Annonce

Réduire
Aucune annonce.

En Algérie, le français en perte de vitesse

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • En Algérie, le français en perte de vitesse

    Ihsane El Kadi, correspondant à Alger , le 31/07/2018 à 11h52


    LES PARLERS FRANÇAIS D’AILLEURS (2/4) Les Algériens sont toujours partagés sur la place du français chez eux. Partisans de l’arabisation et militants du multilinguisme n’ont jamais cessé de s’affronter dans les institutions du pays et en dehors.



    L’élan du retour en grâce du français de la première décennie Bouteflika s’estompe. « L’État n’assume plus les coûts d’une démocratisation de l’accès de la population scolaire aux langues étrangères, explique Nourredine Arkouche, directeur d’une école publique à Mostaganem, dans l’ouest du pays. Nous sommes 42 millions d’Algériens, dont plus de 9 millions d’élèves scolarisés. Un million seulement est arrivé en 1re année en septembre dernier. La machine ne suit plus dans l’encadrement. » Conséquence, même la ministre de l’éducation, réformatrice moderniste, Nouria Benghabrit tente de faire des économies. Le projet – non officiel – de supprimer les langues étrangères des épreuves du baccalauréat scientifique, rapporté dans la presse la veille de la Fête de l’indépendance le 5 juillet, a immédiatement mis le feu aux poudres. Officiellement, il s’agit d’alléger les examens dans cette filière, lourde de dix matières, et, officieusement, d’économiser des moyens. « Tentative d’affaiblir encore plus le français et d’enfermer le pays sur lui-même », accuse une partie des élites, alors que le français est incontournable dans l’enseignement des filières techniques à l’université.


    Farid Farah, professeur en télécommunications à l’USTHB, l’une des plus grandes universités d’Afrique, à Alger, a du mal à corriger les copies d’examen : « Les étudiants n’arrivent pas à formuler leur réponse en français lisible. Ils arrivent à la faculté avec un niveau indigent en langue française dans une filière qui s’enseigne justement en français, et n’arrivent jamais à combler le fossé. » Les étudiants venant de l’intérieur de l’Algérie sont particulièrement en difficulté.

    « Tous regardent les chaînes de télévision arabophones »
    Djelfa, 300 km au sud d’Alger. Samira, 15 ans, est tout heureuse en ce début juillet. Elle a obtenu son brevet d’études moyennes (BEM) qui permet l’accès au lycée. Elle pourra aller en filière scientifique comme elle le souhaite. Mais elle a étudié le français seulement à partir du troisième trimestre. L’année d’avant, c’était presque pareil. Dans sa famille personne ne parle français. « Tous regardent les chaînes de télévision arabophones algériennes, l’égyptienne ou celles des pays du Golfe.

    J’essaie les applications d’apprentissage du français sur Internet. C’est difficile toute seule », se plaint Samira. « Il n’y a pas assez d’enseignants de français en Algérie, explique Hassena, 44 ans, professeure de français dans un lycée d’Alger, à telle enseigne que, pendant les corrections du baccalauréat, nous recevons à notre centre des copies venant de wilayas comme Chlef ou Ain Defla (ouest d’Alger). S’ils devaient attendre les correcteurs de là-bas, on aurait les résultats en août. »

    Pour Nacer Djabi, sociologue, cette quasi-exclusion de certains Algériens des régions de l’intérieur de l’enseignement du français est la forme territoriale d’une discrimination sociale par la langue sur ce qui est devenu aujourd’hui « un marché linguistique ». « La bataille des langues a changé en Algérie. D’idéologique dans les années 1960 et 1970, elle est devenue économique aujourd’hui. L’arabe a progressé. Le pouvoir politique a arabisé les fonctions régaliennes et les administrations. Le temps où Ahmed Ben Bella (premier président après l’indépendance, NDLR) faisait ses discours en français paraît d’une autre époque. Les élites savent que l’arabe ne suffit pas à conquérir des positions fortes. Leurs enfants doivent maîtriser en plus les langues étrangères. C’est le français qui vient encore en tête, désormais talonné par l’anglais. »

    Cela passe par les écoles privées, les cours particuliers et, parfois, le bain sonore familial. Le renouvellement des élites aux postes de commandement dans l’économie, les finances, la diplomatie, la haute administration « se joue aujourd’hui en bonne partie sur la maîtrise des langues étrangères », poursuit Nacer Djabi.

