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La condition des femmes
Ce qui était le plus blessant pour le cœur des non-musulmans – autant pour les chrétiens et les juifs que pour les hindous – c'était le nombre de leurs femmes soumises au joug islamiste. Quelle qu'ait pu être la théorie, la pratique se réduisait à sanctifier, au nom de la conversion des victimes de l'Islam, le rapt et la séduction des femmes non-musulmanes. Kinglate, dans son « Eothen », donne une parfaite illustration de ce fait, par un exemple relevé en Turquie à une époque pourtant tardive (1830-1840) : Dans la ville de Naplouse, un sheik fortuné et influent qui avait aperçu incidemment une jeune et belle chrétienne fraîchement mariée à un jeune homme de sa foi, complota dans le but « d'assouvir sa passion en la persuadant d'embrasser son propre credo. S'il réussissait à lui faire franchir ce pas, son mariage avec le chrétien serait automatiquement annulé, et dès lors, plus rien ne pourrait s'opposer à ce qu'elle devienne son épouse… Le sheik était un homme pratique ; … il n'envoya pas de prospectus, pas même un exemplaire du Coran. Une vieille femme agit en missionnaire. Elle apporta un panier rempli d'excellents arguments – des bijoux, des châles et des foulards. Pauvre Mariam (l'épouse chrétienne) ! Elle se para des bijoux et examina sereinement la religion de Mahomet dans un petit miroir – elle ne pouvait rester sourde à l'éloquence de telles boucles d'oreilles, et les puissantes vérités de l'Islam se révélèrent dans les plis délicats d'un châle du Cachemire posé sur sa jeune poitrine ; elle était prête à abandonner sa foi. » (Chapitre 25)
Des cas similaires sont connus de l'Inde moghole et ont également été jugés par les cours de justice britanniques en raison de la doctrine bien commode qui voulait que la conversion à l'Islam annule la validité d'un mariage antérieur.
Dans les histoires et les chroniques de voyage de cette époque, on retrouve des exemples fréquents d'enlèvements forcés de femmes hindoues, par de grands personnages et même des nababs, qui restèrent impunis et n'étaient pas même « identifiables » par la police et la justice d'alors. Nous ne citerons qu'un épisode significatif des mémoires de Jean Law, le gouverneur français de Chandernagor, qui était venu pour se battre contre les Anglais pour le compte de Siraj-ud-daula, mais arriva trop tard (après la défaite de Plassey [2]). Dès que ses serviteurs lui signalaient l'existence d'une belle jeune femme dans un village, le jeune Nabab s'y rendait à cheval, l'enlevait et l'incorporait à son harem. C'était en 1757.
À peu près à la même époque, Shuja-ud-daula, le Grand Vizir de Lucknow, fut pris de fantaisie pour une jeune vierge Khatri qu'il avait entrevue durant une promenade à cheval. Il la fit enlever par des hommes de main serviles et, après l'avoir déshonorée, l'expulsa de son harem. Cette histoire est rapportée sans honte par l'historien de sa maison, Sayyid Ghulam Ali Nakavi, dans son Imad-us-Sadat.
La coutume du purda [3] fut introduite chez les femmes arabes libres après l'incident de Zainab [4]. Ce système est devenu une institution rigide pour les hindous et les musulmans du Nord de l'Inde où la loi coranique s'appliqua longtemps à une vaste échelle. Le fait que le parda ne soit pas observé par les hindous de Madras, du Maharashtra, du Kérala et de la frange mongoloïde (excepté chez quelques riches familles qui se prétendent Rajpoutes), indique clairement son origine indienne du Nord et son caractère musulman.
La séduction ou le rapt, sanctifiés par le récit du Kalima, ne constituaient qu'un des moyens nombreux et variés mis en pratique pour accroître coûte que coûte le nombre de musulmans. Les services publics, sauf pour les emplois les plus subalternes, étaient interdits aux hindous, alors qu'ils représentaient la vaste majorité et étaient généralement plus qualifiés. Abul Fazi a écrit que ses contemporains musulmans ont accusé Akbar d'être un apostat de l'Islam, un « kafir », principalement parce qu'il avait ambitionné d'unifier la nation en accordant la même tolérance pour toutes les religions (Sulh-i-kul, paix à tous), et en incluant des hindous très compétents au sein de son « umara », ou haute noblesse administrative. Inversement, Aurangzeb est admiré quasi-universellement encore aujourd'hui, pour avoir « d'un trait de plume », démis tous les fonctionnaires hindous et imposé des taxes discriminatoires pour les commerçants hindous, exonérant du même coup ses coreligionnaires.
À l'Ouest de la province rajpoute existait la secte des Bishnois, branche des adorateurs de Vishnu, aux principes et à la doctrine non-conformistes, et qui n'honoraient pas les brahmanes en tant que prêtres. Afin de prévenir toute velléité d'unification avec les hindous orthodoxes, Aurangzeb écrivit au gouverneur local en lui enjoignant de tenter par tous les moyens de les convertir à l'Islam en les incitant à abandonner ce qui subsistait de leurs croyances et de leurs rites hindous. Ses directives ont été conservées dans les archives perses de l'État de Jaïpur. Ainsi, sous la théocratie islamique, la religion cessa d'être une préoccupation de l'âme humaine en quête du Créateur, mais dégénéra en un simple instrument de charcutage politique.
