Septime Sévère est né le 11 du mois d’avril 146 dans la ville maritime de Leptis Magna en Libye, située à l’est de Tripoli. Il appartient à une famille de notables berbères et son père, Publius Septimus Geta, avait accédé à la citoyenneté romaine et sa mère Fulvia Pia appartient à une famille de citoyens italiens mariés à des indigènes ayant obtenu eux aussi la citoyenneté romaine. Son grand-père paternel fut préfet de sa ville natale avant d’en être le premier duumvir (ou magistrat en concurrence avec un autre collègue) lorsque la cité devint colonie romaine sous l’empereur Trajan (53-117 ap.J.-C.).
Le célèbre historien grec, Dion Cassius (155-235), son contemporain et auteur d’une Histoire romaine, le décrit comme un homme de petite taille, maigre, très vif. Il avait un fort accent qui dénote de son origine amazighe bien remarqué par ses contemporains. Son ascension témoigne de la capacité des habitants de la Numidie à rivaliser avec les autres peuples que dominait Rome, maîtresse incontestée du monde antique. D’ailleurs, c’est par un cousin à lui, qui avait fréquenté la cour impériale, qu’il quitte ses parents en 146 (il venait d’avoir 18 ans) pour la grande métropole où il parvint à occuper diverses fonctions civiles et militaires en un temps très court, ce qui n’était pas si facile à cette époque. Sous le règne de l’empereur Commode, fils du fameux Marc-Aurèle, il accéda à la charge sénatoriale et fut nommé pendant une certaine période dans la province de la Gaule où naquirent, à Lyon, ses deux fils : Geta et Caracalla, qui lui succédèrent, plus tard, après sa mort en 211.
Au cours de l’année 191, il parvint à bénéficier de la charge de légat (gouverneur et chef d’une légion) de la province hongroise de Pannonie, bénéficiant de l’aide du chef de la garde prétorienne, obtenant de cette manière le commandement de trois légions entières (environ 18 000 hommes) pour pouvoir défendre la frontière nord de l’Empire romain.
Une ascension fulgurante au pouvoir
Moins de deux années après, à Rome, le fils de Marc-Aurèle, le monstrueux et débauché Commode, a été déclaré indigne de la charge suprême qu’il détenait à la tête de l’Empire et déclaré ennemi du Sénat. Il fut l’objet d’un assassinat en bonne et due forme, laissant la place vacante au préfet de la capitale. Celui-ci, nommé Helvius Pertinax, fut désigné par les membres du Sénat, non sans avoir accordé beaucoup de largesses aux prétoriens (soldats d’élite qui assurent la sécurité de l’empereur). Mais ces derniers se rebellèrent contre lui, ce qui prouve la grande instabilité qui régnait dans les hautes sphères de la classe dirigeante romaine, lorsqu’il manifesta sa volonté de mettre fin à leur indiscipline et à leur propension à utiliser la force et en désobéissant au pouvoir légitime pour imposer leur volonté. Finalement, il fut proprement assassiné, son passage au pouvoir n’ayant pas duré trois mois.
Apparut, alors, un obscur prétendant au trône nommé Didius Julianus qui improvisa une véritable mise aux enchères de la charge impériale avec un autre concurrent. Il réussit à se faire plébisciter par les prétoriens avec l’acceptation du Sénat lui-même.
Se trouvant dans sa province dans la lointaine Hongrie, Septime Sévère fut mis quand même au courant de ces événements cruciaux. Ses soldats stationnés sur le fleuve Danube désapprouvèrent ces pratiques et étaient jaloux de leurs collègues qui vivaient en toute sécurité, dans la capitale loin des dangers et des risques de la guerre qu’ils encouraient, eux, en faisant face constamment aux invasions des peuples barbares. De là à proclamer leur général, Septime Sévère, en l’occurrence, comme empereur il n’y avait qu’un pas qui fut allégrement franchi, convaincus qu’ils étaient de. vrais et fidèles citoyens romains. D’ailleurs, ce scénario était un fait coutumier dans la longue histoire romaine, où des chefs militaires s’appuyaient souvent sur leurs soldats et forts de leur prestige – souvent mérité –pour conquérir le pouvoir central. Assuré du soutien des autres légions du Rhin et de Germanie, il ne restait au fils de Leptis Magna qu’à se tourner vers Rome et imposer sa volonté en marchant sur elle, le 9 juin 193 de l’ère chrétienne. Didius Julianus qui était en poste fut tué par un prétorien encouragé par le Sénat qui s’empressa d’offrir la couronne impériale à Septime Sévère. Sous le prétexte de la réconciliation, ce dernier organisa un grand banquet en invitant les prétoriens et en profita pour exterminer les principaux meneurs et procéda au licenciement du reste les remplaçant par des pannoniens ramenés avec lui d’Europe centrale.
