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Septime Sévère, le Berbère devenu empereur romain

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  • Septime Sévère, le Berbère devenu empereur romain

    Septime Sévère est né le 11 du mois d’avril 146 dans la ville maritime de Leptis Magna en Libye, située à l’est de Tripoli. Il appartient à une famille de notables berbères et son père, Publius Septimus Geta, avait accédé à la citoyenneté romaine et sa mère Fulvia Pia appartient à une famille de citoyens italiens mariés à des indigènes ayant obtenu eux aussi la citoyenneté romaine. Son grand-père paternel fut préfet de sa ville natale avant d’en être le premier duumvir (ou magistrat en concurrence avec un autre collègue) lorsque la cité devint colonie romaine sous l’empereur Trajan (53-117 ap.J.-C.).

    Le célèbre historien grec, Dion Cassius (155-235), son contemporain et auteur d’une Histoire romaine, le décrit comme un homme de petite taille, maigre, très vif. Il avait un fort accent qui dénote de son origine amazighe bien remarqué par ses contemporains. Son ascension témoigne de la capacité des habitants de la Numidie à rivaliser avec les autres peuples que dominait Rome, maîtresse incontestée du monde antique. D’ailleurs, c’est par un cousin à lui, qui avait fréquenté la cour impériale, qu’il quitte ses parents en 146 (il venait d’avoir 18 ans) pour la grande métropole où il parvint à occuper diverses fonctions civiles et militaires en un temps très court, ce qui n’était pas si facile à cette époque. Sous le règne de l’empereur Commode, fils du fameux Marc-Aurèle, il accéda à la charge sénatoriale et fut nommé pendant une certaine période dans la province de la Gaule où naquirent, à Lyon, ses deux fils : Geta et Caracalla, qui lui succédèrent, plus tard, après sa mort en 211.

    Au cours de l’année 191, il parvint à bénéficier de la charge de légat (gouverneur et chef d’une légion) de la province hongroise de Pannonie, bénéficiant de l’aide du chef de la garde prétorienne, obtenant de cette manière le commandement de trois légions entières (environ 18 000 hommes) pour pouvoir défendre la frontière nord de l’Empire romain.

    Une ascension fulgurante au pouvoir

    Moins de deux années après, à Rome, le fils de Marc-Aurèle, le monstrueux et débauché Commode, a été déclaré indigne de la charge suprême qu’il détenait à la tête de l’Empire et déclaré ennemi du Sénat. Il fut l’objet d’un assassinat en bonne et due forme, laissant la place vacante au préfet de la capitale. Celui-ci, nommé Helvius Pertinax, fut désigné par les membres du Sénat, non sans avoir accordé beaucoup de largesses aux prétoriens (soldats d’élite qui assurent la sécurité de l’empereur). Mais ces derniers se rebellèrent contre lui, ce qui prouve la grande instabilité qui régnait dans les hautes sphères de la classe dirigeante romaine, lorsqu’il manifesta sa volonté de mettre fin à leur indiscipline et à leur propension à utiliser la force et en désobéissant au pouvoir légitime pour imposer leur volonté. Finalement, il fut proprement assassiné, son passage au pouvoir n’ayant pas duré trois mois.

    Apparut, alors, un obscur prétendant au trône nommé Didius Julianus qui improvisa une véritable mise aux enchères de la charge impériale avec un autre concurrent. Il réussit à se faire plébisciter par les prétoriens avec l’acceptation du Sénat lui-même.

