Annonce

Réduire
Aucune annonce.

la monstrueuse partition de l'Inde

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • la monstrueuse partition de l'Inde

    Dans le journal Le Monde

    Les oeuvres civilisatrices de nos pays occidentaux ne sont pour rien, la majeure partie des commentateurs nationaux de(s) l'ex-colon(s) nous le rabâchent sans cesse, dans les tragédies qui se sont nouées à la suite des guerres de décolonisation.

    "'indépendance est proclamée le 15 août 1947, en même temps que la partition - bâclée - en deux Etats : l'Union indienne, à majorité hindoue, et le Pakistan, à majorité musulmane. Lord Mountbatten, dernier vice-roi des Indes, et l'Angleterre fuient en courant le joyau de la couronne, devenu un bourbier infernal."

    Alors qu'on arrive au 60ème anniversaire de l'indépendance de l'Inde, une petite rétrospective de la mémoire libératrice et post-coloniale de ce grand pays et de son icône nationale et universelle, le Mahatma Mohandas Karmachand GANDHI.

    "Il avait plaidé pour l'harmonie des religions, mais elles se livrent à un impitoyable massacre. Contre l'"intouchabilité", mais cela lui vaut la haine de tous les extrémistes hindous. Contre l'oppression des femmes, mais elles sont les premières victimes du malheur indien*. Gandhi a perdu. Il reprend son rouet et sa marche en chantant avec le poète Tagore, son ami : "Marche seul. S'ils ne répondent pas à ton appel, marche seul.""

    * ça me rappelle le témoignage d'une femme algérienne dans le livre de Florence Beaugé : Algérie, un guerre sans gloire.


    A Thoa Khalsa, 84 femmes avalent de l'opium et sautent, l'une après l'autre, dans un puits. Des musulmans occupent ce village du Pendjab en avril 1947, à quelques mois de la partition de l'Inde, et la tradition sikh veut que les femmes s'immolent quand les hommes ne sont plus là pour les défendre. Quatre d'entre elles survivront parce qu'il n'y a pas assez d'eau dans le puits pour les noyer toutes, mais les autres sont des "martyres". En mourant, elles ont préservé l'honneur de la communauté. Martyres aussi ces jeunes filles que leurs pères ont tuées, au sabre ou de leurs propres mains, pour éviter qu'elles ne soient enlevées, violées, converties à l'islam. Mangal Singh, avec ses deux frères, a tué 17 membres de sa famille, enfants, neveux. Dans Les Voies de la partition Inde-Pakistan, Urvashi Butalia recense les cruautés liées à ce chapitre de l'histoire indienne qui, soixante ans après, ronge encore le pays de remords et de chagrin.