Dès que cette nouvelle parvint dans les provinces, en Orient, en Bretagne, principalement, les armées romaines stationnées dans ces contrées se rebellèrent sous le commandement de leurs généraux tout aussi ambitieux.
D’abord, en Orient (qui regroupe un grand territoire composé de la Syrie, de la Mésopotamie, de l’Egypte, d’une partie de l’Arabie), le légat Pescennius Niger s’oppose à Septime Sévère et refuse de l’acclamer briguant lui aussi l’Empire car comptant sur ses légions qui le proclamèrent empereur. Septime Sévère décida d’aller à sa rencontre et de se débarrasser de ce rival gênant et dangereux. Les deux armées se rencontrèrent à Issus, en Asie Mineure, où a eu lieu une bataille décisive, au printemps 194, et qui tourna en défaveur du gouverneur de l’Orient qui se soumet au fils de l’Afrique. Ce dernier consolida sa puissance dans la Rome impériale ce qui n’était nullement une tâche facile.
Dans la partie occidentale, apparut une menace beaucoup plus sérieuse qui menaçait la légitimité de Septime. En effet, le légat de Bretagne, Claudius Albinus, de même origine, ambitionnait de partager le pouvoir avec lui. En plus, il disposait d’une armée forte qui comptait plus de 40 000 hommes bien entraînée, et rompue par les guerres qu’elle menait contre les peuplades de l’Angleterre et de l’Ecosse.
Ne pouvant lutter sur plusieurs fronts, Septime Sévère choisit de calmer les ardeurs belliqueuses d’Albinus en lui octroyant le titre de César et une année de consulat complète, car, à cette période il était occupé à réprimer une autre révolte du peuple des Parthes, qui vivaient au nord-est de la Perse. Ces derniers vaincus, il se retourna contre Albinus, qui, entre temps, avait traversé la Manche à la tête de ses soldats en direction de l’Italie au cours de l’année 196. Après une longue marche à travers la Gaule (à peu près la Belgique et la France actuelles), les deux armées se rencontrèrent aux environs de Lyon sur les rives de la Garonne où le choc qui devait les départager eut lieu finalement, en février197, et qui se termina par la victoire de Septime Sévère et le suicide de son ennemi D’autre part, il fit mettre à mort 29 sénateurs qui ont aidé et encouragé Clodius Albinus dans son action usurpatrice.
Enfin, maître absolu de l’Empire romain !
Après toutes ces années de luttes continuelles, Septime Sévère pouvait dire qu’il était, enfin, seul maître de Rome, le grand danger ayant disparu, mais non les révoltes locales qui survenaient de temps à autre. La plus dangereuse a été l’œuvre de ce peuple d’Orient , les Parthes, qui a toujours résisté aux Romains et célèbre par sa tactique de guerre qui consistait à lancer des flèches sur ses poursuivants tout en feignant la fuite, d’où l’expression la «flèche des Parthes», qui signifiait «conclure avec ironie». Septime Sévère les vainquit définitivement entre 197 et 199, et les châtia impitoyablement, mettant à sac leur capitale Ctésiphon (au sud-est de Bagdad) et massacrant une centaine de milliers des leurs sans distinction d’âge ou de sexe. Enfin, débarrassé des soucis de la guerre, il mit toute son énergie dans la réorganisation de l’Etat, période durant laquelle son pouvoir avait pris nettement un caractère militaire, lui-même étant soldat et arrivé au pouvoir grâce au soutien indéfectible de ses fidèles troupes depuis qu’il avait quitté la Pannonie sept ans auparavant.
Les principales mesures qu’il appliqua furent en faveur de l’armée, car connaissant la réalité du terrain et la dure vie du soldat toujours sollicité à aller guerroyer d’un bout à l’autre du vaste territoire de l’Empire romain. Ainsi, les soldats bénéficièrent d’un solde conséquente, chose qui n’avait pas été faite depuis plus d’un siècle, en dépit du fait que cela conduisit vite à un désiquilibre des finances de l’Etat.
On sait que le soldat romain devait s’équiper de ses propres ressources depuis toujours, mais Sévère allégea un peu ce fardeau en attribuant les frais de transport au budget étatique. L’autre décision importante a trait au statut des soldats qui, auparavant et dès leur incorporation, ne pouvaient plus quitter leurs campements pour 15, 20 ou 30 ans, selon qu’ils soient prétoriens, légionnaires ou soldats auxiliaires. De ce fait, le soldat romain incorporé ne pouvait fonder de famille qu’après avoir quitté définitivement les rangs de l’armée. L’empereur les libéra de cette contrainte en les autorisant à fonder de façon officieuse une famille, puis officiellement un peu plus tard. En dernier lieu, il augmenta l’effectif par la création de trois légions supplémentaires pour parer à toute nouvelle guerre sur le territoire de l’Empire.
