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la monstrueuse partition de l'Inde

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  • #16
    suite

    La condition des femmes

    Ce qui était le plus blessant pour le cœur des non-musulmans – autant pour les chrétiens et les juifs que pour les hindous – c'était le nombre de leurs femmes soumises au joug islamiste. Quelle qu'ait pu être la théorie, la pratique se réduisait à sanctifier, au nom de la conversion des victimes de l'Islam, le rapt et la séduction des femmes non-musulmanes. Kinglate, dans son « Eothen », donne une parfaite illustration de ce fait, par un exemple relevé en Turquie à une époque pourtant tardive (1830-1840) : Dans la ville de Naplouse, un sheik fortuné et influent qui avait aperçu incidemment une jeune et belle chrétienne fraîchement mariée à un jeune homme de sa foi, complota dans le but « d'assouvir sa passion en la persuadant d'embrasser son propre credo. S'il réussissait à lui faire franchir ce pas, son mariage avec le chrétien serait automatiquement annulé, et dès lors, plus rien ne pourrait s'opposer à ce qu'elle devienne son épouse… Le sheik était un homme pratique ; … il n'envoya pas de prospectus, pas même un exemplaire du Coran. Une vieille femme agit en missionnaire. Elle apporta un panier rempli d'excellents arguments – des bijoux, des châles et des foulards. Pauvre Mariam (l'épouse chrétienne) ! Elle se para des bijoux et examina sereinement la religion de Mahomet dans un petit miroir – elle ne pouvait rester sourde à l'éloquence de telles boucles d'oreilles, et les puissantes vérités de l'Islam se révélèrent dans les plis délicats d'un châle du Cachemire posé sur sa jeune poitrine ; elle était prête à abandonner sa foi. » (Chapitre 25)

    Des cas similaires sont connus de l'Inde moghole et ont également été jugés par les cours de justice britanniques en raison de la doctrine bien commode qui voulait que la conversion à l'Islam annule la validité d'un mariage antérieur.

    Dans les histoires et les chroniques de voyage de cette époque, on retrouve des exemples fréquents d'enlèvements forcés de femmes hindoues, par de grands personnages et même des nababs, qui restèrent impunis et n'étaient pas même « identifiables » par la police et la justice d'alors. Nous ne citerons qu'un épisode significatif des mémoires de Jean Law, le gouverneur français de Chandernagor, qui était venu pour se battre contre les Anglais pour le compte de Siraj-ud-daula, mais arriva trop tard (après la défaite de Plassey [2]). Dès que ses serviteurs lui signalaient l'existence d'une belle jeune femme dans un village, le jeune Nabab s'y rendait à cheval, l'enlevait et l'incorporait à son harem. C'était en 1757.
    À peu près à la même époque, Shuja-ud-daula, le Grand Vizir de Lucknow, fut pris de fantaisie pour une jeune vierge Khatri qu'il avait entrevue durant une promenade à cheval. Il la fit enlever par des hommes de main serviles et, après l'avoir déshonorée, l'expulsa de son harem. Cette histoire est rapportée sans honte par l'historien de sa maison, Sayyid Ghulam Ali Nakavi, dans son Imad-us-Sadat.

    La coutume du purda [3] fut introduite chez les femmes arabes libres après l'incident de Zainab [4]. Ce système est devenu une institution rigide pour les hindous et les musulmans du Nord de l'Inde où la loi coranique s'appliqua longtemps à une vaste échelle. Le fait que le parda ne soit pas observé par les hindous de Madras, du Maharashtra, du Kérala et de la frange mongoloïde (excepté chez quelques riches familles qui se prétendent Rajpoutes), indique clairement son origine indienne du Nord et son caractère musulman.

    La séduction ou le rapt, sanctifiés par le récit du Kalima, ne constituaient qu'un des moyens nombreux et variés mis en pratique pour accroître coûte que coûte le nombre de musulmans. Les services publics, sauf pour les emplois les plus subalternes, étaient interdits aux hindous, alors qu'ils représentaient la vaste majorité et étaient généralement plus qualifiés. Abul Fazi a écrit que ses contemporains musulmans ont accusé Akbar d'être un apostat de l'Islam, un « kafir », principalement parce qu'il avait ambitionné d'unifier la nation en accordant la même tolérance pour toutes les religions (Sulh-i-kul, paix à tous), et en incluant des hindous très compétents au sein de son « umara », ou haute noblesse administrative. Inversement, Aurangzeb est admiré quasi-universellement encore aujourd'hui, pour avoir « d'un trait de plume », démis tous les fonctionnaires hindous et imposé des taxes discriminatoires pour les commerçants hindous, exonérant du même coup ses coreligionnaires.

    À l'Ouest de la province rajpoute existait la secte des Bishnois, branche des adorateurs de Vishnu, aux principes et à la doctrine non-conformistes, et qui n'honoraient pas les brahmanes en tant que prêtres. Afin de prévenir toute velléité d'unification avec les hindous orthodoxes, Aurangzeb écrivit au gouverneur local en lui enjoignant de tenter par tous les moyens de les convertir à l'Islam en les incitant à abandonner ce qui subsistait de leurs croyances et de leurs rites hindous. Ses directives ont été conservées dans les archives perses de l'État de Jaïpur. Ainsi, sous la théocratie islamique, la religion cessa d'être une préoccupation de l'âme humaine en quête du Créateur, mais dégénéra en un simple instrument de charcutage politique.

