L'immeuble confiné - العمارة المحجورة : feuilleton ramadanesque de FA

[Nadifleur]

Hello

Merci Vanilla..

Beaucoup d’écrivains cachés se dévoilent dans ce forum....
Merci à tous, pour ce régal de lecture, vous êtes au topissime on s'y plonge vraiment bien dans ce Feuilleton Ramadanesque...

[AigleNoir]

Aigle noir : j'avais l'impression de lire un Harlequin ! J'adore!

Normal Rose, toute la romance y est. (chez Arlequin biensur ...).
Merci tout court, j'adore ta plume aussi et tout ce qu'elle cache de bien et
au-dela.

[Soumsoumy]

Frozen salut ben merci infiniment pour tes encouragements ça me change du primaire ou j'ai eu qu'un tableau d'honneur et un blâme, ah! Je suis confus, désolé pour les personnages lol, moukhi metqoub

[FrozenRose]

Partie 5

Vendredi 9h du matin. Mon café avait tiédi et le fond de tasse stagnait comme mes pensées en cette matinée grise. Il pleut des cordes. Je vous avais dit que le printemps est traître. Qu’on ne pouvait lui faire confiance.

Je décide aujourd’hui de nettoyer le hall de l’immeuble et passer une rapide serpillière sur les escaliers poussiéreux. Les vipères Atiqa et Massâouda ne ratent aucune occasion pour me faire remarquer l’état de saleté de l’immeuble. Je pense sérieusement à prendre ma retraite, moi ! je ne suis plus la Zohra d’antan, jamais je ne rechignais à la tâche ! Quand je quittais les demeures des habitants, pas la moindre trace, pas la moindre tache, pas la moindre petite parcelle de salissure ne pouvait m’échapper. Monsieur Mourad, m’appelait : Zohra la tornade ! J’emportais avec moi poussière et saleté et je disparaissais.

C’est décidé ! Je me casse ! Je demanderai à Samir le distributeur de journaux d'écrire un mot dans lequel j’annoncerai mon départ…Il est doué pour l’écriture lui ! je le vois souvent gribouiller dans son carnet à petit carreaux. Je planquerai le mot à l’entrée de l’immeuble. Ils doivent penser à ramener une nouvelle concierge…et surtout qu’elle soit robuste comme chêne ! il faudrait de l’énergie et de la force pour maintenir cet immeuble propre ! Rien que les poils de chiens de la tchictchi Sara nécessiteraient une demi-journée de nettoyage !
- Ouuuf ya Rabi…Je soupire profondément à l’idée de la pénible tâche qui m’attend.

Je remonte ma djellaba et je l’accroche sur le côté de ma ceinture en faux cuire. Ne froncez pas les sourcils ! j’ai mis un caleçon large qui arrive jusqu’à mes genoux replets ! Je prends mon seau en plastique, le balai, la serpillière, l’Isis et bien sûr la javel.

Je monte douga douga (lentement) au sixième en faisant une pause entre chaque étage. Je sens mon cœur battre dans ma gorge ! Et je décide plus que jamais d’arrêter mon travail de concierge.
Arrivée au troisième, je croise Amoula. Elle s’apprêtait à sortir. Me salua d’un geste de la tête et descendit vite. Toujours pressée cette fille. Elle était au téléphone et riait mais son rire ne collait pas à son regard qui lui donnait un air grave, presque martial. Elle avait ses longs cheveux lâchés, portait une robe moulante en maille gris souris et des collants opaques qui laissaient deviner des jambes fuselées. Elle sentait surtout bon. Son parfum enivrant se diffusait dans toute la cage d’escalier. Il doit être cher son parfum…Elle ramènerait d’où des sous pour acheter un parfum qui sentirait aussi bon. Me demandais-je.

Aicha sortit aussitôt de son appartement :
- Amoula, amoulaaaa ! reviens ! tu as oublié ton parapluie ! cria-t-elle.
Amoula retrousse le chemin, pendant qu’Aicha me fait la bise et demande de mes nouvelles. Elle récupère le parapluie et descend aussi vite qu’elle est remontée.
S’assurant que sa fille est bien loin, Aicha aborde le sujet de Bachir.
- Ah, alors Zohra ! dis-moi tout ! ne me cache rien s’il te plait. Quoi de neuf sur Bachir. J’ai aperçu hier sa nouvelle voiture. Ohlala ! elle doit être chère ! je crois vraiment que ses affaires marchent bien. Il faut que je trouve un moyen pour qu’il s’intéresse à Amoula ! Cette fille est têtue comme une mule et s’amourache de plus en plus à Samir tchoukoupi. Dit-elle exaspérée.