    Les femmes enlevées - 75 000, selon les estimations - sont violées, vendues, converties de force. Elles sont promenées nues dans les rues, ont les seins coupés, le sexe tatoué des signes de l'"autre" religion. Car, dans l'orgie de violences née de la Partition, une obsession submerge l'Inde : kidnapper, violer la femme de l'"autre" pour l'humilier, l'intimider, détruire sa capacité de reproduction. Obsession qui, par rivalité mimétique, ravage autant les hindous que les musulmans. Mutilées, arrachées à leur communauté, ces femmes sont la métaphore du corps amputé de l'Inde, Mère éternelle - Bharat Mata. Et l'une des caricatures les plus chères aux nationalistes hindous est alors celle d'un corps féminin épousant la forme de l'Inde et Nehru découpant un bras qui représente le Pakistan.
    L'indépendance est proclamée le 15 août 1947, en même temps que la partition - bâclée - en deux Etats : l'Union indienne, à majorité hindoue, et le Pakistan, à majorité musulmane. Lord Mountbatten, dernier vice-roi des Indes, et l'Angleterre fuient en courant le joyau de la couronne, devenu un bourbier infernal. Outre les suicides collectifs, des émeutes font des milliers de morts à Rawalpindi (Pendjab) en mars 1947. Ou au Bengale, en novembre 1946, quand des pèlerins hindous massacrent, à Garh Mukhteshwar, des commerçants musulmans. En août 1946, à Calcutta, une Action Day de la Ligue musulmane tourne à la "grande tuerie" : armés de haches, de bâtons, d'épieux ou d'armes à feu, des hommes assassinent, pillent, lors de vrais pogroms, et profanent des mosquées. En représailles, dans le district de Noâkhâli, des musulmans tuent et brûlent des temples.
    Tout le monde sait que la Partition tournera au bain de sang, mais, en août 1947, le Congrès pousse un soupir de soulagement. Jawaharlal Nehru, père de l'indépendance, avoue : "Nous étions épuisés. Il fallait qu'on aboutisse. Nous pensions que la Partition serait temporaire." Chef de la Ligue musulmane, Mohammed Jinnah décroche le rêve de sa vie : une Inde indépendante en "deux nations". Mais "nul ne sait où va passer ce Pakistan d'utopie, ce pays de nulle part", écrit l'historien Eric-Paul Meyer. Voté à Londres en juillet, l'Acte d'indépendance de l'Inde ne dit pas un mot des risques d'exode, de déchirement des familles. La commission Radcliffe trace une frontière qui mutile des zones urbaines et rurales, de populations mélangées. Le Pendjab et le Bengale sont à majorité musulmane, mais abritent de grosses minorités d'hindous et de sikhs. Lahore et Karachi, villes de commerçants et de fonctionnaires, sont à majorité hindoue.
    Dès que le tracé de la frontière devient officiel, le 15 août, les maisons sont évacuées. A Delhi, ville frontière entre les deux nouveaux pays, la milice hindoue RSF vide les quartiers de leurs occupants musulmans, réfugiés dans les mosquées, pour faire une place aux hindous qui arrivent par convois entiers. Karachi se vide de ses hindous comme Delhi de ses musulmans. Dans les quartiers mixtes, des gens ordinaires massacrent leurs voisins sans autre raison que la différence de religion. C'est la première fois en Inde qu'on élimine physiquement, à une telle échelle, des populations pour aboutir à des zones ethno-religieuses pures.
    Des politiques et des prêtres fanatiques attisent les haines. C'est l'heure du grand "nettoyage" - safa'i. Ce récit d'un sikh à la frontière d'Attari : "Un jour, tout notre village s'est retrouvé en route pour un village musulman proche, en vue d'une expédition punitive. Nous sommes carrément devenus fous... Et cela m'a coûté cinquante ans de remords, de nuits sans sommeil. Je n'arrive pas à oublier les visages des gens que j'ai tués." Même écho chez Nasir Hussain, paysan musulman : "En l'espace de deux jours, une vague sauvage de haine nous a submergés. Je ne peux même pas me rappeler combien d'hommes j'ai tués."
    La Partition fait de l'Inde un territoire mangé aux mites. Les deux parties, occidentale et orientale, du néo-Pakistan sont séparées par 1 300 kilomètres de territoire indien. Et le nombre des victimes est phénoménal. Parmi les estimations les plus élevées, 1 million de morts en trois mois et un exode humain jamais vu. Quinze millions de personnes passent la frontière dans les deux sens : 9 millions d'hindous et de sikhs venant du Pakistan ; 6 millions de musulmans quittant l'Inde. Un million l'ont franchie à pied dans les kafila, ces colonnes étirées sur des dizaines de kilomètres, hommes et femmes en haillons, affamés, épuisés, écrasés de chagrin, mais trouvant encore un peu de force pour provoquer l'autre. Des milliers de familles sont séparées en une nuit, des vies pour toujours disloquées. Urvashi Butalia : "Il est difficile de séparer deux vies. En séparer des millions est pure folie."
    Une "monstrueuse vivisection", avait prévenu le mahatma Gandhi à propos de la Partition. A 77 ans, Gandhi, héros shakespearien, erre halluciné, comme le Roi Lear, dans les ruines et le chaos du monde. De son monde. Il marche dans les rues désertes de Calcutta, où les habitants sont terrés, entre les carcasses calcinées des voitures et les maisons incendiées. Il se rend dans les villages rasés où les vautours rôdent déjà autour des cadavres. Il tient des réunions de prière, écoute le récit des atrocités, "essuie les larmes de tous les yeux", écrit l'écrivaine Christine Jordis dans sa belle biographie. Jusqu'à la dernière minute, sur la planche de bois qui lui sert de lit et d'écritoire, il aura tout tenté : nouer des contacts, jeûner, chercher un accord avec Mohammed Jinnah pour le convaincre de ne pas céder au mirage d'une Inde découpée qui est, pour lui, un contre-sens historique, un non-sens absolu.


  • #2
    suite et fin.


    Mais Gandhi n'est plus écouté. Il est détesté par les activistes des deux camps, qui ne croient plus, depuis longtemps, aux vertus de l'ahimsa (non-violence). Par les Britanniques, qui l'ont toujours vu en politicien roué ou en saint fanatique. A-t-on jamais vu un opposant prévenant aussi courtoisement la puissance coloniale des actions de résistance civile qui allaient faire de lui le révolutionnaire le plus original du monde ? Les massacres de 1947, l'exode signent l'échec de son combat pour le swaraj, l'émancipation d'une Inde rêvée. Il avait plaidé pour l'harmonie des religions, mais elles se livrent à un impitoyable massacre. Contre l'"intouchabilité", mais cela lui vaut la haine de tous les extrémistes hindous. Contre l'oppression des femmes, mais elles sont les premières victimes du malheur indien. Gandhi a perdu. Il reprend son rouet et sa marche en chantant avec le poète Tagore, son ami : "Marche seul. S'ils ne répondent pas à ton appel, marche seul."