    Se trouvant dans sa province dans la lointaine Hongrie, Septime Sévère fut mis quand même au courant de ces événements cruciaux. Ses soldats stationnés sur le fleuve Danube désapprouvèrent ces pratiques et étaient jaloux de leurs collègues qui vivaient en toute sécurité, dans la capitale loin des dangers et des risques de la guerre qu’ils encouraient, eux, en faisant face constamment aux invasions des peuples barbares. De là à proclamer leur général, Septime Sévère, en l’occurrence, comme empereur il n’y avait qu’un pas qui fut allégrement franchi, convaincus qu’ils étaient de. vrais et fidèles citoyens romains. D’ailleurs, ce scénario était un fait coutumier dans la longue histoire romaine, où des chefs militaires s’appuyaient souvent sur leurs soldats et forts de leur prestige – souvent mérité –pour conquérir le pouvoir central. Assuré du soutien des autres légions du Rhin et de Germanie, il ne restait au fils de Leptis Magna qu’à se tourner vers Rome et imposer sa volonté en marchant sur elle, le 9 juin 193 de l’ère chrétienne. Didius Julianus qui était en poste fut tué par un prétorien encouragé par le Sénat qui s’empressa d’offrir la couronne impériale à Septime Sévère. Sous le prétexte de la réconciliation, ce dernier organisa un grand banquet en invitant les prétoriens et en profita pour exterminer les principaux meneurs et procéda au licenciement du reste les remplaçant par des pannoniens ramenés avec lui d’Europe centrale.

    Dès que cette nouvelle parvint dans les provinces, en Orient, en Bretagne, principalement, les armées romaines stationnées dans ces contrées se rebellèrent sous le commandement de leurs généraux tout aussi ambitieux.
    D’abord, en Orient (qui regroupe un grand territoire composé de la Syrie, de la Mésopotamie, de l’Egypte, d’une partie de l’Arabie), le légat Pescennius Niger s’oppose à Septime Sévère et refuse de l’acclamer briguant lui aussi l’Empire car comptant sur ses légions qui le proclamèrent empereur. Septime Sévère décida d’aller à sa rencontre et de se débarrasser de ce rival gênant et dangereux. Les deux armées se rencontrèrent à Issus, en Asie Mineure, où a eu lieu une bataille décisive, au printemps 194, et qui tourna en défaveur du gouverneur de l’Orient qui se soumet au fils de l’Afrique. Ce dernier consolida sa puissance dans la Rome impériale ce qui n’était nullement une tâche facile.
    Dans la partie occidentale, apparut une menace beaucoup plus sérieuse qui menaçait la légitimité de Septime. En effet, le légat de Bretagne, Claudius Albinus, de même origine, ambitionnait de partager le pouvoir avec lui. En plus, il disposait d’une armée forte qui comptait plus de 40 000 hommes bien entraînée, et rompue par les guerres qu’elle menait contre les peuplades de l’Angleterre et de l’Ecosse.

    Ne pouvant lutter sur plusieurs fronts, Septime Sévère choisit de calmer les ardeurs belliqueuses d’Albinus en lui octroyant le titre de César et une année de consulat complète, car, à cette période il était occupé à réprimer une autre révolte du peuple des Parthes, qui vivaient au nord-est de la Perse. Ces derniers vaincus, il se retourna contre Albinus, qui, entre temps, avait traversé la Manche à la tête de ses soldats en direction de l’Italie au cours de l’année 196. Après une longue marche à travers la Gaule (à peu près la Belgique et la France actuelles), les deux armées se rencontrèrent aux environs de Lyon sur les rives de la Garonne où le choc qui devait les départager eut lieu finalement, en février197, et qui se termina par la victoire de Septime Sévère et le suicide de son ennemi D’autre part, il fit mettre à mort 29 sénateurs qui ont aidé et encouragé Clodius Albinus dans son action usurpatrice.

    Enfin, maître absolu de l’Empire romain !

    Après toutes ces années de luttes continuelles, Septime Sévère pouvait dire qu’il était, enfin, seul maître de Rome, le grand danger ayant disparu, mais non les révoltes locales qui survenaient de temps à autre. La plus dangereuse a été l’œuvre de ce peuple d’Orient , les Parthes, qui a toujours résisté aux Romains et célèbre par sa tactique de guerre qui consistait à lancer des flèches sur ses poursuivants tout en feignant la fuite, d’où l’expression la «flèche des Parthes», qui signifiait «conclure avec ironie». Septime Sévère les vainquit définitivement entre 197 et 199, et les châtia impitoyablement, mettant à sac leur capitale Ctésiphon (au sud-est de Bagdad) et massacrant une centaine de milliers des leurs sans distinction d’âge ou de sexe. Enfin, débarrassé des soucis de la guerre, il mit toute son énergie dans la réorganisation de l’Etat, période durant laquelle son pouvoir avait pris nettement un caractère militaire, lui-même étant soldat et arrivé au pouvoir grâce au soutien indéfectible de ses fidèles troupes depuis qu’il avait quitté la Pannonie sept ans auparavant.