Le célèbre historien grec, Dion Cassius (155-235), son contemporain et auteur d’une Histoire romaine, le décrit comme un homme de petite taille, maigre, très vif. Il avait un fort accent qui dénote de son origine amazighe bien remarqué par ses contemporains. Son ascension témoigne de la capacité des habitants de la Numidie à rivaliser avec les autres peuples que dominait Rome, maîtresse incontestée du monde antique. D’ailleurs, c’est par un cousin à lui, qui avait fréquenté la cour impériale, qu’il quitte ses parents en 146 (il venait d’avoir 18 ans) pour la grande métropole où il parvint à occuper diverses fonctions civiles et militaires en un temps très court, ce qui n’était pas si facile à cette époque. Sous le règne de l’empereur Commode, fils du fameux Marc-Aurèle, il accéda à la charge sénatoriale et fut nommé pendant une certaine période dans la province de la Gaule où naquirent, à Lyon, ses deux fils : Geta et Caracalla, qui lui succédèrent, plus tard, après sa mort en 211.
Au cours de l’année 191, il parvint à bénéficier de la charge de légat (gouverneur et chef d’une légion) de la province hongroise de Pannonie, bénéficiant de l’aide du chef de la garde prétorienne, obtenant de cette manière le commandement de trois légions entières (environ 18 000 hommes) pour pouvoir défendre la frontière nord de l’Empire romain.
Une ascension fulgurante au pouvoir
Moins de deux années après, à Rome, le fils de Marc-Aurèle, le monstrueux et débauché Commode, a été déclaré indigne de la charge suprême qu’il détenait à la tête de l’Empire et déclaré ennemi du Sénat. Il fut l’objet d’un assassinat en bonne et due forme, laissant la place vacante au préfet de la capitale. Celui-ci, nommé Helvius Pertinax, fut désigné par les membres du Sénat, non sans avoir accordé beaucoup de largesses aux prétoriens (soldats d’élite qui assurent la sécurité de l’empereur). Mais ces derniers se rebellèrent contre lui, ce qui prouve la grande instabilité qui régnait dans les hautes sphères de la classe dirigeante romaine, lorsqu’il manifesta sa volonté de mettre fin à leur indiscipline et à leur propension à utiliser la force et en désobéissant au pouvoir légitime pour imposer leur volonté. Finalement, il fut proprement assassiné, son passage au pouvoir n’ayant pas duré trois mois.
Apparut, alors, un obscur prétendant au trône nommé Didius Julianus qui improvisa une véritable mise aux enchères de la charge impériale avec un autre concurrent. Il réussit à se faire plébisciter par les prétoriens avec l’acceptation du Sénat lui-même.
Se trouvant dans sa province dans la lointaine Hongrie, Septime Sévère fut mis quand même au courant de ces événements cruciaux. Ses soldats stationnés sur le fleuve Danube désapprouvèrent ces pratiques et étaient jaloux de leurs collègues qui vivaient en toute sécurité, dans la capitale loin des dangers et des risques de la guerre qu’ils encouraient, eux, en faisant face constamment aux invasions des peuples barbares. De là à proclamer leur général, Septime Sévère, en l’occurrence, comme empereur il n’y avait qu’un pas qui fut allégrement franchi, convaincus qu’ils étaient de. vrais et fidèles citoyens romains. D’ailleurs, ce scénario était un fait coutumier dans la longue histoire romaine, où des chefs militaires s’appuyaient souvent sur leurs soldats et forts de leur prestige – souvent mérité –pour conquérir le pouvoir central. Assuré du soutien des autres légions du Rhin et de Germanie, il ne restait au fils de Leptis Magna qu’à se tourner vers Rome et imposer sa volonté en marchant sur elle, le 9 juin 193 de l’ère chrétienne. Didius Julianus qui était en poste fut tué par un prétorien encouragé par le Sénat qui s’empressa d’offrir la couronne impériale à Septime Sévère. Sous le prétexte de la réconciliation, ce dernier organisa un grand banquet en invitant les prétoriens et en profita pour exterminer les principaux meneurs et procéda au licenciement du reste les remplaçant par des pannoniens ramenés avec lui d’Europe centrale.
Dès que cette nouvelle parvint dans les provinces, en Orient, en Bretagne, principalement, les armées romaines stationnées dans ces contrées se rebellèrent sous le commandement de leurs généraux tout aussi ambitieux.
