La situation manque de clarté, du moins au plan politique. Un Premier ministre peut critiquer l’action de son ministre, y compris publiquement. Le ministre en prend acte, et juge bon de donner ou pas sa démission, selon la gravité de la critique qui lui est portée par son supérieur.
En l’occurrence, la critique adressée par voie de presse à Temmar est assez grave, dans le fond comme dans la forme, et devrait susciter sa réaction. Il lui est reproché personnellement d’avoir plus parlé qu’agi. Il est reproché à sa stratégie industrielle de n’avoir pas été cautionnée par le président de la République, dans un cadre institutionnel qui est celui du Conseil des ministres. Bref, il a été désavoué, publiquement répétons-le. Qu’il s’accroche à son poste malgré tout, malgré tant d’années passées à l’occuper pour un résultat si mitigé, cela peut relever d’un calcul politique, au-delà de l’aspect simplement moral qui lui dicte d’avoir sinon du courage du moins une conscience. Quel pourrait être ce calcul? Transformer ce désaveu dont il est victime en faute politique de son chef et néanmoins adversaire ! A une semaine du début officiel de la campagne électorale, Bouteflika ne peut cautionner Ouyahia contre un ministre du gouvernement, en procédant à la mise à l’écart de ce dernier ou même en confirmant les critiques dont il a fait l’objet. Même s’il le pouvait, cela ne servirait à rien du point de vue de la stratégie de mobilisation pour le vote, qui est la question de l’heure. Pire, il donnerait le sentiment d’obéir à son Premier ministre, d’apparaître à sa traîne, de prendre son relais. Et que dire alors du fait que l’attaque de Ouyahia, faite au nom du président, et peut-être même inspirée par lui, le vise par ricochet : n’est-il pas censé être le premier à savoir que ladite stratégie industrielle n’était pas adoptée par le Conseil des ministres ? N’est-il pas censé le révéler lui-même au public, le cas échéant ? N’est-il pas «contraint» à présent, d’une façon ou d’une autre, de s’expliquer sur cette situation ? Devant la charge, Temmar adopterait un profil bas, selon cette grille de lecture, parce qu’il considère que son silence lui profitera. Parce qu’il pressent que Bouteflika se taira lui aussi, qu’il le maintiendra encore dans son poste jusqu’au 9 avril, pour toutes les raisons évoquées, et de ce fait cela signifiera qu’il se désolidarise des propos de Ouyahia. L’argument se retourne ainsi contre son auteur. Et que restera-t-il à ce dernier de faire ? Ne rien faire, surtout ne pas tenter de forcer la main à Bouteflika, remettre à plus tard le destin de ce ministre qui focalise sur lui des aspects négatifs importants du bilan présidentiel, c’est la seule attitude possible pour le chef du gouvernement. Mais elle n’est pas sans risque. Si le président est affecté par la charge de Ouyahia contre Temmar (involontairement, on va dire), Ouyahia sera à son tour affecté par le maintien de Temmar en poste. L’acte d’accusation se transformera en un procès sans verdict, et le chef de gouvernement en un simple plaignant. Cela peut apparaître comme une faute dans l’immédiat. Cependant, à moyen et long terme, une opposition a été posée. Et le mérite en reviendra forcément à celui qui l’a posée. Contre qui ? Contre Belkhadem, naturellement, la troisième inconnue. Celle qui donne véritablement son sens politique à la démarche de Ouyahia. Où il apparaît donc que Temmar n’est que la figure d’une jonction où se croisent deux chemins qui mènent tout droit vers un troisième, pour l’instant déjà occupé par le président. Mais tout est affaire de temps !
Le Jour d'Algérie
En l’occurrence, la critique adressée par voie de presse à Temmar est assez grave, dans le fond comme dans la forme, et devrait susciter sa réaction. Il lui est reproché personnellement d’avoir plus parlé qu’agi. Il est reproché à sa stratégie industrielle de n’avoir pas été cautionnée par le président de la République, dans un cadre institutionnel qui est celui du Conseil des ministres. Bref, il a été désavoué, publiquement répétons-le. Qu’il s’accroche à son poste malgré tout, malgré tant d’années passées à l’occuper pour un résultat si mitigé, cela peut relever d’un calcul politique, au-delà de l’aspect simplement moral qui lui dicte d’avoir sinon du courage du moins une conscience. Quel pourrait être ce calcul? Transformer ce désaveu dont il est victime en faute politique de son chef et néanmoins adversaire ! A une semaine du début officiel de la campagne électorale, Bouteflika ne peut cautionner Ouyahia contre un ministre du gouvernement, en procédant à la mise à l’écart de ce dernier ou même en confirmant les critiques dont il a fait l’objet. Même s’il le pouvait, cela ne servirait à rien du point de vue de la stratégie de mobilisation pour le vote, qui est la question de l’heure. Pire, il donnerait le sentiment d’obéir à son Premier ministre, d’apparaître à sa traîne, de prendre son relais. Et que dire alors du fait que l’attaque de Ouyahia, faite au nom du président, et peut-être même inspirée par lui, le vise par ricochet : n’est-il pas censé être le premier à savoir que ladite stratégie industrielle n’était pas adoptée par le Conseil des ministres ? N’est-il pas censé le révéler lui-même au public, le cas échéant ? N’est-il pas «contraint» à présent, d’une façon ou d’une autre, de s’expliquer sur cette situation ? Devant la charge, Temmar adopterait un profil bas, selon cette grille de lecture, parce qu’il considère que son silence lui profitera. Parce qu’il pressent que Bouteflika se taira lui aussi, qu’il le maintiendra encore dans son poste jusqu’au 9 avril, pour toutes les raisons évoquées, et de ce fait cela signifiera qu’il se désolidarise des propos de Ouyahia. L’argument se retourne ainsi contre son auteur. Et que restera-t-il à ce dernier de faire ? Ne rien faire, surtout ne pas tenter de forcer la main à Bouteflika, remettre à plus tard le destin de ce ministre qui focalise sur lui des aspects négatifs importants du bilan présidentiel, c’est la seule attitude possible pour le chef du gouvernement. Mais elle n’est pas sans risque. Si le président est affecté par la charge de Ouyahia contre Temmar (involontairement, on va dire), Ouyahia sera à son tour affecté par le maintien de Temmar en poste. L’acte d’accusation se transformera en un procès sans verdict, et le chef de gouvernement en un simple plaignant. Cela peut apparaître comme une faute dans l’immédiat. Cependant, à moyen et long terme, une opposition a été posée. Et le mérite en reviendra forcément à celui qui l’a posée. Contre qui ? Contre Belkhadem, naturellement, la troisième inconnue. Celle qui donne véritablement son sens politique à la démarche de Ouyahia. Où il apparaît donc que Temmar n’est que la figure d’une jonction où se croisent deux chemins qui mènent tout droit vers un troisième, pour l’instant déjà occupé par le président. Mais tout est affaire de temps !
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