    Les principales mesures qu’il appliqua furent en faveur de l’armée, car connaissant la réalité du terrain et la dure vie du soldat toujours sollicité à aller guerroyer d’un bout à l’autre du vaste territoire de l’Empire romain. Ainsi, les soldats bénéficièrent d’un solde conséquente, chose qui n’avait pas été faite depuis plus d’un siècle, en dépit du fait que cela conduisit vite à un désiquilibre des finances de l’Etat.

    On sait que le soldat romain devait s’équiper de ses propres ressources depuis toujours, mais Sévère allégea un peu ce fardeau en attribuant les frais de transport au budget étatique. L’autre décision importante a trait au statut des soldats qui, auparavant et dès leur incorporation, ne pouvaient plus quitter leurs campements pour 15, 20 ou 30 ans, selon qu’ils soient prétoriens, légionnaires ou soldats auxiliaires. De ce fait, le soldat romain incorporé ne pouvait fonder de famille qu’après avoir quitté définitivement les rangs de l’armée. L’empereur les libéra de cette contrainte en les autorisant à fonder de façon officieuse une famille, puis officiellement un peu plus tard. En dernier lieu, il augmenta l’effectif par la création de trois légions supplémentaires pour parer à toute nouvelle guerre sur le territoire de l’Empire.

  • #2
    Les principales réformes dans le domaine civil

    Durant son règne qui dura jusqu’en 211, Septime Sévère entreprit plusieurs actions à caractère civil dont on citera les principales. En premier lieu, il réforma la cour impériale en y faisant entrer de nouveaux éléments issus de l’Afrique, surtout, et de l’Orient. Ainsi, des citoyens originaires de la Mauritanie purent participer à la direction de l’Etat au même titre que ceux de souche. Ils assuraient diverses tâches juridiques et l’empereur n’omettait pas de les consulter beaucoup afin d’avoir leurs avis avant de trancher les questions qui touchaient les divers domaines de la gouvernance.

    Par ailleurs, Septime Sévère entreprit plusieurs voyages, entre 199 et 203 en Orient profitant à l’occasion pour réorganiser ces provinces lointaines en créeant de nouvelles dans le but d’alléger quelque peu le travail des gouverneurs et en même temps les empêcher de penser à un coup d’Etat éventuel. En Afrique du Nord, sa patrie, il remit au jour la province de Numidie, puis visita la riche contrée d’Egypte à laquelle il accorda une indépendance relative et de libres institutions à ses principales villes.

    Sur un tout autre plan, on lui doit la construction d’un grand nombre de bâtisses imposantes, de fontaines publiques, de palais, de thermes, de temples, de théâtres, d’arcs de triomphe, de ports et de basiliques. Sa ville natale, Leptis Magna, bénéficia particulièrement (à l’instar de Rome, bien sûr) de monuments remarquables. Cette activité urbanistique prouve que ce roi d’origine berbère n’avait pas que des qualités militaires.

    Envers les couches populaires, Septime Sévère institua la distribution gratuite de certaines denrées comme l’huile d’olive, en plus des traditionnelles distributions de blé connues depuis nombre de siècles.

    Vers l’année 208, de nouveaux troubles apparurent dans les frontières septentrionales de l’Empire, et pour y faire face, Septime Sévère se fit accompagner par ses deux fils (désignés déjà pour lui succéder), Caracalla et Géta, dans ces lointaines terres. Ils ne réussirent pas à réprimer les populations insurgées mais arrêtèrent tout de même leur progression en remportant des batailles et en reconstruisant la fameuse muraille d’Hadrien (76-138), érigée pour décourager les Barbares de foncer au sud en direction de Rome.