D’abord, en Orient (qui regroupe un grand territoire composé de la Syrie, de la Mésopotamie, de l’Egypte, d’une partie de l’Arabie), le légat Pescennius Niger s’oppose à Septime Sévère et refuse de l’acclamer briguant lui aussi l’Empire car comptant sur ses légions qui le proclamèrent empereur. Septime Sévère décida d’aller à sa rencontre et de se débarrasser de ce rival gênant et dangereux. Les deux armées se rencontrèrent à Issus, en Asie Mineure, où a eu lieu une bataille décisive, au printemps 194, et qui tourna en défaveur du gouverneur de l’Orient qui se soumet au fils de l’Afrique. Ce dernier consolida sa puissance dans la Rome impériale ce qui n’était nullement une tâche facile.
Dans la partie occidentale, apparut une menace beaucoup plus sérieuse qui menaçait la légitimité de Septime. En effet, le légat de Bretagne, Claudius Albinus, de même origine, ambitionnait de partager le pouvoir avec lui. En plus, il disposait d’une armée forte qui comptait plus de 40 000 hommes bien entraînée, et rompue par les guerres qu’elle menait contre les peuplades de l’Angleterre et de l’Ecosse.
Ne pouvant lutter sur plusieurs fronts, Septime Sévère choisit de calmer les ardeurs belliqueuses d’Albinus en lui octroyant le titre de César et une année de consulat complète, car, à cette période il était occupé à réprimer une autre révolte du peuple des Parthes, qui vivaient au nord-est de la Perse. Ces derniers vaincus, il se retourna contre Albinus, qui, entre temps, avait traversé la Manche à la tête de ses soldats en direction de l’Italie au cours de l’année 196. Après une longue marche à travers la Gaule (à peu près la Belgique et la France actuelles), les deux armées se rencontrèrent aux environs de Lyon sur les rives de la Garonne où le choc qui devait les départager eut lieu finalement, en février197, et qui se termina par la victoire de Septime Sévère et le suicide de son ennemi D’autre part, il fit mettre à mort 29 sénateurs qui ont aidé et encouragé Clodius Albinus dans son action usurpatrice.
Enfin, maître absolu de l’Empire romain !
Après toutes ces années de luttes continuelles, Septime Sévère pouvait dire qu’il était, enfin, seul maître de Rome, le grand danger ayant disparu, mais non les révoltes locales qui survenaient de temps à autre. La plus dangereuse a été l’œuvre de ce peuple d’Orient , les Parthes, qui a toujours résisté aux Romains et célèbre par sa tactique de guerre qui consistait à lancer des flèches sur ses poursuivants tout en feignant la fuite, d’où l’expression la «flèche des Parthes», qui signifiait «conclure avec ironie». Septime Sévère les vainquit définitivement entre 197 et 199, et les châtia impitoyablement, mettant à sac leur capitale Ctésiphon (au sud-est de Bagdad) et massacrant une centaine de milliers des leurs sans distinction d’âge ou de sexe. Enfin, débarrassé des soucis de la guerre, il mit toute son énergie dans la réorganisation de l’Etat, période durant laquelle son pouvoir avait pris nettement un caractère militaire, lui-même étant soldat et arrivé au pouvoir grâce au soutien indéfectible de ses fidèles troupes depuis qu’il avait quitté la Pannonie sept ans auparavant.
Les principales mesures qu’il appliqua furent en faveur de l’armée, car connaissant la réalité du terrain et la dure vie du soldat toujours sollicité à aller guerroyer d’un bout à l’autre du vaste territoire de l’Empire romain. Ainsi, les soldats bénéficièrent d’un solde conséquente, chose qui n’avait pas été faite depuis plus d’un siècle, en dépit du fait que cela conduisit vite à un désiquilibre des finances de l’Etat.
On sait que le soldat romain devait s’équiper de ses propres ressources depuis toujours, mais Sévère allégea un peu ce fardeau en attribuant les frais de transport au budget étatique. L’autre décision importante a trait au statut des soldats qui, auparavant et dès leur incorporation, ne pouvaient plus quitter leurs campements pour 15, 20 ou 30 ans, selon qu’ils soient prétoriens, légionnaires ou soldats auxiliaires. De ce fait, le soldat romain incorporé ne pouvait fonder de famille qu’après avoir quitté définitivement les rangs de l’armée. L’empereur les libéra de cette contrainte en les autorisant à fonder de façon officieuse une famille, puis officiellement un peu plus tard. En dernier lieu, il augmenta l’effectif par la création de trois légions supplémentaires pour parer à toute nouvelle guerre sur le territoire de l’Empire.
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