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    • #17
      fin

      Toutefois, l'application stricte de la Charia ne fut pas toujours et partout prédominante dans l'Inde musulmane ; une telle contrainte ne pouvait être uniforme dans ce vaste pays à l'échelle d'un continent. En pratique, les hindous bénéficiaient d'une sorte de tolérance et de liberté dans leurs affaires, surtout dans les villages et les coins reculés où les mollahs ne pouvaient se rendre, et même dans certaines villes administrées par un juste sultan, quand la Ulema restait assoupie. Les deux credo ne se rejoignaient en fait qu'au sommet et à la base. Comme le remarque T. W. Arnold : « Dans le mysticisme, ils trouvèrent une base commune pour la pensée religieuse. Au Cachemire, un ziarat mahométan honorait fréquemment l'emplacement d'un Tirtha hindou, depuis lors reconnu comme la tombe d'un saint (Pir)… De telles survivances de l'hindouisme sont plus marquées dans les villages et les provinces préservées de l'influence de la Ulema. Dans ces lieux, les musulmans continuent encore à adorer les divinités tutélaires du village et se joignent aux festivals hindous. »

      De plus, quelques sectes hybrides se formèrent, qui tentèrent d'apporter la réconciliation entre hindous et musulmans ; mais il s'agissait de corps dissidents qui restèrent nettement à l'écart – hors castes – des grandes structures orthodoxes des deux religions. C'est en brutalisant le tempérament spécifique hindou que la domination de l'Islam provoqua les dégâts les plus importants. En de nombreux endroits, l'hindouisme perdit son caractère libéral et tolérant, qui reconnaît Dieu en chaque être, et qui admet que n'importe quelle religion, sincèrement pratiquée, peut mener au salut de l'âme.
      « De même que les eaux du Gange, s'écoulant par mille embouchures, rejoignent toutes le vaste océan, de même les divers chemins du salut prescrits dans les différentes écritures du monde mènent toutes à Dieu. » (Kalidas). Les hindous avaient désormais appris à user de représailles et à rendre la monnaie de leur pièce à ces bigots qui les gouvernaient. Le rajah de Jaïpur (vers 1660), entreprit de reconvertir d'anciens hindous devenus musulmans. Le général Netaji Balkar de Shivaji avait été forcé d'embrasser la foi islamiste par Aurangzeb en 1646, sous le nom de Mohammed Kuli, mais en 1676, le grand roi marathe « le rendit à l'hindouisme par le Prayashchitta. » Lorsque la sonnerie des conques fut interdite dans les temples, un roi rajpoute empêcha le chant de l'Azam, l'appel musulman à la prière. La barbe d'un collecteur de Jaziya fut « épilée » à Berar, un autre de ces officiers cruels fut battu à mort à Rutlam. Les Sikhs se vengèrent de la profanation de leur temple et du massacre des vaches par les musulmans à Amritsar (1762) : quand ils revinrent en force, les Sikhs obligèrent leurs prisonniers enchaînés à nettoyer le temple sous le fouet et à laver le sol avec du sang de porc. Le simple meurtre d'un infidèle (qu'il soit hindou ou officier européen chrétien) était considéré comme une pieuse action par les ghazis pathans de la province frontière du Nord-Ouest (comme le meurtre de Lord Mayo). Par une réaction des plus déplorables, qui perdura quelques années, quand un tel meurtrier était condamné et pendu par la justice britannique, on enflammait une touffe d'herbe sèche placée sur le nombril du cadavre avant qu'il ne soit enterré, pour s'assurer que son âme « aille en enfer par le moyen du feu ». Pendant la campagne afghane de Lord Robers, les Gurkhas (et les Sikhs ?) traitèrent les morts pathans de la même manière jusqu'à ce qu'ils reçoivent l'ordre britannique de cesser. (Voir « La guerre afghane de Ashe ».) À la fin du 18ème siècle, un corps de cavaliers sikhs, dans un acte de vengeance, vint à Delhi et détruisit une mosquée à Rikabganj.

      Voici donc la condition à laquelle étaient réduits les hindous sous la théocratie islamique. La secte dominante profita-t-elle de cette politique ? Quelle était la condition morale et intellectuelle des croyants à la fin de la période musulmane en Inde ? Ils se trouvèrent encore plus malheureux et démunis que les hindous pour affronter l'évolution du monde moderne. Tournons notre regard vers l'extérieur pour en trouver la raison.

      Terre sainte des juifs, des chrétiens et des musulmans, la Palestine, après six siècles de domination islamique, a été changée en désert hanté par de pauvres hères ignorants et malades plutôt que par des êtres humains. (Voir la description graphique de Kinglake). L'administration juive d'aujourd'hui a changé le désert en jardin, des kilomètres de terre sableuse désolée ont été transformés en riants vergers d'oranges et de citrons, les ressources minérales de la Mer Morte sont exploitées, et tous les agréments de la vie moderne et de la civilisation sont maintenant disponibles dans ce petit pays d'Orient. Des arabes avisés sont maintenant désireux de s'implanter là en délaissant les pays régis par la Charia. C'est la leçon de l'histoire vivante.



      Notes :

      [1] Irlandaise proche disciple de Vivekananda. S'impliqua activement dans le mouvement révolutionnaire de libération de l'Inde du joug britannique.

      [2] Ville du Bengale où Clive a vaincu le Nawab du Bengale et par là assis la domination des Britanniques sur tout le Nord-Est de l'Inde.

      [3] La burkha, voile qui recouvre le corps des femmes musulmanes de la tête aux pieds et le protège ainsi du regard des hommes.

      [4] Zainab, cousine du prophète était mariée à un de ses fils adoptifs. Un jour, le prophète entrant chez elle inopinément, la vit légèrement vêtue et fut empli du désir de la posséder. Mais elle était sa cousine et qui plus est sa belle-fille. Mohammed invoqua alors quelques sourates qu'Allah lui aurait soufflées l'autorisant à rompre le mariage de sa belle-fille et à l'épouser.
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