    La cruauté de la Partition est restée longtemps un secret trop lourd à porter, un enfantement douloureux qu'il n'est jamais temps de rappeler parce que d'autres orages se profilent. Au Cachemire, par exemple. L'assassinat de Gandhi, le 30 janvier 1948, est resté comme le geste isolé d'un déséquilibré hindou plutôt que le dernier meurtre d'une longue série. L'ironie de l'histoire a voulu que Jinnah meure aussi, de tuberculose, moins de huit mois après lui. Puis les langues se sont déliées, comme par un besoin compulsif d'expliquer, de comprendre, d'exorciser. Mais chaque émeute postérieure - contre les sikhs après l'assassinat d'Indira Gandhi en 1984, la destruction de la mosquée d'Ayodhya en 1992, les massacres antimusulmans du Gujarat en 2002 - réactive le souvenir de la Partition. Soixante ans après, le travail de mémoire a à peine commencé.
    La tentation a été longtemps d'opposer deux religions aux valeurs antagoniques : l'islam, monothéiste, égalitariste et prosélyte ; l'hindouisme, polythéiste, hiérarchisé, tolérant. L'islam a conquis l'Inde, qu'il a dominée, bien que minoritaire, pendant six siècles, de la création du sultanat de Delhi à la décadence des Moghols au XVIIIe siècle. Mais la conquête britannique (1715-1818) a mis fin à son hégémonie et mis en lumière sa faiblesse numérique. "L'islam a cessé d'être en Inde la référence politique et culturelle dominante", explique l'islamologue Marc Gaborieau. L'affrontement devenait inévitable. En 1940, Jinnah affirmait : "Les hindous et les musulmans appartiennent à deux civilisations différentes, fondées sur des idées et des conceptions contradictoires."
    Cette explication des massacres, appelée"primordialiste", a été défendue par Louis Dumont dans son Essai sur le système des castes (1966). Elle est celle encore des historiens officiels et islamistes pakistanais comme de l'extrême droite hindoue. L'autre thèse, dite "artificialiste", consiste au contraire à nier cette opposition de fond entre islam et hindouisme et à attribuer la catastrophe de la Partition au colonisateur britannique. Au nom du sempiternel principe "diviser pour régner", la réforme Morley-Minto de 1909 cède aux demandes musulmanes d'électorat séparé dans les provinces et transforme les communautés religieuses en circonscriptions électorales.
    De quoi attiser la tension entre la Ligue musulmane, fondée en 1906, et le Parti du Congrès (1885), qui regroupe majoritairement les élites nationalistes hindoues. La théorie des "deux nations" naîtra d'un réflexe de peur de la minorité musulmane. Les effets combinés de la démocratie et de la politique du raj (empire) auraient ainsi fait éclater des conflits intercommunautaires étrangers à l'histoire de l'lnde.
    Cette thèse s'appuie sur un âge d'or supposé - précolonial - où musulmans et hindous auraient toujours vécu en bon voisinage. Les souverains hindous choisissaient des musulmans comme officiers et gourous, les souverains musulmans des femmes, des généraux et des conseillers hindous. Ils parlent les mêmes langues, ont les mêmes goûts musicaux, architecturaux, culinaires, les mêmes structures familiales (polygamie). Les valeurs qu'ils partagent sont plus nombreuses que celles qui les divisent. Loin d'être "égalitariste", souligne Marc Gaborieau, l'islam indien reproduit des hiérarchies sociales qui ne sont pas si éloignées du système des castes.
    Les deux explications, "primordialiste" et "artificialiste", sont tout aussi caricaturales. Malgré des siècles de cohabitation plus ou moins pacifique, les deux cultures sont en fait restées dos à dos : au nom des règles de pureté, on ne mange pas ensemble, on ne se touche pas, on ne se marie pas. Les hindous considèrent l'islam ou le christianisme comme des religions impures et barbares. Musulmans et chrétiens sont, comme les intouchables, au dernier rang de l'échelle. Un sikh raconte ce fait inouï dans le livre d'Urvashi Butalia : "Si un musulman venait vers nous et que nous échangions une poignée de main et que nous avions un paquet de nourriture à la main, cette nourriture était souillée et nous ne la mangions pas. Si nous tenions un chien d'une main et de la nourriture de l'autre, cette nourriture ne posait aucun problème."
    La vraie fracture était, en fait, à l'intérieur des deux camps. Face à l'arrogance du colonisateur, les identités se réveillent à la fin du XIXe siècle. Les hindous restaurent les rituels de purification, réactivent le souvenir mythifié du passé prémusulman, reviennent à un esprit de castes rigoureux, au culte de la vache, au sacrifice des veuves. Le nationalisme hindou exploite le mécontentement de populations réticentes à l'occidentalisation de l'Inde et qui se rejoignent dans la référence à un védisme originel qui aurait été perverti par l'islam et le christianisme.
    Même évolution chez les musulmans qui veulent "deshindouiser" l'islam, éliminer le culte des idoles, revenir à la lettre du Coran, chasser le soufisme, perçu comme une contamination de l'islam par l'hindouisme. Ainsi, le fondamentalisme islamique naît-il au Bengale et au Pendjab. En 1927, le mouvement de prédicateurs Tabligh (Foi et pratique) - encore très présent en France aujourd'hui - est créé avec cette vocation de purifier, purger ce que des siècles de cohabitation ont pollué. La même année, un intellectuel occidentalisé, Maududi, l'un des inspirateurs des Frères musulmans en Egypte, publie un livre retentissant sur la "guerre sainte", qu'il encourage dans tout le monde musulman, et il fonde, en 1941, le Jamaat al-Islam, qui transformera le Pakistan en République islamique.
    La récupération politique de ces extrémismes religieux prépare la tragédie. Milice hindoue, le Rashtriya Svayamsevak Sangh (RSS) organise des manifestations rituelles qui sont autant de démonstrations de force. De son côté, la Ligue musulmane reprend la proposition faite en 1930 par le poète-philosophe Iqbal d'un Etat séparé ayant vocation à rassembler tous les musulmans. Mohammed Jinnah est pourtant tout sauf un islamiste. C'est un réformateur moderne, marié à une ismaélienne, mangeur de porc et buveur de whisky, mais il a compris que la seule façon de créer le Pakistan était d'utiliser les oulémas. "C'est parce que des acteurs politiques ont considéré qu'il était de leur intérêt d'activer ces lignes de clivage religieux, conclut le chercheur Christophe Jaffrelot, qu'elles ont fini par devenir pertinentes, alors qu'elles ne l'étaient pas auparavant." Le scénario était en place pour le pire.
    Je ne sais s'il y a un parti-pris dans ce texte... Qu'en pensez-vous ?