    Affaibli par une intense débauche d’énergie et par tant d’efforts soutenus durant de longues années, Septime Sévère mourut près de Londres, le 4 février 211, à l’âge de 65 ans, en recommandant à ses fils de maintenir la stabilité de l’Etat et de prendre soin de l’armée, qui, à ses yeux, est l’outil indispensable pour assurer l’ordre et la défense de l’Empire romain.

    Par la Nouvelle République

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    • #3
      Curieux ...

      Il appartient à une famille de notables berbères et son père, Publius Septimus Geta, avait accédé à la citoyenneté romaine et sa mère Fulvia Pia appartient à une famille de citoyens italiens mariés à des indigènes ayant obtenu eux aussi la citoyenneté romaine.
      Je serait bien curieux d'où notre journaliste tient-il une telle affirmation ?
      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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      • #4
        Harrachi, nous avons eu la même réaction.
        C'est drôle cette appropriation berbériste de tous ces romains... comme pour dire, avant Rome y'a eu la berbérie...

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        • #5
          Merci Morjane pour ces articles toujours enrichissants.


          Une chose est sûre, est que Septime Sévère n'avait pas des origines du Royaume de la Bédouineté, ce qui est important à noter pour nous.



          Andaloussia

          Pour ce qui est de ses origines berberes :


          Henri Irénée Marrou, Crise de notre temps et réflexion chrétienne de 1930 à 1975, Beauchesne, 1978, p.124

          Berbères : [...] Les plus connus d'entre eux étaient l'auteur Romain Apulée, l'empereur romain Septime Sévère, et Saint-Augustin (The best known of them were the Roman author Apuleius, the Roman emperor Septimius Severus, and St. Augustine), Article Berbères dans Encyclopedia Americana, Scholastic Library Publishing, 2005, v.3, p.569

          Marcel Le Glay, Rome : Tome 2, Grandeur et chute de l'Empire, Librairie Académique Perrin, 2005, p.336 (d) Gilbert Meynier. L’Algérie des origines : De la préhistoire à l’avènement de l’Islam, La découverte, 2007, p.74
          Dernière modification par Tamedit n-was, 20 mai 2008, 18h46.

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          • #6
            Quand je regarde l'histoire de l'Afrique du nord depuis moins de 7000 ans
            jusqu a nos jours les berbères ont toujours été sous domination étrangère
            sauf pendant la periode -250 à 25 apés jesus christ.Et entre 776 à 1512
            periodesdes dynasties bérbères musulmanes.
            UN petit résumé .
            Moins de 1250 à moins 146 Les phéniciens occupaient toutes les cotes orientales de la Medeterannée.
            Les Caramentes de moins 500 à moins de 225 ans avant J.C.
            Les Numides ont occupaient l'est de L' Algerie actuel jusqu à Carthage et ceci de moins 250 à 25 aprés J.C.
            Periodes qui commença vers 250 avant J.C. Avec deux tribus ,des Massyles à l'est ( tribus dont est originaires yughurta , et la tribus des Massaesyles à l'ouest (region qu ont appellé Maurétanie et qui allait de l'actuel bougie jusqu' à l'extréme nord marocaoin de nos jours .
            Moins de 430 à moins de 533 les cotes Africaines de la Médétérannée etaiebt occupépar les Bysantins.
            De 647 à 743, ce sont les ommeyyades qui dominaient .
            Donc pour moi : Les berbères n'ont jamais été aussi indépendant que pendant la periode de la dynastie des BANOU-IFREN dynastie qui a débuté en 776 jusqu à 1512 avec une incursion éphémère des Hilaliens mais qui n'a aucune repercusion sur la dynastie bérbéres entre 1052 et 1152.
            Les principaux dynasries bérbères sont Les ALMOHADES, les ZIANIDES, les HAFSIDES, jusqu à 1574 .
            Régence d'Alger de 1515 à 1830.
            COnclusion les bérbères Nord-Africains n'ont jamais été aussi libre que dépuis l'avènement de l'islam qui les à libérer du joug des bysantins ......

