Le verbe ne deviendra jamais sujet
31 Octobre 2007 -
Cet entretien se veut une pertinence, non une circonstance recherchée et moins encore une opportunité, disons un renouvellement de hasard...
Yasmina Khadra et moi, nous nous connaissons discrètement depuis longtemps. C’est dans les années 70 (c’est lui-même qui me l’a rappelé, il y a cinq ou six ans), quand je produisais et présentais des émissions, entre autres, une hebdomadaire fort simple, intitulée Jeunes Plumes, à la Chaîne III.
Parmi ces «Jeunes Plumes», sans visage, car nous étions à la radio, c’est vrai, beaucoup étaient fidèles à l’émission comme sans doute Mohammed Moulessehoul. Peut-être avais-je remarqué chez quelques-uns de belles dispositions pour la littérature -si tant est que j’aie la chance de retrouver mes archives pour le prouver-, comme chez lui, en me fiant là maintenant à ma mémoire et en ce qui le concerne, seulement sa sensibilité certaine de poète, sa pensée créatrice, ses désirs de mettre à l’épreuve ses envies d’écrire, mais pas complètement son inspiration, sa sincérité et surtout son engagement plein d’ardeurs...
Cependant, je fus bien aise d’apprendre, plus tard, qu’il s’était laissé porter par le don d’écrire, puisque jeune homme, brûlant d’une certitude intérieure -ou d’une incertitude angoissée-, il s’était donné l’assurance tranquille de faire éditer, sans revêtir l’uniforme -sachant qu’il était militaire-, ses premières et solides convictions d’auteur, sous le nom (en fait, deux prénoms féminins) de Yasmina Khadra, à l’ENAL, Alger. (On sait qu’il ne révéla son nom véritable qu’après avoir pris sa retraite d’officier de l’armée algérienne). Puis ce sont les éditions d’ailleurs qui ont su le promouvoir mieux que nous tous ici vers un destin autant glorieux que difficile à assumer, mais parfaitement mérité et très honorable pour la littérature algérienne.
Voici donc, à chaud, presque à la sauvette -Yasmina Khadra, étant sans cesse sur les routes pour une rencontre comme celle qu’il voudrait avoir avec les Algériens au cours du Salon international du livre d’Alger ouvert actuellement- l’entretien accepté et dépouillé, dès l’abord, par nous deux, sans nous le dire, de toutes idées polluantes, contraires à l’esprit de notre littérature humaine, tolérante et solidaire de tout ce qui est juste et beau, et qui réunit ici nos intellectuels libres et indépendants autour de l’image de l’Algérie souveraine, attachée aux grands principes historiques, révolutionnaires et démocratiques qui lui ont donné naissance et renaissance et que, de toute façon, nous aimons tous.
Évidemment, chacun de nous est ce qu’il est. Que donc chacun reste ce qu’il est, mais qu’il fasse oeuvre de richesses aussi. Si nous sommes convaincus que la vie littéraire algérienne réclame, aujourd’hui, plus que dans le passé, une haute conscience de la responsabilité, à l’intellectuel, peut-être devons-nous nous dire que «nous sommes comme Ahl el-Andalous, nous comprenons au seul signe, hnâ kî nâs el-Andalous, neffahmoû bil ichâra».
Nous sommes entre nous, en effet. Nous savons ce que nous valons, ce que nous voulons et ce que nous pouvons. Personnellement -mais tout comme l’autre-, je sais ce que l’autre n’est pas, et je suis avec pourtant pour le bien-fondé de notre unique pays.
Ce que j’aime en Yasmina Khadra, c’est la simplicité et la culture sereine de l’Algérien Mohammed Moulesshoul, c’est aussi l’ambition sobre de sa conception de la littérature romanesque qu’il essaie d’amener à la ressemblance de notre algérianité.
Elle ne se détourne pas de sa propre fin qui est d’instruire, même d’éduquer la jeunesse, en fouillant dans les secrets de la conscience de l’homme où qu’il évolue, c’est-à-dire que notre écrivain entend garder intact son attachement à son pays et à son peuple. Son oeuvre est comme un cri de révolte, une exclamation pour dire non à l’ombre sordide où qu’elle soit, d’où qu’elle vienne.
Ce mérite compense tous les reproches, s’il en est, qu’on pourrait faire à un de nos plus grands écrivains d’aujourd’hui.
