ENTRETIEN AVEC SALAH CHALAH, PASTEUR DE L’ÉGLISE THAFATH :
«Le christianisme de garage existe et peut conduire à des dérives sectaires qui peuvent nuire à la société»
Le Soir d’Algérie : Fêter la naissance du Christ, ici et maintenant, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Salah Chalah : Avant toute chose, cela nous rappelle la venue de Dieu en la personne du Christ pour montrer le chemin du salut pour l’humanité Son impact pour nous, en tant qu’Eglise d’Algérie, nous rappelle que l’église appartient au Seigneur. Et, malgré les difficultés, le combat et les luttes, nous sommes, en tant que bâtisseurs d’Eglise, pleins d’espérance dans le fait que c’est le Seigneur qui conduit l’histoire de cette nation. C’est lui qui est venu sur terre pour accomplir une mission et continue, par son Eglise, à perpétuer cette œuvre de salut. C’est tout cela l’importance de se rappeler de la naissance du Christ.
Est-il facile d’être chrétien et de vivre sa chrétienté, aujourd’hui, en Algérie ?
Non. J’estime que c’est toujours difficile. Il y a des gens aujourd’hui qui sont pénalisés et qui ont perdu leur emploi uniquement à cause de leur chrétienté. La difficulté vient surtout des autorités. Nous sommes juste tolérés. C’est dommage. Les autorités n’ont pas encore fait leur travail sur le plan administratif. Il y a des lois qui nous répriment et qui sont en contradiction avec la Constitution, sans parler de la charte onusienne des droits de l’homme et des autres traités ratifiés par l’Algérie On est effectivement confrontés à beaucoup de difficultés et l’Algérie se place entièrement en porte-à-faux avec tous ces textes et ces conventions internationales. J’estime aussi qu’on ne peut pas imposer la foi à une personne. C’est un fait qui relève d’un choix individuel. Je respecte les convictions religieuses des musulmans et mon Dieu me dit de les respecter, mais je ne suis pas d’accord avec le discours qui prétend qu’on ne peut être que musulman dans un pays majoritairement musulman. Je n’ai aucunement la prétention de pousser les gens, par le discours ou d’autres moyens, à épouser ma foi. Et j’estime qu’il n’est pas juste que les autorités nous mettent de côté. Nous avons le sentiment que l’Etat algérien a honte de nous. On nous présente comme la lèpre de ce corps qui s’appelle Algérie. N’oublions pas que le ministre des Affaires religieuses s’est exprimé de la sorte et nous a présentés comme nouveau fléau qui menace l’Algérie, au lieu de reconnaître l’existence d’un nouveau phénomène social. Je trouve dommage qu’un tel discours, qui engage toute la République, soit tenu par un représentant officiel de l’Etat. Nous avons espoir que les choses vont s’améliorer et iront dans le bon sens. C’est pour cela que nous demeurerons joyeux, malgré toutes ces difficultés.
Hormis cette hostilité qui se manifeste, selon vous, du côté institutionnel, comment vivez-vous dans votre environnement de tous les jours ?
Depuis une douzaine d’années d’existence, nous n’avons jamais ressenti une manifestation d’hostilité ni de mépris de la part de la population. Il y a, bien sûr, des semaines où nous avons droit à des jets de pierres, à des gros mots, mais ce sont des cas rares et isolés. C’est pour cela que je formule l’espoir de voir l’Etat œuvrer dans le sens de l’ouverture. C’est à l’Etat, à travers toutes ses institutions, que revient la responsabilité de l’éducation au civisme et au respect des différences.
On vous reproche de faire du prosélytisme, d’user de procédés répréhensibles, comme donner de l’argent à des citoyens pour les amener à se convertir et à épouser votre foi…
C’est bien d’entendre ce genre de propos, mais restent les preuves… Jusqu’à maintenant, aucune preuve n’a été avancée pour étayer de telles accusations. Y a-t-il des personnes qui ont été prises en faute et qui ont reconnu avoir été soudoyées avec une minable somme de 5 000 euros pour se convertir ? A ma connaissance, non. J’estime que tout cela procède de la propagande qui n’a aucun fondement. Je dirai même que nos accusateurs sont en train de nous accabler de procédés et de moyens dont ils usent.
Avez-vous des liens avec le mouvement évangéliste mondial ?
On est avant tout protestant. Les uns nous prennent pour des évangélistes, d’autres pour des réformés et que sais-je encore ? J’estime qu’on appartient au corps du Christ avant tout et qu’on est catholique dans le sens universel, qu’on est protestant du fait qu’on est rentré dans cette œuvre de réforme, qui consiste à se désengager de tout ce qui a été ajouté à la foi et à la doctrine à travers l’histoire. Laissez-moi seulement vous dire que nous croyons en l’autorité de la Bible dans notre vie. A partir de là, libre à chacun de nous mettre dans la case de son choix. Nous sommes tout simplement chrétiens et nous voulons vivre en tant que tels, dans notre république, en toute dignité et dans le respect et l’amour du prochain, comme nous l’enseigne notre Bible.