    Commentaire


    • #3
      Probleme

      Le probleme c'est que cette chose que les Anglais apellaient Empire des Indes n'etait pas un Etat unique et unifie au moment de la colonisation du pays, moins d'un siecle auparavant ; l'Inde etait un ensemble d'Etats de diverses confessions et de tailles tres variables.

      Bon, au moment de l'independance il y aurait bien pu etre une naissance d'un Etat unifie, mais la la encore il y'a probleme car ca serait faire fi d'un clivage certain entre Musulmans et Hindoux au sein de cet ensemble indien et cela bien avant l'arrivee des Anglais.

      Je dirais donc que non seulement la partition entre Pakistan et Inde etait inevitable mais meme salutaire puisque elle evita une guerre-civile quasi certaine qui aurait laisse ce grand et antique ensemble sans dessus-dessous.
      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

      Commentaire


      • #4
        bonsoir

        ça semble symptomatique oui, ces mélanges de problèmes identitaires et religieux.

        Etait-ce inévitable, imparable et pour l'avenir... Pour l'avenir, toute mélange interculturel et religieux doit-il finir en bain de sang et/ou en sessession ?

        La parole du Mahatmah et de tous ceux qui, toutes origines et relgions confondues, prônent la paix et l'entente (je pense à Malcolm, dans un autre lieu, autre style, autre religion...) sont-elles si vaines... Ou juste trop "en avance"...?
        Dernière modification par Virginie, 06 août 2007, 17h21.

        Commentaire


        • #5
          Mahatma

          Je crois que certaines choses echapperont presque toujours a la perception d'un occidental car les fondements de sa propre perception du monde different quelques peu de ceux d'un oriental par exemple !

          Ainsi, le syncretisme, le pacifisme et toute chose du genre n'a pas necessairement la meme raisonnance dans ma tete -et tres probablement pas la meme que dans celle d'un indo-musulman qui devint pakistanais en 1948- ce qui peut donner lieu a des vues diamtralement opposee de certains problemes.

          De meme, Ghandi etait peut etre cool et sympa, mais il etait aussi et surtout le depositaire et le reprsentant de sa propre culture, de sa propre religion, de son propre peuple et dans ce peuple tout le monde ne s'identifie pas necessairement et c'est bien le cas de ces centaines de millions de musulmans habitants l'Empire britannique des Indes a cette date. C'est leur droit le plus absolu a mon avis et c'est cela, bien avant que l'independance ne se pointe qui aboutit a la partition ; non sans rapeller que ce qui fut partitionen ne fut jamais vraiment uni.
          Dernière modification par Harrachi78, 06 août 2007, 17h35.
          "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

          Commentaire


          • #6
            Justement... Si tu relis l'article, tu y verras que le mahatmah a été HONNI par les siens, pour ses prises de position à l'opposée de la tradition hindouïste, comme par exemple au sujet des intouchables !

            Certes représentant son propre peuple et sa propre culture, il n'en a pas moins dénoncé les errances et les iniquités ! Il a perpétué sa culture... tout en ayant la volonté d'en détruire certains aspects, ceux qui justement on plongé l'Inde et son "bras" dans la violence relatée dans ce texte et... qui pèsent encore aujourd'hui sur l'Inde moderne (castes, traditions liées aux femmes et les millions manquantes dans la société Indienne...) !

            Positions du Mahatmah que les hindouïstes ont refusé... à l'instar des musulmans. Autrement dit, s'il y a une chose sur laquelle tout le monde était d'accord (hindoïstes et musulmans), c'etait pour ne pas être d'accord. Et pour les violences qui ont suivi.

            Cette étape était peut-être obligatoire, et comme tu le fais remarquer, légitime. Espérons que l'avenir exhausse les rêves du mahatma, celui d'un pays (voir plus) ou les uns et les autres pourraient vivre dignes et en paix.
            Dernière modification par Virginie, 06 août 2007, 20h24.

            Commentaire


            • #7
              Justement ... Si tu relis l'article, tu y verras que le mahatmah a été HONNI par les siens, pour ses prises de position à l'opposée de la tradition hindouïste, comme par exemple au sujet des intouchables ! Certes représentant son propre peuple et sa propre culture, il n'en a pas moins dénoncé les errances et les iniquités ! ...

