d e légitimité, il faut juste qu’il indique le cap afin qu’il y ai une clarté sur sa démarche et ses ambitions
                Concernant ses prises de position cela n’engage que lui, mais d’un autre coté devrions nous censuré une personne parce qu’on a jugé qu’il était collabo ? Comment justifier notre jugement vis-à-vis du concept de la liberté d’expression ?
                Concernant ses soutiens, il prend position selon ce que lui dicte sa conscience, ses connaissances, ou ses messies, mais il faut essayer de se questionner est-ce une prise de position délibéré pour secouer le palmier et pousser à une réflexion, un questionnement, un débat d’idée , peut-être que le gars essaye de vous provoquer afin de vous demander de réfléchir avant de prendre position par empathie ou fraternité, il le souligne solidarité sélective, on ne soutiens pas une cause parce qu’on croit qu’ils nous sont proche , et si demain votre frère (proche) commet un crime vous le soutenez ? on soutiens les causes juste par conviction et par souci de justice et d’équité , non par affiliation, Omar ibn el khatteb à ordonné qu’on flagelle son fils pour l’adultère commis, le maitre mot est savoir distinguer l’affect de la raison , d’ailleurs il le reconnait « ce que fait Israël à Gaza est un crime abject » on ne peut être plus clair, donc sa position n’est autre qu’une invitation à un débat, pour ma part j’entends un autre message , et j’ai une autre lecture : pourquoi les arabes du golf sont entrain d’assassiner les palestiniens ?
                Le paragraphe suivant il vous tend une perche a vous de lui répondre, et d’expliquer en quoi les musulmans sont ou ne sont pas utiles à l’humanité, dans cette réflexion ceux qui nous vous aiment pas sciemment ou inconsciemment prendront part au débat, et croyez moi qu’après des échanges beaucoup auront une autre conviction que celle qui est la leur aujourd’hui, là il est entrain d’agir comme levier il essai de pousser la locomotive

                Enfin peut-être que je ne serais jamais d’accord avec ce Kamel Daoud, bien qu’il soit de ma ville natale, mais je préfère que dans mon pays on ai 1000 comme lui plutôt que 1 millions comme Ali Belhadj

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                • #9
                  mais je préfère que dans mon pays on ai 1000 comme lui plutôt que 1 millions comme Ali Belhadj
                  C'est notre problème à nous, on compare les extrêmes et on passe à côté de l'essentiel.
                  J'étais là...

                  Commentaire


                  • #10
                    @Myst

                    Vu comment il crache sur son peuple, sur les arabes, les musulmans, les Palestiniens, comment il vénère la France et le Français... Daoued va devenir une star en France sa vraie patrie
                    Non, il continuera à le faire depuis Oran n'en déplaise aux néo islamo-bâathiste pour qui un individu de la trompe de Kamel Daoud, comme le fussent jadis Tahar Djaout ou Saïd Mekbel, est en soi 3alama Koubra qui annonce la fin du monde ...

                    Donc pour ton plus grand désespoir, Kamel continuera à commettre ses chroniques depuis Oran et le fait que ça fasse réagir les vierges effarouchées ne feront que le conforter dans la justesse de sa démarche.
                    Jeûner c'est bien. Manger c'est mieux.

                    Commentaire


                    • #11
                      Shamsdine

                      Concernant ses prises de position cela n’engage que lui, mais d’un autre coté devrions nous censuré une personne parce qu’on a jugé qu’il était collabo ? Comment justifier notre jugement vis-à-vis du concept de la liberté d’expression ?
                      Pour la précision, Kamal Daoud n'a jamais été censuré..
                      En tant qu'opposant au système Boutef, il jouit depuis le début des années 2000 d'un quart de page dans le Quotidien d'Oran..où il s'exprime quotidiennement et librement.

                      Commentaire


                      • #12
                        Pourtant son "alter égo",Camus ,lui a préféré sa mère à la justice .J'aurais aimé que Daoud ,lui ,choisisse et sa mère et la justice ...Surtout dans l'affaire Gaza ..Et pourtant c'était possible ,mais malheureusement contre-productif.
                        L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit.”Aristote

                        Commentaire


                        • #13
                          Choisir Gaza est contraire aux recommandations - plus que fortes - de ses maîtres à penser
                          J'étais là...

                          Commentaire


                          • #14
                            Molker

                            Surtout dans l'affaire Gaza
                            A mon avis tu n'as pas compris le sens de sa chronique "Pourquoi je ne suis pas solidaire de la Palestine". Daoud n'est pas un littéraire, c'est un matheux qui écrit tout comme furent ses illustres prédécesseurs Mekbel et Djaout ... l'absurde n'est jamais loin, tout comme l'écriture Camusienne.

                            Choisir Gaza est contraire aux recommandations - plus que fortes - de ses maîtres à penser
                            Et pourtant, être solidaire de la Palestine (pas seulement Gaza) tel que supposé par Daoud dans sa chronique servirait d'une manière exceptionnelle la cause Palestienne, loin de toute récupération religieuse ou panarabiste. L'humain, uniquement.
                            Dernière modification par Massnsen, 12 novembre 2014, 15h18.
                            Jeûner c'est bien. Manger c'est mieux.

                            Commentaire


                            • #15
                              ce que j'avais compris: il n'est pas solidaire avec la solidarité arabe envers Gaza...

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