«Le christianisme de garage existe et peut conduire à des dérives sectaires qui peuvent nuire à la société»
Le Soir d’Algérie : Fêter la naissance du Christ, ici et maintenant, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Salah Chalah : Avant toute chose, cela nous rappelle la venue de Dieu en la personne du Christ pour montrer le chemin du salut pour l’humanité Son impact pour nous, en tant qu’Eglise d’Algérie, nous rappelle que l’église appartient au Seigneur. Et, malgré les difficultés, le combat et les luttes, nous sommes, en tant que bâtisseurs d’Eglise, pleins d’espérance dans le fait que c’est le Seigneur qui conduit l’histoire de cette nation. C’est lui qui est venu sur terre pour accomplir une mission et continue, par son Eglise, à perpétuer cette œuvre de salut. C’est tout cela l’importance de se rappeler de la naissance du Christ.
Est-il facile d’être chrétien et de vivre sa chrétienté, aujourd’hui, en Algérie ?
Non. J’estime que c’est toujours difficile. Il y a des gens aujourd’hui qui sont pénalisés et qui ont perdu leur emploi uniquement à cause de leur chrétienté. La difficulté vient surtout des autorités. Nous sommes juste tolérés. C’est dommage. Les autorités n’ont pas encore fait leur travail sur le plan administratif. Il y a des lois qui nous répriment et qui sont en contradiction avec la Constitution, sans parler de la charte onusienne des droits de l’homme et des autres traités ratifiés par l’Algérie On est effectivement confrontés à beaucoup de difficultés et l’Algérie se place entièrement en porte-à-faux avec tous ces textes et ces conventions internationales. J’estime aussi qu’on ne peut pas imposer la foi à une personne. C’est un fait qui relève d’un choix individuel. Je respecte les convictions religieuses des musulmans et mon Dieu me dit de les respecter, mais je ne suis pas d’accord avec le discours qui prétend qu’on ne peut être que musulman dans un pays majoritairement musulman. Je n’ai aucunement la prétention de pousser les gens, par le discours ou d’autres moyens, à épouser ma foi. Et j’estime qu’il n’est pas juste que les autorités nous mettent de côté. Nous avons le sentiment que l’Etat algérien a honte de nous. On nous présente comme la lèpre de ce corps qui s’appelle Algérie. N’oublions pas que le ministre des Affaires religieuses s’est exprimé de la sorte et nous a présentés comme nouveau fléau qui menace l’Algérie, au lieu de reconnaître l’existence d’un nouveau phénomène social. Je trouve dommage qu’un tel discours, qui engage toute la République, soit tenu par un représentant officiel de l’Etat. Nous avons espoir que les choses vont s’améliorer et iront dans le bon sens. C’est pour cela que nous demeurerons joyeux, malgré toutes ces difficultés.
Hormis cette hostilité qui se manifeste, selon vous, du côté institutionnel, comment vivez-vous dans votre environnement de tous les jours ?
Depuis une douzaine d’années d’existence, nous n’avons jamais ressenti une manifestation d’hostilité ni de mépris de la part de la population. Il y a, bien sûr, des semaines où nous avons droit à des jets de pierres, à des gros mots, mais ce sont des cas rares et isolés. C’est pour cela que je formule l’espoir de voir l’Etat œuvrer dans le sens de l’ouverture. C’est à l’Etat, à travers toutes ses institutions, que revient la responsabilité de l’éducation au civisme et au respect des différences.
On vous reproche de faire du prosélytisme, d’user de procédés répréhensibles, comme donner de l’argent à des citoyens pour les amener à se convertir et à épouser votre foi…
C’est bien d’entendre ce genre de propos, mais restent les preuves… Jusqu’à maintenant, aucune preuve n’a été avancée pour étayer de telles accusations. Y a-t-il des personnes qui ont été prises en faute et qui ont reconnu avoir été soudoyées avec une minable somme de 5 000 euros pour se convertir ? A ma connaissance, non. J’estime que tout cela procède de la propagande qui n’a aucun fondement. Je dirai même que nos accusateurs sont en train de nous accabler de procédés et de moyens dont ils usent.
Avez-vous des liens avec le mouvement évangéliste mondial ?
On est avant tout protestant. Les uns nous prennent pour des évangélistes, d’autres pour des réformés et que sais-je encore ? J’estime qu’on appartient au corps du Christ avant tout et qu’on est catholique dans le sens universel, qu’on est protestant du fait qu’on est rentré dans cette œuvre de réforme, qui consiste à se désengager de tout ce qui a été ajouté à la foi et à la doctrine à travers l’histoire. Laissez-moi seulement vous dire que nous croyons en l’autorité de la Bible dans notre vie. A partir de là, libre à chacun de nous mettre dans la case de son choix. Nous sommes tout simplement chrétiens et nous voulons vivre en tant que tels, dans notre république, en toute dignité et dans le respect et l’amour du prochain, comme nous l’enseigne notre Bible.
Commentaire