              La n'est pas vraiment la question ; il ne s'agit pas des deboirs du Mahatma avec les siens mais du fait que toute l'Inde ne se comptait pas parmi les siens a cette date, sans pour autant remettre en cause ses qulites personelles.

              En un mot si l'Inde devait etre independante dans l'union ca devait etre sous la conduite de Gandhi or lui -au dela de tout jugement positif sur son ideologie- n'etait pas l'expression de tous les peuples des Indes et surtout pas celui des Musulmans du sous-continent qui avaient leurs propres agendas et leurs propres elites et c'est cela qui conduisit a la partition car Mahatma ou pas, la saintente appartient a Dieu seul et aucun homem sur terre n'aurait pu representer toute l'Inde car toute l'Inde ne se ressemblait tout bonnement pas !
              "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

              Commentaire


              • #8
                Mais Gandhi n'est plus écouté. Il est détesté par les activistes des deux camps, qui ne croient plus, depuis longtemps, aux vertus de l'ahimsa (non-violence). Par les Britanniques, qui l'ont toujours vu en politicien roué ou en saint fanatique. A-t-on jamais vu un opposant prévenant aussi courtoisement la puissance coloniale des actions de résistance civile qui allaient faire de lui le révolutionnaire le plus original du monde ? Les massacres de 1947, l'exode signent l'échec de son combat pour le swaraj, l'émancipation d'une Inde rêvée. Il avait plaidé pour l'harmonie des religions, mais elles se livrent à un impitoyable massacre. Contre l'"intouchabilité", mais cela lui vaut la haine de tous les extrémistes hindous. Contre l'oppression des femmes, mais elles sont les premières victimes du malheur indien. Gandhi a perdu.
                Il ne faut pas oublier deux choses essentielles: Gandhi, l'homme et son trajet... et L'inde et la réalité de 1944.

                D'abord Gandhi ne connaissait pas son pays.
                Formé dans une Université britannique, avec donc le sens de la LOI (il état avocat) et surtout de la Tradition britannique de la Démocratie.
                Mais la vingtaine d'années passé en Afrique du Sud lui a aussi appris avec amertume ce que c'est l'Injustice dans les colonies: Homme libre en Angleterre, il se découvre sous homme à Durban... et c'est la lutte sans fin pour ses droits de citoyen.

                Ensuite ce fut le retour aux Indes... mais avec l'Idée de l'Émancipation de son pays.

                Et là il ne comptait pas découvrir l'opposition entre deux Groupes: La Ligue Musulmane et le Congrès National Indien.
                Là se compliquent des éléments nouveaux: Religions, ethnies, langues, politiques, castes ... et géographie!
                L'Inde c'était pratiquement un continent avec plusieurs religions, plusieurs allégeances et surtout une centaines de langues et diverse cultures!

                Il n'est pas étonnant alors qu'il ne pouvait pas y avoir un seule pays qui allait émerger de cette lutte pour l'Indépendance... et c'est un miracle qu'il n'y eut création que de DEUX pays (aujourd'hui 3 avec le Bangla Desh)

                Ainsi, imaginez aujourd'hui 18 langues officielles aux Indes ! ... et c'est ironique, c'est en Anglais que tous ces gens peuvent communiquer entre eux!

                Les Indes un échec ? Je dirai plutôt que, étant donné la diversité de peuplement, de langues et de géographie... l'Inde, le Pakistan (et le Bangla Desh) est ce qu'il y a de miraculeux, proche du rêve de Gandhi ....
                Il suffit de penser aux Balkans récemment ... ou les luttes internes dans plusieurs pays pour être convaincu.
                L'homme parle sans réféchir...Le miroir réfléchit sans parler!

                Commentaire


                • #9
                  Merci Avucic de nous avoir fait partager ton opinion. Et en effet.. on peut voir la bouteille à moitié vide... comme on peut voir tout ce qui a été rempli !

                  En l'occurence... Replacé dans son contexte, cette lutte comme beaucoup d'autres a ses carences mais aussi et surtout ses réussites.

                  Elles sont un échelon de plus, il reste intéressant de voir les germes des défis présents et à venir. Et qui sait, peut-etre encore de nouveau pas à faire sur le rêve de Gandhi qui par son universalité, rejoint bien d'autres rêves-fleuves semblables au sien.

                  Commentaire


                  • #10
                    Les occidentaux avec leur notion d'Etat nation ont foutu la pagaille partout
                    avant, les habitants de l'inde vivaient en harmonie

                    Commentaire


                    • #11
                      Faux procès Zoubir. Bonne intention, fausse référence donc fausse conclusion et faux procès, quoi que l'objectif n'est lui pas vain.
                      Bon retour !

                      Commentaire


                      • #12
                        Envoyé par Virginie
                        "Il avait plaidé pour l'harmonie des religions, mais elles se livrent à un impitoyable massacre. Contre l'"intouchabilité", mais cela lui vaut la haine de tous les extrémistes hindous. Contre l'oppression des femmes, mais elles sont les premières victimes du malheur indien*
                        Mais oui c'est bien connu : seules les femmes musulmanes sont opprimées, les hindous quant à eux font preuve d'une galanterie de renom....