- Tu veux la vérité ou tu veux que je te dise ce que tu veux entendre ? La regardais-je avec ma moue spéciale.

- Non ! surtout pas ça ! sois franche ya khti ! (ma sœur).

- Ecoute Aicha ! Zahia lui a déjà mis le grappin dessus . Qui peut résister à Zahia ? hein ! Chaque matin, elle sonne à sa porte et lui offre des beghrir tout chauds surement faits par Taous echawafa (la voyante). Bachir est métamorphosé ! Subhan Allah moughayer alahwel ! Lui qui passait son temps avec des filles au téléphone ! ya Nounou, ya Mimi, ya Sousou ! même la pauvre Hind, il ne l’a pas épargné ! Il est devenu un docile toutou à la merci de Zahia ! Iiih la magie des poitrines généreuses ! ya khti ! ziza laâziza !

- Awaaah ! (mais non) C’est la magie de la sorcellerie plutôt ! ! Taous Echaouafa, Seul Dieu est Capable de l’arrêter ! dit-elle désespérée.

- Ecoute moi ! Laisse ta fille vivre sa vie. Samir n’est pas un mauvais garçon et vaut beaucoup mieux que ce Bachir. Il est gentil, respectueux et très discret. L’air un peu con avec ses lunettes ronds ..Staghfir Allah ya Rabi…mais que veux-tu de mieux ?! Tu le méprises parce qu’il est pauvre ?!

- un distributeur de journaux ne fera pas vivre ma fille. J’ai connu la pauvreté Zohra ! je l’ai connue ! répéta-t-elle les larmes aux yeux. Je ne voudrai pas que ma fille unique vive ça.

- Je vois…et je te comprends. Mais ta fille n’est pas toi. A chacun son maktoub. Kouni moumna (sois croyante). Tu vas perdre ta fille avec ton obstination…laisse-la épouser qui elle veut…akhlaya !

- Dis, il te reste des makrouds…Je continue l’eau à la bouche.

- Rabi yahdina (que Dieu nous guide vers le droit chemin). Oui, oui. Je te prépare une petite assiette. Va finir ton ménage, je te la fais descendre après.

- Tu ne m’oublies pas, hein ?!

- Kouni methania (sois tranquille).

Je finis mon ménage qu’aux environs de midi, exténuée. Je me change, je me jette sur le canapé et je prends le vieux téléphone en bakélite sur mes cuisses. Abdou, saute aussitôt sur les fils de l’appareil pour jouer avec. Je lui donne un gentil coup de pied à ce matou! Il me fatigue lui aussi...
Je forme le seul numéro que je connaisse. Celui de Ali…mon frère….

- Allô Ali...Labess? peux tu me préparer la maison des parents Allah yehamhoum . Envie d'y emménager. Je te remercie.


A suivre…

[Invité]

Génial Frozy
👍💐

[PremierJour]

Excellents sont vos récits , Bravo !

[Invité]

Suite

Après le départ d'Amoula pour l'épicerie, Samir reste un peu sur le palier pour lui donner le temps de prendre une grande avance sur lui afin que la bienséance soit respectée et que personne ne trouve à y redire car ici, à Alger, tout le monde a la vocation d'être concierge ou agent secret mais comme y a d'avantage de concierges que d'agents secrets, on reste plutôt sur concierge. Tout le monde s'entraîne à observer, écouter, déduire, informer tout en respectant bien sûr la règle immuable et universelle du secret professionnel.

En attendant, Samir se plonge dans son Iphone pour traiter ses mails professionnels car bien qu'étant confiné, Samir est en télétravail.
A ce stade, on peut vous révéler que Samir n'est pas porteur de journaux comme Zohra l'a compris et répété mais qu'il est journaliste.
D'aucuns diront qu'un journaliste peut travailler aussi bien en télétravail qu'à son bureau voire mieux car le journalisme de terrain est plus sérieux que le journalisme de bureau.