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            • #7
              myra21

              On l'a appris même à l'école , et tu le trouveras même dans le manuel scolaire de l'histoire au collège, que les Hillalien (les Banou Hillal qui ont sauvagement jetés dans le Maghreb) étaient le peuple le plus sauvages et les moins civilisé que cette terre a connue jusqu'à nos jours.

              Chose qui confirme la citation de Ibn Khaldoun :

              Un pays conquis par les arabes est bientôt ruiné

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              • #8
                Ne confonds pas chaàbane et ramdane .
                Les hilalliens sont des egyptiens et non des arabes.
                Pour rafraichissement des mémoires les arabes n'étaient pas assez nombreux pour envahir la moitier de la planète.
                Alors arrettez de dire n'importe quoi .
                Car les arabes au 7em siècle en nombres ne representaient RIEN queques dizaines de milliers..
                Alors pour le mot sauvage tu repasseras.

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                • #9
                  Ne confonds pas chaàbane et ramdane .
                  Les hilalliens sont des egyptiens et non des arabes.
                  le sujet n'est pas Bani Hillal ou les Arabes , mais, on t'invite à une recherche sur leurs origines.
                  Un topic a été déjà lancé sur le forum sur eux :

                  http://www.algerie-dz.com/forums/showthread.php?t=45059



                  désolé pour ces HS.

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                  • #10
                    C'est ce que je dit leurs incursions furent éphèmères et n'ont eu aucune conséquence sur la dynastie bèrbères .
                    D'ailleurs les bérbères ne faisaient pas de cadeau aux arabes , ils leurs ont fait méme la guerre en espagne parceque ils leurs reprochaient de délaisser l'ISLAM.....
                    D'ailleurs c'est de là qu à commencer la decadense des musulmans ..
                    c'etaient au 14em siècles.

                    Commentaire


                    • #11
                      Désolée du H.S. mais pour moi le peuple le plus barbare et le moins respectueux qu'à connu l'Algérie, ce n'est pas les Bani Hillals mais plutôt les français avec leur colonisation aliénante, devastatrice et destructrice!

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                      • #12
                        Bonsoir Sissouh

                        Peut être t'es mal informée sur cette population ?

                        On t'invite cet extrait tiré du livre les prolégomènes de Ibn Khaldoun :



                        Tout pays conquis par les Arabes est bientôt ruiné.

                        Les habitudes et les usages de la vie nomade ont fait des Arabes un peuple
                        rude et farouche. La grossièreté des moeurs est devenue pour eux une seconde nature, un état dans lequel ils se complaisent, parce qu’il leur assure la liberté et l’indépendance. Une telle disposition s’oppose au progrès de la civilisation.
                        Se transporter de lieu en lieu, parcourir les déserts, voilà, depuis les temps les plus reculés, leur principale occupation. Autant la vie sédentaire est favorable au progrès de la civilisation, autant la vie nomade lui est contraire. Si les Arabes ont besoin de pierres pour servir d’appuis à leurs marmites, ils dégradent les bâtiments afin de se les procurer ; s’il leur faut du bois pour en faire des piquets ou des soutiens de tente, ils *271 détruisent les toits des maisons pour en avoir. Par la nature même de leur vie, ils sont hostiles à tout ce qui est édifice ; or, construire des édifices, c’est faire le premier pas dans la civilisation. Tels sont les Arabes nomades en général ; ajoutons que, par leur disposition naturelle, ils sont toujours prêts à enlever de force le bien d’autrui, à chercher les richesses les armes à la main 1 et à piller sans mesure et sans retenue. Toutes les fois qu’ils jettent leurs regards sur un beau troupeau, sur un objet d’ameublement, sur un ustensile quelconque, ils l’enlèvent de force.