    Pour lui, le français est promis à moyen terme au même sort en Algérie qu’en Syrie, si l’État n’engage pas une politique volontariste. « Mais la principale menace vient de l’anglais, pour lequel il y a un engouement spectaculaire chez les jeunes. » Zineb, 23 ans, anime un débat sur l’entrepreneuriat à la faculté de sciences politiques d’Alger, où la majorité des cours sont assurés en arabe, en présence d’Algériens qui ont réussi à l’étranger. Certains ne maîtrisent pas bien l’arabe. Une partie du débat se tient en anglais. « C’est de plus en plus comme cela. Une partie importante des étudiants préfère utiliser l’anglais si elle doit échanger dans une langue étrangère. »

    Pourtant, dans l’espace public algérien, le français continue de tenir une place de choix. Enseignes commerciales, panneaux publicitaires, signalétiques et même tifos géants dans les stades de football, fruits de la créativité de jeunes supporteurs. Les Algériens des grands centres urbains continuent d’utiliser la symbolique d’une langue « intégrante à la cité » pour soigner leur communication domestique. La langue française a des défenseurs parmi les élites et des usagers dans le peuple. En déclin, la presse papier francophone a fondu deux fois plus vite que l’arabophone.

    Le Salon du livre d’Alger – le plus important d’Afrique – vend, certes, autant de livres en arabe qu’en français, « mais c’est parce que les francophones ont un pouvoir d’achat supérieur aux arabophones ». Pour Yassine Temlali, linguiste et historien auteur de La Genèse de la Kabylie (Éd. La Découverte-Barzakh), « il n’est même pas certain, en l’absence d’enquêtes récentes, que le français a profité tant que cela de la résistance à l’arabisation en Kabylie ». Les jeunes Kabyles parlent moins le français que la génération de leurs parents, même s’il est vrai qu’ils sont plus attachés à l’apprendre que dans les autres régions arabophones d’Algérie. Une incidence lointaine de la politique kabyle de la France coloniale qui a plus scolarisé les enfants dans certaines communes kabyles ? « L’historien Alain Mahé soutient qu’en reconnaissant un particularisme kabyle – qui n’excluait pas la domination économique comme ailleurs en Algérie –, la puissance coloniale a évité un rejet de la langue française en Kabylie équivalant à celui des parties arabophones du pays », rappelle Yassine Temlali.

    Le sort « populaire » du français paraît surtout lié à un effort du gouvernement
    Les élites kabyles, dont les positions dans une partie des institutions économiques et sociales tient, de génération en génération, à la meilleure maîtrise du français dans les premières années de l’indépendance, sont aujourd’hui celles qui défendent le plus le maintien du français – fameux « butin de guerre », selon l’expression de Kateb Yacine. Le pouvoir central à Alger a pendant longtemps accusé le mouvement pour la reconnaissance de la culture amazighe d’être un faux nez en faveur de la langue française, avant de reconnaître l’essentiel de ses revendications linguistiques. Le tamazight – parlé par les autres berbérophones – est langue nationale et officielle. La suspicion n’a pas disparu. Ferhat Mehenni, le leader en exil du MAK, Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, prévoyait, dans un livre édité en 2004, de donner un statut spécial à la langue française dans une Kabylie débarrassée de la « présence coloniale algérienne ».« Une promesse programmatique qui ne sert ni les Kabyles, très majoritairement fidèles à l’État-nation algérien, ni vraiment le français, qui apparaît comme un concurrent encombrant pour le développement de la langue populaire qu’est le tamazight », estime Saïd Amache, enseignant à l’université de Tizi Ouzou.

    Désormais, le sort « populaire » du français en Algérie paraît surtout lié à un effort du gouvernement, depuis la réforme de 2003, pour en assurer un enseignement effectif dès la troisième année du cycle du primaire. « Autrement, il devra se contenter d’être un outil pour le renouvellement des élites au pouvoir en Algérie et, sur ce terrain, l’anglais finira par le supplanter », pronostique Nacer Djabi.

    Ihsane El Kadi, correspondant à Alger

  • #2
    l’anglais finira par le supplanter », pronostique Nacer Djabi.
    Ce sera une bonne chose, l'Anglais est la langue de l'avenir contrairement à l'Arabe qui est la langue du passé.
    Toutes les fleurs de l'avenir sont dans les semences d'aujourd'hui.

    Commentaire


    • #3
      @Chouan: " Ce sera une bonne chose, l'Anglais est la langue de l'avenir contrairement à l'Arabe qui est la langue du passé. "

      Au même titre que la merveilleuse langue de Molière contre l'anglais.

      Commentaire


      • #4
        Tant mieux.

        Commentaire


        • #5
          Au même titre que la merveilleuse langue de Molière contre l'anglais.
          Non Rago le Français est une future langue morte tout comme le latin qui était devenue comme l'Arabe une langue purement religieuse en disparition.
          Subsisteront l'Anglais et le Chinois.
          Toutes les fleurs de l'avenir sont dans les semences d'aujourd'hui.

          Commentaire


          • #6
            .. Mais la principale menace vient de l’anglais, pour lequel il y a un engouement spectaculaire chez les jeunes. »
            pour s'en rendre compte de visu , faut aller voir le monde qui s'inscrivent au british council de hydra par ex malgré les prix qui sont loin d'etre abordable ..

            Commentaire


            • #7
              Bachi, Bonjour !

              La langue française n'est pas en perte de vitesse uniquement en Algérie, en France aussi cette langue est en perte de vitesse !