La condition des femmes
Ce qui était le plus blessant pour le cœur des non-musulmans – autant pour les chrétiens et les juifs que pour les hindous – c'était le nombre de leurs femmes soumises au joug islamiste. Quelle qu'ait pu être la théorie, la pratique se réduisait à sanctifier, au nom de la conversion des victimes de l'Islam, le rapt et la séduction des femmes non-musulmanes. Kinglate, dans son « Eothen », donne une parfaite illustration de ce fait, par un exemple relevé en Turquie à une époque pourtant tardive (1830-1840) : Dans la ville de Naplouse, un sheik fortuné et influent qui avait aperçu incidemment une jeune et belle chrétienne fraîchement mariée à un jeune homme de sa foi, complota dans le but « d'assouvir sa passion en la persuadant d'embrasser son propre credo. S'il réussissait à lui faire franchir ce pas, son mariage avec le chrétien serait automatiquement annulé, et dès lors, plus rien ne pourrait s'opposer à ce qu'elle devienne son épouse… Le sheik était un homme pratique ; … il n'envoya pas de prospectus, pas même un exemplaire du Coran. Une vieille femme agit en missionnaire. Elle apporta un panier rempli d'excellents arguments – des bijoux, des châles et des foulards. Pauvre Mariam (l'épouse chrétienne) ! Elle se para des bijoux et examina sereinement la religion de Mahomet dans un petit miroir – elle ne pouvait rester sourde à l'éloquence de telles boucles d'oreilles, et les puissantes vérités de l'Islam se révélèrent dans les plis délicats d'un châle du Cachemire posé sur sa jeune poitrine ; elle était prête à abandonner sa foi. » (Chapitre 25)
Des cas similaires sont connus de l'Inde moghole et ont également été jugés par les cours de justice britanniques en raison de la doctrine bien commode qui voulait que la conversion à l'Islam annule la validité d'un mariage antérieur.
Dans les histoires et les chroniques de voyage de cette époque, on retrouve des exemples fréquents d'enlèvements forcés de femmes hindoues, par de grands personnages et même des nababs, qui restèrent impunis et n'étaient pas même « identifiables » par la police et la justice d'alors. Nous ne citerons qu'un épisode significatif des mémoires de Jean Law, le gouverneur français de Chandernagor, qui était venu pour se battre contre les Anglais pour le compte de Siraj-ud-daula, mais arriva trop tard (après la défaite de Plassey [2]). Dès que ses serviteurs lui signalaient l'existence d'une belle jeune femme dans un village, le jeune Nabab s'y rendait à cheval, l'enlevait et l'incorporait à son harem. C'était en 1757.
À peu près à la même époque, Shuja-ud-daula, le Grand Vizir de Lucknow, fut pris de fantaisie pour une jeune vierge Khatri qu'il avait entrevue durant une promenade à cheval. Il la fit enlever par des hommes de main serviles et, après l'avoir déshonorée, l'expulsa de son harem. Cette histoire est rapportée sans honte par l'historien de sa maison, Sayyid Ghulam Ali Nakavi, dans son Imad-us-Sadat.
La coutume du purda [3] fut introduite chez les femmes arabes libres après l'incident de Zainab [4]. Ce système est devenu une institution rigide pour les hindous et les musulmans du Nord de l'Inde où la loi coranique s'appliqua longtemps à une vaste échelle. Le fait que le parda ne soit pas observé par les hindous de Madras, du Maharashtra, du Kérala et de la frange mongoloïde (excepté chez quelques riches familles qui se prétendent Rajpoutes), indique clairement son origine indienne du Nord et son caractère musulman.
La séduction ou le rapt, sanctifiés par le récit du Kalima, ne constituaient qu'un des moyens nombreux et variés mis en pratique pour accroître coûte que coûte le nombre de musulmans. Les services publics, sauf pour les emplois les plus subalternes, étaient interdits aux hindous, alors qu'ils représentaient la vaste majorité et étaient généralement plus qualifiés. Abul Fazi a écrit que ses contemporains musulmans ont accusé Akbar d'être un apostat de l'Islam, un « kafir », principalement parce qu'il avait ambitionné d'unifier la nation en accordant la même tolérance pour toutes les religions (Sulh-i-kul, paix à tous), et en incluant des hindous très compétents au sein de son « umara », ou haute noblesse administrative. Inversement, Aurangzeb est admiré quasi-universellement encore aujourd'hui, pour avoir « d'un trait de plume », démis tous les fonctionnaires hindous et imposé des taxes discriminatoires pour les commerçants hindous, exonérant du même coup ses coreligionnaires.
À l'Ouest de la province rajpoute existait la secte des Bishnois, branche des adorateurs de Vishnu, aux principes et à la doctrine non-conformistes, et qui n'honoraient pas les brahmanes en tant que prêtres. Afin de prévenir toute velléité d'unification avec les hindous orthodoxes, Aurangzeb écrivit au gouverneur local en lui enjoignant de tenter par tous les moyens de les convertir à l'Islam en les incitant à abandonner ce qui subsistait de leurs croyances et de leurs rites hindous. Ses directives ont été conservées dans les archives perses de l'État de Jaïpur. Ainsi, sous la théocratie islamique, la religion cessa d'être une préoccupation de l'âme humaine en quête du Créateur, mais dégénéra en un simple instrument de charcutage politique.
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