                        Si, par la conquête d’une province p.311 par la fondation d’une dynastie, ils se sont mis en état d’assouvir leur rapacité, ils méprisent tous les règlements qui servent à protéger les propriétés et les richesses des habitants. Sous leur domination, la ruine envahit tout. Ils imposent aux gens de métier et aux artisans des corvées pour lesquelles ils ne jugent pas convenable d’offrir une rétribution. Or l’exercice des arts et des métiers est la véritable source de richesses, ainsi que nous le démontrerons plus tard.

                        Si les professions manuelles rencontrent des entraves et cessent d’être profitables, on perd l’espoir du gain et l’on renonce au travail ; l’ordre établi se dérange et la civilisation recule. Ajoutons que les Arabes négligent tous les soins du gouvernement ; ils ne cherchent pas à empêcher les crimes ; ils ne veillent pas à la sûreté publique ; leur unique souci c’est de tirer de leurs sujets de l’argent, soit par la violence, soit par des avanies. Pourvu qu’ils parviennent à ce but, nul autre souci ne les occupe. Régulariser l’administration de l’État, pourvoir au bien-être du peuple soumis, et contenir les malfaiteurs sont des occupations auxquelles ils ne pensent même pas. Se conformant à l’usage qui a toujours existé chez eux, ils remplacent les peines corporelles par des amendes, afin d’en tirer profit et d’accroître leurs revenus. Or de simples amendes ne suffisent pas pour empêcher les crimes et pour réprimer les tentatives des malfaiteurs ; au contraire, elles encouragent les gens mal intentionnés, qui regardent une *272 peine pécuniaire 2 comme peu de chose, pourvu qu’ils accomplissent leurs projets criminels ; aussi les sujets d’une tribu arabe restent a peu près sans gouvernement, et un tel état de choses détruit également la population d’un pays et sa prospérité. Nous avons dit, vers le commencement de cette section, que le gouvernement monarchique convient d’une manière spéciale à la nature de l’espèce humaine ; sans lui, la société et même les individus n’ont qu’une existence bien précaire.
                        Ajoutons encore que les nomades sont avides du pouvoir et qu’à peine en trouvera-t-on parmi eux un seul qui p.312 consentirait à remettre l’autorité entre les mains d’un autre ; un Arabe, exerçant un commandement ne le céderait ni à son père, ni à son frère, ni au chef de sa famille. S’il y consentait, ce serait à contre-coeur et par égard pour les convenances ; aussi trouve-t-on chez les Arabes beaucoup de chefs et de gens revêtus d’une certaine autorité. Tous ces personnages s’occupent, les uns après les autres, à pressurer la race conquise et à la tyranniser. Cela suffit pour ruiner la civilisation. Le khalife Abd-el-Mélek (Ibn Merouan) demanda un jour à un Arabe du désert en quel état il avait laissé El-Haddjadj, pensant qu’il entendrait l’éloge de cet officier, dont l’excellente administration avait maintenu la prospérité de la province qu’il gouvernait. Le Bédouin lui répondit en ces termes : « Quand je le quittai, il faisait du tort à lui seul 1. »

                        Voyez tous les pays que les Arabes ont conquis depuis les siècles les plus reculés : la civilisation en a disparu, ainsi que la population ; le sol même paraît avoir changé de nature. Dans le Yémen, tous les centres de la population sont abandonnés, à l’exception de quelques grandes villes ; dans l’Irac arabe, il en est de même ; toutes les belles cultures dont les Perses
                        l’avaient couvert ont cessé d’exister. De nos jours, la Syrie est ruinée ; l’Ifrîkiya 2 et le Maghreb 3 souffrent encore des dévastations commises par les Arabes. Au cinquième siècle de l’hégire, les Beni-Hilal et les Soleïm y firent irruption, et, pendant trois siècles et demi, ils ont continué à s’acharner sur ces pays 4 ; aussi la dévastation et la solitude y règnent encore. Avant cette invasion, toute la région qui s’étend depuis le pays des Noirs jusqu’à la Méditerranée était bien habitée : les *273 traces d’une ancienne civilisation, les débris de monuments 5 et d’édifices, les ruines de villes et de villages 6 sont là pour l’attester. Dieu p.313 est héritier de la terre et de tout ce qu’elle porte ; il est le meilleur des héritiers. (Coran, sour. XXI, vers 89.)