                        Commentaire


                        • #13
                          Sarutobi, ... On dirait que tu sais lire et écrire mais apparement, il y a eu un schisme en toi entre les deux fonctions...
                          Fais attention, certains te diagnostiqueraient une schizophrénie pour moins que ça !

                          Bon... :22:
                          Relis la phrase que tu as cité... pèse les mots et j'espère que tu sais à quoi ça se réfère sur le plan historique... pour comprendre cette phrase. Ensuite, si tu es sur d'avoir compris, relis la phrase que tu as écrite et reviens me dire si ce que tu as cité ne contredit pas exactement ce que tu dis.
                          Dernière modification par Virginie, 24 août 2007, 22h43.

                          Commentaire


                          • #14
                            LA CONDITION DES HINDOUS SOUS LA DOMINATION MUSULMANE EN INDE.

                            par le Dr. Jadunath Sarkar

                            Cet article a été publié pour la première fois en 1950 dans le numéro annuel de l'« Hindusthan Standard » de Calcutta.


                            Quelle était la condition des hindous à l'époque de la domination musulmane en Inde ? C'est une question légitime étant donné la situation présente du pays, et la signification de cette enquête revêt une importance pratique fondamentale. Chaque arbre est jugé à ses fruits, et le gouvernement musulman idéal de l'Inde, littéralement, une théocratie administrée pour Allah par ses agents, a montré ses conséquences pratiques indubitables sur les conditions morales, économiques et intellectuelles du peuple de ce vaste sous-continent, au moment où la domination musulmane s'est arrêtée et où l'administration britannique a commencé. Quand Wellesley et le Marquis de Hastings établirent la souveraineté britannique, balayant six siècles de domination musulmane, quel Indien ne se sent pas honteux, en lisant l'histoire de cette conquête, de découvrir l'affaiblissement désespéré de notre système de défense, la dégradation abjecte de l'esprit et de l'éducation de notre peuple, et de voir ce qu'étaient devenues les administrations publiques, inefficaces et corrompues, pourtant entièrement entre les mains d'autochtones.

                            Il est vrai que nos gouvernants hindous avaient fait preuve d'une incapacité similaire à la fin de la période hindoue, quand le jeune Islam jeta ses premières attaques sur l'Inde. Pourtant, à cette époque, l'intellect hindou était encore vivant et produisait de brillants penseurs et de valeureux héros, même pendant le stade initial de l'expansion du règne politique islamique sur le pays. Mais à l'époque de Wellesley et Hastings, 1798 -1818, la domination musulmane avait changé l'Inde en une sorte « d'Afrique obscure », si l'on considère l'état de la culture, de la pensée et du caractère national, et, à la recherche d'une nouvelle naissance de l'esprit, nous n'avons pu trouver notre inspiration qu'en nous tournant vers l'Europe du 19ème Siècle.

                            Le poison repose au cœur même de la théocratie islamique, selon laquelle il ne peut y avoir qu'une seule foi, un seul peuple et une seule autorité toute-puissante. L'État est un trust religieux, administré uniquement par son peuple (les fidèles) obéissant aveuglément au commandeur des croyants, qui était en théorie et le plus souvent aussi en pratique, le Général suprême de l'Islam militant (janud). Chaque souverain musulman se proclamait le Calife Éternel, le « Commandeur des croyants » et l'ombre (le représentant) de Dieu le véritable souverain. Il ne pouvait y avoir de place pour les non-croyants dans son administration, pas même pour les sous-divisions hérétiques de l'Islam (les Chiites d'un État sunnite comme les Sultans et les Padishas de Delhi). Même les juifs et les chrétiens ne pouvaient être des citoyens à part entière, encore qu'ils se rapprochent des musulmans en raison de leur appartenance au « Peuple du Livre » ou croyants en la Bible, que le prophète de l'Islam avait acceptée comme parole révélée, bien qu'insuffisante pour assurer le salut à moins d'être complétée par son Coran. L'attitude musulmane envers ces Ahal-i-Kitab est parfaitement exprimée dans les vers suivants cités par Al Badayieni, un lettré orthodoxe champion de l'Islam et ennemi des philosophes libéraux Abul Fazi et Faizi :

                            « L'eau touchée par un juif est impure :
                            Mais elle pourra baigner le corps d'un Chrétien. »



                            Zimmis

                            Il en était de même pour les hindous et les Zoroastriens qui n'avaient pas de place dans ce système politique. Si leur existence était tolérée, c'était seulement pour les utiliser comme manœuvres, équarrisseurs et tireurs d'eau, comme contribuables « Khirajguzar » pour le seul bénéfice de la secte dominante des croyants. Ils étaient appelés Zimmis et constituaient une population placée sous un contrat de protection de l'État musulman, à condition de rendre certains services et de devoir supporter certaines incapacités civiques et politiques, et tout était mis en œuvre pour les empêcher de prendre de la force. La seule appellation zimmi est aussi insultante que le titre de « Princes protégés » de l'Inde britannique. Cela suggère une infériorité politique et une vulnérabilité comparables au statut d'un propriétaire mineur perpétuellement sous tutelle ; de telles personnes protégées ne pouvaient affirmer une qualité égale aux citoyens de la théocratie musulmane. Gaikwar Sayaji Rao, tremblant et clopinant face au Roi George V pendant le Delhi Darbar de 1912, pouvait-il prétendre au titre de souverain à égalité avec le monarque britannique, ou même bénéficier de droits identiques à ceux des pairs du royaume ?