Samir a fait ses études de journalisme en France dans une université très connue, moins connue que la Sorbonne mais plus connue que l'université de Brest dont personne n'a jamais entendu parler au point qu'on peut se demander si elle existe vraiment. Et cette question, encore une, restera sans réponse, l'indifférence générale qui a gangréné nos sociétés faisant que tout le monde se dit OSEF.

Durant ses études, Samir a fait des stages avec Elise Lucet et Julien, non pas Doré mais Courbet mais bien entendu, on ne peut contester le fait que quelqu'un puisse être à la fois doré et courbé surtout avec é et pas et.

Pendant ces stages avec 2 journalistes vedettes internationales en France et environs, Samir était apparu à la télévision dans une émission culte qui essaie de dévoiler les dessous crasseux des dessus chics mais à l'évidence personne de son immeuble n'a vu cette émission car impossible d'oublier sa prestation remarquable surtout qu'il était en binôme avec une blonde époustouflante et on ne parle pas là d'Elise Lucet elle-même qui époustoufle aussi mais pas de la même façon que sa binôme, la différence entre elles étant la même qu'entre le sport indoor et le sport outdoor pour ceux qui comprennent l'anglais surtout quand ça ne veut rien dire.

Samir en a conclu que l'émission avait été diffusée durant une de ces journées funestes que les Algérois connaissent bien, hélas, ces jours où rien ne marche, ni les paraboles, ni les robinets d'eau potable, ces jours où les tomates n'ont aucun goût alors qu'on les a payées au prix du caviar, si quelqu'un le connait, ces jours encore où les pastèques ne pèsent même pas le poids d'un melon, le melon fruit, pas le melon tête car ce dernier pèse parfois le poids d'une pastèque, allez comprendre. Ces jours où on entend les lamentations des vieux mais aussi des jeunes car chacun a sa raison de se lamenter y compris les fans de Julien Courbet et d'Elise Lucet mais peut-être que ces derniers ne sont pas au courant de ce qu'ils ont raté.

Toujours est-il que personne n'a deviné que Samir est journaliste et il a beau mettre son imper et ne jamais quitter son sac reporter, rien n'y fait.

Pris par ses pensées et ses mails, Samir sursaute quand il se sent frôlé mais il sait immédiatement en humant les fragrances de Terre d'Hermès que celui qui le colle de près de la sorte c'est Rachid de l'étage plus haut.

Rachid lui fait un rentre dedans insupportable. Il le regarde avec un air de taureau de compétition primé au salon de l'agriculture de Bordj Bou Aridji et ses œillades donnent à Samir des sueurs froides. On a l'impression que Rachid s'imagine l'avoir croisé à la Gay Pride de San Francisco et pourtant aucun des deux n'a jamais mis les pieds là-bas.

- Salut Samir. Je t'ai attendu l'autre soir.
- Salut Rachid. Il ne fallait pas m'attendre, je t'avais dit que je n'ai pas le temps.
- Mais Samir, où tu vas la nuit quand tu sors ? Tu vas pas au club H?
- Non Rachid, je t'ai dit que je bosse
- Mais Samir, je te vois aller vers le port où est le club H
- Oui Rachid mais je vais pas à ce club. Écoute je suis pressé, je dois y aller A plus
- Ok Tu as toujours une bonne excuse dit Rachid déçu, dépité.

[Soumsoumy]

C'est remarquable Frozen je te conseille d'en faire un livre ou des nouvelles

[Invité]

💐 à tous ceux
Qui me lisent
Et m'encouragent
💐😘

[samarkand777]

frozen et nessy BRAVO ! épatant! (désolé les autres, pas lu toutes les pages d'avant)

nessy ,tu as l'air de bien connaitre alger selon ton récit (et les mentalités)

[Soumsoumy]

Nessy, PJ, Benam Frozen vous êtes au top, je suis admiratif par votre talent, bonne continuation mes amis, saha ftourkoum

[Invité]

Samar
6 ans de FA
Je me documente à côté
Le reste
C'est le talent 😁🐒🐒🐒

[Invité]

Soumsoumy
Plongée dans mon univers
Je t'avais pas répondu
😘💐

[samarkand777]

je n'en doute point )

[Tizwel]

Nessy, PJ, Benam Frozen vous êtes au top, je suis admiratif par votre talent, bonne continuation mes amis, saha ftourkoum

lol,
T'as le tiercé dans le désordre..

Ah je sais, c du domaine de l'émotion