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                        • #13
                          Bonsoir,

                          Un article historique important ! Sauf que notre ami "Slim" chaque fois nous fait des raccourcis inutiles et qui n'ont rien à voir avec le sujet :
                          Envoyé par Tamedit n-was
                          Une chose est sûre, est que Septime Sévère n'avait pas des origines du Royaume de la Bédouineté, ce qui est important à noter pour nous.
                          Peut être qu'il a un problème avec les "bédouins" ! Mais je ne vois pas ce qu'ils viennent faire ici

                          Mon ami tu cites souvent dans tes interventions ce mot "bédouin" peut être que tu veux dire "arabe"! alors dis le clairement au lieu de tourner au tour du pot !Car le bédouin c'est l'arabe qui vit dans la campagne, dans le désert ! Et c'est ce bédouin venu du "royaume des bédouins" qui t'as appris l'Islam, religion de paix et de respect !

                          Le royaume de la bédouineté comme tu l'appelle, n'est pas les origines de Sévère sertes (ce qui important pour toi (nous ???) ) mais c'est quand même les origines de (sayidouna) Khaled Ibn El Walid, ... Et c'est la terre sainte où il y a la Kaaba et les deux saintes mosquées et villes ....Que tu dois respecter en tant que musulman !

                          Commentaire


                          • #14
                            Bonsoir Zaki17

                            Il y avait récément un chanteur Saoudien qui avait attribué au Prophete (SAAWS) la nationalité Saoudienne, pour lui, le prophète était Saoudien.

                            Es-tu du même avis que lui ?

                            Pour ce qui est des Bédouins, pour moi sont la cause et l'origine de nos malheurs...



                            Coran :


                            الأَعْرَابُ أَشَدُّ كُفْراً وَنِفَاقاً وَأَجْدَرُ أَلاَّ يَعْلَمُواْ حُدُودَ مَا أَنزَلَ اللّهُ عَلَى رَسُولِهِ وَاللّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ

                            9.97. Les Bédouins sont plus endurcis dans leur impiété et dans leur hypocrisie, et les plus enclins à méconnaître les préceptes qu'Allah a révélés à Son messager. Et Allah est Omniscient et Sage.

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                            • #15
                              Merci Sensib pour le texte, je connais la position d'Ibn Khadûn à ce sujet.
                              Néanmoins, ces tribus sont à replacer dans le contexte, le monde n'était pas aussi évolué et la barbarie était de mise.
                              Si tu avais étudié les peuples Vikkings, ils étaient tout aussi barbare, et sévissaient dans tout le nord de l'Europe, il paraît qu'ils sont même arrivés à nos rives.
                              Les Vandales étaient tout aussi violents et barbares, les francs aussi....
                              Les Bani Hillals sont devenus les ancêtres d'une partie des Maghrébins, peut être suis je une de leur descendance....

                              En 1800, les mœurs ont évolué, les sociétés se sont nettement améliorées, et voici que des peuples voient un moyen d'asseoir un pouvoir sur d'autres populations en les spoliant, leur déniant le droit d'être des êtes humains, en les asservissants de la pire sorte, en réduisant à néant leur culture. Jamais l'Algérie n'a connu pareille déchéance, pareille régresion sur plusieurs niveaux, les français n'y sont pas allés de main morte, elle, la civilisation la plus éclairée de la terre, la civilisation des Lumières a destructuré complètement les peuples du Maghreb.
                              Avant l'arrivée des Français, les Maghrébins parlaient le berbère et l'arabe, savaient lire et écrire, avait une société structurée et cadrée. A leur départ après une dure guerre, l'Algérie connaît l'analphabétisation, l'illétrisme, la misère, le piston, la corruption, le régionalisme, le distingo lamentablement réducteur entre "kabyles" et "arabes"...
                              Depuis 1962, on est encore entrain de se remettre de ce que nous a fait subir la colonisation française....

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