                            Ainsi, dans la conception basique de l'État musulman, tout non-croyant est considéré comme ennemi et l'intérêt national est d'en réduire le nombre et l'influence. L'objectif idéal était de les exterminer totalement, comme les citoyens hindous, les Zoroastriens et les chrétiens ont été liquidés en Afghanistan, en Perse et au Proche-Orient (parfois complètement, parfois réduits à une minorité négligeable). Ainsi à notre époque, les derniers descendants des soldats d'Alexandre établis au Nord-Est de l'Afghanistan ont été contraints d'accepter le Coran et le nom de leur région même a été changé de Kafiristan en Nuristan (Lumineuse province de l'Islam).
                            Tout ce qui tendait à renforcer les hindous constituait ipso facto une menace à la prédominance islamique. Dans le défunt Empire des Indes Britanniques, on pouvait constater un comportement identique de la part des autorités, et quand un Bengali avait appris la science militaire en France ou au Mexique, il devenait immédiatement un suspect politique et était dès lors filé par les services secrets (CID) comme un traître potentiel. Toutefois, les Anglais, tout en contrôlant l'esprit martial de nos classes éduquées, n'avaient pas tenté de broyer l'âme hindoue à sa source : ils n'oublièrent pas l'étude de la philosophie hindoue et la pratique de cette religion, les ont même plutôt encouragées et nous ont ouvert les portes du temple de la science occidentale, ce que les gouvernements musulmans de l'Inde n'ont jamais fait.

                            Commentaire


                            • #15
                              suite

                              La destruction des temples

                              Les temples hindous ont souvent servi de centres d'étude en même temps que de lieux de prière. Nivedita [1] ne tarissait pas d'éloges sur les vastes temples du Sud de l'Inde, qu'elle comparait aux cathédrales de l'Angleterre médiévale. Dans les nombreuses niches qui couraient à l'intérieur des murs d'enceinte, les jeunes étudiaient, vivaient et se retrouvaient le soir à l'Arati. Attaquer les grands temples, c'était attaquer les racines même de l'enseignement hindou en sanscrit, à l'époque l'unique filière pour des études supérieures. De nombreux documents attestent de la mise à mort de professeurs et de théologiens par Firuz Shah, Aurangzeb et d'autres pieux souverains musulmans – qui sont encore considérés comme des modèles de gouvernants de la théocratie. De plus, une politique progressive mais inexorable fut mise en place pour supprimer l'ensemble des temples de l'Inde. Au début de son règne (1658), Aurangzeb écrivait depuis son Farman de Bénarès : « Au nom de notre Sainte Loi, les anciens temples ne doivent pas être démolis, mais aucun nouveau sanctuaire ne pourra être construit. » Mais lui-même ne respecta pas cette application, même limitée, de la Charia. Dans ses lettres rassemblées par son « disciple » et « secrétaire » Inayetullah Khan, on en trouve une qui déclare : « Le temple de Somnath a été démoli au début de mon règne et l'adoration de l'idole interdite en ce lieu. On ignore où en sont les choses à présent. Si les idolâtres ont recommencé à adorer des images, alors détruisez ce temple de telle sorte qu'aucune trace du bâtiment ne subsiste. » Le 9 avril 1669, il lança à tous les gouverneurs des provinces de son empire, l'ordre général de détruire les écoles et les temples des infidèles et de réduire drastiquement leur enseignement et leurs pratiques religieuses. (Son histoire officielle, Maasir-i-Alamgiri, texte Persan, p. 81). La manière dont cet ordre fut appliqué partout, pendant le demi-siècle que dura son règne, peut être étudiée en détail dans mon « Histoire d'Aurangzeb », Vol III, chapitre 34, appendice V. À la fin de sa vie, des ordres officiels stricts exigèrent la démolition d'un nouveau temple construit près de Murshidabad. La lettre traduite du Persan est citée dans mon introduction au « Sitaram » de Bankim Chandra, aux Éditions Bangiya Sahitya Parishad.

                              Des admirateurs ignorants de cet Empereur dévot ont affirmé que les temples n'étaient détruits que lorsqu'ils constituaient des places fortes pour des insoumis et des centres de rébellion où ses ennemis politiques tramaient quelque complot. Un rapport perse, écrit à Delhi et conservé aux archives de Jaïpur, nous dit qu'Aurangzeb avait envoyé au très loyal Rajah de Jaïpur l'ordre de démolir un grand nombre de temples dans ses provinces. Quand Sa Majesté lut le rapport disant que son injonction avait été pieusement exécutée, il s'exclama avec admiration : « Ah, le Rajah est un khanazad », c'est à dire un loyal esclave.