à suivre
31 Octobre 2007 -
Cet entretien se veut une pertinence, non une circonstance recherchée et moins encore une opportunité, disons un renouvellement de hasard...
Yasmina Khadra et moi, nous nous connaissons discrètement depuis longtemps. C’est dans les années 70 (c’est lui-même qui me l’a rappelé, il y a cinq ou six ans), quand je produisais et présentais des émissions, entre autres, une hebdomadaire fort simple, intitulée Jeunes Plumes, à la Chaîne III.
Parmi ces «Jeunes Plumes», sans visage, car nous étions à la radio, c’est vrai, beaucoup étaient fidèles à l’émission comme sans doute Mohammed Moulessehoul. Peut-être avais-je remarqué chez quelques-uns de belles dispositions pour la littérature -si tant est que j’aie la chance de retrouver mes archives pour le prouver-, comme chez lui, en me fiant là maintenant à ma mémoire et en ce qui le concerne, seulement sa sensibilité certaine de poète, sa pensée créatrice, ses désirs de mettre à l’épreuve ses envies d’écrire, mais pas complètement son inspiration, sa sincérité et surtout son engagement plein d’ardeurs...
Cependant, je fus bien aise d’apprendre, plus tard, qu’il s’était laissé porter par le don d’écrire, puisque jeune homme, brûlant d’une certitude intérieure -ou d’une incertitude angoissée-, il s’était donné l’assurance tranquille de faire éditer, sans revêtir l’uniforme -sachant qu’il était militaire-, ses premières et solides convictions d’auteur, sous le nom (en fait, deux prénoms féminins) de Yasmina Khadra, à l’ENAL, Alger. (On sait qu’il ne révéla son nom véritable qu’après avoir pris sa retraite d’officier de l’armée algérienne). Puis ce sont les éditions d’ailleurs qui ont su le promouvoir mieux que nous tous ici vers un destin autant glorieux que difficile à assumer, mais parfaitement mérité et très honorable pour la littérature algérienne.
Voici donc, à chaud, presque à la sauvette -Yasmina Khadra, étant sans cesse sur les routes pour une rencontre comme celle qu’il voudrait avoir avec les Algériens au cours du Salon international du livre d’Alger ouvert actuellement- l’entretien accepté et dépouillé, dès l’abord, par nous deux, sans nous le dire, de toutes idées polluantes, contraires à l’esprit de notre littérature humaine, tolérante et solidaire de tout ce qui est juste et beau, et qui réunit ici nos intellectuels libres et indépendants autour de l’image de l’Algérie souveraine, attachée aux grands principes historiques, révolutionnaires et démocratiques qui lui ont donné naissance et renaissance et que, de toute façon, nous aimons tous.
Évidemment, chacun de nous est ce qu’il est. Que donc chacun reste ce qu’il est, mais qu’il fasse oeuvre de richesses aussi. Si nous sommes convaincus que la vie littéraire algérienne réclame, aujourd’hui, plus que dans le passé, une haute conscience de la responsabilité, à l’intellectuel, peut-être devons-nous nous dire que «nous sommes comme Ahl el-Andalous, nous comprenons au seul signe, hnâ kî nâs el-Andalous, neffahmoû bil ichâra».
Nous sommes entre nous, en effet. Nous savons ce que nous valons, ce que nous voulons et ce que nous pouvons. Personnellement -mais tout comme l’autre-, je sais ce que l’autre n’est pas, et je suis avec pourtant pour le bien-fondé de notre unique pays.
Ce que j’aime en Yasmina Khadra, c’est la simplicité et la culture sereine de l’Algérien Mohammed Moulesshoul, c’est aussi l’ambition sobre de sa conception de la littérature romanesque qu’il essaie d’amener à la ressemblance de notre algérianité.
Elle ne se détourne pas de sa propre fin qui est d’instruire, même d’éduquer la jeunesse, en fouillant dans les secrets de la conscience de l’homme où qu’il évolue, c’est-à-dire que notre écrivain entend garder intact son attachement à son pays et à son peuple. Son oeuvre est comme un cri de révolte, une exclamation pour dire non à l’ombre sordide où qu’elle soit, d’où qu’elle vienne.
Ce mérite compense tous les reproches, s’il en est, qu’on pourrait faire à un de nos plus grands écrivains d’aujourd’hui.
à suivre
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