              Toutes les revues scientifiques (des USA au Japon en passant par la France) utilisent l'Anglais !

              Les prix Nobel français eux-mêmes publient et communiquent dans la langue de Shakespeare !

              A titre d'exemple l'excellent ouvrage "scaling concepts in polymer physics" de Pierre-Gilles de Gennes.

              C'est une question d'audience, et puis que représentent, dans le monde, le nombre des francophones à coté de celui des anglophones ?

              Cependant, le français de Victor Hugo restera quand même la langue de la prose et des amourettes.
              Dernière modification par HBOUM, 01 août 2018, 09h54.

              Commentaire


              • #8
                il y a trente ans les étudiant sortaient du bac avec un bon niveau d'arabe de français et un niveau acceptable d'anglais en plus pour certains de la langue matérnelle Amazigh

                et cela ne dérangait personne

                aujourd'hui on présente le cerveaux de nos jeunes comme incapables d'assimiler qu'une seule langue

                donc pour réussir en anglais il faut renoncer et vider le français et l'arabe..

                Dites vous bien que chaque langue acquise est une richesse qui ouvre des horizons

                chaque langue perdue ce sont des opportunités perdues





                La savoir est la seule richesse qui augmentent en là partageant
                .
                .
                ''La pauvreté ne sera plus séditieuse, lorsque l'opulence ne sera plus oppressive''
                Napoléon III

                Commentaire


                • #9
                  aujourd'hui on présente le cerveaux de nos jeunes comme incapables d'assimiler qu'une seule langue
                  Bien dit .
                  avant,les gens sortaient avec un très bon niveau général ,au lieu de garder l'acquis en français,renforcer la maîtrise de l'arabe et améliorer la couverture de l'anglais ,ils ont quasiment éliminés le premier,échouer lamentablement avec le second et pas du tout commencer le troisième ,du coups le niveau général en a pris dans le grade ,à présent ,on a une génération incapable d'adopter un langage sophistiquée dans aucune des trois langues .
                  ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
                  On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

                  Commentaire


                  • #10
                    ** Ce sont les conséquences du Chadlisme et les 13 ans de Ben Boue-zide ou zide actuellement , formation jusqu au Bac en arabe , l université en Français ???
                    A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

                    Commentaire


                    • #11
                      .....« Autrement, il devra se contenter d’être un outil pour le renouvellement des élites au pouvoir en Algérie et, sur ce terrain, l’anglais finira par le supplanter », pronostique Nacer Djabi.
                      .
                      Hélas
                      ** Ce sont les conséquences des 13 ans de ( Benbouzid ?? ) ; Ben Boue-zid ou zid actuellement , formation jusqu au Bac en arabe , l université en Français ???

                      *le vrai problème de l enseignement en Algérie
                      C est un problème de méthode et de programme s adaptant à l environnement mondial , mais aussi de compétences qui gère le ministère .
                      les parachutés à l enseignement ( Ministère aussi ) n ont aucune formation pédagogique , ni une formation adéquate de professeurs ...ni une formation sur le nouveau programme de BenGhabrit ????..
                      Le comble , constaté des profs incorporés non titulaire et sans sans formation pédagogique ..

                      Les étudiants et les universitaires ne savent sur quel pied danser : ni français , ni arabe , ni anglais ..

                      Tout est en perte de vitesse
                      A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

                      Commentaire


                      • #12
                        au premier impression je peux prendre cette nouvelle comme une bonne nouvelle, mais le problème en Algérie l'étudiant a un grand problème de langue que ce soit le Français, anglais ou même l'Arabie

                        y'a plein de cadres (ex. ingénieurs) qui Savent pas faire une simple phrase en anglais ou en Français, malheureusement

                        je cherche toujours la cause principale, mais je pense plusieurs facteurs laissant les gens désintéresse a apprendre les langue étrangères

                        parmi eux, le changement fréquent du système éducatif en Algérie depuis l'indépendance jusqu'à maintenant selon l'orientation idéologiques du chef de gouvernement au d'autre , et les étudiants subissent la faillite de ce système, d'une génération a une autre
                        Dernière modification par saad449, 02 août 2018, 11h04.
                        La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.

                        Commentaire


                        • #13
                          C est plus en perte de vitesse mais en voie de disparition.
                          Quand je vois les cousins/cousines...etudiants en droit ..on communique en anglais..Francais absent.
                          Always on the sunny side.....

                          Commentaire


                          • #14
                            La langue du rosbeef n'a aucun avenir
                            c'est celle de Chine, l'espagnol avec l'arabe
                            qui ont le plus d'avenir ...
                            tchek tchek tchek

                            Commentaire


                            • #15
                              Si l'anglais est aussi puissant en ce moment
                              c'est bien à cause des amerlock
                              mais comme elle finira par être supplanté par l'espagnol ...
                              tchek tchek tchek

                              Commentaire

                              Chargement...
                              X