                              Il en est de même pour ses modernes apologues. Osman Ali Khan, dont 90 pour 100 des sujets sont hindous, se réjouissait ainsi dans un gazal (poème) de sa composition, publié dans le périodique Rahbar-i-Daccan du 25 février 1939 :

                              Band naqus hua sunke nara-e takbir
                              Zalzala a ho gaya rishta-e-zunnar poi bho

                              Ce qui signifie : « L'éclat des conques et le carillon des cloches ont été arrêtés par la force du cri Allah-o-Akbar. Un tremblement de terre est en train de secouer les cordons sacrés (portés par les Brahmanes hindous) ».

                              Au 18ème siècle, quand la force brutale du gouvernement musulman commence à décliner, la réaction naturelle à cette politique chez les Marathes, les Sikhs, les Jats et les Bundelas est un épisode bien connu de l'histoire indienne.



                              La répression économique

                              L'Empereur Aurangzeb qui régna de 1658 à 1707, était un souverain sunnite Hanafi orthodoxe, et le modèle politique des écrivains mahométans passés et présents. Chacune des règles édictées par son gouvernement (comme celles de Firuz Tughlaq et de Sikandar Lodi) était déterminée par la loi coranique. Il restaura la jaziya, ou taxe individuelle, pour les hindous. Le Coran (IX, 29) appelle les musulmans « à combattre ceux qui ne professent pas la vraie foi, jusqu'à ce qu'ils paient la jaziya avec la main de l'humilité (ham sagkhirun). » C'était un impôt payable par les hindous (et les chrétiens) pour avoir le droit de vivre dans la maison de leurs ancêtres. Le but d'Aurangzeb en imposant ce décret (mis en application le 2 avril 1679), était de « répandre l'Islam et d'abaisser la foi des infidèles », comme l'exprime son propre secrétaire. Un voyageur italien de l'époque, Nicholo Manucci, notait ceci : « Beaucoup d'hindous incapables de payer, sont devenus musulmans pour échapper aux mauvais traitements des collecteurs d'impôts. Aurangzeb se réjouit que de telles exactions obligeront les hindous à embrasser la foi mahométane. »

                              Certains de nos contemporains ont soutenu que la jaziya était un impôt juste, payé par les hindous exemptés de service militaire obligatoire. Mais cela n'arriva que tardivement, à partir du 10 mai 1855, quand l'alliance entre Anglais et Français dans leur guerre contre la Russie eut besoin du soutien du Sultan de Turquie. Un décret fut promulgué, remplaçant la jaziya en tant que taxe sur le libre exercice de la religion, par un impôt pour l'exemption du service militaire en territoire turc sous administration européenne. (Voir « Encyclopédie de l'Islam », i, 1052). N'oublions pas que chaque musulman était exempté du paiement de la jaziya, même s'il ne servait pas dans l'armée ou n'était pas appelé comme conscrit, et que ceux qui s'étaient engagés recevaient une pleine solde.

                              En outre, la véritable nature de la jaziya apparaît clairement dans le commentaire du Coran sur la méthode de collecter la taxe ; il est précisé que le zimmi doit payer personnellement ; s'il fait transiter l'argent par un tiers, on doit le refuser. La personne imposée doit venir à pied et donner la somme debout, tandis que le receveur doit être assis, etc. Voilà qui explique la directive du Coran, ham sagkhirun, « avec les marques de l'humiliation. » Les archives persanes manuscrites Akhbarat citent de nombreux exemples et prouvent que ces règles étaient appliquées en Inde.

                              En plus de l'obligation de payer cet impôt, l'hindou était frappé d'innombrables restrictions liées à la constitution même de la théocratie musulmane. Il devait se signaler par des vêtements humbles et quelquefois exhiber une marque de couleur. Il ne devait pas monter à cheval ni porter des armes – bien qu'à cette époque, le port du sabre fut une nécessité pour tout gentilhomme. Il devait faire montre d'un respect inconditionnel envers les musulmans : « Les autochtones doivent saluer (salam) tous les seigneurs (sahib) qu'ils rencontrent sur leur chemin. » L'hindou était également soumis à certaines incapacités pour témoigner en cour de justice, pour bénéficier de la protection des lois criminelles et pour le mariage. Pour finir, dans l'exercice de sa religion, il devait éviter toute provocation qui aurait pu éveiller la colère des disciples du Prophète.

                              Les membres de cette secte « découragée » pouvaient-ils revendiquer une quelconque citoyenneté dans un état musulman ? Non, les réponses qui font autorité se trouvent dans « l'Encyclopédie de l'Islam », Vol I, pp. 958-959.

                              Sous le Droit Canon en vigueur dans les pays islamiques, un musulman qui se convertit à une autre foi ou qui se déclare apostat est punissable de mort, et la sentence peut être exécutée par n'importe quel citoyen. Un musulman qui tue un hindou sur un terrain privé n'était pas soumis au choix de devoir payer « le prix du sang » ou de recevoir la mort par la main des héritiers de la victime – ce qui est pourtant un droit reconnu pour tout musulman en pareil cas.

                              Il en va de même pour l'égalité politique et légale de toute secte, croyance ou religion dans la théocratie islamique.

                              Commentaire

                              Chargement...
                              X